jeudi 27 mars 2014

Saint Théodore le Studite, Tenez vos lampes allumées

Saint Théodore le Studite (759-826)


Théodore est né dans une noble famille de Constantinople. Noble et pieuse, puisque tout un pan de la famille est entré au couvent, Théodore compris, dans un petit monastère d'Asie Mineure dirigé par un oncle. Théodore est supérieur du monastère quand l'empereur répudie sa femme légitime et épouse religieusement sa maîtresse, une parente de la pieuse famille. Théodore et ses moines réprouvent publiquement ce mariage : premier exil. Théodore a 37 ans. Les choses se tassent avec un changement d'empereur. Entre-temps, des raids arabes ont chassé les moines byzantins d'Asie Mineure. Théodore se retrouve à la tête d'un monastère de Constantinople, le Stoudios. Habité par un ardent désir de retrouver la pureté du monachisme primitif et de redonner à la vie communautaire ses lettres de noblesse, Théodore fait du Stoudios le centre d'une réforme monastique. Dans les Catéchèses qu'il adresse chaque jour à ses frères, il exalte l'obéissance et la fidélité au devoir quotidien. La vie paisible du cloître ne durera pas longtemps. L'empereur Léon V reprend la politique des empereurs du siècle précédent et met hors la loi les images saintes. Théodore devient l'âme de la résistance Il passera le restant de sa vie dans un exil douloureux. Le règlement du Stoudios, tel qu'il l'a établi, servira de règle à un grand nombre de monastères orientaux

Tenez vos lampes allumées
Il y a un temps pour les semailles et un temps pour la moisson, un temps pour la paix et un temps pour la guerre, un temps pour le travail et un temps pour le loisir.  Mais pour le salut de l'âme, tout moment est propice, et toute journée est favorable, si du moins nous le voulons. Ainsi donc, soyons toujours en mouvement vers le bien, faciles à mouvoir, mettant la Parole en actes.
C'est toujours le temps de la prière, le temps de la réconciliation après les fautes, le temps de ravir le Royaume des cieux. Voici l'époux, dit l'Évangile, sortez à sa rencontre. Et les vierges sages sont allées à sa rencontre avec des lampes brillantes et elles sont entrées pour les noces ; tandis que les vierges folles retardées par l'absence de bonnes œuvres criaient :

- Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! 
Mais il a répondu : - En vérité, je vous le dis, je ne vous connais pas.

Et il ajoute : - Veillez donc car vous ne savez ni le jour ni l'heure.

Il faut donc veiller et éveiller l'âme à la sobriété, à la sainteté, à la purification, à l'illumination, pour éviter que la mort ne nous ferme la porte. Qu'ils sont heureux les serviteurs que le Maître, à son retour, trouvera vigilants.
Pour moi qui suis ton serviteur indigne, Dieu, veuille m'éveiller du sommeil de mon indolence. Fait brûler en moi le feu de Ton Amour divin ; que grandisse sans cesse au-dedans de moi mon désir de répondre à ton infinie tendresse. Ah! S'il m'était donné de pouvoir tenir à longueur de nuit ma lampe allumée et ardente dans Ton temple, Seigneur ! Si elle pouvait éclairer tous ceux qui pénètrent dans la maison de mon Dieu !

Seigneur, accorde-moi cet amour qui se garde de tout relâchement, que je sache tenir toujours ma lampe allumée, sans jamais la laisser s'éteindre ; qu'en moi elle soit lumière pour mon prochain.

Ô Christ, daigne allumer toi-même nos lampes, toi notre Sauveur, fais-les brûler sans fin dans ta demeure, et recevoir de Toi, une lumière indéfectible,  éternelle. Que ta lumière dissipe nos propres ténèbres, et que par nous elle fasse reculer les ténèbres du monde.

Seigneur Jésus, allume ma lampe à Ta propre lumière. Qu'à Ta lumière je ne cesse de Te voir, de tendre vers Toi tout mon être. Alors, dans mon cœur, je ne verrai que Toi seul, et en Ta présence, ma lampe sera toujours allumée et ardente.

