mercredi 30 juin 2010

Bienheureux Raban Maur, au miroir des Ecritures


Rabanus Maurus (à gauche) présente son travail à Otgar de Mayence

Raban Maur ou Rabanus Maurus Magnentius (on trouve aussi les orthographes “Hrabanus” et “Rhabanus”), né vers 780 et mort le 4 février 856, est un moine bénédictin, archevêque de Mayence (Allemagne) et un théologien réputé.

Il est l'auteur de l'encyclopédie De la Nature des choses. Il a également rédigé des traités d'éducation et de grammaire et des commentaires de la Bible. Il est l'un des plus importants professeurs et auteurs de la Renaissance carolingienne.

Au miroir des Écritures

La lecture des Saintes Écritures apporte un véritable avant-goût de béatitude. L’homme peut s’y mirer comme dans une glace, voir qui il est, vers quoi il tend. Une lecture assidue purifie tout, suscite la crainte de ne pas choisir la Vie, mobilise le cœur du lecteur pour les joies supérieures. Qui veut toujours demeurer avec Dieu doit sans cesse prier, lire.

Quand nous prions, nous parlons à Dieu, quand nous lisons, Dieu nous parle. La lecture biblique nous accorde cette double grâce ; en instruisant notre esprit, en libérant l’homme de la vanité du monde, elle le mène à l’amour de Dieu. Cette lecture est un effort louable et grandement profitable pour notre purification. Comme le corps s’alimente de nourritures terrestres, l’homme intérieur se nourrit et se régale de la Parole de Dieu. Comme le dit le psalmiste : « Qu’elles sont douces à mon palais tes paroles, plus que le miel et son rayon à ma bouche ! », Ps 118,103.

mercredi 23 juin 2010

La prière commune, Carmel de Mazille

 Dans la vie quotidienne, quelques mots de bienveillance ou d’émerveillement peuvent changer l’atmosphère...
Dans la prière commune, notre parole reprend en écho la Parole de Dieu, pour rendre grâces, ou appeler la paix… Cette parole est porteuse d’une charge positive, effective, qui dépasse celui qui la prononce,
qui dépasse l’espace où elle est proférée,
qui dépasse même la finalité précise pour laquelle elle est priée.
Elle reçoit une densité spirituelle, que la foi lui confère et qui en démultiplie la portée.

Étonnante pédagogie de la liturgie, qui nous conduit
par des répétitions, des refrains, des litanies…
Paroles maintes fois reprises comme pour tailler, marteler, limer, redresser…
Ainsi la liturgie est une œuvre que nous accomplissons et qui nous accomplit.
Les mots que nous reprenons dans la psalmodie ont charrié tant de prières, depuis des millénaires…
Ils ne sauraient nous laisser indemnes ! Prononcés par nos lèvres, ils pénètrent en nous, et nous arriment à la foi de tout un peuple, par-delà le temps et l’espace.

Vivantes, efficientes, nos paroles de prière jettent des ponts, poussent des portes, ouvrent des espaces dans lesquels l’Esprit de Dieu peut agir.
Il y a un va-et-vient d’activité entre la Parole de Dieu et nos paroles.
Ce va-et-vient d’activité existe aussi entre tous ceux qui prient l’office,
acte essentiellement communautaire.
Alternée, renvoyée en répons, reprise en écho, la Parole rebondit…
Elle va de l’un aux autres, et s’amplifie.
Elle nous façonne une âme fraternelle, affine la communion,
nourrit et actionne les membres du Corps
que l’Esprit construit en nous et entre nous .

