mercredi 29 avril 2009

Origène et la Parole


(v. 185 - v. 252/254)

"Moïse écrivit leurs étapes à cause de la parole du Seigneur", Nb 33,2. Il écrivit ces choses pour qu'en les lisant, nous voyions combien d'étapes nous attendent dans ce voyage vers le Royaume, que nous nous préparions à cette route, qu'à la vue du chemin que nous devons faire, nous ne laissions pas se consumer dans la paresse et l'inaction la durée de notre vie, pour que nous ne nous attardions pas dans les vanités de ce monde, pour que les jours ne s'enfuient pas ainsi, pour que le temps ne s'écoule pas sans que nous nous hâtions de couvrir la distance de ce voyage à faire, pour que nous ne défaillions pas en route, que nous ne subissions pas le sort de ceux qui ne purent arriver au bout et dont "les membres sont tombés au désert".

Nous sommes en voyage, nous ne sommes venus en ce monde que pour passer de " vertus en vertus", et non pour rester sur terre par amour des objets terrestres, comme celui qui disait : "Je détruirai mes greniers et j'en construirai de plus grands", Le 12,18. Ah ! que le Seigneur ne nous dise pas comme à lui : "Insensé, cette nuit, on te redemandera ton âme".
(Homélies sur les Nombres XXVII, 7)


A LA LUMIERE DES PERES DE L’EGLISE
« oubliant tout le reste, être disponible pour Dieu ».

« Ce n’est pas une fois seulement que mon Seigneur Jésus est venu sur terre : il est venu également à Isaïe, il est venu à Moïse, au peuple aussi et à chacun des prophètes, il est venu ; toi non plus ne crains point : même si tu l’as déjà reçu, il reviendra à toi. » dit Origène. Car la parole nous met en contact direct avec la personne de Jésus.

C’est ainsi qu’ Origène, lorsqu’il commente le Cantique des Cantiques, s’écrie : « la forme divine de Jésus n’est perceptible qu’à ceux à qui il veut la révéler et qui sont prêts à accueillir cette révélation. Lorsque l’épouse, c’est à dire l’Eglise, se convertissant à Dieu, fut dépouillée du voile qui l’enveloppait, 2 Co 3,16, elle aperçut son Bien Aimé sautant sur les montagnes - les livres de la loi- bondissant sur les collines - les écrits des prophètes- et cette manifestation est si évidente, si dépourvue de toute illusion qu’il n’est pas dit de l’Epoux qu’il apparaît, mais qu’il bondit, comme si, feuilletant les écrits des prophètes, elle avait vu le Christ s’en échapper et courir au devant d’elle, comme si, pour avoir quitté le voile qui la couvrait, elle voyait le Christ jaillir de chaque endroit du texte, s’élancer vers elle et lui manifester tout à coup une présence qu’elle ne peut plus mettre en doute. »

« la Parole de Dieu s’installe dans les entrailles de l’homme » selon Origène.
La « lectio » est écoute de la Parole de Dieu, mais surtout ouverture à une présence.

mardi 21 avril 2009

LA PEDAGOGIE DIVINE DE LA LECTIO DIVINA

3ème partie suite des 12 convictions 12/12

9. Accueil personnel et communautaire de la Parole de Dieu. La pédagogie de la Lectio Divina nécessite un engagement et une démarche personnelles, une implication de toute la personne qui trouvera son rythme quotidien d’accueil de la Parole de Dieu, en tenant compte des contraintes de son état de vie et de sa disponibilité réelle. Démarche personnelle ne veut cependant pas dire individuelle. La Lectio Divina a en effet besoin, pour s’épanouir, d’une communauté chrétienne avec qui la foi pourra être célébrée et la Parole de Dieu, reçue personnellement, pourra être partagée. Une communauté qui se rassemble pour vivre ensemble régulièrement un temps particulier de Lectio Divina, recevant ensemble la même Parole, où tous sont conviés ensemble à ce « repas de la Parole », soutient la fidélité de chacun dans sa démarche personnelle quotidienne et permet de s’offrir réciproquement telle ou telle Parole reçue et méditée.


