samedi 29 novembre 2025

8 décembre 1896 - 8 décembre 2025 ans 130 ans de notre fondation


Notre institut entre dans sa 130ème année


Isabelle a eu toute sa vie un grand désir de sainteté. Pour s’assurer qu’elle n’est pas dans l’illusion, elle rend compte de sa vie intérieure au Père PICARD pendant près de 30 ans. Dans nos bibliothèques Orantes, deux grands livres bleus (format A4) rassemblent les lettres d’Isabelle de 1873 à 1888 que nous pouvons lire plus spécialement en cette 130ème année. Les lettres de 1889 à 1903 ont été numérisées, mais pas éditées. Ces lettres disent le cheminement de notre Fondatrice qui aboutit à la fondation.


En 1886, une grâce oriente la recherche d’Isabelle.


Lettre 228 – 7 novembre 1886 / - Pour la première fois de ma vie il me semble que Dieu a peut-être pour moi des intentions de vie contemplative et je me sens totalement dépourvue de tout ce qu'il faut pour cela, mais si Dieu le veut il saura bien transporter les montagnes et j'essaye de lui demander avec ardeur la force pour tout ce qu'il voudra. - Quand je me reporte au passé, au fond je ne trouve d'attrait dans la prière que pour la vie intérieure. Je m'explique : j'ai toujours pensé à autre chose mais c'était plutôt un attrait personnel qui m'y poussait tandis que les lumières de la grâce et de l'oraison n'ont jamais porté sur la vie extérieure. Je ne sais pas si je me fais comprendre ?


Lettre 230 – 22 novembre 1886 / Si vous n'aviez pas la bonté de me répondre au reste de ma lettre, je dirais que vous répondez à une autre pénitente (quand vous écrivez) - "La grâce dont vous me parlez est bien lumineuse".


Son attrait pour les pauvres va se déplacer quand son appel à la vie contemplative devient premier.


En 1887, Isabelle découvre dans sa prière l’appel à fonder une oeuvre suscitée par Dieu et désirée en Assomption. Nous lisons ce qui va caractériser l’oeuvre, c’est-à-dire la fondation de la congrégation.


Lettre 238 – 9 janvier 1887 / - Je suis à même, le jour où vous me le demanderez, de tracer les grandes lignes de l’oeuvre que je crois voulue de Dieu…


23 janvier 1887. Premières vues sur l’oeuvre. (Cahier 1).

 
En présence de l'athéisme qui nous enveloppe et gagne dans une certaine mesure toutes les classes de la société, je me demande si le remède qu'on y oppose est à la hauteur du mal. À cette société avide de luxe, de bien-être, de liberté de vie et d'esprit, on n'offre pour remède, qu'un Dieu très doux, très bénin, se faisant tout à tous. Les personnes pieuses, les religieuses, les prêtres même ne font guère autre chose. Ne serait-il pas plus logique d'opposer aux grands maux, les grands remèdes et de rappeler aux chrétiens qu'ils ont un roi crucifié, roi de leurs vies et roi de leurs intelligences ? Comme Jésus-Christ est la vie, la sève, la force de toute entreprise, celle-ci ne peut être faite que par un ordre contemplatif, faisant de la prière d'abord, de l'étude religieuse ensuite la base de son existence.


Les ... seront donc contemplatives. Elles auront l'adoration de jour et de nuit, de longues heures d'oraison, le grand office. La prière sera le premier de leurs devoirs. Après la prière, l'étude : l’étude de la religion, la religion dans l'histoire, dans les sciences, dans la philosophie, la liturgie, l'étude du latin, etc.


Les ... seront apôtres, apôtres surtout dans leurs oraisons à la façon dont l'entend sainte Thérèse [d’Avila], et apôtres par les oeuvres extérieures restreintes dans le temps qui leur sera donné, afin que la prière reste toujours la première des oeuvres.
Il existe un ordre ayant certaines analogies avec ce que je voudrais. Ce sont les Dames de l'Adoration perpétuelle qui, d'une part, sont contemplatives et, de l'autre, sont apôtres de l'adoration puisqu'elles ont un tiers ordre de l'adoration. Ce qu'elles font pour l'adoration, je voudrais qu'on le fasse pour l'adoration, l'étude, la liturgie, etc.


