lundi 24 décembre 2012

Gloire à Dieu dans les hauteurs !


Raban Maur (776-856), moine bénédictin, théologien et archevêque de Mayence en Allemagne.
 
Jésus, Rédempteur de tous les hommes,
Avant que naisse la lumière,
Le Père souverain t'avait engendré
Dans une splendeur semblable à la sienne.

Ô lumière et Splendeur du Père,
Espoir éternel de tous les cœurs,
Écoute les prières qu'à travers l'univers
Répandent tes humbles serviteurs.

Ô Créateur du monde, souviens-toi qu'en naissant de la Vierge Sainte,
Tu as pris autrefois un corps semblable au nôtre.

Ce jour que chaque année ramène en son cycle, en est encore une fois le témoin :
Tu as quitté l'intimité de ton Père pour venir te faire l'unique salut du monde.

Astres, continents, océans,
Et tout ce qui se trouve sous le ciel,
Saluez d'un chant nouveau
Celui qui de nouveau vient nous sauver.

Jésus, qui es né de la Vierge,
Que la gloire te soit rendue,
Ainsi qu'au Père et à l'Esprit divin,
À travers tous les siècles. Amen!

jeudi 6 décembre 2012

8 décembre


Citations extraites de l’article de Marcel Neusch, a.a., La Vierge Marie, mère du Seigneur, ITINÉRAIRES AUGUSTINIENS, n°39, 2008, 5.

 

         Marie, mère de Dieu 

Le Christ « a été conçu par une vierge, puisqu’elle l’a conçu par la foi et reçu par la foi. Ne vous laissez donc pas séduire par l’opinion de certains esprits qui ont perdu de vue la règle de la foi et les oracles des divines Écritures », Sermon 186,2
 
« Marie était vierge lorsqu’elle l’a conçu, vierge lorsqu’elle l’a enfanté, vierge lorsqu’elle le portait dans ses entrailles devenues fécondes, vierge toujours (virgo perpetua) », Sermon 186,6. 
« Marie a cru, et ce qu’elle a cru s’est accompli en elle », Sermon 215,4.
Marie « fut  saintement fécondée par la foi, non par l’union charnelle », c’est-à-dire « non par la chair, par la foi, non par le désir des sens », De Trinitate 13, 18, 23.
“Marie est pour nous un modèle non par sa virginité physique, mais par sa foi. C’est d’abord par la foi qu’elle a conçu le Christ, nous l’avons vu. C’est aussi par la foi que nos vies cessent d’être stériles et deviennent fécondes comme celle de Marie“.
« Sa mère l’a porté dans son sein, portons-la dans nos âmes.
Une vierge a été rendue féconde par l’incarnation du Christ,
que nos cœurs soient aussi fécondés par la foi dans le Christ.
Une vierge a enfanté le Sauveur, que notre âme enfante le salut.
Ne soyons point stériles, mais que nos âmes soient fécondes par Dieu », Sermon 189, 3

dimanche 2 décembre 2012

Restez éveillés et priez en tout temps


Dom Louis Leloir, O.S.B., moine de Clervaux, DÉSERT ET COMMUNION, 1978, spiritualité orientale n°26, 343- 347

 



Restez éveillés
et priez en tout temps,
pour paraître debout
devant le Fils de l'homme, Lc 21, 36
 

