samedi 6 décembre 2025

LOGO DE NOTRE INSTITUT LA CROIX SON SENS

C'est notre croix de congrégation qui nous sert de logo. Elle parle de notre spiritualité :

 

 


 

 

 


 La croix est avant tout celle du Christ et signifiant le Christ lui-même. Appartenant à la famille de l'Assomption nous sommes christocentriques, centrées sur le Christ. Cela signifie que le Christ mort et ressuscité est au centre de notre vie : - nous voulons le contempler et l'écouter sans cesse (institut de vie contemplative...) ; - le reconnaître (et si possible le transmettre) en toutes personnes et situations (présence contemplative au monde); - avec lui nous voulons nous tenir au centre de l’Église, sans dévotion particulière ; - la prière étant à la fois notre activité première et notre apostolat : elle est personnelle et silencieuse ou publique dans nos chapelles ouvertes à tous, elle veut se continuer intérieurement tout au long du jour dans les activités et le travail nécessaire pour gagner notre vie, nous espérons donner ainsi par surcroît à d'autres le goût de la prière et l'aide pour y avancer.

 Notre croix est en bois et simple Elle nous invite à trouver dans le Christ notre vraie richesse et à mener une vie simple et pauvre à la suite du Christ pauvre comme il nous en a donné l'exemple par sa vie entièrement donnée, sans richesses matérielles, dans la simplicité du travail {Nazareth) le partage du compagnonnage avec ses disciples et une proximité fraternelle de compassion (qui guérit et relève) offerte dans les circonstances ordinaires de la vie, surtout aux pauvres et aux moins considérés. Elle nous rappelle l'exhortation de nos fondateurs à toujours vouloir et vivre la simplicité, l'humilité, la pauvreté et que la vraie richesse n'est pas dans l'avoir ou le paraître mais dans la recherche de l'union à Dieu.

 C'est la croix du Ressuscité Elle ne représente pas le Crucifié : ll est ressuscité et ne pourrait être couché sur l'arrête de cette croix aux branches taillées en pointe. Elle nous rappelle que Croix et Résurrection vont de pair, l'une ne va pas sans l'autre : pas de dimanche sans vendredi et inversement, Nous sommes morts et ressuscités avec le Christ.

 Elle nous rappelle ainsi également la vie eucharistique, livrée par amour et comblée par grâce, qui marque la vie Orante et nous invite à nous offrir dans le réel quotidien par amour et dans l'action de grâce, Nos fondateurs nous montrent des chemins d'offrande de soi et de sacrifice par amour. A leur suite, vivons dans l'espérance et la foi que la vie peut jaillir de la croix quand elle se présente.

 Notre croix est de section triangulaire et nous rappelle ainsi la vie trinitaire Celle-ci est au centre de la spiritualité augustinienne et à la base de la vie communautaire qui est la nôtre. A la lumière trinitaire, St Augustin nous recommande de vivre charité et intériorité : C'est à sa suite que nous menons une vie de prière consacrée e en communauté fraternelle. 

 Texte provisoire écrit par srs Anne et Aurélie les 2-3 octobre 2020 en réponse aux demandes de plusieurs maisons de formation or.a.


Saint AUGUSTIN +430, Il est temps

 

2e dimanche de l'avent A


Évangile de Jésus Christ selon saint Mt 3,1-12

En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : "Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche! "


Nous venons d'entendre l'évangile où Jésus critique ceux qui savaient reconnaître l'aspect du ciel, mais n'étaient pas capables de découvrir le temps où il était urgent de croire au Royaume des cieux, Lc 12,54. C'est aux Juifs qu'il disait cela, mais cette parole parvient jusqu'à nous. Or le Seigneur Jésus Christ lui-même a commencé ainsi sa prédication : Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche Mt 4,17. Jean Baptiste, son précurseur, avait commencé de la même façon : Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche, Mt 3,2. Et maintenant le Seigneur les blâme parce qu'ils ne veulent pas se convertir alors que le Royaume des cieux est proche, ce Royaume des cieux dont il dit lui-même qu'il ne vient pas de manière visible, Lc 17,20, et aussi qu'il est au milieu de vous, Lc 17,21.

Que chacun ait donc la prudence d'accepter les avertissements de notre Maître, pour ne pas laisser échapper le temps de sa miséricorde, ce temps qui se déroule maintenant, pendant lequel il épargne encore le genre humain. Car, si l'homme est épargné, c'est pour qu'il se convertisse, et que personne ne soit condamné.

C'est à Dieu de savoir quand viendra la fin du monde: quoi qu'il en soit, c'est maintenant le temps de la foi. La fin du monde trouvera-t-elle ici-bas l'un d'entre nous ? Je l'ignore, et il est probable que non.

Pour chacun de nous le temps est proche, parce que nous sommes mortels. Nous marchons au milieu des dangers. Si nous étions de verre, nous les redouterions moins. Quoi de plus fragile qu'un récipient de verre ? Pourtant on le conserve et il dure des siècles. Car on redoute pour lui une chute, mais non pas la vieillesse ni la fièvre. Nous sommes donc plus fragiles et plus faibles, et cette fragilité nous fait craindre chaque jour tous les accidents qui sont constants dans la vie des hommes. Et s'il n'y a pas d'accidents, il y a le temps qui marche. L'homme évite les heurts, évite-t-il la dernière heure ? Il évite ce qui vient de l'extérieur, peut-il chasser ce qui naît au-dedans de lui ? Parfois n'importe quelle maladie le domine subitement. Enfin, l'homme aurait-il été épargné toute sa vie, lorsqu'à la fin la vieillesse est venue, il n'y a plus de délai.

Sermon 109, 1; PL 38, 636.

samedi 29 novembre 2025

8 décembre 1896 - 8 décembre 2025 ans 130 ans de notre fondation


Notre institut entre dans sa 130ème année


Isabelle a eu toute sa vie un grand désir de sainteté. Pour s’assurer qu’elle n’est pas dans l’illusion, elle rend compte de sa vie intérieure au Père PICARD pendant près de 30 ans. Dans nos bibliothèques Orantes, deux grands livres bleus (format A4) rassemblent les lettres d’Isabelle de 1873 à 1888 que nous pouvons lire plus spécialement en cette 130ème année. Les lettres de 1889 à 1903 ont été numérisées, mais pas éditées. Ces lettres disent le cheminement de notre Fondatrice qui aboutit à la fondation.