10. Lectio divina et lectures de la Messe. Il est évidemment possible de s’appuyer, pour la Lectio Divina, sur les lectures proposées pour la liturgie de la messe quotidienne. Beaucoup vivent déjà ainsi la prière de la Parole et avec profit. Cependant, les lectionnaires liturgiques ne sont pas faits pour constituer un programme de Lectio Divina ; il serait plus juste de dire qu’ils la présupposent et en sont le prolongement dans la célébration communautaire des mystères divins. La lectio divina a en effet, nous venons de le souligner une pédagogie propre.


11. Parole de Dieu et Eucharistie. La liturgie eucharistique ne sépare pas l’accueil du Christ dans sa Parole et dans son Corps et son Sang. La contemplation, fruit de la prière de la Parole, et la Communion eucharistique se rejoignent et se nourrissent réciproquement. Ils célèbrent la présence réelle du Christ dans la vie du croyant, ils creusent la communion, dès « aujourd’hui », dans le Christ, avec le Père. L’Eglise offre au croyant, comme le rappelle saint Jérôme, de se nourrir de la chair et du sang du Christ non seulement dans le mystère de l’autel, mais aussi dans la lecture des Ecritures. De manière pédagogique, et sans réduire la Parole de Dieu à une simple étape préparatoire et secondaire, la démarche de la Lectio Divina peut s’accomplir dans l’adoration eucharistique et, plus encore, dans la participation à la messe.


12. Marie, modèle de l’accueil de la Parole de Dieu. Marie, dans les Evangiles, est toujours très étroitement liée à l’accueil de la Parole. Elle est celle qui médite la Parole qu’elle garde fidèlement en son cœur, Lc 2,19.51 ; 8,21. Elle a été suffisamment disponible pour répondre à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta Parole », Lc 1,38 et pour porter en elle le Verbe fait chair, afin de l’offrir au monde. Enfin, la Parole de Dieu, priée, méditée, enfouie en elle, lui a donné les mots pour exprimer sa prière dans le chant du Magnificat. Lorsque le vin manque au festin des hommes, la Mère de Jésus se tourne vers les servants du repas et leur dit – nous dit – : « Faites tout ce qu’il vous dira », Jn 2,5. Au pied de la Croix, la Mère de Jésus nous (si du moins nous nous reconnaissons comme « disciples bien-aimés ») est donnée pour mère ; nous lui sommes confiés comme ses enfants, Jn 19,26-27. La prière du chapelet, par exemple, nous invitant à parcourir les mystères de la vie du Christ avec Marie, peut ainsi être priée dans le prolongement de la Lectio Divina.

samedi 11 avril 2009

Un grand silence règne aujourd'ui sur la terre, Epiphane homélie samedi saint


Saint Épiphane de Salamine,
un Père de l'Église qui vécut à Chypre au IVe siècle

Eveille Toi, ô toi qui dors
Homélie ancienne pour le grand et saint Samedi
attribuée à Epiphane de Salamine

Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le roi sommeille.La terre a tremblé et elle s’est apaisée , parce que Dieu s’est endormi dans la chair et il a évéillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s’est mis à trembler.

C’est le premier homme qu’il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort . Oui c’est vers Adam captif, en même temps que vers Eve, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs.

Le Seigneur s’est avancé vers eux, muni de la croix, l’arme de sa victoire. Lorsqu’il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s’écria vers tous les autres : "Mon Seigneur avec nous tous !" Et le Christ répondit à Adam "Et avec ton esprit." Il le prend par la main et le relève en disant : Eveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.

"C’est moi ton Dieu, qui pour toi, suis devenu ton fils ; c’est moi qui, pour toi et pour tes descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans tes chaînes : Sortez. A ceux qui sont endormis : Relevez-vous.