Lettre 378 – 9 mai 1895 / - Mademoiselle Dienne trouve la rencontre de nos âmes tout à fait providentielle et tout ce que je lui dis de vos projets répond à ses attraits... Je tâche de la développer du côté de l'étude et de lui donner le cachet de vie contemplative basée sur la doctrine, la liturgie, l'étude sérieuse et se développant dans le zèle pour les âmes…


Lettre 384 – 1895 / - Quelle meilleure vie pour l'âme contemplative que celle d'une sûre doctrine contemplée, aimée, apprise et enseignée dans sa modeste mesure ? Quelle meilleure prière que celle de l'amour de la vérité entière avec le désir de la donner aux âmes par la prière, l'oblation de soi-même et une humble mesure d'enseignement !


Lettre 385 – 1895 / - Pour ma part je crois que quand on est appelé à former une oeuvre nouvelle, il faut bien rester soi-même, c'est-à-dire pas le soi-même humain, mais le soi-même que Dieu a suscité par sa parole intérieure.


La fondation des Orantes a lieu chez les Oblates de l’Assomption, rue Berton à Passy, le 8 décembre 1896. Rue Berton à Passy
Entrée au n°14

 
S’adressant le 22 novembre 1896 aux Oblates du Cours-la-Reine, le Père PICARD disait : - Le Père d’ALZON était hardi pour aller au-devant de la volonté de Dieu. Il faut que ses fils et ses filles agissent comme lui. C’est pourquoi en ce moment, je prépare une petite fondation. Vous voyez s’élever une nouvelle bicoque à Passy ; dans ce nid, nous mettrons quelques personnes exclusivement consacrées à la prière et à l’étude. On dira que le Père PICARD n’a pas le sens commun ! Vous autres, vous direz : tant mieux, pourvu que l’Assomption grandisse ! Il y a quatorze ans que je mûris ce secret, car j’ai besoin de réfléchir longtemps… L’Assomption ne doit pas reculer devant les oeuvres nouvelles. Seulement, il faut les préparer par l’esprit de prière et de sacrifice.


Lettre 392 – Décembre 1896 / - Je tiens à vous dire ma joie de vous entendre développer l'esprit de notre oeuvre en si parfaite conformité avec tout ce que j'ai reçu à ce sujet dans l'oraison depuis quelques années. - Je n'aurais pas su le dire ainsi, mais c'est le développement, l'explication, l'épanouissement de tout ce que j'ai dans l'âme au sujet de cette oeuvre. Je ne la comprends pas autrement et je ne la comprends qu'ainsi.


Mère Marie du Christ, une jeune soeur Oblate, va former les premières Orantes aux coutumes religieuses.

 
Lettre 409 – 3 novembre 1901 / - Vous savez combien j'aime Mère Marie du Christ et combien je lui ai de reconnaissance, combien aussi j'apprécie sa formation religieuse, ses idées et le reste. - J'admire tant aussi l'esprit qu'elle donne à ses filles et, en un mot, je suis heureuse de me dire aussi un peu, et même beaucoup, sa fille. - Et puis les Oblates, c'est notre famille religieuse.


Le Père PICARD formera nos premières soeurs à la vie en Assomption, à la vie spirituelle et à la vie contemplative. Il nous donnera le nom d’Orantes de l’Assomption en mars 1898. Archives n°1, p 192. Archives n°2, p 60.


Soeur Marie-Jeanne MASIKA TASIVIWE

GUERRIC D'IGNY, Préparez le chemin


 

1er dimanche de l'Avent  29 novembre 202

Abbé cistercien.

Sermon V pour l'Avent,

Lectionnaire, éditions du Cerf, 1994, p. 36-37. 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le chemin du Seigneur, frères, qu'il nous est demandé de préparer se prépare en  marchant. On y marche dans la mesure où on le prépare. Même si vous vous êtes beaucoup avancés sur ce chemin, il vous reste toujours à le préparer, afin que, du point où vous êtes parvenus, vous soyez toujours tendus au-delà.  

Voilà  comment,  à  chaque  pas  que  vous  faites,  le  Seigneur  à  qui  vous préparez les voies vient au-devant de vous, toujours nouveau, toujours plus grand.  

Aussi est-ce avec raison que le juste prie ainsi : Enseigne-moi le chemin de tes volontés et je le chercherai toujours. On donne  à ce chemin le nom  de  vie  éternelle,  peut-être  parce  que  bien  que  la  providence ait examiné le chemin de chacun et lui ait fixé un terme jusqu'où il puisse aller, cependant la bonté de Celui vers lequel vous vous avancez n'a pas de terme. 