En 1886, une grâce oriente la recherche d’Isabelle.


Lettre 228 – 7 novembre 1886 / - Pour la première fois de ma vie il me semble que Dieu a peut-être pour moi des intentions de vie contemplative et je me sens totalement dépourvue de tout ce qu'il faut pour cela, mais si Dieu le veut il saura bien transporter les montagnes et j'essaye de lui demander avec ardeur la force pour tout ce qu'il voudra. - Quand je me reporte au passé, au fond je ne trouve d'attrait dans la prière que pour la vie intérieure. Je m'explique : j'ai toujours pensé à autre chose mais c'était plutôt un attrait personnel qui m'y poussait tandis que les lumières de la grâce et de l'oraison n'ont jamais porté sur la vie extérieure. Je ne sais pas si je me fais comprendre ?


Lettre 230 – 22 novembre 1886 / Si vous n'aviez pas la bonté de me répondre au reste de ma lettre, je dirais que vous répondez à une autre pénitente (quand vous écrivez) - "La grâce dont vous me parlez est bien lumineuse".


Son attrait pour les pauvres va se déplacer quand son appel à la vie contemplative devient premier.


En 1887, Isabelle découvre dans sa prière l’appel à fonder une oeuvre suscitée par Dieu et désirée en Assomption. Nous lisons ce qui va caractériser l’oeuvre, c’est-à-dire la fondation de la congrégation.


Lettre 238 – 9 janvier 1887 / - Je suis à même, le jour où vous me le demanderez, de tracer les grandes lignes de l’oeuvre que je crois voulue de Dieu…


23 janvier 1887. Premières vues sur l’oeuvre. (Cahier 1).

 
En présence de l'athéisme qui nous enveloppe et gagne dans une certaine mesure toutes les classes de la société, je me demande si le remède qu'on y oppose est à la hauteur du mal. À cette société avide de luxe, de bien-être, de liberté de vie et d'esprit, on n'offre pour remède, qu'un Dieu très doux, très bénin, se faisant tout à tous. Les personnes pieuses, les religieuses, les prêtres même ne font guère autre chose. Ne serait-il pas plus logique d'opposer aux grands maux, les grands remèdes et de rappeler aux chrétiens qu'ils ont un roi crucifié, roi de leurs vies et roi de leurs intelligences ? Comme Jésus-Christ est la vie, la sève, la force de toute entreprise, celle-ci ne peut être faite que par un ordre contemplatif, faisant de la prière d'abord, de l'étude religieuse ensuite la base de son existence.


Les ... seront donc contemplatives. Elles auront l'adoration de jour et de nuit, de longues heures d'oraison, le grand office. La prière sera le premier de leurs devoirs. Après la prière, l'étude : l’étude de la religion, la religion dans l'histoire, dans les sciences, dans la philosophie, la liturgie, l'étude du latin, etc.


Les ... seront apôtres, apôtres surtout dans leurs oraisons à la façon dont l'entend sainte Thérèse [d’Avila], et apôtres par les oeuvres extérieures restreintes dans le temps qui leur sera donné, afin que la prière reste toujours la première des oeuvres.
Il existe un ordre ayant certaines analogies avec ce que je voudrais. Ce sont les Dames de l'Adoration perpétuelle qui, d'une part, sont contemplatives et, de l'autre, sont apôtres de l'adoration puisqu'elles ont un tiers ordre de l'adoration. Ce qu'elles font pour l'adoration, je voudrais qu'on le fasse pour l'adoration, l'étude, la liturgie, etc.


Lettre 378 – 9 mai 1895 / - Mademoiselle Dienne trouve la rencontre de nos âmes tout à fait providentielle et tout ce que je lui dis de vos projets répond à ses attraits... Je tâche de la développer du côté de l'étude et de lui donner le cachet de vie contemplative basée sur la doctrine, la liturgie, l'étude sérieuse et se développant dans le zèle pour les âmes…


Lettre 384 – 1895 / - Quelle meilleure vie pour l'âme contemplative que celle d'une sûre doctrine contemplée, aimée, apprise et enseignée dans sa modeste mesure ? Quelle meilleure prière que celle de l'amour de la vérité entière avec le désir de la donner aux âmes par la prière, l'oblation de soi-même et une humble mesure d'enseignement !


Lettre 385 – 1895 / - Pour ma part je crois que quand on est appelé à former une oeuvre nouvelle, il faut bien rester soi-même, c'est-à-dire pas le soi-même humain, mais le soi-même que Dieu a suscité par sa parole intérieure.


La fondation des Orantes a lieu chez les Oblates de l’Assomption, rue Berton à Passy, le 8 décembre 1896. Rue Berton à Passy
Entrée au n°14

 
S’adressant le 22 novembre 1896 aux Oblates du Cours-la-Reine, le Père PICARD disait : - Le Père d’ALZON était hardi pour aller au-devant de la volonté de Dieu. Il faut que ses fils et ses filles agissent comme lui. C’est pourquoi en ce moment, je prépare une petite fondation. Vous voyez s’élever une nouvelle bicoque à Passy ; dans ce nid, nous mettrons quelques personnes exclusivement consacrées à la prière et à l’étude. On dira que le Père PICARD n’a pas le sens commun ! Vous autres, vous direz : tant mieux, pourvu que l’Assomption grandisse ! Il y a quatorze ans que je mûris ce secret, car j’ai besoin de réfléchir longtemps… L’Assomption ne doit pas reculer devant les oeuvres nouvelles. Seulement, il faut les préparer par l’esprit de prière et de sacrifice.


Lettre 392 – Décembre 1896 / - Je tiens à vous dire ma joie de vous entendre développer l'esprit de notre oeuvre en si parfaite conformité avec tout ce que j'ai reçu à ce sujet dans l'oraison depuis quelques années. - Je n'aurais pas su le dire ainsi, mais c'est le développement, l'explication, l'épanouissement de tout ce que j'ai dans l'âme au sujet de cette oeuvre. Je ne la comprends pas autrement et je ne la comprends qu'ainsi.


