dimanche 29 août 2021

Saint Colomban, que ton amour nous possède tout entier

 



24e dimanche du temps ordinaire Marc 8,27+35.

Pierre prenant la parole lui dit : "Tu es le Christ".






Que ton amour nous possède tout entier
Ô Dieu, éveille-moi du sommeil de mon indolence. 
Fais brûler en moi le feu de l’amour divin. 
Que la flamme de ton amour monte plus haut que les étoiles, 
Que brûle sans cesse au-dedans de moi le désir de répondre à ton infinie tendresse.

Seigneur, accorde-moi cet amour qui se garde de tout relâchement, 
Que je sache tenir toujours ma lampe allumée,
Sans jamais la laisser s’éteindre ; 
Qu’en moi elle soit feu, et lumière pour mon prochain.

Ô Christ, daigne allumer Toi-même nos lampes, 
Toi notre Sauveur plein de douceur, 
Fais-les brûler sans fin dans ta demeure, 
Et recevoir de Toi, lumière éternelle, une lumière indéfectible. 
Que Ta lumière dissipe nos propres ténèbres, 
Et que, par nous, elle fasse reculer les ténèbres du monde.

Jésus, je T’en prie, 
allume ma lampe à Ta lumière [...] 
pour que je ne cesse de Te voir, 
de tendre vers Toi mon regard et mon désir.

Alors, dans mon coeur, 
je ne verrai que Toi seul, 
En ta présence, ma lampe sera toujours allumée et ardente.

Fais-nous la grâce, je t’en prie, 
puisque nous frappons à ta porte, 
De te manifester à nous, 
Sauveur plein d’amour.
Te comprenant mieux, 
puissions-nous n’avoir d’amour que pour Toi,
Pour Toi seul.

Saint Colomban (540-615), Instructions spirituelles 12,2-3.
Moine irlandais évangélisateur en Gaule, Allemagne, Helvétie [Suisse] et Italie. Abbé de Luxeuil [France].

In Les Chemins de la grâce, sélection de textes par soeur Monique-Anne Giroux, Or.A., p. 160.


SAINT COLOMBAN, LITURGIE DES HEURES, TOME IV, P.173


Seigneur Jésus, allume ma lampe à ta propre lumière. Qu'à ta lumière je ne cesse de te voir, de tendre vers toi mon regard et mon désir. Alors, dans mon cœur, je ne verrai que toi seul, et en ta présence ma lampe sera toujours allumée et ardente.


mercredi 11 août 2021

Saint Laurent de Brindes, homélie Marc 7,31-37

                5 septembre 2021


23e dimanche du temps ordinaire B


Évangile de Jésus Christ



Jésus quitta la région de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction du lac de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. On lui amène un sourd-muet et on le prie de poser la main sur lui.


Il a bien fait toutes choses



La Loi divine raconte les oeuvres que Dieu a accomplies à la création du monde, et elle ajoute: Dieu vit tout ce qu'il avait fait : c'était très bon, Gn 1,31.  L'Évangile rapporte l'oeuvre de la Rédemption et de la nouvelle création, et il dit de la même manière: Il a bien fait toutes choses Mc 7,37. Car l'arbre bon donne de bons fruits, et un arbre bon ne peut pas porter de mauvais fruits, Mt 7,17-18. Assurément, par sa nature, le feu ne peut répandre que de la chaleur, et il ne peut produire du froid; le soleil ne diffuse que de la lumière, et il ne peut être cause de ténèbres. De même, Dieu ne peut faire que des choses bonnes, car il est la bonté infinie, la lumière même. Il est le soleil qui répand une lumière infinie, le feu qui donne une chaleur infinie: Il a bien fait toutes choses. <>

Il nous faut donc aujourd'hui dire sans hésiter avec cette sainte foule: Il a bien fait toutes choses: il fait entendre les sourds et parler les muets, Mc 7,37. Vraiment, cette foule a parlé sous l'inspiration de l'Esprit Saint, comme l'ânesse de Balaam. C'est l'Esprit Saint qui dit par la bouche de la foule: Il a bien fait toutes choses. Cela signifie qu'il est le vrai Dieu qui accomplit parfaitement toutes choses, car faire entendre les sourds et faire parler les muets sont des oeuvres réservées à la seule puissance divine. Et d'un cas particulier on passe à tous : il a réalisé un miracle que Dieu seul peut faire, donc il est Dieu, qui a bien accompli toutes choses.