C’est pour vous faire miséricorde que le Seigneur attend ; bienheureux tous ceux qui l’attendent, Is  30,18.  Il ne faut pas que le délai imposé à l’espérance attiédisse notre foi ou bien rende inquiète notre patience, et  que  nous  devenions  alors  semblables  à  ceux  qui  croient  pour  un temps et qui se retirent au moment de la tentation. 

Que celui qui croira ne soit pas pressé, Is 28,16, de contempler l’objet de sa foi. Oui, attendre vraiment le Seigneur, c’est Lui conserver notre foi et,  quoique  privés  de  la  consolation  de  sa  présence,  ne  pas  suivre  le séducteur, mais demeurer  suspendu à son retour,  Os  11,7.  Cela signifie qu’étant  comme  entre  ciel  et  terre,  on  ne  peut  encore  atteindre  les biens célestes, sans pour autant vouloir toucher les choses de la terre.  

lundi 24 novembre 2025

Saint Paschase Radbert (+ vers 860), Tenez-vous prêt

 

Origines et histoire de l’Avent

Le mot « Avent » ne veut pas dire « avant Noël » ; il vient du latin adventus qui signifie « venue, avènement ». On l’employait autrefois en latin pour désigner la venue de Jésus Christ sauveur parmi les hommes.

Une tradition de l’Avent utilise la symbolique des bougies tout au long des quatre dimanches de l’Avent. Cette tradition s’appuie sur l’Ancien Testament et relie les chrétiens au peuple juif, qui fête Hanouka à partir du 11 décembre. Chaque dimanche de l’Avent, la coutume veut que les chrétiens allument progressivement une bougie sur les quatre, placées sur une couronne végétale.

- Le premier dimanche de l’Avent, la bougie symbolise le pardon à Adam et Eve
- Le deuxième dimanche, elle symbolise la foi des Patriarches en la Terre Promise
- Le troisième dimanche, c’est la joie de David, célébrant l’Alliance avec Dieu
- Le quatrième dimanche, elle symbolise l’enseignement des Prophètes, annonçant un règne de paix et de justice
 

Signification et sens de l’Avent

L’Avent est la période où les fidèles se préparent intérieurement à célébrer Noël, événement décisif pour l’humanité, puisque Dieu s’est fait homme à travers l’Enfant Jésus. De sa naissance à sa mort sur la Croix, il a partagé en tout la condition humaine, à l’exception du péché.

Chacun est appelé à la vigilance et au changement de vie. La parole des Prophètes est lue lors de chaque messe dominicale de l’Avent. Elle redit la nécessité de la conversion et de la préparation du cœur, comme le rappellent également les autres lectures de la messe. L’Avent invite les chrétiens à découvrir ce que la venue de Jésus-Christ change dans leur vie pour mieux lui faire une place.

Le début de l’Avent marque aussi l’entrée dans une nouvelle année liturgique : celle-ci commence chaque année avec ce temps de préparation à Noël, pour s’achever une année plus tard à la même période. L'ensemble du calendrier liturgique aide les fidèles à revivre les grands événements de la vie et de l’enseignement du Christ, en particulier de sa naissance (Noël) à sa Résurrection (Pâques).

 https://www.lejourduseigneur.com/fetes-chretiennes



1er dimanche de l'avent A



Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
24,37-44


Jésus parlait à ses disciples de sa venue : "L'avènement du Fils de l'homme ressemblera à ce qui s'est passé à l'époque de Noé. A cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche."




Veillez, car vous ne savez ni le jour ni l'heure, Mt 25,13. Bien que le Seigneur parle ainsi pour tous, il s'adresse uniquement à ses contemporains, comme dans beaucoup d'autres de ses discours qu'on lit dans l'Écriture. Pourtant, ces paroles concernent tous les hommes parce que, pour chacun d'eux, le dernier jour arrivera ainsi que la fin du monde, quand il devra quitter cette vie. Il est donc nécessaire que chacun en sorte comme s'il devait être jugé ce jour-là. C'est pourquoi tout homme doit veiller à ne pas se laisser égarer, mais à rester vigilant, afin que le jour du Seigneur, quand il viendra, ne le prenne pas au dépourvu. Car celui que le dernier jour de sa vie trouvera sans préparation, serait encore trouvé sans préparation au dernier jour du monde. Je ne pense donc nullement que les Apôtres aient cru que le Seigneur viendrait juger le monde pendant leur vie; et pourtant, qui douterait qu'ils aient été attentifs à ne pas se laisser égarer, à veiller et à observer tous les conseils, donnés à tous, pour qu'ils soient trouvés préparés ?