Mère Marie du Christ, une jeune soeur Oblate, va former les premières Orantes aux coutumes religieuses.

 
Lettre 409 – 3 novembre 1901 / - Vous savez combien j'aime Mère Marie du Christ et combien je lui ai de reconnaissance, combien aussi j'apprécie sa formation religieuse, ses idées et le reste. - J'admire tant aussi l'esprit qu'elle donne à ses filles et, en un mot, je suis heureuse de me dire aussi un peu, et même beaucoup, sa fille. - Et puis les Oblates, c'est notre famille religieuse.


Le Père PICARD formera nos premières soeurs à la vie en Assomption, à la vie spirituelle et à la vie contemplative. Il nous donnera le nom d’Orantes de l’Assomption en mars 1898. Archives n°1, p 192. Archives n°2, p 60.


Soeur Marie-Jeanne MASIKA TASIVIWE

GUERRIC D'IGNY, Préparez le chemin


 

1er dimanche de l'Avent  29 novembre 202

Abbé cistercien.

Sermon V pour l'Avent,

Lectionnaire, éditions du Cerf, 1994, p. 36-37. 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le chemin du Seigneur, frères, qu'il nous est demandé de préparer se prépare en  marchant. On y marche dans la mesure où on le prépare. Même si vous vous êtes beaucoup avancés sur ce chemin, il vous reste toujours à le préparer, afin que, du point où vous êtes parvenus, vous soyez toujours tendus au-delà.  

Voilà  comment,  à  chaque  pas  que  vous  faites,  le  Seigneur  à  qui  vous préparez les voies vient au-devant de vous, toujours nouveau, toujours plus grand.  

Aussi est-ce avec raison que le juste prie ainsi : Enseigne-moi le chemin de tes volontés et je le chercherai toujours. On donne  à ce chemin le nom  de  vie  éternelle,  peut-être  parce  que  bien  que  la  providence ait examiné le chemin de chacun et lui ait fixé un terme jusqu'où il puisse aller, cependant la bonté de Celui vers lequel vous vous avancez n'a pas de terme. 

C’est pour vous faire miséricorde que le Seigneur attend ; bienheureux tous ceux qui l’attendent, Is  30,18.  Il ne faut pas que le délai imposé à l’espérance attiédisse notre foi ou bien rende inquiète notre patience, et  que  nous  devenions  alors  semblables  à  ceux  qui  croient  pour  un temps et qui se retirent au moment de la tentation. 

Que celui qui croira ne soit pas pressé, Is 28,16, de contempler l’objet de sa foi. Oui, attendre vraiment le Seigneur, c’est Lui conserver notre foi et,  quoique  privés  de  la  consolation  de  sa  présence,  ne  pas  suivre  le séducteur, mais demeurer  suspendu à son retour,  Os  11,7.  Cela signifie qu’étant  comme  entre  ciel  et  terre,  on  ne  peut  encore  atteindre  les biens célestes, sans pour autant vouloir toucher les choses de la terre.  

lundi 24 novembre 2025

Saint Paschase Radbert (+ vers 860), Tenez-vous prêt

 

Origines et histoire de l’Avent

Le mot « Avent » ne veut pas dire « avant Noël » ; il vient du latin adventus qui signifie « venue, avènement ». On l’employait autrefois en latin pour désigner la venue de Jésus Christ sauveur parmi les hommes.

Une tradition de l’Avent utilise la symbolique des bougies tout au long des quatre dimanches de l’Avent. Cette tradition s’appuie sur l’Ancien Testament et relie les chrétiens au peuple juif, qui fête Hanouka à partir du 11 décembre. Chaque dimanche de l’Avent, la coutume veut que les chrétiens allument progressivement une bougie sur les quatre, placées sur une couronne végétale.

- Le premier dimanche de l’Avent, la bougie symbolise le pardon à Adam et Eve
- Le deuxième dimanche, elle symbolise la foi des Patriarches en la Terre Promise
- Le troisième dimanche, c’est la joie de David, célébrant l’Alliance avec Dieu
- Le quatrième dimanche, elle symbolise l’enseignement des Prophètes, annonçant un règne de paix et de justice
 

Signification et sens de l’Avent

L’Avent est la période où les fidèles se préparent intérieurement à célébrer Noël, événement décisif pour l’humanité, puisque Dieu s’est fait homme à travers l’Enfant Jésus. De sa naissance à sa mort sur la Croix, il a partagé en tout la condition humaine, à l’exception du péché.

Chacun est appelé à la vigilance et au changement de vie. La parole des Prophètes est lue lors de chaque messe dominicale de l’Avent. Elle redit la nécessité de la conversion et de la préparation du cœur, comme le rappellent également les autres lectures de la messe. L’Avent invite les chrétiens à découvrir ce que la venue de Jésus-Christ change dans leur vie pour mieux lui faire une place.

Le début de l’Avent marque aussi l’entrée dans une nouvelle année liturgique : celle-ci commence chaque année avec ce temps de préparation à Noël, pour s’achever une année plus tard à la même période. L'ensemble du calendrier liturgique aide les fidèles à revivre les grands événements de la vie et de l’enseignement du Christ, en particulier de sa naissance (Noël) à sa Résurrection (Pâques).

 https://www.lejourduseigneur.com/fetes-chretiennes



1er dimanche de l'avent A



Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
24,37-44


Jésus parlait à ses disciples de sa venue : "L'avènement du Fils de l'homme ressemblera à ce qui s'est passé à l'époque de Noé. A cette époque, avant le déluge, on mangeait, on buvait, on se mariait, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche."




Veillez, car vous ne savez ni le jour ni l'heure, Mt 25,13. Bien que le Seigneur parle ainsi pour tous, il s'adresse uniquement à ses contemporains, comme dans beaucoup d'autres de ses discours qu'on lit dans l'Écriture. Pourtant, ces paroles concernent tous les hommes parce que, pour chacun d'eux, le dernier jour arrivera ainsi que la fin du monde, quand il devra quitter cette vie. Il est donc nécessaire que chacun en sorte comme s'il devait être jugé ce jour-là. C'est pourquoi tout homme doit veiller à ne pas se laisser égarer, mais à rester vigilant, afin que le jour du Seigneur, quand il viendra, ne le prenne pas au dépourvu. Car celui que le dernier jour de sa vie trouvera sans préparation, serait encore trouvé sans préparation au dernier jour du monde. Je ne pense donc nullement que les Apôtres aient cru que le Seigneur viendrait juger le monde pendant leur vie; et pourtant, qui douterait qu'ils aient été attentifs à ne pas se laisser égarer, à veiller et à observer tous les conseils, donnés à tous, pour qu'ils soient trouvés préparés ?