Ce que le moine a en plus du nécessaire, estimaient les solitaires d’Égypte, ne vient pas de Dieu, mais du diable. Ils ne gardaient donc pour eux que ce qui était indispensable à leur subsistance. Conserver plus que le nécessaire, disaient-ils encore,  c’est voler les orphelins et les veuves. Ainsi, au lieu d’accumuler, nos Pères partageaient. Tantôt c’était avec les visiteurs et les hôtes de passage ; ils avaient, en effet, l’habitude de dresser aussitôt la table devant eux et de mettre à leur disposition tout ce qu’ils possédaient. Tantôt c’était avec les plus pauvres de leurs frères. Tantôt, c’était avec les pauvres de l’extérieur. Il est du reste souvent rappelé que le pauvre, c’est le Christ.
Tout naturellement donc, les économies réalisées par le jeûne tournaient au bénéfice des pauvres. Pourtant il n’est jamais parlé d’un jeûne en vue de faire l’aumône. On ne parle pas non plus de jeûner davantage en vue de donner davantage.  Le jeûne des Pères du désert paraît avoir été l’occasion de l’aumône plutôt que son but. D’autres soucis sont souvent évoqués : le souci de maîtriser son corps, d’expier les péchés, d’imiter le Christ. La première charité que les moines doivent au monde, c’est celle de leur sainteté, mieux assurée si –par le jeûne – ils veillent à la discipline d’eux-mêmes, cherchent à ressembler au Christ et à vivre avec Lui.
Si la préoccupation des épreuves et de la misère matérielle de beaucoup d’hommes doit habiter le cœur des moines, celle de leur misère spirituelle doit les obséder bien davantage. La question des veilles est à résoudre avec la même souplesse. Il n’est guère indiqué de peu dormir durant la nuit, pour dormir ensuite pendant les Vigiles. Pourtant le don de la veille existe. Dieu l’accorde parfois, plus souvent de manière intermittente, parfois habituellement. Les pénitences les plus indiquées pour notre temps sont probablement le souci de la politesse et de la propreté, une bonne hygiène et une juste mesure, pauvre, mais suffisante de sommeil et de nourriture, l’effort fourni pour dominer la fièvre dans le travail et se réserver des temps de silence et de prière, la préoccupation du bonheur d’autrui et le zèle à lui rendre des services, minimes et grands.
Pour conclure, quelques lignes de la constitution apostolique de Paul VI, “Repentez-vous“ : À aucune époque la vraie pénitence ne peut faire abstraction d’une ascèse également physique. Tout notre être, en effet, corps et âme, doit participer activement à l’acte religieux  par lequel la créature reconnaît la sainteté et la majesté de Dieu. L’Église invite chacun à accompagner la conversion intérieure de l’Esprit avec la pratique volontaire des actes extérieurs de pénitence. L’Église insiste avant tout pour que la vertu de pénitence soit pratiquée dans la fidélité persévérante à nos devoirs d’état, dans l’acceptation des difficultés inhérentes  à notre travail et à nos rapports sociaux, dans le support patient des épreuves de la vie terrestre, avec son angoissante insécurité. L’Église invite sans distinction tous les chrétiens à obéir au précepte divin de la pénitence par des actes volontaires, en dehors des sacrifices inhérents à la vie quotidienne.

samedi 24 novembre 2012

25 novembre - Fête du Christ-Roi


Ps 71
Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice.

Qu'il gouverne ton peuple avec justice, qu'il fasse droit aux malheureux !

Montagnes, portez au peuple la paix, collines, portez-lui la justice !

Qu'il fasse droit aux malheureux de son peuple, qu'il sauve les pauvres gens, qu'il écrase l'oppresseur !

Qu'il dure sous le soleil et la lune de génération en génération !

Qu'il descende comme la pluie sur les regains, une pluie qui pénètre la terre.

En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu'à la fin des lunes !

Qu'il domine de la mer à la mer, et du Fleuve jusqu'au bout de la terre !

Des peuplades s'inclineront devant lui, ses ennemis lècheront la poussière.

Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents. Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.

Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront.

Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours.

Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie.

Il les rachète à l'oppression, à la violence ; leur sang est d'un grand prix à ses yeux.

Qu'il vive ! On lui donnera l'or de Saba. On priera sans relâche pour lui ; tous les jours, on le bénira.

Que la terre jusqu'au sommet des montagnes soit un champ de blé : et ses épis onduleront comme la forêt du Liban ! Que la ville devienne florissante comme l'herbe sur la terre !

Que son nom dure toujours ; sous le soleil, que subsiste son nom ! En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre ; que tous les pays le disent bienheureux !

Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, lui seul fait des merveilles !

Béni soit à jamais son nom glorieux, toute la terre soit remplie de sa gloire ! Amen ! Amen !

mercredi 14 novembre 2012

17 novembre - Fête de notre Fondatrice


 
9 février 1881
Lettre au Père Picard.
Isabelle Comtesse d’Ursel est veuve, elle a 32 ans.

 

 
 

Tout doit prier en moi


Pendant un certain temps Dieu, compatissant à notre faiblesse, se contente dans l'oraison d'écarter un à un tous les obstacles. Il coupe, il arrache, il détruit. Il met à ce travail une adorable patience ! Il ne se contente pas d'arracher et de détruire, car à travers les débris de ce qu'Il renverse, il laisse pénétrer dans l'âme les rayons de sa lumière divine, rayons de consolation, rayons de force, rayons de lumières.