Carmel de Mazille

mardi 15 juin 2010

St Augustin, Ps 34,12, Demandez ce que vous désirez

St Augustin, Enar. in Ps., 34, 12 - 1er discours


... Dieu vous disant : « Demandez ce que vous désirez », qu'allez-vous lui demander ? Faites effort de tout votre esprit, lâchez la bride à votre avarice, étendez, élargissez votre convoitise, autant que vous le pourrez ; car ce n'est pas le premier venu, c'est le Dieu Tout-Puissant qui vous dit : « demandez ce que vous désirez ». Si vous aimez des propriétés, vous désirerez toute la terre, de sorte que tous ceux qui naîtront soient vos fermiers ou vos serviteurs. Et que ferez-vous, lorsque vous posséderez toute la terre ? Vous demanderez la mer, bien que vous ne puissiez y vivre. Dans ce genre d'avarice, les poissons seront mieux partagés que vous ; à moins que vous ne possédiez aussi les îles de la mer. Mais passez outre, demandez encore le domaine des airs, quoique vous ne puissiez pas voler. Etendez vos désirs jusqu'au ciel ; dites que le soleil, la lune et les étoiles vous appartiennent, parce que celui qui a fait toutes ces choses vous a dit : demandez ce que vous désirez. Cependant, vous ne trouverez rien qui ait plus de prix, vous ne trouverez rien qui soit meilleur que celui qui a fait toutes ces choses. Demandez donc celui qui les a faites, et en lui et par lui vous posséderez tout ce qu'il a fait. Toutes ces choses sont d'un haut prix, parce que toutes sont belles, mais qu'y a-t-il de plus beau que lui ? Elles sont fortes, mais qu'y a-t-il de plus fort que lui ? Et il n'est rien qu'il donne plus volontiers que lui-même. Si vous trouvez quelque chose de meilleur, demandez-le. Si vous demandez autre chose, vous lui ferez injure, et vous vous ferez tort à vous même, en lui préférant sa créature, alors que le créateur aspire à se donner lui-même à vous.

mercredi 9 juin 2010

COMMENT ÊTRE REMPLI DE L’ESPRIT SAINT ?, Sr Jeanine Gindrey, Orante de l'Assomption



La conversion nous incite à confesser que le Christ est le Seigneur : “Que toute la maison d'Israël le sache donc avec certitude : Dieu l'a fait et Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous aviez crucifié”, Ac 2,36 et en conséquence il n’y a pas de salut en dehors de Lui : “Il n'y a aucun salut ailleurs qu'en lui; car aucun autre nom sous le ciel n'est offert aux hommes, qui soit nécessaire à notre salut”, Ac 4,12.

La doctrine catholique soutient qu’il n’y a qu’un seul baptême, Ep 4,6 et non pas un baptême d’eau et un baptême de l’Esprit.


“Il n'y a qu'un Corps et qu'un Esprit, comme il n'y a qu'une espérance au terme de l'appel que vous avez reçu;un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême; un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, par tous et en tous”, Ep 4,4-6.

Le Nouveau Testament montre que les trois moments de l’initiation chrétienne s’impliquent réciproquement :

- la conversion (qui comporte la foi au Christ) ;

- le baptême au nom de Jésus en référence aux trois personnes de la Trinité ; “Pierre leur répondit : "Repentez-vous, et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour la rémission de ses péchés, et vous recevrez alors le don du Saint Esprit", Ac 2,38.

- l’accueil de l’Esprit Saint.

Ces trois moments de l’initiation chrétienne sont marqués par l’Eglise par trois sacrements : le sacrement du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie. Mais la vie dans l’Esprit doit ensuite se déployer dans toute l’existence. C’est pourquoi l’Esprit Saint se répand également en dehors des sacrements. Il faut demander à Dieu de renouveler le don de l’Esprit reçu d’abord au baptême et à la confirmation.

La grâce est reçue au baptême ; elle grandit dans l’eucharistie ; et si on l’a perdue par le péché, on peut la retrouver par le sacrement de la réconcilation.

Le don de l’Esprit qui au baptême fait de l’homme un fils de Dieu, se trouve maintenant “confirmé” par un second événement sacramentel, pour montrer que tout fils de Dieu a reçu un rôle spécifique et que c’est dans ce “rôle” qu’il est appelé à faire partie de l’unique grande famille ecclésiale.

Rattacher les vocations chrétiennes au sacrement de confirmation, c’est redécouvrir que le but premier est le témoignage.

A la confirmation, on reçoit un nouveau don de l’Esprit qui nous affermit pour vivre notre foi et en témoigner.

La prière des frères, l’imposition des mains et l’imploration du Père et du Fils pour qu’ils renouvellent le don de leur Esprit sur celui qui est confirmé, ne constitue pas un nouveau sacrement.

“C'est pourquoi je te rappelle d'avoir à raviver le don de Dieu qui est en toi depuis que je t'ai imposé les mains”, 2 Tm 1,6.

C’est une expression de la solidarité fraternelle dans un itinéraire chrétien qui comporte une expérience communautaire de Dieu et de sa présence agissante.