C'est pourquoi il faut toujours tenir compte d'un double avènement du Christ : l'un quand il viendra, et que nous devrons rendre compte de tout ce que nous aurons fait ; l'autre, quotidien, quand il visite sans cesse notre conscience, et qu'il vient à nous afin de nous trouver prêts lors de son avènement. A quoi me sert, en effet, de connaître le jour du jugement, lorsque je suis conscient de tant de péchés ? De savoir si le Seigneur vient, et s'il ne vient pas d'abord dans mon coeur et ne revient pas dans mon esprit, si le Christ ne vit pas et ne parle pas en moi ?

Alors, oui, il m'est bon que le Christ vienne à moi, si avant tout il vit en moi et moi en lui. Alors pour moi, c'est comme si le second avènement s'était déjà produit, puisque la disparition du monde s'est réalisée en moi, parce que je puis dire d'une certaine manière: Le monde est crucifié pour moi et moi pour le monde, Ga 6,14.

Clerus homéliaire année A 

samedi 8 novembre 2025

Saint Jean Chrysostome (+ 407), Sur la croix, il est roi

 


 C’est avec la fête du Christ-Roi de l’Univers, instituée en 1925 par le Pape Pie XI, que s’achève l’année liturgique.

34ème dimanche du temps ordinaire C - 

Le Christ Roi de l'univers


Évangile de Jésus Christ selon saint Lc 23,35-43.

On venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à regarder. Les chefs ricanaient en disant : "Il en a sauvé d'autres ! Qu'il se sauve lui-même, s'il est le Messie de Dieu, l'Élu !"





 
 
 
Seigneur, souviens-toi de moi quand tu viendras inaugurer ton Règne, Lc 23,42. Le larron n'a pas osé faire cette prière avant d'avoir déposé par son aveu le fardeau de ses péchés. Tu vois, chrétien, quelle est la puissance de la confession ! Il a avoué ses péchés et le paradis s'est ouvert. Il a avoué ses péchés et il a eu assez d'assurance pour demander le Royaume après ses brigandages.

Songes-tu à tous les bienfaits que la croix nous procure ? Tu veux connaître le Royaume ? Dis-moi : Que vois-tu donc ici qui y ressemble? Tu as sous les yeux les clous et une croix, mais cette croix même, disait Jésus, est bien le signe du Royaume. Et moi, en le voyant sur la croix, je le proclame roi. Ne revient-il pas à un roi de mourir pour ses sujets ? Lui-même l'a dit : Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis, Jn 10,11. C'est également vrai pour un bon roi : lui aussi donne sa vie pour ses sujets. Je le proclamerai donc roi à cause du don qu'il a fait de sa vie. Seigneur, souviens-toi de moi quand tu seras dans ton Royaume.

Comprends-tu maintenant comment la croix est le signe du Royaume ? Si tu le veux, voici encore une autre preuve. Le Christ n'a pas laissé sa croix sur la terre, mais il l'a soulevée et emportée avec lui dans le ciel. Nous le savons parce qu'il l'aura près de lui quand il reviendra dans la gloire. Tout cela pour t'apprendre combien est vénérable la croix qu'il a appelée sa gloire.

Lorsque le Fils de l'homme viendra, le soleil s'obscurcira et la lune perdra son éclat, Mt 24,29. Il régnera alors une clarté si vive que même les étoiles les plus brillantes seront éclipsées. Les étoiles tomberont du ciel. Alors paraîtra dans le ciel le signe du Fils de l'homme, Mt 24,29-30.

Tu vois quelle est la puissance du signe de la croix ! Quand un roi entre dans une ville, les soldats prennent les étendards, les hissent sur leurs épaules et marchent devant lui pour annoncer son arrivée. C'est ainsi que des légions d'anges et d'archanges précéderont le Christ, lorsqu'il descendra du ciel. Ils porteront sur leurs épaules ce signe annonciateur de la venue de notre Roi.

Homélie sur la croix et le larron, 1,3-4, PG 49, 403-404.

http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/jb5.htm

 

DEDICACE DE LA BASILIQUE DE LATRAN

 

 Saint Jean 2,13-22 

 

"Détruisez ce sanctuaire, et 

                                       en trois jours je le relèverai"

 

 

 

 

Fête de la Dédicace de la Basilique du Latran

          En chaque communauté, où il y a une église consacrée, on célèbre chaque année la « dédicace » de cette église, c’est-à-dire l’anniversaire du jour où l’édifice a été consacré au culte de Dieu, et donc le jour où la communauté a commencé de s’y réunir plusieurs fois par jour pour y célébrer les Offices divins, et où les moniales ou les moines ont commencé d’y venir privément, à toute heure, pour y rencontrer Dieu dans une prière intime. Nous célébrons également chaque année la dédicace de l’Église du diocèse où se trouve notre monastère. Eh bien, aujourd’hui c’est la dédicace de la cathédrale de l’Église de Rome que nous célébrons.

          La basilique Saint-Pierre est évidemment plus connue que celle du Latran. C’est là que vont en premier lieu tous les pèlerins et les touristes qui viennent à Rome. C’est là également qu’ont lieu la plupart des grandes célébrations liturgiques pontificales. Cependant, la cathédrale du Pape, en tant qu’évêque de Rome, c’est la basilique du Latran, et non pas celle de Saint-Pierre. Or, le pape est en tout premier lieu l’évêque du diocèse de Rome et c’est précisément en tant qu’évêque de Rome et donc de successeur de Pierre qu’il a la mission de confirmer ses frères dans la foi et de veiller à la communion entre toutes les Églises locales. C’est pourquoi nous exprimons aujourd’hui notre communion avec l’Église de Rome et toutes les Églises locales de la chrétienté en commémorant cette dédicace.