 
Mais quand Dieu a pendant longtemps travaillé ainsi dans l'oraison, Il veut que l'oraison devienne autre chose. Il veut la posséder, Il veut l'avoir entre ses mains, il veut se refléter en elle, non pas que l'âme sente toujours ce divin travail. Dieu n'est jamais un Dieu muet, mais Il est souvent un Dieu qui se tait et travaille dans le silence…

Comment toutefois est-il possible qu'il arrive un moment dans la vie d'oraison où Dieu veuille nous trouver en quelque sorte sinon parfaits, du moins sans obstacle à sa grâce ? Cela paraît un non-sens et presque une injustice en égard à notre imperfection et à l'histoire du juste qui tombe sept fois par jour…

Aussi Dieu ne nous demande-t-il pas cela. Il sait mieux que nous ne le savons nous-mêmes que nous sommes beaucoup tombés, que nous tomberons encore, que nous laisserons envahir notre âme par mille imperfections - mais ce qu'il veut d'une âme d'oraison - c'est qu’elle soit habituellement, dans les moindres circonstances de la vie, si souple dans sa main, qu'une pensée, qu'un remords et que, plus encore, une parole de l'obéissance, la ramène dans le bon chemin et qu'elle n'ait pas besoin de toute la pression de l'oraison pour l'éclairer, pour la soumettre.

vendredi 2 novembre 2012

Que la miséricorde l’emporte toujours dans ta balance


 

Saint Isaac le Syrien (VIIème siècle)

Que la miséricorde l’emporte toujours dans ta balance, jusqu’à ce que tu sentes en toi-même la miséricorde que Dieu éprouve pour le monde. Que notre propre état devienne ainsi  un miroir dans lequel nous contemplerons en nous-mêmes la ressemblance et l’empreinte de ce qui appartient par nature à la divine essence.

Un cœur dur et sans miséricorde ne peut parvenir à la pureté. Un homme miséricordieux est le médecin de sa propre âme, car il chasse de son intérieur le sombre nuage des passions, comme par un vent violent.

Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde.

 Un homme a atteint la pureté du cœur lorsqu’il voit tous les hommes comme bons, et lorsqu’aucun ne lui paraît impur   et souillé.
 
L’œil bon ne voit pas le mal, Ha 1,13.

samedi 20 octobre 2012


Saint Augustin, De Trinitate 5, 1, 2

La foi
Pour une foi fervente, celle que brûle la grâce de son Créateur et Sauveur, il n'y a pas d'impertinence à s'éprendre du divin et de l'ineffable qui nous dépasse. Mais dans quel acte d'intelligence l'homme saisit-il Dieu, lui qui ne saisit même pas sa propre intelligence avec laquelle il prétend saisir Dieu ?
Eh bien, ce que nous ne trouvons pas dans ce qu'il y a de meilleur en nous, nous ne devons pas le rechercher dans Celui qui est bien meilleur que ce qu'il y a de meilleur en nous.

Concevons donc Dieu, si nous pouvons, autant que nous le pouvons,
bon sans qualité,
grand sans quantité,
Créateur sans nécessité,
au premier rang, mais sans place,
enveloppant tout, mais sans être extérieur,
partout présent, mais non localement,
éternel, mais hors du temps,
auteur des choses changeantes sans changer Lui-même,
étranger à toute contrainte.

Quiconque conçoit Dieu de cette façon-là, qu'il veille, pour autant qu'il le peut, à ne pas attribuer à Dieu ce que Dieu n'est pas.

mercredi 10 octobre 2012

La crainte de Dieu est le commencement de la vertu








Isaac le Syrien (7ème siècle)

86 discours ascétiques

 

 



Tel est le commencement du chemin de la vie : toujours méditer les Paroles de Dieu, et demeurer dans la pauvreté. L'intelligence qui est irriguée par l'étude des Paroles de Dieu aide à parvenir à la pauvreté. Réciproquement accéder à la dépossession donne le loisir de s'adonner à l'étude des Paroles de Dieu.

Nul ne peut approcher Dieu s'il ne s'éloigne pas du monde. Telle est la vertu : que l'intelligence cesse de s'occuper des choses du monde. Le cœur ne peut découvrir la sérénité ni se dégager de tout ce qu'il imagine, tant qu'agissent les sensations. Sans le désert, ni les passions du corps ne disparaissent, ni les mauvaises pensées ne s'effacent.

Quand la grâce a augmenté en l’homme, dès lors qu’il craint Dieu, il trouve dans son âme de nombreuses raisons de supporter le malheur. Ce qui le fait souffrir est tenu pour rien à ses yeux en comparaison de ce qu’il espère dès maintenant. Dieu permet que nous soyons tentés : il n’est pas possible autrement que nous connaissions la vérité.

