vendredi 27 avril 2018

Que ton esprit habite ma prière, Isaac le Syrien



« Seigneur, quand ton Esprit Saint vient habiter dans un homme, cet homme ne peut plus cesser de prier, car l'Esprit en lui prie sans cesse.



Qu'il dorme, qu'il Veille, dans son cœur la prière est toujours à l’œuvre. Qu'il mange, qu'il boive, qu'il se repose ou qu'il travaille, l'encens de la prière monte spontanément de son cœur. La prière en lui n'est plus liée à un temps déterminé, elle est ininterrompue.

Même durant son sommeil, elle se poursuit, bien cachée. Car le silence d'un homme qui est devenu libre est en lui-même déjà prière. Ses pensées sont inspirées par Toi, mon Dieu. Le moindre mouvement de son cœur est comme une Voix qui, silencieuse et secrète, chante pour Toi l'Invisible. »

St Isaac le Syrien (7ème siècle), moine et évêque de Ninive
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samedi 14 avril 2018

Prier la nuit, Saint Bernard



" Celui qui veut prier en paix ne tiendra pas seulement compte du lieu, mais du temps. Le moment du repos est le plus favorable et lorsque le sommeil de la nuit établit partout un silence profond, la prière se fait plus libre et plus pure. 






« Lève-toi la nuit, au commencement des vigiles, et épanche ton cœur comme de l'eau devant le Seigneur ton Dieu » (Lm 2,19). 

Avec quelle sûreté la prière monte dans la nuit, quand Dieu seul en est témoin, avec l'ange qui la reçoit pour aller la présenter à l'autel céleste ! Elle est pure et sincère, quand la poussière des soucis terrestres ne peut pas la salir. Il n'y a pas de spectateur qui puisse l'exposer à la tentation par ses éloges ou ses flatteries.
                                                      
C'est pourquoi l'Épouse [du Cantique des Cantiques] agit avec autant de sagesse que de pudeur lorsqu'elle choisit la solitude nocturne de sa chambre pour prier, c'est-à-dire pour chercher le Verbe, car c'est tout un. Tout est en lui : les remèdes à tes blessures, les secours dont tu as besoin, l'amendement de tes défauts, la source de tes progrès, bref tout ce qu'un homme peut et doit souhaiter.    

                                                 
Il n'y a aucune raison de demander au Verbe autre chose que lui-même, puisqu'il est toutes choses. »

St Bernard (1091-1153), Sermon 86 sur le Cantique des Cantiques (3), Trad. Béguin, Seuil, 1953.
Texte intégral des Sermons sur le Cantique des Cantiques.

samedi 7 avril 2018

La paix soit avec vous !, Jean 20, 19

Marie Madeleine annonce la résurrection
aux apôtres

2ème dimanche de Pâques
Saint Jean 20,19-31
Lorsque Jésus ressuscité se manifeste à ses apôtres, il leur donne la paix, il leur dit « la paix soit avec vous ! », Jean 20,19. 
Nous pouvons entendre cette salutation dans son sens premier, comme une simple façon de dire bonjour au temps du Christ : « Shalom, la paix soit avec vous ». Mais l’évangile de saint Jean ne nous rapporte certainement pas cette phrase pour nous apprendre que Jésus a dit bonsoir à ses disciples ! Il souligne d’ailleurs que Jésus l’a répétée une deuxième fois : « il leur dit à nouveau : la paix soit avec vous », Jean 20,21. 