La prière fait communier à l’amour de Dieu et s’exprime dans des oeuvres de charité :

“A quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu'un dise: "J'ai la foi", s'il n'a pas les oeuvres? La foi peut-elle le sauver?, Jc 2,14.

“Soyez remplis de l’Esprit. Dites ensemble des psaumes, des hymnes et des chants inspirés ; chantez et célébrez le Seigneur de tout votre coeur. En tout temps, à tout sujet, rendez grâces à Dieu, le Père au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ”, Eph 5,18-20.

La prière de louange libère et crée une attente, une ouverture.

Le Pape Paul VI a parlé à deux reprises du mouvement “du Renouveau”. Il a souligné comme un signe authentique de l’action de l’Esprit Saint, le souci de bien se situer dans l’Eglise.

La vie spirituelle chrétienne, c’est essentiellement l’action de l’Esprit Saint, et cette action transformatrice opérée par l’Esprit du Christ, réclame la coopération du croyant. Si c’est l’Esprit qui rend spirituel, il importe ensuite que le chrétien accorde son comportement avec le charisme qu’il a reçu.

“Ne vous mentez plus les uns aux autres. Vous vous êtes dépouillés du vieil homme avec ses agissements”, Col 3,9-10.
“Si donc quelqu'un est dans le Christ, c'est une création nouvelle: l'être ancien a disparu, un être nouveau est là”, 2 Co 5,17.

Pour recevoir le don d’amour de l’Esprit Saint, il importe que notre être soit réorienté et ouvert au don à l’égard des autres (ascèse). L’Esprit agit au coeur d’une personne disposée à l’échange et ouverte aux besoins d’autrui, une personne disponible à la communauté.

“Et l'espérance ne déçoit pas, parce que l'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par le Saint Esprit qui nous a été donné”, Rm 5,5.

“Appelant à lui la foule en même temps que ses disciples, il leur dit: "Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive. Qui veut en effet sauver sa vie la perdra, mais qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Évangile la sauvera”, Mc 8,34-35.

L’Esprit est à la base de la fraternité ...

     parce qu’il fait devenir fils de Dieu :
“L'Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu”, Rm 8,16.

     parce qu’il collabore au salut :

“Le Seigneur ne s'est pas occupé des oeuvres de justice que nous avions pu accomplir, mais, poussé par sa seule miséricorde, il nous a sauvés par le bain de la régénération et de la rénovation en l'Esprit Saint. Et cet Esprit, il l'a répandu sur nous à profusion, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, justifiés par la grâce du Christ, nous obtenions en espérance l'héritage de la vie éternelle”, Tite, 3,5-7.

     parce qu’il unit au corps de l’Eglise :

“Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés en un seul corps, Juifs ou Grecs, esclaves ou hommes libres, et tous nous avons été abreuvés d'un seul Esprit”, 1 Co 12,12-13.

L’Esprit forme le nouveau peuple, il permet aux disciples du Seigneur de se retrouver et de se découvrir frères. La communauté est engendrée à la Pentecôte. Mais la communauté est avant tout renouvelée par l’Esprit et avance dans une vie nouvelle inspirée par la fraternité.

“Ils se montraient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières. La crainte s'emparait de tous les esprits : nombreux étaient les prodiges et signes accomplis par les apôtres. Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun. Jour après jour, d'un seul coeur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec allégresse et simplicité de coeur. Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Et chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés”, Ac 2,42-47.

Percevoir l’oeuvre de Dieu

Quand le Seigneur éclaire nos vies, sa grâce est efficace, il donne d’accomplir ce qu’il nous appelle à vivre. Il nous donne de parler de sa grâce pour en être confirmée par la personne qui nous accompagne.

Mettre en oeuvre ce qui nous est donné, permet de vérifier si cela vient du Seigneur ou de nous-mêmes, ou de la suggestion d’un autre ; ce qui vient du Seigneur va se manifester dans notre manière de persévérer, de dépasser les obstacles, d’entrer dans l’accomplissement des conseils évangéliques, et de bâtir la communauté de l’Eglise.

“Comme descend la pluie ou la neige du haut des cieux, et comme elle ne retourne pas là-haut sans avoir saturé la terre, sans l'avoir fait enfanter et fait bourgeonner, sans avoir donné semence au semeur et nourriture à celui qui mange, ainsi se comporte ma Parole du moment qu'elle sort de ma bouche : elle ne retourne pas vers moi sans résultat, sans avoir exécuté ce qui me plaît et fait aboutir ce pour quoi je l'avais envoyée”, Is 55,10-11.