Dieu veille sur l’homme. Il n’est pas un homme qui ne soit sous son regard, et surtout ceux qui sont partis à sa recherche et souffrent pour Lui. Mais quand l’homme s’est par trop privé de la grâce, alors toutes les choses contraires se trouvent devant lui. La connaissance par laquelle il examine le monde, lui est plus grande que la foi. Il considère qu’il n’y a pas lieu de se confier à Dieu en tout.

Le commencement de la vraie vie de l’homme est la crainte de Dieu. Mais cette crainte ne saurait demeurer dans l’âme en même temps que la distraction. Le cœur est détourné du plaisir de Dieu par le service des sens. Dans ce qu’elles sentent, les pensées du cœur sont liées aux sens qui les servent.

Quand le désir de la chair l’emporte, les nombreux obstacles qui entourent ce que tu désires empêchent d’être intrépide. Celui qui recherche les honneurs du monde ne peut échapper aux causes de la tristesse. L’homme chaste est celui qui dans la vérité de son cœur, assagit la vision de son intelligence afin que celle-ci ne tende pas vers l’intempérance. Sa pudeur est suspendue comme un voile dans le lieu secret de ses pensées. Rien n’est plus capable de rejeter de l’âme les présomptions de l’intempérance et de chasser les souvenirs qui viennent se lever dans la chair et l’embraser d’une flamme trouble, que de se plonger dans le désir de l’instruction et de rechercher le sens profond de l’Écriture. 

Et l’âme est prise par ce qu’elle rencontre de nouveau sur l’océan des mystères de l’Écriture.

samedi 29 septembre 2012

Dieu désire notre salut et notre perfection


Jean Cassien, 5ème siècle, moine
Institutions de Cassien, Mame, Tours 1872, p. 248-250.

 
 
Tous les anciens Pères ont pensé qu’on ne peut se purifier des vices grossiers de nos sens, si on n’est pas bien convaincu que tous nos efforts pour atteindre la perfection seront inutiles sans la miséricorde et le secours de Dieu. Et il faut en être bien persuadé par sa propre expérience. Tous les efforts de l’homme ne compensent pas la grâce de Dieu que sa bonté infinie veut bien accorder à nos désirs.

Je ne dis pas cela pour décourager les efforts de l’homme et l’arrêter dans ses généreuses intentions. Je ne fais que répéter ce qu’ont dit nos Pères. L’homme ne peut acquérir la perfection sans efforts ; mais sans la grâce de Dieu, ses efforts seraient inutiles. Oui, l’homme ne peut rien, sans le secours de Dieu, mais sa miséricorde et sa grâce ne s’accordent qu’à ceux qui travaillent avec ardeur ; et comme le dit l’Apôtre, à ceux qui manifestent de la bonne volonté et qui courent, Notre Seigneur a dit lui-même qu’il était donné à ceux qui demandaient, qu’il était ouvert à ceux qui frappaient, et que ceux qui cherchaient, trouveraient. Mais cette demande, cette recherche, ces instances, seraient insuffisantes, si la miséricorde de Dieu ne donnait pas ce que nous demandons, n’ouvrait pas quand nous frappons, et ne nous faisait pas trouver ce que nous cherchons. Dieu est prêt à tout nous accorder, dès qu’il voit le concours de notre bonne volonté ; car il désire notre salut et notre perfection plus que nous-mêmes.

Si nous voulons réellement parvenir à la vraie perfection, nous devons suivre ces grands disciples qui ne s’endorment pas en de vains discours, mais qui ont acquis la science de l’expérience, et peuvent ainsi nous montrer la voie la plus sûre pour l’atteindre.

Tous nous assurent que c’est plus par la foi que par leurs efforts, qu’ils ont pu grandir à la vraie Vie.

mercredi 19 septembre 2012

Saint Matthieu - 21 septembre



Il y avait à Capharnaüm un poste de douane tenu par Lévi ou Matthieu, fils d'Alphée. Un matin, Jésus l'appelle. Matthieu laisse ses registres de douanier et suit Jésus, il l'invite à dîner, il invite ses amis. Le fonctionnaire devient missionnaire et il sera aussi le premier évangéliste.

 

 
 
 
Bède le vénérable, (672-735), moine lettré anglo-saxon, traducteur d’œuvres grecques et latines des premiers Pères de l'Église, Docteur de l'Église.