Il a bien fait toutes choses. La Loi dit que tout ce que Dieu a fait était bon, et l'Évangile qu'il a bien fait toutes choses. Or, faire de bonnes choses n'est pas purement et simplement les faire bien. Beaucoup, à la vérité, font de bonnes choses sans les faire bien, comme les hypocrites qui font certes de bonnes choses, mais dans un mauvais esprit, avec une intention perverse et fausse. Dieu, lui, fait toutes choses bonnes et il les fait bien. Le Seigneur est juste en toutes ses voies, fidèle en tout ce qu'il fait, Ps 144,17. Tout cela, ta sagesse l'a fait, Ps 103,24, c'est-à-dire: Tu l'as fait avec la plus grande sagesse et très bien. C'est pourquoi la foule dit: Il a bien fait toutes choses.

Et si Dieu, sachant que nous trouvons notre joie dans ce qui est bon, a fait pour nous toutes ses oeuvres bonnes et les a bien faites, pourquoi, de grâce, ne nous dépensons-nous pas pour ne faire que des oeuvres bonnes et les bien faire, dès lors que nous savons que Dieu y trouve sa joie?

Vous demanderez: "Que devons-nous faire pour mériter de jouir éternellement des bénédictions divines?" Je répondrai en une phrase: "Puisque l'Église est appelée l'Épouse du Christ et de Dieu, nous devons faire ce qu'une femme mariée, une bonne épouse, fait pour son époux, et alors Dieu nous traitera comme un bon époux traite son épouse bien-aimée. Voici ce que le Seigneur dit par la bouche d'Osée: Tu seras ma fiancée, et je t'apporterai la justice et le droit, l'amour et la tendresse; tu seras ma fiancée, et je t'apporterai la fidélité, et tu connaîtras le Seigneur", Os 2,21-22.

Ainsi, mes frères, nous serons heureux dès cette vie même, ce monde sera pour nous un paradis terrestre. Avec les Hébreux nous nous nourrirons, dans le désert de cette vie, de la manne céleste, si, en suivant l'exemple du Christ, nous nous appliquons, autant que nous le pouvons, à bien faire toutes nos actions, de sorte que l'on puisse dire à propos de chacune de nos oeuvres : Il a bien fait toutes choses.

 Homélie de saint Laurent de Brindes (+ 1619)

11 e dimanche après la Pentecôte, Première homélie, 1.9.11-12; Opera omnia, 8, 124.134.136-138.

 http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/jzk.htm

 


Saint Laurent de Brindisi

Capucin et Docteur de l'Église (1619)

Il était originaire de Brindisi et fut un des Religieux les plus éminents de son temps. Il entra chez les Capucins de Venise en 1575 et prêcha en Italie et surtout en Allemagne où il devint l'un des adversaires les plus éloquents du Protestantisme.
Il fut chargé souvent par le Saint Siège des plus hautes missions diplomatiques tout en étant, alors, Ministre général de son Ordre.

Il a laissé des ouvrages de controverses et d'exégèse ainsi que plusieurs autres écrits qui font de lui un maître de la Vie spirituelle.

Le 23 Mars 2011, la catéchèse de Benoît XVI a été consacrée à tracer un portrait du docteur de l'Église Laurent de Brindisi. Ce Capucin italien (Giulio Cesare Rossi: 1559 - 1619) avait été confié orphelin aux Franciscains de sa ville natale.

Entré dans l'Ordre des Capucins et ordonné Prêtre en 1582, il apprit les langues mortes et modernes, ce qui lui permit de développer un large apostolat.

Saint Laurent de Brindisi fut aussi un prédicateur efficace grâce à ses grandes connaissances bibliques, mais aussi à une culture rabbinique que les rabbins saluaient. Expert de l'Écriture et des Pères, il exposait la doctrine Catholique avec une clarté qui touchait aussi des Chrétiens ayant adhéré à la Réforme, en Allemagne notamment.
Son enseignement était clair et posé, a précisé le Pape, "et il démontrait les fondements bibliques et patristiques des articles de Foi mis en cause par Martin Luther, en particulier le primat de Pierre et de ses successeurs, l'origine Divine de l'épiscopat, la justification comme transformation de l'homme, la nécessité des bonnes actions en vue du Salut.