          La cathédrale du Latran fut érigée en 320 par Constantin peu après sa conversion et la fin de l’ère des persécutions. Elle fut construite sur le plan des « basiliques », c’est-à-dire des maisons du peuple dans l’Empire romain. Toutes les grandes basiliques romaines ont conservé jusqu’à nos jours ce caractère d’un grand espace intérieur où le peuple se réunit pour célébrer le mystère chrétien, mais aussi et tout d’abord pour célébrer le mystère de sa communion dans le Christ.

          Dans l’Évangile des marchands chassés du Temple, Jésus révèle déjà que le culte de la nouvelle Alliance est très différent de celui de l’ancienne Alliance.   Le Temple de l’ancienne Alliance, qui était la « maison de Dieu » -- « maison de mon Père », dit Jésus -- n’est pas remplacé ni par un temple matériel nouveau, ni par plusieurs, mais par l’humanité du Christ. « Le temple dont il parlait – dit saint Jean – c’était son corps ». Depuis la mort de Jésus et sa résurrection, Il habite en chacun de ceux qui ont reçu son Esprit et qui sont donc devenus, chacun, le Temple de Dieu. « N’oubliez pas, nous dit saint Paul, que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous... Le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous ».

          La vision d’Ézéchiel, à qui l’on fait voir l’eau qui coule du côté droit du Temple et qui apporte vie et fécondité ainsi que nourriture et guérison à tout ce qu’elle touche a toujours été appliquée au Christ dans la tradition chrétienne. C’est Lui qui est la source de notre communion et de notre unité.

          Depuis plusieurs siècles le pape ne vit plus au Latran mais au Vatican. Dans l’exercice de son ministère de communion il doit se faire aider par plusieurs collaborateurs qui, avec le temps, son devenus une lourde machine administrative qu’on appelle la Curie romaine. Il peut arriver que certains d’entre nous ne soient pas toujours d’accord avec certaines positions prises par des organismes romains.  Il peut même arriver qu’on voit en certaines décisions de ces « dicastères » des obstacles à la communion plutôt que des aides à la communion. Mais ce sont là des accidents de parcours de l’histoire. Ce qui est important, c’est qu’à travers l’Évêque de Rome nous sommes en communion avec toutes les autres communautés ecclésiales du monde et que nous formons tous un seul Temple, un seul Corps du Christ abreuvé du même fleuve de sang et d’eau provenant du côté droit du Christ ouvert par la lance du soldat sur la Croix. C’est ce mystère de communion que nous célébrons aujourd’hui en fêtant la dédicace de la cathédrale de l’évêque de Rome.

Dom Armand VEILLEUX

 https://www.scourmont.be/publications/pages-de-dom-armand-veilleux/homelies-de-dom-armand-veilleux/5681-homelie-pour-la-dedicace-de-la-basilique-du-latran-dimanche-9-novembre-2025

mardi 21 octobre 2025

Homélie de St Bernard pour la fête de la Toussaint


“Pourquoi notre louange à l’égard des saints, pourquoi notre chant à leur gloire, pourquoi cette fête même que nous célébrons ? Que leur font ces honneurs terrestres, alors que le Père du ciel, en réalisant la promesse du Fils, les honore lui-même ?
De nos honneurs les saints n’ont pas besoin, et rien dans notre culte ne peut leur être utile. De fait, si nous vénérons leur mémoire, c’est pour nous que cela importe, non pour eux. Pour ma part, je l’avoue, je sens que leur souvenir allume en moi un violent désir 

Le premier désir, en effet, que la mémoire des saints éveille, ou plus encore stimule en nous, le voici : nous réjouir dans leur communion tellement désirable et obtenir d’être concitoyens et compagnons des esprits bienheureux, d’être mêlés à l’assemblée des patriarches, à la troupe des prophètes, au groupe des Apôtres, à la foule immense des martyrs, à la communauté des confesseurs ; au chœur des vierges, bref d’être associés à la joie et à la communion de tous les saints. Cette Église des premiers-nés nous attend, et nous n’en aurions cure !
Les saints nous désirent et nous n’en ferions aucun cas ! Les justes nous espèrent et nous nous déroberions ! Réveillons-nous enfin, frères ; ressuscitons avec le Christ, cherchons les réalités d’en haut ; ces réalités, savourons-les. Désirons ceux qui nous désirent, courons vers ceux qui nous attendent, et puisqu’ils comptent sur nous, accourons avec nos désirs spirituels. Ce qu’il nous faut souhaiter, ce n’est pas seulement la compagnie des saints, mais leur bonheur, si bien qu’en désirant leur présence, nous ayons l’ambition aussi de partager leur gloire, avec toute l’ardeur et les efforts que cela suppose. Car cette ambition-là n’a rien de mauvais : nul danger à se passionner pour une telle gloire.

Et voici le second désir dont la commémoration des saints nous embrase : voir, comme eux, le Christ nous apparaître, lui qui est notre vie, et paraître, nous aussi, avec lui dans la gloire. Jusque là, il ne se présente pas à nous comme il est en lui-même, mais tel qu’il s’est fait pour nous : notre Tête, non pas couronnée de gloire, mais ceinte par les épines de nos péchés. Il serait honteux que, sous cette tête couronnée d’épines, un membre choisisse une vie facile, car toute la pourpre qui le couvre doit être encore non pas tant celle de l’honneur que celle de la dérision. Viendra le jour de l’avènement du Christ : alors on n’annoncera plus sa mort de manière à nous faire savoir que nous aussi sommes morts et que notre vie est cachée avec lui. La Tête apparaîtra dans la gloire, et avec elle les membres resplendiront de gloire, lorsque le Christ restaurera notre corps d’humilité pour le configurer à la gloire de la Tête, puisque c’est lui la Tête.Cette gloire, il nous faut la convoiter d’une absolue et ferme ambition. Et vraiment, pour qu’il nous soit permis de l’espérer, et d’aspirer à un tel bonheur, il nous faut rechercher aussi, avec le plus grand soin, l’aide et la prière des saints, afin que leur intercession nous obtienne ce qui demeure hors de nos propres possibilités.”