L’appel
Jésus vit Matthieu le publicain, Il l’aima et Il lui dit : « Suis-moi », c’est-à-dire imite-moi. Jésus l’invite à se conduire comme Lui. Comme Jésus était à table chez Matthieu, des publicains et des pécheurs vinrent prendre place avec Jésus et ses disciples, Mt 9, 10. Lors de sa conversion, Matthieu  entraîne à sa suite les pécheurs sur le chemin du salut. Matthieu n’offre pas seulement un repas corporel dans sa demeure terrestre, mais il offre au Seigneur un festin dans la demeure de son cœur par sa foi et son amour, comme en témoigne Celui qui a dit : Voici que Je me tiens à la porte, et Je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, J'entrerai chez lui ; Je prendrai mon repas avec lui, et lui avec moi, Ap 3, 20.

Oui, le Seigneur se tient à la porte et Il frappe lorsqu’Il rend notre cœur attentif à sa volonté, soit par la bouche de l’homme qui enseigne, soit par une inspiration intérieure. Nous ouvrons notre porte à l’appel de Sa voix quand nous donnons notre libre assentiment à ses avertissements intérieurs ou extérieurs, et quand nous mettons en œuvre ce que nous avons compris que nous devons faire.

Et Il entre pour manger, Lui avec nous et nous avec Lui, parce qu’Il habite dans le cœur de ses élus par la grâce de son amour, Il entre pour les nourrir sans cesse par la lumière de sa Présence, afin qu’ils élèvent progressivement leurs désirs, et que Lui-même se nourrisse de leur zèle pour Sa Vie.

jeudi 13 septembre 2012

14 septembre


Saint Bernard de Clairveaux, Extraits

 

La Croix glorieuse

Reviens à ton cœur, reviens, et vois comment l'Adam nouveau t'a cherché et t'a retrouvé. Il n'eut de cesse qu'il n'ait couru après toi qui fuyais, t'appelant dans sa miséricorde, à travers les coups et le fouet et les dérisions inouïes. Il t'a suivi jusqu'au supplice de la croix et là il te trouva déjà mourant et te saisit.

Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne, Lc 23, 42. Je pouvais manger et goûter de tous les arbres du paradis et maintenant je suis crucifié et je meurs sur ce bois. Souviens-toi de moi ; je t'avais oublié, mais toi, dans ton emportement tu t'es souvenu de ta miséricorde.

Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché, Ps 50, 3. Je la vois en toi cette miséricorde grande et qui est bien tienne, qui t'a fait condescendre à te configurer à ma misère. Tu ne pouvais me suivre plus loin. D'où viens-tu ? Tu es sorti du plus haut des cieux. Du sein de la Vierge, tu es venu, toi, le plus beau des enfants des hommes, et avec moi, tu pends sur le bois de la croix. Qui t'a conduit là, sinon Ta seule miséricorde ?  

Pitié pour moi, Seigneur, dans ta grande miséricorde. Je suis ta création que tu as faite à ton image et à ta ressemblance. Pitié, Seigneur, pour ton image.

La croix est ta gloire. La croix est plus belle que tous les arbres du paradis. Le Christ a désiré d'un grand désir manger cette Pâque avec nous, avant de mourir. Il a mangé la Pâque en souffrant sa Passion, lorsqu'il passa de ce monde à son Père.

Quand je serai élevé de terre, j'attirerai tout à moi, Jn 12, 32, tout : le ciel, la terre et les enfers.

Le Christ a attiré à lui son Père, car son cri est monté devant sa face, à ses oreilles, et la terre a tremblé et les pierres se sont fendues et les tombeaux se sont ouverts car ils avaient entendu la voix du Fils de l'homme. Médiateur de Dieu et des hommes, l'homme Jésus-Christ, entre ciel et terre mangeait la Pâque.

Qui pourrait désormais craindre la croix ? Sur la croix, celui qui est uni à son Seigneur peut lui dire : Et toi, Seigneur, mon bouclier, ma gloire, tu tiens haute ma tête, Ps 3, 4.

 

Personne ne te cherche, personne ne te trouve, sinon sur la croix.

Ô Croix de gloire, enracine-toi en moi, pour que je sois trouvé en toi.

dimanche 2 septembre 2012

Thérèse d'Avila, l'oraison 4/4


4.  La pluie abondante

Cette eau du ciel tombe souvent lorsque le jardinier y pense le moins. Dans les débuts, il est vrai ce n'est généralement qu'après une longue oraison mentale. Car le Seigneur, après avoir conduit de degré en degré ce petit oiseau, le place enfin dans le nid pour qu'il y repose. Il l'a vu voltiger pendant longtemps et s'aider de son intelligence, de sa volonté, de toutes ses forces enfin, pour chercher son Dieu et lui plaire ; Il veut lui donner une récompense même en cette vie ; et quelle récompense magnifique ! En un instant, l'âme est dédommagée de tous les travaux d'ici-bas, Vie 18,9.

