12ème dimanche du temps ordinaire
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
4,35-41
Toute la journée, Jésus avait parlé à la foule en paraboles. Le soir venu, il
dit à ses disciples : "Passons sur l'autre rive". Survient une
violente tempête.
Je vais, avec la grâce du Seigneur, vous entretenir de l'évangile de ce jour.
Je veux aussi, avec l'aide de Dieu, vous encourager à ne pas laisser la foi
dormir dans vos coeurs au milieu des tempêtes et des houles de ce monde. Le
Seigneur Jésus Christ exerçait sans aucun doute son pouvoir sur le sommeil non
moins que sur la mort, et quand il naviguait sur le lac, le Tout-Puissant n'a
pas pu succomber au sommeil sans le vouloir. Si vous le pensez, c'est que le
Christ dort en vous. Si, au contraire, le Christ est éveillé en vous, votre foi
aussi est éveillée. L'Apôtre dit : Que le Christ habite en vos coeurs par
la foi, Ep 3,17.
Donc le sommeil du Christ est le signe d'un mystère. Les occupants de la barque
représentent les âmes qui traversent la vie de ce monde sur le bois de la
croix. En outre, la barque est la figure de l'Église. Oui, vraiment, tous les
fidèles sont des temples où Dieu habite, et le coeur de chacun d'eux est une
barque naviguant sur la mer: elle ne peut sombrer si l'esprit entretient de
bonnes pensées.
On t'a fait injure : c'est le vent qui te fouette ; tu t'es mis en colère: c'est
le flot qui monte. Ainsi, quand le vent souffle et que monte le flot, la barque
est en péril. Ton coeur est en péril, ton coeur est secoué par les flots.
L'outrage a suscité en toi le désir de la vengeance. Et voici : tu t'es vengé,
cédant ainsi sous la faute d'autrui, et tu as fait naufrage. Pourquoi ? Parce
que le Christ s'est endormi en toi, c'est-à-dire que tu as oublié le Christ.
Réveille-donc le Christ, souviens-toi du Christ, que le Christ s'éveille en
toi. Pense à lui.
Que voulais-tu ? Te venger. As-tu oublié la parole qu'il a dite sur la croix : Père,
pardonne-leur: ils ne savent pas ce qu'ils font , Lc 23,34
? Celui qui s'était endormi dans ton coeur a refusé de se venger.
Réveille-le, rappelle-toi son souvenir. Son souvenir, c'est sa parole; son
souvenir, c'est son commandement. Et quand tu auras éveillé le Christ en toi,
tu te diras à toi-même: "Quel homme suis-je pour vouloir me venger ? Qui
suis-je pour user de menaces contre un homme ? Peut-être serai-je mort avant
d'avoir pu me venger ? Et quand viendra pour moi le moment de quitter ce corps,
si j'expire brûlant de haine et assoiffé de vengeance, celui qui n'a pas voulu
se venger ne m'accueillera pas. Celui qui a dit : Donnez, et vous recevrez ;
pardonnez, et vous serez pardonnes, Lc 6,37
ne m'accueillera pas. Je réprimerai donc ma colère, et mon coeur trouvera à
nouveau le repos." Le Christ a commandé à la mer, et elle s'est calmée, Mt 8,26.
Ce que je viens de vous dire au sujet des mouvements de colère doit devenir
votre règle de conduite dans toutes vos tentations. La tentation surgit: c'est
le vent qui souffle; ton âme est troublée: c'est le flot qui monte. Réveille le
Christ, laisse-le te parler. Qui donc est celui-ci, pour que même les
vents et la mer lui obéissent, Mt 8,27 ?
Quel est celui à qui la mer obéit? A lui la mer, c'est lui qui l'a faite, Ps 94,5. Par
lui, tout s'est fait, Jn 1,3.
Imite plutôt les vents et la mer: obéis au Créateur. La mer entend l'ordre du
Christ, vas-tu rester sourd ? La mer obéit, le vent s'apaise, vas-tu continuer
à souffler ?
Que voulons-nous dire par là ? Parler, agir, ourdir des machinations, n'est-ce
pas souffler, et refuser de s'apaiser au commandement du Christ ? Quand votre
coeur est troublé, ne vous laissez pas submerger par les vagues. Si pourtant le
vent nous renverse - car nous ne sommes que des hommes -, et qu'il excite les
passions mauvaises de notre coeur, ne désespérons pas. Réveillons le Christ,
afin de poursuivre notre voyage sur une mer paisible et de parvenir à la
patrie.
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