mardi 30 juin 2009

Tout doit prier en moi, Mère Isabelle, Fondatrice Orante de l'Assomption



décès de Mère Isabelle

le 3 juillet 1921 à Sceaux (92)


Quand on veut que l'eau coule vers un endroit défini, il faut creuser le sol pour lui donner un passage. De même, si nous voulons que nos pensées et nos aspirations soient transformées par la grâce, il faut creuser un chemin surnaturel dans nos âmes...

Ayez bien cette conviction que vous devez constamment prier... Ayez à coeur de chercher Dieu véritablement ; ne vous laissez pas aller à de petits mécontentements et à des craintes, laissez-vous pénétrer de la présence de Dieu et abandonnez-vous à lui comme à votre père. Si vous gardez des préoccupations, des désirs de paraître, de vous adonner davantage aux choses qui vous intéressent, alors vous ne creusez pas ce sentier qui doit vous conduire à l'union à Dieu.





Instructions sur l'oraison, 25 août 1917.

lundi 22 juin 2009

LA PAROLE A LA LUMIERE DES PERES DE L’EGLISE


« Ignorer les Ecritures , c’est ignorer le Christ »
disait Saint Jérôme, 342-420.

Il nous dit que la règle de Saint Pacôme prescrivait aux moines, « chaque dimanche, de ne s’adonner qu’à la prière et aux lectures. »



« Tu nous as fait pour Toi » murmurait Saint Augustin (345-430)

Il résume ainsi l’unité des Ecritures : « Dieu, qui est l’inspirateur et l’auteur des livres de l’un et l’autre Testaments, a fait, avec sagesse, en sorte que le Nouveau Testament fût caché dans l’Ancien et que l’Ancien Testament fût dévoilé dans le Nouveau. »

Il nous rassure : « C’est d’une manière cachée que Dieu parle, c’est dans le coeur qu’il dit beaucoup de choses ; une grande sonorité se produit là, dans le grand silence du coeur, quand il dit d’une grande voix : c’est moi ton salut. » et pour nous aider encore quand Dieu se tait, il dit : « Veux-tu être exaucé ? Sois pauvre. Que ce soit la détresse et non le ressentiment qui crie en toi. »

« Cherche à ne rien dire sans lui, dit Saint Augustin, et lui ne dira rien sans toi ».



« Lorsque je lis les Saintes Ecritures, c’est Dieu qui se promène avec moi dans le paradis ! » St Ambroise (339-397),






Cassien (350-432 env ) dit : « Le sens des mots ne nous est pas découvert par une explication, mais par l’expérience que nous en avons faite. Instruits par ce que nous sentons nous-mêmes, ce ne sont pas des choses que nous avons apprises par ouï-dire, mais nous en palpons pour ainsi dire la réalité pour les avoir perçues à fond. »

« C’est un regard sur Dieu seul, écrit Cassien, un grand feu d’amour. L’âme s’y fond et s’abîme en la sainte dilection et s’entretient avec Dieu, comme avec son propre père, très familièrement, dans une tendresse de piété toute particulière... »..

Saint Irénée ( mort vers 200 ) :« Il est impossible de vivre sans la vie, et il n’y a de vie que par participation à Dieu et cette participation consiste à voir Dieu et à jouir de sa plénitude... la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu Si déjà la révélation de Dieu par la création donne la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation de Dieu par le Verbe, donne-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu ».