L'âme sort de cette oraison et de cette union toute remplie d'une extrême tendresse pour Dieu. L'âme se sent animée d'un très grand courage. Elle donne déjà des signes qu'elle possède des trésors célestes ; elle brûle du désir de les distribuer ; et elle supplie le Seigneur de ne pas la laisser seule dans une telle abondance. Elle procure le bien spirituel du prochain, presque à son insu et sans rien faire par elle-même dans ce but ; mais les autres le comprennent, car les fleurs de son jardin répandent un tel parfum qu'ils désirent s'en approcher. Ils comprennent qu'elle est enrichie de vertus et comme elle, ils voudraient s'en nourrir, Vie 19,1-2.

Prière

 

Je suis vôtre, pour vous je suis née.
Que voulez-vous faire de moi ?
Si Vousle voulez, donnez-moi l'oraison,
Sinon, donnez moi les sécheresses ;
Si Vous le voulez, donnez-moi l'abondance de vos biens.
Sinon la disette.
Que demandez-Vous de moi ?

Que je me taise ou que je parle,
Que je fasse du bien ou que je n'en fasse pas,
Que la Loi ancienne me découvre mes plaies,
Ou que je goûte les douceurs de l'Évangile,
Que je sois dans la peine ou dans la joie,
Pourvu seulement que Vous viviez en moi
.
  

dimanche 19 août 2012

Thérèse d'Avila, l'oraison 3/4



Troisième manière : Amener l'eau soit d'une rivière, soit d'un ruisseau

S'il y a quelques fatigues à la diriger, l'arrosage cependant coûte beaucoup moins. Le Seigneur, en effet, veut aider si bien le jardinier, qu'il prend, pour ainsi dire, sa place et fait presque tout le travail…

L'âme est tellement abreuvée de l'eau de la grâce, qu'elle ne peut avancer, elle ne sait d'ailleurs comment, ni retourner en arrière : elle veut seulement jouir de cette gloire immense, Vie 15,1.

La volonté n'a qu'à accepter les faveurs dont elle jouit dans cet état, et à s'abandonner généreusement à tout ce que la véritable sagesse voudra opérer en elle,Vie 17,1.

Il faut alors ce me semble… s'abandonner entièrement entre les bras de Dieu, Vie 17,2.

mercredi 8 août 2012

Thérèse d'Avila, l'oraison 2/4

      
2. Tourner à l'aide d'une manivelle une noria garnie de godets

« Le jardinier, en faisant marcher une noria, puise une quantité d'eau plus grande et il se fatigue moins. La personne commence ici à se recueillir ; elle touche aux choses surnaturelles ; mais elle ne peut y parvenir par elle-même, malgré tous ses efforts. Je veux dire que l'eau est plus proche de nous, parce que la grâce se fait alors connaître à l'âme avec plus de clarté. Ceci est un recueillement des facultés pour jouir de ce contentement avec plus de saveur. Mais les facultés ne sont ni perdues, ni endormies. La volonté seule est occupée, sans savoir comment, à se rendre captive. Elle ne peut que donner son consentement, pour que Dieu l'emprisonne, assurée qu'elle est de devenir la captive de Celui qu'elle aime », Vie 14,2.

« Ô Jésus ! Ô mon Dieu ! Comme votre amour nous aide ici ! Il tient le nôtre tellement enchaîné qu'il ne lui laisse pas la liberté d'aimer autre chose que vous ».

« Cette oraison de quiétude est donc une petite étincelle de son véritable amour que le Seigneur commence à allumer dans l'âme. Il veut lui faire comprendre peu à peu ce que c'est que cet amour si plein de délices. Cette quiétude, ce recueillement et cette petite étincelle sont l'effet de l'Esprit de Dieu », Vie 15,4.

mardi 24 juillet 2012

Sainte Thérèse d'Avila, oraison 1/4



 

Sainte Thérèse d'Avila a fait part de son expérience de prière à ses sœurs carmélites. L'Église propose son enseignement à tous ceux qui désirent s'engager sur le chemin de la prière.


Pour Thérèse d'Avila, « l'oraison n'est qu'un échange intime d'amitié où l'on s'entretient souvent seul à seul avec ce Dieu dont on se sent aimé », Vie 8,5.

L'oraison est au service du parfait amour évangélique, dont de la sainteté. « Faire oraison, c'est devenir serviteur de l'Amour ».