Grégoire de Palamas (+ 1359), Aux humbles Dieu accorde sa grâce

 


 


30e dimanche du temps ordinaire C


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
18,9-14

Jésus dit une parabole pour certains hommes qui étaient convaincus d'être justes et qui méprisaient tous les autres :
"Deux hommes montèrent au Temple pour prier. L'un était pharisien et l'autre, publicain."



Cet être spirituel qui est le premier auteur du mal et qui s'ingénie à le répandre, se montre très habile à détruire par le désespoir et l'infidélité les fondements de la vertu dans l'instant même où ils ont été posés dans une âme. Ensuite, lorsque se dressent les murs de ce que j'appellerai la maison de la vertu, il se sert aussi très astucieusement du découragement et de la négligence pour leur donner l'assaut. Même quand le toit des bonnes oeuvres  vient d'être construit, il l'abat encore avec l'arrogance et la présomption.

Restez fermes pourtant, ne vous effrayez pas, car l'homme zélé pour le bien est plus habile que lui. Et la vertu possède, pour résister au mal, une force plus grande que la sienne. Elle bénéficie, en effet, de l'assistance et du secours envoyés d'en haut par Celui qui peut tout. Dans sa bonté, il rend forts tous ceux qui aiment la vertu.

De la sorte, celle-ci restera inébranlable face aux multiples et funestes machinations ourdies par l'Adversaire. Elle pourra en outre relever et rétablir ceux qui sont tombés dans l'abîme des maux, et les conduire facilement à Dieu par le repentir et l'humilité.

La parabole nous le fait comprendre suffisamment. Le publicain, bien qu'il soit publicain et passe sa vie dans ce que j'appellerai l'abîme du péché, s'unit par une simple prière à ceux qui mènent une vie conforme à la vertu. Grâce à cette courte prière il se sent léger, il s'élève, il triomphe de tout mal, il est agrégé au choeur des justes et justifié par le Juge impartial. Le pharisien, lui, est condamné sur ce qu'il dit, bien qu'il soit pharisien et se considère comme quelqu'un d'important. Car il n'est pas vraiment juste, et de sa bouche sortent beaucoup de paroles d'orgueil qui, toutes, provoquent la colère de Dieu.

Pourquoi l'humilité élève-t-elle l'homme à la hauteur de la sainteté, tandis que la présomption le précipite dans le gouffre du péché ? Voici. Celui qui se prend pour quelqu'un d'important devant Dieu est à juste titre abandonné par Dieu, puisqu'il pense ne pas avoir besoin de son secours. L'autre reconnaît son néant et, de ce fait, se tourne vers la miséricorde divine. Il trouve à juste raison la compassion, l'assistance et la grâce de Dieu. L'Écriture dit en effet : le Seigneur résiste aux orgueilleux, mais il accorde aux humbles sa grâce,
 Pr 3,34 grec ;  Jc 4,6 1P 5,5.

Selon la parole du Seigneur, quand ce dernier rentra chez lui, c'est lui qui était devenu juste et non pas l'autre. Qui s'élève sera abaissé ; qui s'abaisse sera élevé,
Lc 18,14. Du fait que le diable est l'orgueil même, et l'arrogance son vice propre, ce mal conquiert puis entraîne avec lui toute vertu humaine à laquelle il se mêle. Pareillement, s'abaisser devant Dieu est la vertu des bons anges : elle triomphe également de tous les vices humains dont sont affligés les pécheurs. Car l'humilité est le char qui nous emmène vers Dieu, sur ces nuées qui doivent emporter jusqu'à lui ceux qui lui seront unis dans les siècles sans fin, selon la prophétie de l'Apôtre : Nous serons emportés, dit-il, sur les nuées du ciel à la rencontre du Seigneur. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur, 1 Th 4,17. Car l'humilité est semblable à une nuée : elle prend corps dans le repentir, elle fait jaillir des yeux un torrent de larmes, elle rend dignes les indignes, elle conduit et unit à Dieu ceux qui, en raison de leur volonté droite, sont justifiés par la grâce.

Homélie 2 ; PG 151, 17-20.28-29.
http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/jzt.htm#h3

jeudi 9 octobre 2025

Homélie de saint Grégoire de Nysse (+ 395), Prier

 

29e dimanche du temps ordinaire C     19 octobre 2025



Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 18,1-8

Jésus dit une parabole pour montrer à ses disciples qu'il faut toujours prier sans se décourager : "Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : 'Rends-moi justice contre mon adversaire.'"


Le Verbe de Dieu nous livre ses enseignements sur la prière lorsqu'il apprend aux disciples qui en sont dignes et qui cherchent avec ferveur à s'en instruire, avec quelles paroles il convient de prier pour se faire entendre de Dieu. Au contraire, celui qui ne s'unit pas à Dieu par la prière, se détachera de lui. Ce discours devra donc nous faire comprendre en premier lieu
qu'il faut toujours prier sans se décourager, Lc 18,1. Car la prière a pour effet d'unir l'homme à Dieu, et celui qui est en communion avec Dieu est loin de l'Adversaire.


La prière sauvegarde la tempérance, maîtrise la colère, abat l'orgueil, extirpe la rancune. La prière est le sceau de la virginité et la fidélité du mariage. Elle est le bouclier des voyageurs, la garde de ceux qui dorment, la confiance de ceux qui veillent, la prospérité des agriculteurs, la sécurité des navigateurs.

Vraiment, quand bien même nous passerions toute notre vie à converser avec Dieu dans la prière et l'action de grâce, nous resterions, je crois, aussi indignes de cet échange avec notre bienfaiteur que si nous n'avions même pas conçu le désir de lui manifester notre reconnaissance.

Le temps se divise en trois moments : le passé, le présent et l'avenir. En chacun d'eux nous saisissons la bienveillance divine. Penses-tu au présent ? Tu es en vie grâce au Seigneur. Si tu envisages l'avenir, l'espoir de réaliser tes désirs repose sur le Seigneur. Quant au passé, tu n'aurais pas existé si le Seigneur ne t'avait pas créé.

Il t'a accordé sa faveur en te faisant naître, et depuis ta naissance il te l'accorde encore. Comme l'Apôtre le dit :
Tu as en lui la vie et le mouvement, Ac 17,28. Tu fondes sur cette même faveur ton espoir des réalités à venir. Toi, tu n'es maître que du présent.

