lundi 28 mai 2018

St Grégoire le Grand, L'esprit Saint et la connaissance de Dieu




Saint Grégoire le grand (540-604)

64ème pape, docteur et Père de l'Église d'occident.




L’Esprit Saint et la connaissance de Dieu

- L’ouverture des sens
Par le don de l’Esprit, Dieu répand dans tous les hommes sa connaissance. Nos sens ne sont pas naturellement ouverts aux choses de Dieu. Il faut le vent violent de la Pentecôte, Ac 2,2, pour briser notre surdité et notre insensibilité aux choses de Dieu. Outre la Pentecôte historique dont parle les Actes des Apôtres, il est une pentecôte intérieure et toute personnelle qui se passe sans témoin dans le coeur du croyant. Entendre la voix du Seigneur, c’est percevoir en soi l’inspiration de sa grâce, c’est-à-dire le Souffle de l’Esprit. Alors notre coeur est pénétré d’une force intérieure qui l’incite à l’amour de Dieu. En recevant l’Esprit Saint, les Apôtres ont été introduits dans la pensée de Dieu. Il peut arriver que l’Esprit se fasse pour l’âme petit ruisseau ou torrent.

- Le don de la Parole
L’Esprit s’est manifesté à la Pentecôte sous le symbole des langues de feu. Celui qui est touché par la langue de feu de l’Esprit confesse le Verbe de Dieu, le Fils unique. Personne ne peut dire que Jésus est Seigneur, si ce n’est par l’Esprit Saint, 1 Co 12, 3. Quand Pierre voit le Seigneur transfiguré, il reçoit la consigne de n’en rien dire avant la résurrection, Mt 17, 8. Pour pouvoir parler du Christ avec autorité, l’apôtre doit avoir reçu l’intelligence du mystère que donne l’Esprit Saint. Ce n’est pas une sagesse humaine qui peut pénétrer les mystères de l’Incarnation. Il faut la puissance de l’Esprit.

- L’écoute de la Parole
Quand un homme parle de Dieu à d’autres, l’Esprit est là en celui qui parle comme en celui qui écoute, à la mesure de la disponibilité intérieure de celui qui parle et de celui qui écoute. Pourquoi les auditeurs comprennent-ils différemment ce qu’exprime une voix unique ? C’est que, par le moyen de ce qui est adressé à tous, le Maître intérieur instruit certains d’une manière toute spéciale. Le bruit de la voix n’enseigne rien si l’esprit de l’auditeur n’est pas oint de l’Esprit Saint. Les prédicateurs sont les coopérateurs de Dieu, et tandis que le prédicateur agit à l’extérieur par son ministère d’exhortation, Dieu agit intérieurement par Son Esprit : Celui qui plante n’est rien… C’est Dieu qui donne la croissance, c’est Dieu, par sa grâce intérieure, qui ouvre invisiblement l’accès du coeur.

Lire l’Écriture ou écouter les prédicateurs ne suffit pas pour changer de vie. Il ne faut pas compter sur ses propres forces, mais tout attendre du don de l’Esprit. Cette attente n’est pas une attitude paresseuse ou purement passive. L’enseignement des hommes est le plus souvent indispensable pour qu’agisse l’Esprit.

- La connaissance et l’Amour
À la Pentecôte, l’Esprit a rendu les apôtres ardents et éloquents, il les a embrasés et les a faits parler. Ceux qui sont remplis de l’Esprit aiment les réalités célestes dont ils parlent. Même ce que nous ne comprenons pas encore pleinement, nous pouvons déjà l’aimer du fond du coeur, parce que nous avons reçu le gage de l’Esprit. L’amour précède en quelque sorte la connaissance. Quand se répand le feu de l’amour, c’est que le coeur aussi est atteint comme l’intelligence, et alors plus rien n’a vraiment d’importance pour l’homme que Dieu. On ne comprend bien les choses de Dieu que si on va jusqu’à les aimer et tout cela vient de l’Esprit Saint.

- La connaissance, mesure de l’amour
On ne peut aimer que ce que l’on connaît et, comme ici-bas on connaît les choses de Dieu par la foi, on ne peut aimer que ce qu’on croit. La foi précède la charité. L’esprit ne voit pas parfaitement ce qu’il aime, il ne fait que commencer à le voir. C’est pourquoi la vie présente dans la foi est une vie de désir. Quand on a commencé à connaître Dieu par la foi, on aspire à le voir face à face.