« Je vais parler maintenant de ceux qui commencent à être les serviteurs de l'amour, car il me semble que nous ne sommes pas autre chose, lorsque nous nous déterminons à suivre par ce chemin de l'oraison Celui qui nous a tant aimés », Vie 11,1.

Thérèse explique quatre manières de faire oraison en faisant une comparaison : "Celui qui débute doit considérer attentivement qu'il va préparer dans un jardin très ingrat et rempli de très mauvaises herbes, un jardin où le Seigneur puisse prendre ses délices. Sa Majesté arrache les mauvaises herbes et doit planter les bonnes. Or, ce travail est déjà fait quand l'âme se détermine à pratiquer l'oraison et qu’elle est entrée dans cette voie. Néanmoins, nous devons en bon jardinier, veiller avec l'aide de Dieu, à faire croître ces plantes, et à prendre soin de les arroser », Vie 11,6. Thérèse nous parle alors de quatre manières d'arroser le jardin.


1. Tirer de l'eau d'un puits à force de bras

« Les personnes qui commencent à faire oraison sont celles qui tirent péniblement l'eau du puits. Elles se fatiguent, en effet, pour recueillir leurs sens habitués à se répandre au dehors. C'est là un grand travail. Leur devoir est de s'appliquer à méditer la vie de Jésus-Christ », Vie 15,9.
« Nous pouvons par la pensée nous mettre en présence du Christ, nous embraser peu à peu du plus grand amour pour sa Sainte humanité, lui tenir toujours compagnie, lui parler, lui recommander nos besoins, nous plaindre à lui dans nos peines, nous réjouir avec lui dans les consolations, nous garder de l'oublier dans la prospérité. Ne cherchons point à lui faire de beaux discours ; parlons-lui simplement pour lui exprimer nos désirs et nos besoins. C'est là une méthode excellente, elle nous fait avancer en très peu de temps. Celui qui essaie de vivre dans cette précieuse compagnie,  y puise un amour sincère pour ce Maître auquel nous sommes redevables de tant de bienfaits ; celui-là, je l'affirme, est avancé dans la voie de l'oraison », Vie 12,2.

mardi 17 juillet 2012

Marie, Rachel et Jean ( 4 / 4 )

SAINT AUGUSTIN ET LA BIBLE, Anne-Marie La Bonnardière, Éd. Beauchesne, 1986, 411 – 425, Extraits


LE TEMPS DE « L’EXTENSIO »  [En latin, extensio : action d'étendre].

Marie figurait la vie éternelle mais elle ne la tenait pas encore.
Dans le commentaire du Ps 148, saint Augustin insiste sur le fait que notre occupation doit être la louange de Dieu, parce qu’elle sera notre joie de la vie future et que personne ne peut devenir apte à la vie éternelle s’il ne s’y est exercé dès maintenant. Saint Augustin reconnaît que cette expérience demeure assez rare : la contemplation est le fait de quelques uns.

Marie vivait du Verbe, mais à travers la parole humaine. Elle était assise, en son humilité, comme une vallée toute prête à recevoir l’eau courante. Mais au fond du cœur, elle était debout, dans la permanence de l’attente. Oisive et paisible, elle remet au Maître tout jugement sur son propre compte. La contemplation de l’unique détournait Marie du souci de multiples détails.

Une vocation du même ordre rendait Rachel stérile. Comme sa sœur Lia aux yeux malades était pour Jacob une épouse féconde, de même, ceux qui prêchent l’Évangile au milieu des tribulations, engendrent au Royaume de Dieu beaucoup d’enfants en annonçant le Christ crucifié. Or Rachel, resplendissante de beauté, voit dans le Verbe, Dieu auprès de Dieu ; elle veut à son tour enfanter des enfants à Jacob, mais c’est en vain. C’est ainsi que la vie contemplative voudrait communiquer ce qu’elle sait.

Jean voit le Verbe dans la Trinité. Son charisme est d’avoir été élevé à la vision des mystères du Verbe, à une certaine expérience et expression de la transcendance.


Marie, Rachel et Jeansont dans l’attente et, par éclairs, rassasiés de la vision du Verbe de Dieu dans sa vie Trinitaire. Ce n’est pas encore la vision face à face impossible ici-bas, c’est la vision en énigme et comme dans un miroir. La fruition totale de la Sagesse n’appartient qu’à la vie éternelle.