Daigne répandre en nous assez de Ton amour pour que nous aimions Dieu comme il convient. Que Ton amour nous possède tout entiers, pour que nous ne sachions plus rien aimer sinon toi, qui est éternel. Qu'en nous se réalise comme tu veux ce progrès de l'amour par ta grâce, Seigneur Jésus Christ, à qui est la gloire dans les siècles des siècles. Amen.

Oraison de saint Colomban
Seigneur Jésus, allume ma lampe à ta propre lumière. Qu'à ta lumière je ne cesse de te voir, de tendre vers Toi mon regard et mon désir. Alors, dans mon cœur, je ne verrai que Toi seul, et en Ta présence ma lampe sera toujours allumée et ardente.

vendredi 21 mars 2014

J. Besset, La samaritaine, St Jean 4,1-42

La Samaritaine   Jn 4,1-42
 
Par le seul fait d’avoir suscité un bref espoir Jésus a ranimé en elle sa capacité à exprimer des désirs. Le désir s’appuie sur une possibilité de dépassement et cela aide à exister. Il lui montre qu’il y a réellement d’autres valeurs que celles qu’elle a cherchées à atteindre jusqu’à maintenant. Il ne lui conseille pas d’accepter de vivre son sort avec résignation en lui parlant d’un bonheur futur au paradis, mais il l’encourage à vivre maintenant et à se dépasser maintenant. C’est d’ailleurs ce qu’elle fait puisqu’elle plante là sa cruche et qu’elle va ameuter la ville en plein midi.

Jésus est entré en relation avec elle sans établir de distance entre elle et lui. Il n’a fait état ni de sa supériorité masculine à lui, ni de sa déchéance féminine à elle. Même s’il lui a bien montré qu’il connaît tout de son passé peu glorieux, cela n’a établi aucune distance entre eux. Cette simple attitude suffit à éveiller en elle de l’espoir parce qu’il l’a considérée comme une femme normale. Elle se met alors à rassembler du monde, hors de la ville et hors de la sieste pour leur dire que la seule valeur qui compte dans la vie c’est celle que l’on reçoit de Dieu.

La vie spirituelle que propose Dieu n’est pas forcément liée à l’austérité religieuse dans laquelle, rites et prières prendraient force d’habitude en dominant les frustrations. La vie spirituelle consiste à introduire Dieu dans le quotidien de la vie, à lui offrir nos espoirs et nos peines, à lui faire partager nos frustrations pour qu’il nous aide à les dépasser, car Dieu ne se rencontre que dans le dépassement de soi.

Si la femme a oublié sa cruche c’est qu’elle a déjà dépassé l’intérêt pour la vie matérielle où elle était, si elle va chercher les villageois c’est qu’elle a dépassé les conventions sociales qui l’ont enfermée dans sa situation. Elle est désormais prête à se battre pour la vie.

« Venez-voir l’homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ! » Mais qu’a-t-elle fait la pauvrette ? Elle n’a rien fait. Elle a bien essayé de faire, mais à chaque tentative elle n’a rencontré que des échecs. Elle a compris qu’elle ne pouvait pas rester enfermée dans ses échecs. Alors que rien n’avait encore changée dans sa vie, elle a compris que tout désormais pouvait changer, et elle le fait partager aux autres, car elle se met à considérer les choses autrement. Dieu s’est révélé à elle comme le Dieu de l’ouverture et non de l’enfermement. Qu’est-ce qui a alors changé en elle ? rien et pourtant tout a changé. N’est-ce pas cela l’action du Christ en nous ? N’est-ce pas déjà cela le Royaume ?
http://jbesset.blogspot.fr/2011/03/la-samaritaine-jean-45-42-comme-dans.html


