vendredi 19 avril 2019

Hymne de Pâques, Jean Damascène, 8ème s

Le plus célèbre des canons composé par Jean Damascène est sans doute celui de la fête de Pâques : 

 
C’est le jour de la résurrection : 
peuples rayonnons de joie.
C’est la Pâque, la Pâque du Seigneur ; 
de la mort à la vie,
de la terre aux cieux,
Christ Dieu nous a menés.
Chantons l’hymne de la victoire.
Venez, buvons le breuvage nouveau.
Ce n’est pas la source qu’un miracle
fit jaillir du rocher.
 
C’est le Christ, 
la Source incorruptible qui s’élance du tombeau
et nous donne sa puissance.

Tout est inondé de lumière,
le ciel, la terre,
et l’enfer. 

Que toute créature célèbre la résurrection du Christ.
En Lui, elle est fortifiée.
Christ est ressuscité des morts,
par la mort, il a vaincu la mort.
A ceux qui sont dans le tombeau
il a donné la vie. »

dimanche 14 avril 2019

« A la descente du Christ, l'éternelle nuit des enfers a resplendi », Eusèbe Le Gallican, 5ème siècle

        Eusèbe le Gallican (5ème siècle), moine, puis évêque

Pour l'office des lectures du samedi saint

« Ciel, exulte ! Et toi, terre, réjouis-toi ! », Ps 95,11. 
Ce jour a resplendi pour nous de l'éclat du tombeau, 
plus qu'il n'a brillé des rayons du soleil. 

Que les enfers acclament, car ils ont désormais une issue ; 
qu'ils se réjouissent, car c'est pour eux le jour de la visite ; 
qu'ils exultent, car ils ont vu, après des siècles et des siècles, 
une lumière qu'ils ne connaissaient pas, 
et dans l'obscurité de leur nuit profonde ils ont enfin respiré ! 

O belle lumière que l'on a vue poindre du sommet du ciel blanchissant..., 
tu as revêtu de ta clarté soudaine 
« ceux qui étaient assis dans les ténèbres et l'ombre de la mort » (Lc 1,79). 

Car, à la descente du Christ, 
l'éternelle nuit des enfers a resplendi 
aussitôt et les cris des affligés ont cessé ; 
les liens des condamnés se sont rompus et sont tombés ; 
les esprits malfaisants ont été saisis de stupeur, 
comme frappés d'un coup de tonnerre...
 

Dès que le Christ descend, 
les sombres portiers, 
aveugles dans leur noir silence et courbant le dos sous la crainte, 
murmurent entre eux : 

« Qui est ce redoutable, éblouissant de blancheur ? 
Jamais notre enfer n'en a reçu de pareil ; 
jamais le monde n'en a rejeté de pareil dans notre gouffre... 
S'il était coupable, il n'aurait pas cette audace. 
Si quelque délit le noircissait, 
il ne pourrait jamais dissiper nos ténèbres par son éclat. 

Mais s'il est Dieu, que fait-il au tombeau ? 
S'il est homme, comment ose-t-il ? 
S'il est Dieu, pourquoi vient-il ? 
S'il est homme, comment délivre-t-il les captifs ?... 

Oh, cette croix qui déjoue nos plaisirs et qui enfante notre malheur ! 
Le bois nous avait enrichis et le bois nous ruine. 
Cette grande puissance, toujours redoutée des peuples, a péri ! »
 
Une homélie du 5e siècle attribuée à Eusèbe Le Gallican  -
 Homélie 12 A ; CCL 101, 145 (trad. Solesmes, Lectionnaire, vol. 3, p. 21 rev.)
 http://notredamedesneiges.over-blog.com

mercredi 3 avril 2019

Scruter les Ecritures, Saint Isidore de Séville



Lorsque nous  prions, c’est nous parlons avec Dieu ; et lorsque nous lisons, c’est Dieu qui parle avec nous.

La lecture comporte une double recherche : d’abord comment comprendre les Ecritures ? Ensuite, quelle utilité ou quelle dignité fait leur valeur ? En effet, il faut d’abord vouloir comprendre ce qu’on lit ; c’est ensuite qu’on est capable d’exprimer ce que l’on a appris. Le lecteur courageux sera  beaucoup plus disposé à accomplir ce qu’il lit qu’à rechercher la science. Il et en effet moins pénible d’ignorer ce qu’on l’on désire savoir que de ne pas accomplir ce que l’on connaît. De même qu’en lisant nous désirons savoir, de même en connaissant devons-nous accomplir ce que nous avons appris de bien.

Personne ne peut connaître le sens de l’Ecriture sainte sans en avoir acquis la familiarité par une lecture fréquente, selon ce qui est écrit : Aime la sagesse et elle t’élèvera ; elle te glorifiera si tu l’embrasses (Pr 4,8). Plus on fréquente assidûment la parole divine, plus on en comprend les richesses, de même que la terre, plus on la cultive, plus elle porte de riches récoltes.

Sans le secours de la grâce, l’enseignement a beau entrer dans les oreilles, il ne descend jamais jusque dans le cœur ; il faut du bruit à l’extérieur mais sans aucun profit à l’intérieur. La Parole de Dieu entrée par les oreilles parvient au fond du cœur lorsque la grâce de Dieu touche intérieurement l’esprit pour qu’il comprenne.

Saint Isidore de Séville, Le livre des sentences, « , 8-10, trad. P. Roguet, Office romain des lectures, Livre des jours, Paris, 1984, p.1388-1389, in Magnificat, N° 317, p. 81