C’est en servant le Verbe fait chair, qu’il nous faut apprendre à écouter le Verbe hors du temps.
« J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je cherche : habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le Seigneur dans sa Beauté et m'attacher à son temple », Ps 26, 4.
Cette prière est celle que l’Esprit Saint présente Lui-même à Dieu en nous.

mardi 10 juillet 2012

Marie ( 3 / 4 )

SAINT AUGUSTIN ET LA BIBLE, Anne-Marie La Bonnardière, Éd. Beauchesne, 1986, 411 – 425, Extraits

MARIE, FIGURE DE L’ÉGLISE DANS L’ÉTERNITÉ

Marie assise aux pieds du Seigneur, recueillant ses paroles, signifie la vision face à face :
« Nous le connaîtrons tel qu’Il est », 1 Jn 3, 2. Ce sera la contemplation.
L’unique occupation de l’Église sera la fruition [ du mot 'fruit' : action de jouir de quelque chose ]de la Sagesse. Quand le Christ remettra le Royaume à son Père, se réalisera la promesse : « Votre joie, personne ne vous l'enlèvera », Jn 16, 22.

« Tu resteras Seul pour être tout en tous ; et, éternellement, nous ne chanterons plus ensemble qu’une seule louange, la Tienne, devenus nous-mêmes Un seul dans Ton Unité ». « Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous », 1 Co 15, 28.

C’est la fruition [du mot ‘fruit’ : action de jouir de quelque chose] de l’unité entre nous et en Dieu qui sera le bonheur de l’éternité.
Marie est toute occupée de l’Unique, c’est ce qui fait sa supériorité.
Le ciel sera la possession de l’Unité suprême, celle de la Sainte Trinité. Et cette unité se réalisera dans un repas dont le pain sera la Vérité. Dieu Lui-même recevra ses serviteurs fidèles à sa table, selon la promesse rapportée par saint Luc : « Heureux les serviteurs que le Maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : Il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour », Lc 12, 37. Ceux qui l’auront servi dans la personne des plus petits d’entre les siens, Il les recevra et les nourrira de la pleine Vérité qu’Il est Lui-même. Mystère de la Pâque, au-delà duquel aura lieu le banquet éternel dont le Christ sera à la fois le ministre et le pain.
Cette vie future sera marquée du sceau de la permanence : ce sera la patrie par opposition au chemin. « Marie a choisi la meilleur part : elle ne lui sera pas ôtée ». « Bien loin de passer, cette part croîtra sans cesse », Sermo179, 6.  Jean représente cette vie bienheureuse où nous recevrons du Christ la plénitude de la science par opposition à la plénitude de patience que représente la vie de l’Église présente.

dimanche 1 juillet 2012

3 juillet 1921 - 3 juillet 2012


       
 Instruction  sur le Directoire,
Mère Isabelle, 26 août 1916

Adoration de la Sainte Trinité



               


Nous sommes ici uniquement pour aimer Dieu. Il nous arrive quelquefois de penser à autre chose, et alors nous manquons tout à fait à notre but, car notre but, c'est de chercher à nous unir à Dieu, pour arriver à cette union qui fait les saints, qui est d'être un autre Jésus-Christ, de Lui être donné, de vivre sans cesse avec Lui. Nous sommes ici pour avoir une vie de prière.
Dans tout ce que nous faisons, nous cherchons l'amour de Dieu, dans la prière ou dans le travail, [...] C'est l'amour de Notre-Seigneur que nous cherchons en toute chose, dans nos actions, nos pensées, même dans notre sommeil.
"Je dors, mais mon coeur veille", Ct 5, 2,Il faut que tout en nous veille dans la prière, dans l'amour de Dieu. [...] Ce n'est pas par nos propres forces que nous pouvons atteindre ce but que Dieu Lui-même nous a assigné. [...] Mais Dieu, dans sa miséricorde, a permis qu'il n'y eût pas que saint Jean qui pût reposer sur son coeur, qui fût appelé à cette vie d'amour. Madeleine, avant de pouvoir entrer dans cette vie d'amour, essuie les pieds de Notre-Seigneur, [mouillés]de ses larmes. Saint Augustin est humilié et ses Confessions sont l'expression la plus belle et la plus douloureuse du repentir et de l'amour. Prions Saint Augustin de nous mettre dans ces sentiments d'humilité et d'amour. Que ce soit notre vie et notre respiration comme il en était pour Saint Augustin. C'est notre Père, demandons-lui de partager son amour.
Nous pouvons aimer Notre-Seigneur avec des flammes d'amour non senties, mais réelles ; pour cela, humilions-nous, reconnaissons combien nous sommes indignes de cette vie d'amour.
Demandons à Saint Augustin de nous aider dans cette voie d'humilité, de repentir et d'amour.