Le succès dont il jouissait nous permet de comprendre combien dans le processus œcuménique, conduit avec tant d'espérance, il est capital et indispensable de présenter l'Écriture lue selon la tradition de l'Église".
Les "fidèles les plus simples et les moins dotés d'une culture, tiraient bénéfice des propos de Saint Laurent de Brindisi, car il s'adressait aux humbles -a ajouté le Saint-Père- en rappelant l'ensemble à la cohérence entre vie professée et vie vécue.

Ce fut d'ailleurs le grand mérite des Capucins et d'autres Ordres Religieux qui contribuèrent au XVI et XVII siècles au renouveau de la Vie Chrétienne...

Aujourd'hui encore, la nouvelle évangélisation a besoin d'apôtres bien préparés, zélés et courageux, afin que la lumière et la beauté de l'Évangile prévalent sur la mode culturelle du relativisme éthique et de l'indifférence Religieuse, pour transformer la pensée et l'action dans un véritable humanisme Chrétien".

Professeur de théologie et maître de novices, Ministre provincial puis Ministre général de son Ordre, Saint Laurent conduisait une Vie spirituelle exceptionnellement fervente".

Benoît XVI a alors rappelé que tout Prêtre se "doit d'éviter le danger de l'activisme, d'agir en oubliant les motivations profondes de son Ministère. Pour cela il doit soigner sa Vie intérieure".

Puis le Pape a présenté un autre aspect de la vie de Saint Laurent de Brindisi, son action en faveur de la Paix.
"Les Papes comme les princes Catholiques lui confièrent souvent des missions diplomatiques délicates en vue de dénouer des controverses et de favoriser la concorde entres les états européens que menaçait alors l'empire ottoman.

Sa rigueur morale en faisait un conseiller précieux. Comme à son époque, le monde a besoin de Paix, d'hommes et de femmes de Paix, de pacificateurs.
Qui croit en Dieu doit toujours offrir et chercher la Paix".

Saint Laurent de Brindisi fut Canonisé en 1881 et nommé par Saint Jean XXIII Docteur de l'Église en 1959, en reconnaissance de son œuvre exégétique, bibliste et mariologique, dans laquelle l'action de L'Esprit dans la vie des croyants est mise en relief.
Ce Saint, a conclu le Pape, nous "aide à aimer l'Écriture, à grandir dans sa familiarité, à cultiver notre amitié avec Le Seigneur dans la Prière comme dans toute démarche qui trouve en lui origine et accomplissement". (source:VIS 20110323-570).

Mémoire de Saint Laurent de Brindisi, Prêtre et Docteur de l’Église. Entré chez les Capucins, il exerça inlassablement dans les régions d’Europe le Ministère de la prédication dont on l’avait chargé, tant pour la défense de l’Église contre les infidèles, que pour la réconciliation entre les princes et pour le gouvernement de son Ordre.
Il accomplit toutes ces charges avec simplicité et humilité jusqu’à sa mort à Lisbonne, le 22 Juillet 1619.

Martyrologe romain.

 

samedi 7 août 2021

Le discernement des esprits est décisif, soeur Monique-Anne Giroux, Or.A

22e dimanche du temps ordinaire année B

Mc 7,1-8, 14-15.21-23

Discerner, c'est connaître la source 

de nos pensées et de nos réactions.

Des auteurs spirituels  nous indiquent des chemins d'attention.




Pour savoir s’avancer dans le flot des pensées, sans se laisser passivement entraîner par elles, mais savoir trier les bonnes et les mauvaises.

Dans les bonnes pensées agit notre vraie nature, attirée par la grâce.

Dans les mauvaises pensées, ce dynamisme est capturé par des forces étrangères qui enveloppent l’âme d’une gangue opaque et s’interposent entre l’esprit et le cœur.

Cette attention aux pensées, cette pêche particulièrement fructueuse dans le silence de la nuit où l’inconscient est poreux, tout cela doit se situer dans la perspective de la prière. C’est seulement par sa relation avec Dieu, en effet, que la personne peut se dégager de tout conditionnement. Et cette prière doit être discrète, voire secrète. - Retire-toi dans ta chambre et ferme la porte, dit Jésus, de peur de devenir ostentation et gêne pour autrui.