lundi 15 juin 2009


suite 4/4 fin

Saint Grégoire le Grand

(v. 540-604),

pape et docteur de l'Église







4. L'homme n'est pas à la mesure de l'Esprit

Il y a disproportion entre ce que l'Esprit donne à entendre et la capacité de l'homme. Ce que l'Esprit fait voir en un instant au coeur du prophète, celui-ci ne peut l'exprimer d'un seul mot. L'Esprit-Saint lui fait voir une immensité ; la bouche de l'homme devra se multiplier pour en révéler quelque chose. La puissance de l'Esprit dépasse même la capacité des coeurs spirituels : il est le vin nouveau qui fait éclater les outres, fussent-elles neuves. Le prophète peut voir la grâce de l'Esprit-Saint à l'oeuvre dans le monde ; il voudrait bien voir sa gloire telle qu'elle est en elle­-même : c'est impossible. Tant qu'il demeure en cette vie et malgré tous ses efforts, l'homme ne peut voir la gloire de Dieu. L'Esprit ne donne de lui-même aux hommes qu'une connaissance limitée parce que leur fai­blesse ne leur permet pas de le recevoir tel qu'il est. Il se fait brise légère, mais c*est encore trop pour eux ; cette brise leur fait l'effet d'un vent violent. L'Esprit nous touche légèrement mais ce toucher nous fait chan­celer, sa lumière nous perturbe. La chair, en sa faiblesse, ne peut saisir les choses de l'Esprit ; l'homme n'est pas à la mesure des choses de Dieu ; l'être humain, conduit au-delà de ses limites pour les voir, ne peut en porter le poids, il peut en tomber malade.


5. La saveur de l'Esprit


L'Esprit-Saint est cependant réellement aussi brise légère : il sait s'in­troduire dans la conscience, s'adapter à la faiblesse de l'homme. Sa présence se manifeste comme un toucher, on pourrait dire comme une caresse. L'Esprit-saint est le doigt de Dieu

“Mais si c'est par l'Esprit de Dieu que j'expulse les démons, c'est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu'à vous”, Mt 12,28.

Dieu touche du doigt le coeur des saints quand il leur donne la grâce du Saint-Esprit. Celui dont le coeur a été rempli par l'Esprit goûte la saveur des biens célestes. On ne trouve délicieuses les nourritures terrestres que si l'on n'a pas encore connu le plaisir procuré par les réalités d'en haut. Percevoir la venue en soi de l'Esprit est une expérience ineffablement savoureuse. Ceux qui se gardent des désirs mauvais font l'expérience de cette saveur intérieure par la grâce de l'Esprit-Saint en entendant les paroles des prédicateurs : cette saveur les nourrit. Quand la grâce de l'Esprit-Saint se répand en nous, elle nous remplit de miel et de beurre :
“Il ne connaîtra plus les ruisseaux d'huile, les torrents de miel et de laitage”, Jb 20,17.

Le miel qui vient de l'air (qui vient du ciel) évoque la divinité et le beurre tiré de la chair symbolise l'Incarnation ; l'Esprit du Christ en effet remplit de joie celui à qui il fait goûter la douceur de la divinité et la foi en l'Incarna­tion : la connaissance profonde de Dieu est pour l'âme une nourriture délicieuse et la grâce de l'Incarnation un onguent mystérieux. L'Esprit-Saint mérite bien son nom de Paraclet ou consolateur.


mercredi 10 juin 2009


3/4. L'expérience de l'invisible

Insaisissable, l'Esprit laisse cependant des traces de son passage, il laisse dans le coeur une expérience de l'invisible. L'Esprit a été envoyé dans nos coeurs par le Fils unique du Père pout nous donner la vie, pour nous donner la possibilité de croire à ce que nous ne connaissons pas encore par expérience. En ce sens, l'Esprit est le gage de notre héritage

“C'est en lui que vous aussi, après avoir entendu la Parole de vérité, l'Évangile de votre salut, et y avoir cru, vous avez été marqués d'un sceau par l'Esprit de la Promesse, cet Esprit Saint qui constitue les arrhes de notre héritage, et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s'est acquis, pour la louange de sa gloire”, Ep 1,13-14.

Par lui, nous ne pouvons plus douter de l’existence de l'invisible. Celui qui n'a pas encore atteint une foi aussi assurée doit faire confiance provisoire­ment à ceux qui par l'Esprit-Saint en font l'expérience.

Grégoire affirme donc deux choses qui semblent contradictoires :

1. D'une part, l'Esprit nous est donné comme témoin pour secourir notre foi parce que nous ne pouvons pas encore connaître d'expérience l'invisible. C*est une impossibilité radicale tant que dure l'encore de la vie présente. “Nous ne connaissons pas encore pleinement », dit ailleurs Saint Grégoire. Maintenant, nous avons le gage de l'Es­prit; alors, dans la patrie, nous parviendrons aux joies d'en haut. On nous donne un gage pour nous donner l'assurance qu'une promesse sera tenue et cela renforce la certitude de notre espérance.