Même si tu ne cesses de rendre grâce à Dieu durant toute ta vie, cela égalera à peine la grâce qu'il te fait au moment présent, et tu ne trouveras jamais le moyen de payer ta dette de reconnaissance pour le passé et pour l'avenir. Que nous sommes loin, d'ailleurs, de lui rendre grâce selon la mesure de nos capacités ! C'est au point que nous n'employons même pas les possibilités qui nous sont offertes de manifester notre gratitude. Nous négligeons, en effet, de réserver, je ne dis pas toute la journée, mais même une infime partie de celle-ci, à la méditation des réalités divines.

Qui a rétabli dans la grâce originelle l'image divine que le péché avait ternie en moi ? Qui me fait monter vers le bonheur que je possédais avant d'être exilé du paradis, privé de l'arbre de vie et englouti dans l'abîme de cette existence charnelle ?
Il n'y a personne qui comprenne, Rm 3,11, dit l'Écriture. Car, en vérité, si nous y étions vraiment attentifs, durant toute notre vie nous ne cesserions de rendre grâce à Dieu.

Homélies sur la prière du Seigneur, 1, PG 44, 1120 1124-1125

Clerus,org

Saint Bruno de Segni, La foi qui purifie


28e dimanche du temps ordinaire C  - 12 octobre 2025


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
17,11-19

Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie et la Galilée. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils s'arrêtèrent à distance et lui crièrent : "Jésus, maître, prends pitié de nous." En les voyant, Jésus leur dit : "Allez vous montrer aux prêtres."



Jésus, marchant vers Jérusalem, traversait la Samarie. Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre, Lc 17,11-12. Que représentent les dix lépreux sinon l'ensemble des pécheurs ? Lorsque vint le Christ notre Seigneur, tous les hommes souffraient de la lèpre de l'âme, même s'ils n'étaient pas tous atteints de celle du corps. Or la lèpre de l'âme est bien pire que celle du corps. Mais voyons la suite. Ils s'arrêtèrent à distance et lui crièrent : Jésus, maître, prends pitié de nous, Lc 17,13. Ces hommes se tenaient à distance car ils n'osaient pas, étant donné leur état, s'avancer plus près de lui. Il en va de même pour nous : tant que nous demeurons dans nos péchés, nous nous tenons à l'écart. Donc, pour recouvrer la santé et guérir de la lèpre de nos péchés, supplions d'une voix forte et disons : Jésus, maître, prends pitié de nous. Cette supplication ne doit toutefois pas venir de notre bouche, mais de notre coeur, car le coeur parle d'une voix plus forte. La prière du coeur pénètre dans les cieux et s'élève très haut, jusqu'au trône de Dieu.

En les voyant, Jésus leur dit : Allez vous montrer aux prêtres, Lc 17,14. En vérité, lorsque Dieu regarde, il prend pitié. Il voit donc les lépreux, et aussitôt, saisi de pitié, il leur prescrit d'aller trouver les prêtres, non pour que les prêtres les purifient, mais pour qu'ils les déclarent purs.

En cours de route, ils furent purifiés, Lc 17,15. Il faut que les pécheurs entendent cette parole et fassent l'effort de la comprendre. Il est facile au Seigneur de remettre les péchés. Souvent, en effet, le pécheur est pardonné avant de venir trouver le prêtre. En réalité, il est guéri à l'instant même où il se repent. Quel que soit, en effet, le moment où il se convertit, il passe de la mort à la vie. Qu'il se rappelle cependant de quelle conversion il s'agit. Qu'il écoute ce que dit le Seigneur : Revenez à moi de tout votre coeur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos coeurs et non pas vos vêtements, Jl 2,12. Toute conversion doit donc s'opérer dans le coeur, au-dedans. Car Dieu ne repousse pas un coeur brisé et broyé , Ps 50,19.

L'un d'eux, voyant qu'il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix. Il se jeta la face contre terre aux pieds de Jésus, en lui rendant grâce. Or, c'était un Samaritain, Lc 17,15-16. En réalité, cet homme représente tous ceux qui ont été purifiés dans l'eau du baptême ou guéris par le sacrement de pénitence. Ils ne suivent plus le démon, mais imitent le Christ, ils marchent à sa suite en le glorifiant et en lui rendant grâce, et ils n'abandonnent pas son service.

Jésus lui dit : Relève-toi et va : ta foi t'a sauvé, Lc 17,19. Grande est donc la puissance de la foi, car sans elle, selon la parole de l'Apôtre, il est impossible d'être agréable à Dieu, He 11,6.Abraham eut foi en Dieu, et, de ce fait, Dieu estima qu'il était juste, Rm 4,3. C'est donc la foi qui sauve, la foi qui justifie, la foi qui guérit l'homme dans son âme et dans son corps.

Homélie de saint Bruno de Segni  (+ 1123)

Commentaire sur l'évangile de Luc, 2, 40, PL 165, 426-428


http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/fr/ijb.htm#a3w

dimanche 31 août 2025

Saint Bruno de Segni (+1123), Avoir une place aux noces du Seigneur


 

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 14,1,7-14

Un jour de sabbat, Jésus était entré chez un chef des pharisiens pour y prendre son repas. Remarquant que les invités choisissaient les premières places, il leur dit cette parabole: "Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place."


Commentaire sur l'évangile de Luc, 2, 14 ; PL 165, 406-407

 

 

 

Le Seigneur avait été invité à un banquet de noces. En observant les convives, il remarqua que tous choisissaient les premières places et les plus honorables, chacun désirant se placer avant tous les autres et s'élever au-dessus de tous. Il leur raconta cette parabole qui, même prise en son sens littéral, est bien utile et nécessaire à tous ceux qui aiment jouir de la considération des gens et qui ont peur d'être rabaissés. Elle accorde, en effet, des marques de courtoisie aux plus humbles et des signes de respect aux personnes d'un rang élevé.

Mais comme cette histoire est une parabole, elle renferme une signification qui dépasse le sens littéral. Voyons donc quelles sont ces noces et qui sont les invités aux noces. Celles-ci s'accomplissent quotidiennement dans l'Eglise. Chaque jour le Seigneur célèbre des noces, car chaque jour il s'unit les âmes fidèles lors de leur baptême ou de leur passage de ce monde-ci au Royaume céleste.