« Voici le véritable fondement de la prière : être attentif à ses pensées et se livrer à la prière dans un grand calme, une grande paix, de manière à ne pas choquer les autres… L’homme devra donc porter le combat sur ses pensées, tailler dans leur masse…, se pousser vers Dieu, ne pas faire les volontés de ses pensées, mais, au contraire, les ramener de leur dispersion en triant les pensées naturelles d’avec les mauvaises. L’âme sous le péché s’avance comme à travers un fleuve envahi de roseaux, de fourrés… Qui veut les franchir doit étendre les mains et, péniblement écarter de force l’obstacle qui l’emprisonne. Ainsi les pensées de la puissance ennemie enveloppent l’âme de leur gangue opaque. Il faut un grand zèle, une grande attention pour les discerner…

Pseudo-Macaire, Sixième homélie, PG 34, 520.

 

Dans la plupart des textes, le cœur est compris comme le centre d’intégration proprement personnel de toutes nos facultés. C’est le cœur-esprit déjà purifié, notamment par la grâce baptismale. Il faut donc pratiquer la garde du cœur en discernant les pensées.

 

« Sois le portier de ton cœur et ne laisse aucune pensée entrer sans l’interroger ; interroge-les une à une, et dis-leur : - Es-tu de notre parti ou du parti de nos adversaires ? Et, si elle est de la maison, elle te comblera de paix.

Évagre le Pontique, Lettre 11, Ed. Frankenberg, p. 575.

 

Une pensée ambiguë se met entre parenthèses, à quelque distance. On la « bombarde » par le rayon de la prière, jusqu’à ce qu’elle s’intègre ou se désintègre.

 

Eveille-toi, sois-vigilant. Si la pensée qui te vient est une pensée bonne, sache que Dieu veut t’ouvrir une voie de vie … Mais si la pensée est ténébreuse, si tu hésites car tu ne peux voir clairement… si elle va t’aider ou te tromper, puisqu’elle peut s’être cachée sous une forme bonne, veille nuit et jour dans la ferveur et la tension de la prière, pour te préparer à la combattre. Ne la chasse pas, ne l’accepte pas non plus, mais prie sur elle, ardemment. Ne cesse pas d’invoquer le Seigneur. Et lui te montrera d’où elle vient.

Isaac Le Syrien, traités ascétiques, 34, traité, Ed. Spnanos, p. 148.

 

Il ne s’agit pas seulement de garder son calme, car le ressentiment est pire qu’un éclat de colère, mais de l’Esprit saint pacifier l’âme.

L’Esprit saint pacifie l’âme,

La colère trouble le cœur.

Rien autant que la colère ne s’oppose à la venue en nous de l’Esprit.

Jean Climaque, L’Echelle sainte, 8ème degré, 17 (20), p. 71.

Jean Cassien recommande un tête-à-tête silencieux, abandonné, confiant, avec Dieu, l’homme « fermant la porte de sa chambre », comme le demande Jésus, c’est-à-dire la porte de la cellule intérieure, de son cœur-esprit. Prières fréquentes mais courtes à cause de leur intensité même, qui évite la distraction.

 

Nous devons mettre un soin particulier à suivre le précepte évangélique qui nous demande d’entrer dans notre chambre et d’en fermer la porte pour prier notre Père.

Voici comment l’accomplir.

Nous prions dans notre chambre quand nous retirons entièrement notre cœur du tumulte des pensées et des soucis, et que dans une sorte de tête-à-tête secret et d’amitié très douce, nous découvrons au Seigneur nos désirs.

Nous prions la porte fermée, lorsque nous invoquons sans ouvrir les lèvres Celui qui ne tient pas compte des paroles, mais regarde au cœur.

Nous prions en secret lorsque nous parlons à Dieu par le cœur seulement et la concentration de l’âme, et ne manifestons qu’à lui nos dispositions. Si bien que les puissances adverses elles-mêmes n’en puissent deviner la nature. Telle est la raison du profond silence qu’il convient de garder dans la prière.

Aussi nos prières doivent-elles être fréquentes, mais courtes, de peur que, si elles se prolongeaient, l’ennemi n’ait la possibilité d’y glisser la distraction. C’est là le sacrifice véritable : « Le sacrifice que Dieu veut, c’est un cœur brisé », Ps 50,19.

Il y a trois étapes dans la vie des convertis ; le commencement, le milieu et la perfection. Au commencement les convertis rencontrent les séductions de la douceur, au milieu des combats contre la tentation, à la fin, la perfection de la plénitude. C’est d’abord la douceur, pour les réconforter, ensuite l’amertume, pour les exercer ; enfin la suavité des choses ultimes, pour les affermir ?

Grégoire Le Grand, Morale sur Job, 20,11,28, PL 76,302.

 

Textes sélectionnés par soeur Monique-Anne Giroux, Orantes de l'Assomption