mardi 27 octobre 2009

St Grégoire le Grand, Offrir sa volonté




St Grégoire le Grand, évêque et pape

Aux yeux de Dieu, une main n'est jamais vide de présents si le coeur est plein d'un trésor de bonne volonté, ce qui fait dire au psalmiste : "En moi, Dieu, sont les voeux dont je m'acquitterai, louanges pour toi, Ps 55, 13. Cela revient à dire en clair : même si, au-dehors, je n'ai pas de présent à t'offrir, je trouve pourtant au-dedans de moi-même quelque chose à déposer sur l'autel de ta louange, car, si tu ne te nourris pas de nos dons, tu te laisses apaiser par l'offrande du coeur. On ne peut rien offrir à Dieu de plus précieux qu'une bonne volonté. Or la bonne volonté, c'est redouter les revers pour un autre comme pour nous-mêmes, nous réjouir du succès du prochain comme de notre propre réussite ; c'est croire nôtres les pertes d'autrui, compter comme nôtres ses profits ; c'est aimer un ami non pour le monde mais pour Dieu, supporter un ennemi jusqu'à l'aimer ; c'est ne faire à personne ce qu'on ne voudrait pas subir, ne refuser à personne ce qu'on est en droit de désirer ; c'est non seulement courir au secours de notre prochain selon nos forces, mais vouloir lui être utile au-delà même de nos forces."

Grégoire le Grand : Homélies sur l'Evangile, V, 3.

mardi 20 octobre 2009

Le secret de la mort, Khalil Gibran



Khalil Gibran est né en 1883, à Bécharré, au Liban, dans une très ancienne famille chrétienne. Il fut l'un des pionniers du réveil des lettres arabes à la fin du XIXe siècle.

Vous voudriez connaître le secret de la mort. Mais comment le trouverez-vous sinon en le cherchant dans le cœur de la vie ?
La chouette dont les yeux faits pour la nuit sont aveugles au jour ne peut dévoiler le mystère de la lumière.
Si vous voulez vraiment contempler l'esprit de la mort, ouvrez amplement votre cœur au corps de la vie. Car la vie et la mort sont un, de même que le fleuve et l'océan sont un.
Dans la profondeur de vos espoirs et de vos désirs repose votre silencieuse connaissance de l'au-delà;
Et tels des grains rêvant sous la neige, votre cœur rêve au printemps.
Fiez-vous aux rêves, car en eux est cachée la porte de l'éternité.

Car qu'est-ce que mourir sinon se tenir nu dans le vent et se fondre dans le soleil?
Et qu'est-ce que cesser de respirer, sinon libérer le souffle de ses marées inquiètes, pour qu'il puisse s'élever et se dilater et rechercher Dieu sans entraves ?

C'est seulement lorsque vous boirez à la rivière du silence que vous chanterez vraiment.
Et quand vous aurez atteint le sommet de la montagne, vous commencerez enfin à monter.
Et lorsque la terre réclamera vos membres, alors vous danserez vraiment.


Source : Khalil Gibran. Le prophète. Casterman, 1983.

mercredi 14 octobre 2009

Ste Thérèse d'Avila, Trouver le Christ Jésus,


15 octobre
fête de sainte Thérèse d'Avila
1515-1582
Docteur de l'Eglise
Réformatrice du carmel
Trouver une compagnie, le Christ Jésus


Regarder le Christ

Pour prier comme il faut, vous devez /…/ trouver une compagnie. Mais quelle meilleure compagnie que celle du Maître lui-même qui vous a enseigné la prière que vous allez réciter ? Imaginez que le Seigneur est tout prés de vous, et regardez avec quel amour et avec quelle humilité il vous instruit. Croyez-moi, faites tout votre possible pour ne jamais vous séparer d’un si bon ami. Si vous vous habituez à le garder près de vous, et s’il voit que vous le faites avec amour et que vous vous efforcez de le contenter, vous ne pourrez plus, comme on dit, vous en débarrasser. Il ne vous manquera jamais, il vous aidera dans toutes vos difficultés, il sera partout avec vous. Pensez-vous que ce soit peu de chose que d’avoir un tel ami à vos côtés ? /…/ Je ne vous demande pas de penser à lui, ni de forger quantité de concepts ou de tirer de votre esprit. Je ne vous demande que de le regarder. Qui peut vous empêcher de tourner les yeux de l’âme, ne serait-ce qu’un instant si vous ne pouvez davantage, vers lui ? /…/ Mes filles, votre Époux ne vous quitte jamais des yeux. Il a supporté de votre part mille choses laides et abominables, et ces offenses contre lui n’ont pas suffi pour qu’il détournât de vous ses regards. Est-ce donc beaucoup que vous détourniez les yeux de l’âme des choses extérieures pour les porter quelquefois sur lui ? Songez, comme il le dit à l’Épouse, qu’il n’attend de vous qu’un regard ; vous le trouverez tel que vous le désirerez. Il estime tant ce regard que, de son côté, il ne négligera rien pour l’avoir.