Il nous montre que cette phrase de Jésus porte un message et un projet : le Christ ressuscité vient nous donner la paix de la part de Dieu. Tout à l’heure, il nous le dira aussi comme dans chaque eucharistie : « Je vous donne ma paix, je vous laisse ma paix ». 
Cette paix que le Christ nous donne c’est la paix qui vient de Dieu. 
Il ne nous la donne pas « à la manière du monde ", Jean 14,27. Elle n’est pas la simple absence de violence ou une relative tranquillité de vie. C’est la paix profonde du cœur réconcilié avec Dieu.
C’est pourquoi cette salutation est liée à la mission que Jésus donne immédiatement à ses apôtres : « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » Puis il répand sur eux son souffle et leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés lui seront remis ; tout homme à qui vous les maintiendrez ils seront maintenus », Jean 20,21-23.
Dans l’évangile de saint Jean, il n’y a pas de récit de la Pentecôte. Le don de l’Esprit aux apôtres est lié à cette présence du Christ ressuscité qui répand son souffle sur eux. Il leur donne son Esprit pour qu’ils soient les ministres du pardon, c’est-à-dire pour qu’ils soient ceux qui donnent la paix de la part de Dieu. Jésus donne son Esprit à ses apôtres comme il l’avait remis au moment de sa mort. 

Selon le récit de la Passion de l’Evangile de Saint Jean que nous avons entendu le vendredi saint, au moment de sa mort sur la croix, Jésus remet l’Esprit. Ceci signifie que Jésus rend sa vie à Dieu mais aussi qu’il répand sa vie sur tous ceux qui croient. C’est pourquoi le dernier verset que nous venons d’entendre dit encore « par votre foi, vous avez la vie en son nom ", J
ean 20,31. Ce don de l’Esprit est encore symbolisé dans l’évangile de Jean par l’eau et le sang qui jaillissent du cœur transpercé du Christ...
Extrait de l'homélie du Cardinal André Vingt-Trois du 19 avril 2009 Jn 20,19-31.

mardi 3 avril 2018

Homélie pour la première semaine de Pâques, St Irénée



Après que notre Seigneur fut ressuscité des morts, et que les apôtres eurent été revêtus de la force d'en haut par la venue de l'Esprit-Saint, ils furent remplis de certitude au sujet de tout et ils possédèrent la connaissance parfaite. Et c'est alors qu'ils s'en allèrent jusqu'aux extrémités de la terre, proclamant la bonne nouvelle des biens qui nous viennent de Dieu et annonçant aux hommes la paix céleste. Ils avaient tous ensemble, et chacun pour son compte, l'Évangile de Dieu.


Ainsi Matthieu publia-t-il chez les hébreux, dans leur propre langue, une forme écrite d'Évangile, à l'époque où Pierre et Paul évangélisaient Rome et y fondaient l'Église.

Après la mort de ces derniers, Marc, le disciple et l'interprète de Pierre, nous transmit, lui aussi par écrit, ce que prêchait Pierre.

De son côté, Luc, le compagnon de Paul, consigna en un livre l'Évangile que prêchait celui-ci.

Puis Jean, le disciple du Seigneur, celui-là même qui avait reposé sur sa poitrine, publia, lui aussi, l'Évangile, tandis qu'il séjournait à Éphèse, en Asie.

Cette foi que nous avons reçue de l'Église, nous la gardons avec soin, car sans cesse, sous l'action de l'Esprit de Dieu, telle un dépôt de grand prix renfermé dans un vase excellent, elle rajeunit et fait rajeunir le vase même qui la contient. C'est à l'Église elle-même, en effet, qu'a été confié le Don de Dieu, comme l'avait été le souffle à l'ouvrage modelé, afin que tous les membres puissent y avoir part et être par là vivifiés ; c'est en elle qu'a été déposée la communion avec le Christ, c'est-à-dire l'Esprit-Saint, arrhes de l'incorruptibilité, confirmation de notre foi et échelle de notre ascension vers Dieu. Car dans l'Église, est-il dit, Dieu a placé des apôtres, des prophètes, des docteurs et tout le reste de l'opération de l'Esprit.
De cet Esprit s'excluent donc tous ceux qui, refusant d'accourir à l'Église, se privent eux-mêmes de la vie par leurs doctrines fausses et parfois leurs actions dépravées. Là où est l'Église, là est aussi l'Esprit de Dieu. Là où est l'Esprit de Dieu, là est aussi l'Église et toute grâce. Et l'Esprit est Vérité.

Saint Irénée (2ème siècle)
Né à Smyrne [Grèce], 2ème évêque de Lyon, théologien et Père de l'Église. Contre les hérésies III,24,1.