Extrait, Catry Patrick, Amour et Esprit-Saint, chez saint Grégoire le Grand, vie monastique N° 17.

lundi 7 mai 2018

7ème DIMANCHE DE PÂQUES année B - Jean 17, 11-19


Saint Jean 17,11-19


« Amour…
Amour qui planait sur les eaux
Et les berças du premier souffle,…
Nos âmes dorment,

Prends-les d’un battement nouveau… »



« Amour »… Il n’y a pas de plus beau nom à donner à l’Esprit Saint ! Et il nous est bon de chanter souvent cette hymne, écrite par le poète Patrice de la Tour du Pin, en ce temps où nous ouvrons davantage nos cœurs à la venue de l’Esprit, où nous reconnaissons davantage sa présence… Cet Esprit insaisissable, souvent inaperçu, aux noms multiples car il est partout présent et sans cesse à l’œuvre, on l’appelle souffle, vent… - brise très douce du prophète Elie, ou grand bruit de bourrasque à la Pentecôte… - , … on l’appelle feu qui réchauffe ou illumine– rayonnement de gloire de la Transfiguration, langues de feu à la Pentecôte, flamme du Cierge Pascal au milieu de nous… - , … on l’appelle aussi source d’eau vive, car l’Esprit nous purifie et nous vivifie,… et parfois il se fait reconnaître en forme de colombe… Et savez-vous, au fond de vous, il y a toujours une petite flamme,… même au plus sombre, peut-être au plus désespéré de votre cœur, oui, il y a toujours une petite flamme qui scintille… et cette petite flamme, c’est lui au fond de nous !... Oui, il y a toujours une source qui coule au fond de nous, et qui murmure sans cesse : « Viens vers le Père ! », une eau vive qui, nous dit Jésus, « jaillit en Vie éternelle ! » …Car cet Esprit Créateur, qui est à l’œuvre à la Création du Commencement : « Amour qui planais sur les eaux et les berças du premier souffle… », il est aussi sans cesse à l’œuvre à la Création de chaque instant : « Tu es la genèse en tout temps, tu es le vent qui crie naissance… », dit le poète… Et cet Amour créateur, il est aussi l’Amour rédempteur, l’Amour qui fait de nous des fils et des frères, l’Amour qui met en nous l’Amour… pour nous donner d’aimer jusqu'au bout notre prochain le plus proche, comme le plus lointain, comme peut-être aussi le plus ennemi de nos frères… « Amour descendant aujourd'hui, viens agiter les eaux enfouies de nos baptêmes qui, de la mort de Jésus Christ, nous font resurgir dans sa vie ! » ...

Frères et sœurs, c’est en ouvrant notre cœur à l’Esprit Saint, c’est en laissant notre petite flamme intérieure nous illuminer, c’est en nous abreuvantà la source d’eau vive qui coule en nous, c’est en accueillant le don de l’Amour, que notre vie va se transfigurer en Amour… Il se passe alors quelque chose,… quelque chose comme ce qui est arrivé à Marie, laissant l’Esprit Saint concevoir Jésus en elle… D'ailleurs elle est là au milieu des disciples, comme pour leur apprendre à accueillir l’Esprit Saint qui vient engendrer Jésus en chacun de nous… pour que nous devenions avec lui, Jésus, vraiment des fils et des filles tout aimants du Père, et des frères et sœurs pour tous… Oui, comme Jésus, avec Jésus,… laissant Jésus vivre en nous, aimer en nous, prier en nous… comme nous le voyons aimer et prier dans l'Evangile d'aujourd'hui. Dans cet Evangile, l’Esprit Saint est partout secrètement à l’œuvre : la prière, c’est lui,… la fidélité, c’est lui,… l’unité qui se construit, c’est lui,… le don de 

la Parole, c’est lui,… la joie, bien sûr c’est lui,…Jésus qui se consacre pour que nous soyons consacrés, - c'est-à-dire : Jésus qui se laisse entièrement prendre par l’Esprit d’Amour, et qui donne sa vie par Amour… pour que nous recevions nous aussi en plénitude l’Esprit d’Amour, et que nous donnions nous aussi notre vie par Amour -, c’est lui, c’est encore lui, c’est toujours lui… : « Pour eux je me consacre moi-même, afin qu’ils soient eux aussi consacrés par la vérité. » Bien sûr, la vérité, ici, c’est lui… Et l’envoi en mission, c’est lui… : « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. », Extrait Homélie abbaye de Tamié, 2016.

jeudi 3 mai 2018

Fructifier sans relâche, St Basile Le Grand, + 379



Jean 15,1-8

Que d’effets concourent avec empressement à l’œuvre de la nature ! La racine de la vigne, les ceps qui poussent sur le sol, le bourgeon, les vrilles, le raisin vert, les grappes ! il te suffit de voir la vigne, si tu la regardes avec intelligence, pour te souvenir de ta nature. Car tu te rappelles évidemment la comparaison du Seigneur qui se dit la vigne et son Père, le vigneron. Chacun de nous qui avons été greffés par la foi sur l’Eglise, il nous appelle ses sarments ; et il nous invite à porter beaucoup de fruits.

Il veut que les embrassements de la charité, comme les vrilles de la vigne, nous attachent au prochain et nous fassent reposer sur lui, afin que, dans nos continuels élans vers le ciel, nous puissions, telles que les vignes grimpantes, nous élever jusqu'aux cimes les  plus hautes.


Il nous demande encore de nous laisser sarcler. Or, une âme est sarclée quand elle écarte de soi les soucis du monde, qui sont un fardeau pour nos cœurs.  Il ne nous faut, dans l’esprit de la parabole, ni poussier en bois, c’est-à-dire vivre avec  ostentation, ni rechercher la louange de ceux du dehors, mais fructifier en réservant nos œuvres pour les montrer au vigneron véritable.

Saint Basile Le Grand, Docteur de l’Eglise, in Magnificat, mais 2018, p. 56-57.