Le chemin de perfection XXVI,1-3 texte Escorial, numérotation Valladolid

mardi 6 octobre 2009

St Bruno, fondateur des Chartreux

fête de St Bruno 6 octobre
La scène représente la vie de Saint Bruno qui, en Reggio en Calabre, refuse la crosse et la mitre du Pape Urbain II. Saint Bruno est né entre 1030 et 1040 à Cologne et mort en 1101 en Calabre. Il est envoyé par ses parents à l'école de Reims, où il s'adonne avec un tel succès à l'étude de la philosophie et de la théologie, que l'archevêque Gervais lui confie la haute direction des études de son diocèse, et le nomme chanoine de son église. Convaincu de la vanité des choses d'ici bas et résolu à se livrer désormais, dans la retraite, à la vie contemplative, Bruno se réfugie avec quelques uns de ses amis à Saisse-Fontaine, dans le diocèse de Langres. Puis il part pour Grenoble. Saint Hugues, évêque de cette ville, l'accueille avec empressement et le conduit vers 1080 dans le désert appelé la Chartreuse. Bruno y bâtit un oratoire et quelques cellules où va prendre naissance le célèbre ordre de '' La Chartreuse ''.Ce tableau, classé à l'inventaire des Monuments Historiques, est un don de l'hôpital de Pont-Audemer de 2001. Il a été Restauré en 2004 pour la réouverture du musée Canel.


Lettre à un ami, Raoul-le-Verd, prévôt de Reims

… Nous jouissons de la santé du corps et nous voudrions pouvoir en affirmer autant de la santé de l’âme. Notre état extérieur est satisfaisant et répond à nos désirs ; mais ce que je souhaite et ce que je demande, c’est que la divine Miséricorde étende sa main pour guérir toutes les infirmités de mon intérieur, et pour me rassasier de ses biens.

J’habite un désert situé en Calabre et assez éloigné de tout voisinage des hommes. J’y suis en compagnie de mes frères religieux, dont quelques uns ont une grande science. Leurs efforts tendent à prolonger sans relâche les saintes veilles et à rester dans l’attente du Seigneur…

Comment pourrai-je parler dignement de notre sollicitude, avec sa riante situation, avec son air doux et tempéré ?... Nous ne manquons ni de jardins fertiles, ni d’arbres aux fruits nombreux et variés. Mais pourquoi m’arrêter là-dessus ? L’homme sage a d’autres plaisirs plus délicats et plus utiles qu’il trouve en Dieu. Pourtant, quand l’âme a été fatiguée par une rude discipline et par des études spirituelles, il est bon qu’elle puisse se relever et respirer, car si l’arc est toujours tendu, il se relâche et devient inutilisable.

Quant au profit et à la joie qu’apportent la solitude et le silence à ceux qui les aiment, seuls ceux qui l’ont expérimenté le savent. C’est là que des hommes généreux peuvent rester en eux-mêmes autant qu’il leur plaît, habiter avec eux-mêmes, cultiver sans relâche, les germes de vertus, et savourer avec bonheur les fruits du paradis. Là s’acquiert ce regard plein de sérénité, cet œil pur et lumineux qui voit Dieu. Là, le repos s’unit au travail, l’activité est sans agitation ni trouble. Là, Dieu, en retour des combats que soutiennent pour lui ses amis, leur donne la Paix qu’ils désirent, la Paix que le monde ignore et la Joie du Saint Esprit…

Ah ! Plaise à Dieu, frère bien-aimé, que vous soyez épris de tant d’attraits, et que vous sentiez l’amour de Dieu réchauffer et brûler votre cœur ! Si une fois cette passion s’empare de vous, vous mépriserez aussitôt les charmes de la gloire mondaine et vous rejetterez aisément le fardeau des richesses qui accablent l’esprit de tant de soucis…

Je vous souhaite ardemment de vivre en bonne santé jusqu’à un âge avancé, sans oublier nos avis ni le vœu que vous avez fait… Adieu !

Son action et son œuvre par l’abbé Gorse, 1902, 230-234.