“Lui qui nous a aussi marqués d'un sceau et a mis dans nos coeurs les arrhes de l'Esprit”, 2 Co 1,22.

“Et Celui qui nous a faits pour cela même, c'est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l'Esprit”, 2 Co 5,5.

2. D'autre part, il y a des chrétiens, qui ont déjà par l'Esprit-Saint l'expérience de l'invisible ; l'Esprit-Saint en est pour eux plus que le garant ; ils ont reçu de l'invisible une connaissance aussi assurée que l'est celle donnée par la vue dans les choses de ce monde.
Les chrétiens ordinaires ont reçu par l'Esprit-Saint la certitude de l'invisible mais ils ne le connaissent pas encore d'expérience ; ils ont déjà la certitude de son existence puisqu'ils en ont touché le gage, mais ils n'ont que l'expérience du gage, ils n'ont pas celle de la réalité elle-même.
Les mystiques par contre sont des hommes qui ont de l'invisible la certitude que donne l'expérience de la vision.

Pour la plupart des chrétiens, l'invisible est objet de foi, pour les mystiques, il est objet d'expérience, quasi de constatation.

lundi 1 juin 2009

St Grégoire le Grand les Voies de l'Esprit Saint

2/4

2. La venue de l'Esprit est inopinée

La venue de l'Esprit est toujours inopinée. Aussi l'Ecriture dit-elle que l’Esprit tombe sur ceux qu'il visite. L'action de l'Esprit est rapide comme celle de l'éclair ; il est présent à tous et a chacun au même moment. L'Esprit de Dieu n'a pas besoin des détours du langage humain pour se faire comprendre ; les mots qu'il emploie sont comme des paroles ; en fait une force intérieure intime à l'homme ce qu'il doit faire. C'est l'Esprit qui dit au coeur de Philippe : “Rejoins ce char”, Ac 8,29 ; c'est lui qui fait entendre à l'esprit de Pierre : “Voici trois hommes qui te cherchent. Debout, descends et pars avec eux”, Ac 10,19-20. En un instant les coeurs sont mis au courant de ce qu'ils ignoraient.

Quand l’Esprit veut instruire quelqu'un, son action ne souffre aucun retard. Il lui suffit de toucher l'esprit de l'homme; son simple toucher enseigne tout. Le coeur est changé aussitôt qu'illuminé ; instantanément il n'est plus ce qu'il était et il devient ce qu'il n'était pas.

Grégoire affirme que l'Esprit ne s'attarde pas, il ne fait que passer ; nous ne voyons l'invisible que d'une manière furtive; sa contemplation est fugace. L'Esprit vient dans tous les fidèles ; sur le Christ seul il est demeuré d'une manière permanente et unique.

“Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau, celui-là m'avait dit: "Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est lui qui baptise dans l'Esprit Saint", Jn 1,33.

Chez les fidèles, il n'est pour ainsi dire que de passage ; on ne peut jouir à volonté et de manière continue des dons de l'Esprit. L'Esprit n'est qu'en visite dans les âmes. Cependant il faut ajouter que chez certains, parce que leur vie est pure, l'Esprit réside en permanence. Autre chose bien sûr est l'habitation de l'Esprit dans tous les baptisés : c'est lui qui donne la vie aux âmes et il est présent partout. L'Esprit se rend présent puis il se retire ; il est mobile, ainsi que le dit le Livre de la Sagesse.

“En elle est, en effet, un esprit intelligent, saint, unique, multiple, subtil, mobile, pénétrant, sans souillure, clair, impassible, ami du bien, prompt”, Sg 7,22. L’Esprit court parmi les parfaits ; s’il quitte leur coeur, ce n*est pas pour longtemps. Il se porte même à la rencontre de ceux qui ne le connaissent pas.