C'est pourquoi il faut toujours tenir compte d'un double avènement du Christ : l'un quand il viendra, et que nous devrons rendre compte de tout ce que nous aurons fait ; l'autre, quotidien, quand il visite sans cesse notre conscience, et qu'il vient à nous afin de nous trouver prêts lors de son avènement. A quoi me sert, en effet, de connaître le jour du jugement, lorsque je suis conscient de tant de péchés ? De savoir si le Seigneur vient, et s'il ne vient pas d'abord dans mon coeur et ne revient pas dans mon esprit, si le Christ ne vit pas et ne parle pas en moi ?

Alors, oui, il m'est bon que le Christ vienne à moi, si avant tout il vit en moi et moi en lui. Alors pour moi, c'est comme si le second avènement s'était déjà produit, puisque la disparition du monde s'est réalisée en moi, parce que je puis dire d'une certaine manière: Le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde, Ga 6,14.

Clerus homéliaire année A 

samedi 8 novembre 2025

Saint Jean Chrysostome (+ 407), Sur la croix, il est roi

 


 C’est avec la fête du Christ-Roi de l’Univers, instituée en 1925 par le Pape Pie XI, que s’achève l’année liturgique.

34ème dimanche du temps ordinaire C - 

Le Christ Roi de l'univers


Évangile de Jésus Christ selon saint Lc 23,35-43.

On venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : "Il en a sauvé d'autres ! Qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie de Dieu, l'Élu !"





 
 
 
Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne, Lc 23,42. Le larron n'a pas osé faire cette prière avant d'avoir déposé par son aveu le fardeau de ses péchés. Tu vois, chrétien, quelle est la puissance de la confession ! Il a avoué ses péchés et le paradis s'est ouvert. Il a avoué ses péchés et il a eu assez d'assurance pour demander le Royaume après ses brigandages.

Songes-tu à tous les bienfaits que la croix nous procure ? Tu veux connaître le Royaume ? Dis-moi : Que vois-tu donc ici qui y ressemble? Tu as sous les yeux les clous et une croix, mais cette croix même, disait Jésus, est bien le signe du Royaume. Et moi, en le voyant sur la croix, je le proclame roi. Ne revient-il pas à un roi de mourir pour ses sujets ? Lui-même l'a dit : Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis, Jn 10,11. C'est également vrai pour un bon roi : lui aussi donne sa vie pour ses sujets. Je le proclamerai donc roi à cause du don qu'il a fait de sa vie. Seigneur, souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume.

Comprends-tu maintenant comment la croix est le signe du Royaume ? Si tu le veux, voici encore une autre preuve. Le Christ n'a pas laissé sa croix sur la terre, mais il l'a soulevée et emportée avec lui dans le ciel. Nous le savons parce qu'il l'aura près de lui quand il reviendra dans la gloire. Tout cela pour t'apprendre combien est vénérable la croix qu'il a appelée sa gloire.

Lorsque le Fils de l'homme viendra, le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat, Mt 24,29. Il régnera alors une clarté si vive que même les étoiles les plus brillantes seront éclipsées. Les étoiles tomberont du ciel. Alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de l'homme, Mt 24,29-30.

Tu vois quelle est la puissance du signe de la croix ! Quand un roi entre dans une ville, les soldats prennent les étendards, les hissent sur leurs épaules et marchent devant lui pour annoncer son arrivée. C'est ainsi que des légions d'anges et d'archanges précéderont le Christ, lorsqu'il descendra du ciel. Ils porteront sur leurs épaules ce signe annonciateur de la venue de notre Roi.