L’Esprit Saint rend libre

“Car le Seigneur, c'est l'Esprit, et où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté, 2 Co 3,17.

“L’Esprit Saint fortifie l’homme intérieur, Ep 3,16.

“Le vent souffle où il veut, et tu entends sa voix, mais tu ne sais d’où il vient ni où il va”, Jn 3,8.


♬ Le Vent, souffle où il veut,
et toi, tu entends sa voix,
mais tu ne sais pas d’où il vient,
et tu ne sais pas où il va, le vent, le vent... ♬

mardi 1 juin 2010

QUE FAIT L’ESPRIT SAINT ? Sr Jeanine, Orante de l'Assomption

intervention 2/3

L’Esprit Saint vient après Jésus et par lui pour poursuivre dans le monde grâce à l’Eglise, l’oeuvre de la Bonne Nouvelle du salut.


Le Christ est mort sur la croix et ressuscité. Une fois retourné vers son Père, l’Esprit survient en force et fonde l’Eglise. L’Eglise est devenue source d’eau vive à son tour : « De son sein couleront des fleuves d'eau vive. Il désignait ainsi l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui : en effet, il n'y avait pas encore d'Esprit parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié», Jn 7,38-39.
La Pentecôte est l’aboutissement du mystère Pascal. Dans l’Eglise, par la puissance de l’Esprit, l’homme trouve la vérité dans le Christ. Les actes des Apôtres apparaissent comme « l’Evangile de l’Esprit » où celui-ci parle et agit personnellement. Ce livre décrit la naissance et la première expansion missionnaire, promise par Jésus après l’Ascension.

“Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils se trouvaient tous ensemble dans un même lieu, quand, tout à coup, vint du ciel un bruit tel que celui d'un violent coup de vent, qui remplit toute la maison où ils se tenaient. Ils virent apparaître des langues qu'on eût dites de feu ; elles se partageaient, et il s'en posa une sur chacun d'eux. Tous furent alors remplis de l'Esprit Saint et commencèrent à parler en d'autres langues, selon que l'Esprit leur donnait de s'exprimer”, Ac 2,1-4.

L’Esprit Saint inspire, fonde, suscite, intervient, se répand, donne, fait abonder, prie, enseigne et rappelle...

- L’Esprit Saint inspire les prédicateurs de la bonne Nouvelle ; discours de Pierre, Ac 2,14-16 ; Ac 3,11-26 ; Etienne 7,1-51 ; Philippe 8,5... ; Saul 9,26...

- L’Esprit Sainte fonde l’Eglise par la conversion des coeurs ; Ac 2,37, Ac 11,19-26.

- L’Esprit Saint suscite dons et charismes, 1 Co 12,1-11 ; “Nous avons des dons qui diffèrent selon la grâce qui nous a été accordée”, Rm 12, 9 et ss.

- L’Esprit Saint intervient dans le choix des itinéraires apostoliques ; “Réservez-moi donc Barnabas et Saül pour l’oeuvre à laquelle je les ai appelés , Ac 13,1-3 ; Ac 15,36-40.

- L’Esprit Saint préside à l’établissement de la hiérarchie, Ac 6,1-7.
- L’Esprit Saint se répand sur les païens, comme sur les Juifs et cela ne cessera plus : Ac 2,37 ; Ac 10,44-46.

“L’Eglise, sur toute l’étendue de la Judée, de la Galilée et de la Samarie, vivait donc en Paix, elle s’édifiait et marchait dans la crainte du Seigneur, et, grâce à l’appui du Saint Esprit, elle s’accroissait", Ac 9,31.

- L’Esprit Saint nous donne l’amour :

“L’amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint”, Rm 5,5.


- L’Esprit Saint donne l’espérance :

“C’est l’Esprit St qui nous fait abonder dans l’espérance” dit St Paul, Rm 15,13.


- L’Esprit Saint prie en nous :

“L’Esprit Saint vient en aide à notre faiblesse, car nous ne savons pas prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en gémissements inexprimables, et celui qui scrute les coeurs sait quelle est l’intention de l’Esprit : c’est selon Dieu que l’Esprit intercède pour les saints", Rm 8,26-27.

