lundi 27 juin 2011

Mère Isabelle, chercher Dieu comme à tâtons

Photo d'archives O.A.
Mère Isabelle
vers 1896-1901


3 juillet 2011,
90ème anniversaire du décès
de Mère Isabelle,
Fondatrice des Orantes de l'Assomption






... Le silence tant intérieur qu'extérieur est un des plus puissants moyens de se disposer à la communication intime avec Dieu dans l'oraison, qui est comme l'âme de notre vie. L'âme de notre vie, c'est l'oraison, c'est la prière. Nous voyons dans l'épître tirée des Actes des Apôtres, que Saint Paul, dans son discours à l'Aréopage, dit que nous devons chercher Dieu comme à tâtons.

Certainement Dieu est près de nous, dans notre coeur, et nous pouvons converser avec Lui sans cesse. Nous le cherchons dans un grand silence, car c'est dans le silence que nous le trouvons le mieux. Dans les créatures, on cherche la conversation, les paroles; mais pour Dieu, c'est toujours dans ce silence dont parle Bossuet : "Ce silence où il se dit tant de choses." La voix de Dieu est, pour ainsi dire, souvent comme un léger murmure, on ne l'entend que si on prête une oreille attentive. Nous devons le chercher d'autant plus dans ce silence, dans cette obscurité dont parlent Saint Jean de la Croix et tous les mystiques. Nous devons arrêter sur Lui un simple regard dans l'attention, dans la fidélité extérieure et intérieure. Ce simple regard ne signifie pas l'oisiveté, la distraction. Dès que l'âme s'aperçoit qu'elle est distraite, elle s'empresse de mettre dans son coeur une pensée sainte. Mais quand elle a ramené son esprit, elle n'a pas besoin de toujours produire des pensées, mais d'écouter alors le murmure divin, de ne pas laisser pénétrer [en elle] les bruits du monde, d'avoir cette foi que Dieu est toujours tout près de nous, qu'Il nous entend toujours, que pas un cheveu ne tombe de notre tête sans sa permission.

Il faut vivre ces choses dans le silence de l'âme. Non pas seulement le silence intérieur, mais aussi le silence extérieur. Il faut s'y appliquer, non seulement pour soi-même, mais par charité pour les autres. Il faut pour cela avoir la présence intime de Dieu. Mais si, par maladresse, on manque à ce silence, il faut se laisser envahir par Dieu, marcher en sa présence et oublier tout le reste.

Mère Isabelle, Instruction, Chapitre XII, Du silence, 9 Octobre 1915.

mercredi 22 juin 2011

Guillaume de St Thierry, c'est Dieu qu'il aime dans son amour

              moine, XIIè siècle
C’est Dieu qu’il aime dans son amour, mais il voudrait trouver, expérimenter
Je te trouve donc Toi, Seigneur, dans mon amour, et plaise à Dieu que je te trouve toujours ! Quand l’amour ne s’exerce pas, il n’existe plus ; mais pour Toi je ressens une volonté puissante, je veux dire un amour qui me propulse vers toi, mais alors pourquoi donc ne suis-je pas toujours en train de t’expérimenter ? Faut-il dire que l’amour et l’expérimentation par cet amour, cela fait deux ? Si je vois bien, l’amour c’est quelque chose de la nature ; T’aimer, c’est un effet de ta grâce ; T’expérimenter c’est une faveur spéciale de la grâce, ce qui fait dire à l’Apôtre : « A chacun est donnée une faveur spéciale de l’Esprit Saint pour l’utilité commune ».

Tant que le corps de corruption appesantit l’âme et  que cette demeure terrestre abat l’esprit dans la multiplicité des soucis qui s’agitent, il faut bien que l’âme aimante éprouve des hauts et des bas. Cette expérience de l’amour vient à point pour la soutenir ici, pour l’empêcher de s’exalter là, autrement elle tomberait si brutalement qu’aucun effort ne pourrait la relever jamais.
Guillaume de Saint Thierry, Méditations et prières, Présentation, traduction et notes de Robert Thomas, O.E.L.L., 1985, 182-183.

lundi 13 juin 2011

Syméon le Nouveau Théologien, prière à l'Esprit saint



Esprit Saint,
c'est toi qui m'environnes,
Toi qui m'enflammes,
Et qui allumes en mon cœur en peine,
L'amour infini de Dieu et de mes frères.
Car c'est toi le docteur des prophètes,
Le compagnon de tous les apôtres,
La force des martyrs,
L'inspiration des Pères et des docteurs,
Et la perfection de tous les saints.


Illustration de psaume par Benn

mercredi 8 juin 2011

Sr Jeanine Gindrey, orante, L’œuvre de l’Esprit



Soeur Jeanine Gindrey, Orante de l’Assomption : des repères selon Sainte Thérèse d’Avila, Œuvres Complètes, Éditions du Seuil, 1949.



L'oeuvre de l'Esprit



Sainte Thérèse d’Avila nous invite au discernement : « C’est par les effets et les œuvres qui suivent que l’on reconnaît la vérité de ce qui se passe dans l’oraison… Il n’y a pas de meilleur creuset pour en faire l’épreuve », 877.



Devant certains dons de Dieu, la durée courte confirme que c’est de Dieu. Mais la longueur ou la syncope ne peuvent venir que de notre nature faible, 194, 961, 962, 864,1116, 1118.



Des effets positifs sont souvent les fruits de l’action de Dieu :



- La paix, la joie, la lumière, la douceur, l’amour immense, 687, 148,875

- Le cœur est dilaté, 876, 150

- L’action de grâce et l’humilité devant les bienfaits de Dieu, la confusion, 167, 98, 953, 954

- Après le trouble, la crainte du début, il s’établit une certitude, l’entendement n’agit pas, c’est Dieu, comme il veut, qui donne par miséricorde et dévoile les secrets des demeures, ce que notre imagination serait incapable d’approcher, ni l’intelligence, 288, 963, 1039, 804, 864, 119, 322, 913

- Le désir d’avancer et de ne pas abandonner l’oraison, 887, 880



Certains signes sont négatifs :





La solitude, la sécheresse, la peine, les pensées peuvent venir de Dieu, qui veut nous faire connaître l’abîme de notre misère, 110, et ceci pour notre progrès.



Il s’agit donc d’agir avec prudence. Que la vie soit dans la joie ou dans la peine, le critère majeur, c’est que l’expérience vécue conduise à une soumission en tout à l’Église. Rien ne peut être opposé à la foi catholique ou à la loi de Dieu, 510, 511, 812.





Ce critère peut nous préserver de notre aveuglement, de nos goûts, des plaisirs, des promesses trompeuses suscitées par l’esprit du mal, 1472,944.



Sainte Thérèse évoque des expériences :



- En lisant, subitement, on a le sentiment de la présence de Dieu, 95.



- Dieu donne à l’entendement (l’intelligence) de quoi admirer, il lui donne une compréhension subite, 119,322.



- L’âme reconnaît que le Maître Divin l’enseigne sans faire entendre aucun bruit de paroles, 708,709.



Toutes ces faveurs que nous recevons servent à fortifier notre faiblesse pour acquérir peu à peu une vie semblable à celle du Fils, 1052.