Eh bien! nous qui avons reçu la foi en Jésus Christ et le sceau du baptême, nous sommes tous invités à ces noces. Une table y est dressée pour nous, dont l'Ecriture dit : Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis, Ps 23,5. Nous y trouvons les pains de l'offrande, le veau gras, l'Agneau qui enlève les péchés du monde. Ici nous sont offerts et le pain vivant descendu du ciel et le calice de l'Alliance nouvelle. Ici nous sont présentés les évangiles et les épîtres des Apôtres, les livres de Moïse et des prophètes, qui sont comme des mets remplis de toutes les délices.

Que pourrions-nous donc désirer de plus ? Pourquoi choisirions-nous les premières places? Quelle que soit la place que nous occupions, nous avons tout en abondance et ne manquons de rien. Mais toi qui cherches à avoir la première place, qui que tu sois, va t'asseoir à la dernière place. Ne permets pas que ta science te gonfle d'orgueil, et ne te laisse pas exalter par la renommée. Mais plus tu es grand, plus il faut t'humilier en toute chose et tu trouveras grâce auprès de Dieu, Lc 1,30. si bien qu'au moment favorable il te dira: Mon ami, avance plus haut, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui sont à table avec toi, Lc 14,10.

Assurément, pour autant que cela dépendait de lui, Moïse occupait la dernière place. Lorsque le Seigneur voulut l'envoyer vers les fils d'Israël et l'invita à accéder à un rang plus élevé, il lui répondit: Je t'en prie, Seigneur, envoie qui tu voudras envoyer car je n'ai pas la parole facile, Ex 4,13. C'est comme s'il avait dit : "Je ne suis pas digne d'une fonction aussi haute." Saûl aussi se considérait comme un homme d'humble condition, quand le Seigneur fit de lui un roi. Et de même Jérémie, craignant de monter à la première place, disait : Oh! Seigneur mon Dieu! Vois donc: je ne sais pas parler, je ne suis qu'un enfant, Jr 1,6 !

C'est donc par l'humilité, non par l'orgueil, par les vertus, non par l'argent, que nous devons chercher à occuper la première place, le premier rang dans l'Église.

Clerus homéliaires

samedi 23 août 2025

Saint Anselme (+1109), Le prix du Royaume

 




21e dimanche du temps ordinaire C 24 août 2025



Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 
13,22-30

Dans sa marche vers Jérusalem, Jésus passait par les villes et les villages en enseignant. 
Quelqu'un lui demanda : "Seigneur, n'y aura-t-il que peu de gens à être sauvés?" 
Jésus leur dit : "Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, car, je vous le déclare, beaucoup chercheront à entrer et ne le pourront pas."







Dieu proclame qu'il a mis en vente le Royaume des cieux. Mais ce Royaume est si beau que l'oeil de l'homme mortel ne peut voir, ni l'oreille entendre, ni l'esprit imaginer sa félicité et sa gloire. Tout homme qui cherche à en connaître le prix obtiendra cette réponse : "Celui qui veut nous donner un Royaume dans le ciel n'a pas besoin d'argent terrestre, et nul ne peut rien donner à Dieu qui ne lui appartienne déjà, puisqu'il possède tout."

Par ailleurs, Dieu ne donne pas un bien si précieux d'une manière totalement gratuite, car il ne l'accorde pas à celui qui n'aime pas. Personne, en effet, ne donne une chose qui lui est chère à celui pour qui elle n'a aucune valeur. Et comme Dieu n'a pas besoin de ce que tu as, et qu'il n'a pas à donner un bien si précieux à celui qui ne veut pas aimer ce bien, ce qu'il demande simplement, c'est l'amour, sans lequel il ne doit pas faire ce don. Donne donc l'amour et reçois le Royaume ; aime, et il est à toi.

En somme, régner dans le ciel signifie simplement être uni à Dieu, à tous les anges et à tous les saints, ne faire qu'une volonté avec eux par l'amour, de façon à exercer tous ensemble une même puissance. Aime donc Dieu plus que toi-même et tu commenceras déjà à avoir ce que tu veux posséder parfaitement dans le ciel. Sois en accord avec Dieu et avec les hommes - à la seule condition qu'ils ne soient pas en désaccord avec lui - et tu commenceras aussitôt à régner avec Dieu et avec tous les saints. Car, dans le ciel, Dieu et tous les saints ajusteront leur volonté à la tienne, dans la mesure où tu auras ajusté en cette vie ta volonté à la leur. Si donc tu veux être roi dans le ciel, aime Dieu et les hommes comme tu dois le faire, et tu mériteras de devenir ce que tu désires.

Mais tu ne pourras parvenir à ce parfait amour qu'après avoir vidé ton coeur de tout autre amour. Voilà pourquoi ceux qui remplissent leur coeur de l'amour de Dieu et du prochain, ne veulent que les choses voulues par Dieu ou par les autres, pourvu que les choses voulues par ces derniers n'aillent pas à rencontre de la volonté de Dieu.

En conséquence, ils sont assidus aux prières, aux entretiens et aux pensées célestes, car il leur est doux de soupirer après Dieu, de lui parler, de l'entendre et de penser à celui qu'ils aiment tant. De là vient qu'ils sont joyeux avec ceux qui sont dans la joie, qu'ils pleurent avec ceux qui pleurent, qu'ils prennent les malheureux en pitié, qu'il donnent à ceux qui sont dans le besoin, car ils aiment les autres comme eux-mêmes. Aussi dédaignent-ils les richesses, les pouvoirs, les plaisirs, les honneurs et les louanges, car celui qui aime ces choses agit souvent contre Dieu et son prochain.

C'est ainsi que tout ce qu'il y a dans la Loi et les prophètes dépend de ces deux commandementsMt 22,40. Donc, celui qui veut parvenir à l'amour parfait avec lequel s'achète le Royaume, aimera le détachement, la pauvreté, l'effort et l'obéissance, comme font les saints.

Lettre 112, à Hugues le Reclus; Opera omnia, t. 3, 244-246.

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