- L’Esprit Saint enseigne et rappelle. Aujourd’hui, l’Esprit anime et intervient toujours. L’Eglise est, dans l’Esprit, le sacrement du Ressuscité. En elle, sans cesse , l’Esprit du Ressuscité survient et se manifeste.

“Mais le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit”, Jn 14,26.

Cela veut dire que l’Esprit Saint continue à inspirer la proclamation de l’Evangile du salut , qu’il aide à comprendre le message du Christ, qu’il en maintient la continuité dans des cultures et réalités différentes.

Les œuvres de l’Esprit Saint

St Paul énumère 9 fruits de l’œuvre de l’Esprit : « la charité, la joie, la paix, longanimité, la serviabilité, la bonté, la confiance dans les autres, la douceur et la maîtrise de soi (Ga 5,22). Ces œuvres mènent à la libération, alors que les œuvres de la « chair » lèsent la vie fraternelle parce qu’elles offensent les autres puisque leur racine est l’égoïsme, ce qui et exclue de l’héritage du Royaume de Dieu, Ga 5,18-26. Ces dons de l’Esprit sont confiés aux croyants pour bâtir la communauté.

La charité constitue le plus grand commandement, qu’il s’agisse de notre relation à Dieu ou au prochain :

“Jésus lui déclara: tu aimeras le Seigneur ton Dieu, de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C'est là le grand, le premier commandement. Un second est aussi important : tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les Prophètes", Mt 22,37-40.

Pour les disciples c’est le commandement nouveau :

"Je vous donne un commandement nouveau : aimez-vous les uns les autres. Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres, Jn 13,34.


La joie, c’est d’accueillir ensemble le message d’amour de l’Evangile :

«Si vous observez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme, en observant les commandements de mon Père, je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit parfaite», Jn 15,10-11. La joie, c’est d’être interpellé par le Christ :

« C'est ainsi que vous êtes maintenant dans l'affliction ; mais je vous reverrai à nouveau, et votre coeur alors se réjouira, et cette joie, nul ne vous la ravira. Ainsi, en ce jour-là, vous ne m'interrogerez plus sur rien. En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera, Jn 16,22-23.

La joie, c’est une réalité constitutive du Royaume

«Car le Règne de Dieu n'est pas affaire de nourriture ou de boisson; il est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint », Rm 14,17.

La paix, c’est d’accueillir le Seigneur

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n'est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre coeur cesse de se troubler et de craindre », Jn 14,27.

« Je vous ai dit cela pour qu'en moi vous ayez la paix. En ce monde vous êtes dans la détresse, mais prenez courage, j'ai vaincu le monde!", Jn 16,33.

La paix est un don à offrir

« En entrant dans la maison, saluez-la; si cette maison en est digne, que votre paix vienne sur elle ; mais si elle n'en est pas digne, que votre paix revienne à vous », Mt 10,12-13 ;

«Dans quelque maison que vous entriez, dites d'abord: Paix à cette maison», Lc 10,5.

La paix est un engagement réciproque

«C'est une bonne chose que le sel. Mais si le sel perd son goût, avec quoi le lui rendrez-vous ? Ayez du sel en vous-mêmes et soyez en paix les uns avec les autres", Mc 9,50.

La paix est une vocation commune

«Que règne en vos coeurs la paix du Christ, à laquelle vous avez été appelés tous en un seul corps. Vivez dans la reconnaissance », Col 3,15.

La paix est la béatitude des fils de Dieu

«Heureux ceux qui font oeuvre de paix : ils seront appelés fils de Dieu», Mt 5,9.

La paix est aussi une réalité constitutive du Royaume

«Car le Règne de Dieu n'est pas affaire de nourriture ou de boisson; il est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint», Rm 14,17.

La longanimité , c’est la patience

«Espérer ce que nous ne voyons pas, c'est l'attendre avec persévérance», Rm 8,25.

- “Soyez donc patients, frères, jusqu'à l'Avènement du Seigneur. Voyez le laboureur : il attend patiemment le précieux fruit de la terre jusqu'aux pluies de la première et de l'arrière-saison. Soyez patients, vous aussi; affermissez vos coeurs, car l'Avènement du Seigneur est proche. Ne vous plaignez pas les uns des autres”, Jc 5,7-11.