"Je te l’ordonne : Eveille-toi, ô toi qui dors, je ne t’ai pas crée pour que tu demeures captif du séjour des morts.
Relève-toi d’entre les morts : moi, je suis la vie des morts.
Lève-toi, oeuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable, qui as été créé à mon image.
Eveille-toi, sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.
"C’est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ;
c’est pour toi que moi, le Maitre, j’ai pris ta forme d’esclavage ;
c’est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre, et au-dessous de la terre ; c’est pour toi, l’homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts ; c’est pour toi, qui es sorti du jardin, que j’ai été livré aux juifs dans un jardin et que j’ai été crucifié dans un jardin.

"Vois les crachats sur mon visage ; c’est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.

"Vois la flagellation sur mon dos, que j’ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois.

"Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t’es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Eve. Mon côté a guéri la douleur de ton côté ; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi.

"Lève-toi, partons d’ici . L’ennemi t’a fait sortir de la terre du paradis ; moi je ne t’installerai plus dans le paradis, mais sur un trône célèste. Je t’ai écarté de l’arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu’un avec toi.

J’ai posté les cherubins pour qu’ils te gardent comme un serviteur ; je fais maintenant que les chérubins t’adorent comme un Dieu. "Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité."

mercredi 8 avril 2009

LA PÉDAGOGIE DIVINE DE LA LECTIO DIVINA


Suite des Douze convictions : 2ème partie sur trois


5. La Parole de Dieu est transmise dans des œuvres littéraires qui ont leur cohérence interne. Chaque texte biblique fait partie d’un livre. Il ne s’agit pas de maximes juxtaposées les unes aux autres. C’est une évidence, mais l’habitude de recevoir les textes par les seules lectures liturgiques risque de faire perdre de vue cette réalité. C’est pourquoi dans la lectio divina, il est important à s’attacher à la lecture de textes bibliques dans leur continuité. Lire, méditer et prier un livre entier, ou du moins un ensemble cohérent de chapitres pour les livres les plus longs, en une lecture continue, sans choisir les passages qui semblent les plus faciles, les plus intéressants, c’est respecter cette Parole tel que l’Esprit Saint a voulu nous l’offrir.


6. L’unité profonde de l’Ancien et du Nouveau Testament. Toute l’Ecriture est révélation et Parole de Dieu. Elle déploie de multiples manières le projet divin qui a pour but de nous offrir le salut et de nous faire contempler la merveille de l’amour miséricordieux de notre Père, manifesté en son Fils. Les deux testaments s’éclairent mutuellement, « de telle sorte que le Nouveau Testament soit caché dans l’Ancien et que, dans le Nouveau, l’Ancien soit dévoilé », Dei Verbum, 16. La Lectio Divina s’enrichit donc de la lecture conjointe de passages des deux testaments, afin d’expérimenter cette harmonie profonde de l’Ecriture, fruit de l’Esprit-Saint. « l’Ecriture s’interprète par l’Ecriture » , Origène.


7. Richesse de la tradition chrétienne. La Parole de Dieu ne nous parvient que par la tradition. Elle a été reçue, vécue, expérimentée, puis annoncée, transmise, donnée, comme le Christ l’avait demandé à ses disciples. Elle a été lue, relue, priée, célébrée, confessée, commentée et témoignée, sous l’action de ce même Esprit-Saint qui l’a inspirée. La lectio divina ne peut donc que s’enrichir au contact de ce que les générations successives de croyants ont puisé dans cette Parole, de ce qu’ils ont progressivement mis en lumière, de ce qui a nourri leur foi, leur espérance et leur charité. « L’Ecriture croît avec celui qui la lit », Grégoire le Grand.

8. Lectio Divina et Exégèse. Il ne faut ni confondre, ni opposer ces deux approches des textes de la Bible. L’étude et la prière de la Parole de Dieu ont leurs exigences propres, mais elles sont faites pour se compléter, unissant l’intelligence et le cœur pour que la Parole nourrisse et éclaire toutes les dimensions de notre être. L’apport de l’exégèse pourra en particulier nourrir notre méditation de la Parole, par une plus juste compréhension des expressions qu’elle reçoit dans les différents livres bibliques.