Homélie sur la croix et le larron, 1,3-4, PG 49, 403-404.

http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/jb5.htm

 

DEDICACE DE LA BASILIQUE DE LATRAN

 

 Saint Jean 2,13-22 

 

"Détruisez ce sanctuaire, et 

                                       en trois jours je le relèverai"

 

 

 

 

Fête de la Dédicace de la Basilique du Latran

          En chaque communauté, où il y a une église consacrée, on célèbre chaque année la « dédicace » de cette église, c’est-à-dire l’anniversaire du jour où l’édifice a été consacré au culte de Dieu, et donc le jour où la communauté a commencé de s’y réunir plusieurs fois par jour pour y célébrer les Offices divins, et où les moniales ou les moines ont commencé d’y venir privément, à toute heure, pour y rencontrer Dieu dans une prière intime. Nous célébrons également chaque année la dédicace de l’Église du diocèse où se trouve notre monastère. Eh bien, aujourd’hui c’est la dédicace de la cathédrale de l’Église de Rome que nous célébrons.

          La basilique Saint-Pierre est évidemment plus connue que celle du Latran. C’est là que vont en premier lieu tous les pèlerins et les touristes qui viennent à Rome. C’est là également qu’ont lieu la plupart des grandes célébrations liturgiques pontificales. Cependant, la cathédrale du Pape, en tant qu’évêque de Rome, c’est la basilique du Latran, et non pas celle de Saint-Pierre. Or, le pape est en tout premier lieu l’évêque du diocèse de Rome et c’est précisément en tant qu’évêque de Rome et donc de successeur de Pierre qu’il a la mission de confirmer ses frères dans la foi et de veiller à la communion entre toutes les Églises locales. C’est pourquoi nous exprimons aujourd’hui notre communion avec l’Église de Rome et toutes les Églises locales de la chrétienté en commémorant cette dédicace.

          La cathédrale du Latran fut érigée en 320 par Constantin peu après sa conversion et la fin de l’ère des persécutions. Elle fut construite sur le plan des « basiliques », c’est-à-dire des maisons du peuple dans l’Empire romain. Toutes les grandes basiliques romaines ont conservé jusqu’à nos jours ce caractère d’un grand espace intérieur où le peuple se réunit pour célébrer le mystère chrétien, mais aussi et tout d’abord pour célébrer le mystère de sa communion dans le Christ.

          Dans l’Évangile des marchands chassés du Temple, Jésus révèle déjà que le culte de la nouvelle Alliance est très différent de celui de l’ancienne Alliance.   Le Temple de l’ancienne Alliance, qui était la « maison de Dieu » -- « maison de mon Père », dit Jésus -- n’est pas remplacé ni par un temple matériel nouveau, ni par plusieurs, mais par l’humanité du Christ. « Le temple dont il parlait – dit saint Jean – c’était son corps ». Depuis la mort de Jésus et sa résurrection, Il habite en chacun de ceux qui ont reçu son Esprit et qui sont donc devenus, chacun, le Temple de Dieu. « N’oubliez pas, nous dit saint Paul, que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous... Le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous ».

          La vision d’Ézéchiel, à qui l’on fait voir l’eau qui coule du côté droit du Temple et qui apporte vie et fécondité ainsi que nourriture et guérison à tout ce qu’elle touche a toujours été appliquée au Christ dans la tradition chrétienne. C’est Lui qui est la source de notre communion et de notre unité.

          Depuis plusieurs siècles le pape ne vit plus au Latran mais au Vatican. Dans l’exercice de son ministère de communion il doit se faire aider par plusieurs collaborateurs qui, avec le temps, son devenus une lourde machine administrative qu’on appelle la Curie romaine. Il peut arriver que certains d’entre nous ne soient pas toujours d’accord avec certaines positions prises par des organismes romains.  Il peut même arriver qu’on voit en certaines décisions de ces « dicastères » des obstacles à la communion plutôt que des aides à la communion. Mais ce sont là des accidents de parcours de l’histoire. Ce qui est important, c’est qu’à travers l’Évêque de Rome nous sommes en communion avec toutes les autres communautés ecclésiales du monde et que nous formons tous un seul Temple, un seul Corps du Christ abreuvé du même fleuve de sang et d’eau provenant du côté droit du Christ ouvert par la lance du soldat sur la Croix. C’est ce mystère de communion que nous célébrons aujourd’hui en fêtant la dédicace de la cathédrale de l’évêque de Rome.

Dom Armand VEILLEUX

 https://www.scourmont.be/publications/pages-de-dom-armand-veilleux/homelies-de-dom-armand-veilleux/5681-homelie-pour-la-dedicace-de-la-basilique-du-latran-dimanche-9-novembre-2025