 

mardi 11 mars 2014

Saint Grégoire de Nysse, la source jaillit et se révèle

                  Matthieu 17,1-13


Saint Grégoire de Nysse (335-395) affirme que la vie spirituelle est croissance, dynamisme et mouvement. Parce qu'aucune limite n'est assignable à Dieu, la quête de Dieu est chemin infini, dont le parcours ne suscite ni fatigue, ni lassitude. II décrit l'âme relancée d'instant en instant en avant par l'Epoux qui l'interpelle: "Lève-toi, viens",invitée sans cesse à passer outre. Car la perfection ne connaît pas de terme, elle est progrès continuel, transformation de "gloire en gloire", comme dit St Paul 2 Co 3,18. II s'agit donc, selon la formule de Grégoire,"d’aller de commencement en commencement par des commencements qui n'ont jamais de fin » :

«Supposons que quelqu’un s’approche de cette source qui, au dire de l’Ecriture, montait de la terre aux origines et dont l’abondance était telle qu’elle se répandait sur toute la surface de la terre. Celui qui s’approchera d’une telle source admirera cette eau infinie qui ne cesse de jaillir et de se répandre. Mais il ne saurait dire qu’il a vu toute l’eau : comment pourrait-il voir ce qui est encore caché dans le sein de la terre ? Aussi longtemps, par la suite, qu’il reste près de la source, il en sera toujours aux commencements de sa contemplation de l’eau. Car l’eau ne cesse de se répandre et de toujours recommencer à jaillir.
Ainsi en est-il de qui regarde vers la beauté divine et sans limite: ce qu’il découvre sans cesse se manifeste à lui comme étant absolument nouveau et étonnant par rapport à ce qui est déjà saisi ; aussi admire-t-il ce qui à chaque instant se révèle à lui et ne cesse-t-il jamais de désirer davantage, car ce qu’il attend est encore plus magnifique et plus divin que ce qu’il a vu. C’est pourquoi, ici également, l’Épouse, tout en ne cessant d’être dans l’admiration et l’étonnement de ce qu’elle découvre, jamais n’arrête à ce qu’elle a ainsi découvert le désir qu’elle a de Celui qu’elle contemple. À cause de tout cela, même maintenant, elle perçoit le Verbe comme frappant encore à la porte et, dans son obéissance, elle se lève et dit : “La voix de mon Bien-Aimé frappe à la porte”, Cant. 5, 2a» .
Onzième homélie sur le Cantique, trad. Adelin Rousseau).

vendredi 7 mars 2014

Saint Augustin, charte de la paix, la cité de Dieu


Charte de la Paix


La Cité de Dieu 19, 12






De même que tous désirent la joie, il n’est personne qui n’aime la paix. Puisque même ceux-là qui veulent la guerre ne veulent rien d’autre assurément que la victoire, c’est donc à une paix glorieuse qu’ils aspirent à parvenir en faisant la guerre. Qu’est-ce que vaincre, en effet, sinon abattre toute résistance ? C’est donc en vue de la paix que se font les guerres, et cela même par ceux qui s’appliquent à l’exercice des vertus guerrières dans le commandement et le combat.

Tout homme cherche la paix même en faisant la guerre,

et nul ne cherche la guerre en faisant la paix.

La Paix du corps, c’est l’agencement harmonieux de ses parties.
La Paix de l’âme sans raison, c’est le repos bien réglé de ses appétits.
La
Paix de l’âme raisonnable, c’est l’accord bien ordonné de la pensée et de l’action.
La
Paix de l’âme et du corps, c’est la vie et la santé bien ordonnées de l’être animé.
La
Paix de l’homme mortel avec Dieu, c’est l’obéissance bien ordonnée dans la foi sous la loi éternelle.
La
Paix des hommes, c’est leur concorde bien ordonnée.
La
Paix de la maison, c’est la concorde bien ordonnée de ses habitants
dans le commandement et l’obéissance.
La
Paix de la cité, c’est la concorde bien ordonnée des citoyens
dans le commandement et l’obéissance.
La
Paix de la cité céleste, c’est la communauté parfaitement ordonnée
et parfaitement harmonieuse dans la jouissance de Dieu
et dans la jouissance mutuelle en Dieu.
La
Paix de toutes choses, c’est la tranquillité de l’ordre.
L’ordre, c’est la disposition des êtres égaux et inégaux, désignant à chacun la place qui lui convient.