C’est aussi un sentiment communautaire d’acceptation réaliste de la vie en commun : «Puisque vous êtes élus, sanctifiés, aimés par Dieu, revêtez donc des sentiments de compassion, de bienveillance, d'humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les uns les autres, et si l'un a un grief contre l'autre, pardonnez-vous mutuellement; comme le Seigneur vous a pardonné, faites de même, vous aussi», Col 3,12-13.

«Je vous y exhorte donc dans le Seigneur, moi qui suis prisonnier : accordez votre vie à l'appel que vous avez reçu ; en toute humilité et douceur, avec patience, supportez-vous les uns les autres dans l'amour ; appliquez-vous à garder l'unité de l'esprit par le lien de la paix », Eph 4,1-3.

La serviabilité rapproche l’action communautaire de l’action salvifique de Dieu lui-même

«Et par-dessus tout, revêtez l'amour: c'est le lien parfait», Col 3,12-14.

«Méprises-tu la richesse de sa bonté, de sa patience et de sa générosité, sans reconnaître que cette bonté te pousse à la conversion?», Rm 2,4.

Le manque de serviabilité dénonce ceux qui ne sont pas amis de Dieu

«Sache bien ceci : dans les derniers jours surviendront des temps difficiles. Les hommes, en effet, seront égoïstes, âpres au gain, fanfarons, orgueilleux, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, sacrilèges, sans coeur, implacables, médisants, sans discipline, cruels, ennemis du bien, traîtres, emportés, aveuglés par l'orgueil, amis des plaisirs plutôt qu'amis de Dieu ; ils garderont les apparences de la piété, mais en auront renié la puissance. Détourne-toi aussi de ces gens-là !», 2 Tm 3,1-5.

La bonté

«Jésus lui dit: "Pourquoi m'appelles-tu bon? Nul n'est bon que Dieu seul », Mc 10,18

« Jésus lui dit: "Pourquoi m'interroges-tu sur le bon? Un seul est bon. Si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements », Mt 19,17 .

La bonté est fortifié par Dieu lui-même

«Voilà pourquoi nous prions continuellement pour vous, afin que notre Dieu vous trouve dignes de l'appel qu'il vous a adressé ; que, par sa puissance, il vous donne d'accomplir tout le bien désiré et rende active votre foi»,2 Th 1,11. La confiance dans les autres signifie loyauté, honnêteté, confiance dans le rapport interpersonnel, car Dieu est fidèle

«Il est fidèle, le Dieu qui vous a appelés à la communion avec son Fils Jésus Christ, notre Seigneur», 1 Co 1,9.

«Celui qui vous appelle est fidèle : c'est lui encore qui agira », 1 Th 5,24.


La douceur

«Heureux les doux: ils auront la terre en partage», Mt 5,4

La douceur témoigne devant tous d’une caractéristique de la communauté ecclésiale : «N’injuriez personne, évitez les querelles, montrez-vous bienveillants, faites preuve d'une continuelle douceur envers tous les hommes», Tite 3,2 .

«En toute humilité et douceur, avec patience, supportez-vous les uns les autres dans l'amour», Eph 4,2 .

La maîtrise de soi permet de s’insérer dans la fraternité en personne responsable et consciente. La construction de la fraternité est une œuvre fascinante, mais laborieuse et difficile. Il est très naturel d’être individualiste. Les échecs, les déceptions et la lassitude, nous portent à reléguer la fraternité au domaine des utopies, à construire notre petit espace privé et à ménager nos forces. Pourtant l’enjeu est très important.

Parler de l’oeuvre de l’Esprit Saint, nous conduit à parler du discernement.

Le discernement des esprits est considéré par Saint Paul comme un charisme 1 Co 12,10 ; 2 Co 11,13 ; 1 Tm 4,1 .

“Mes bien-aimés, n'ajoutez pas foi à tout esprit, mais éprouvez les esprits, pour voir s'ils sont de Dieu; car beaucoup de prophètes de mensonge se sont répandus dans le monde.”, 1 Jn 4,1.

Le discernement s’acquiert par le partage de notre propre expérience intérieure à une personne qui nous précède dans l’expérience spirituelle, une personne qui a acquis une capacité de discernement par la fréquentation de la Parole de Dieu, la connaissance de la tradition de l’Eglise et le partage de sa propre expérience.

Le discernement est aussi un don de l’Esprit à l’oeuvre au coeur du croyant.