mardi 29 décembre 2009

Venir à la lumière, St Grégoire de Naziance


St Grégoire de Naziance

330-390

Evêque, Docteur de l'Eglise

Nous te bénissons, Père des lumières,
Christ, Verbe de Dieu, splendeur du Père,
Lumière de lumière, et source de lumière,
Esprit de feu, souffle du Fils comme du Père.

Trinité Sainte, lumière indivisée,
Tu dissipas les ténèbres pour créer
Un monde lumineux, d'ordre et de beauté,
Qui porterait ta ressemblance.

De raison et sagesse tu éclairas l'homme,
L'illuminas du sceau de ton image,
Pour que dans ta lumière, il vît la lumière (Ps 36,10)
Et tout entier devînt lumière.

Tu fis briller au ciel d'innombrables lumières,
Ordonnas au jour et à la nuit
De s'entendre à se partager le temps
Tour à tour, paisiblement.

La nuit met fin au travail du corps fatigué,
Le jour appelle aux oeuvres que tu aimes,
Nous apprend à fuir les ténèbres, à nous hâter
Vers ce jour qui n'aura pas de nuit.

Hymne 32, PG 37, 511-512.

mardi 22 décembre 2009

J'avais devant les yeux les ténèbres, Victor Hugo






icône de la Mère de Dieu


son histoire sur



http://spiritualite-orthodoxe.blogspot.com/






J'avais devant les yeux les ténèbres.

L'abîme
qui n'a pas de rivage et qui n'a pas de cime
était là, morne, immense et rien n'yremuait.
Je me sentais perdu dans l'infini muet.


Au fond, à travers l'ombre, impénétrablevoile,
on apercevait Dieu comme une sombre étoile.


Je m'écriai : Mon âme! Mon âme! il faudrait,
pour traverser ce gouffre où nul bord n'apparaît,
et pour qu'en cette nuit jusqu'à ton Dieu tu marches,
bâtir un pont géant sur des millions d'arches.


Qui le pourra jamais ? Personne! Ô deuil !Effroi !
Pleure ! - Un fantôme blanc se dressa devant moi
pendant que je jetais sur l'ombre un oeil d'alarme,
et ce fantôme avait la forme d'une larme ;


C'était un front de vierge avec des mains d'enfant,
Il ressemblait au lys que sa blancheur défend ;
ses mains en se joignant faisaient de la lumière.
Il me montra l'abîme où va toute poussière,
Si profond que jamais un écho n'y répond,
et me dit : - Si tu veux, je bâtirai le pont.


Vers le pâle inconnu je levai ma paupière.
Quel est ton nom ? lui dis-je. Il me dit : - la prière

Victor Hugo (1802-1885)

mardi 15 décembre 2009

St Athanase d'Alexandrie, un ruisseau a jailli


icône grecque
Né à Damanhour
près d'Alexandrie d'Égypte
en 298,

consacré évêque en 328,
appelé dans la liturgie copte " l'apostolique ",
ses titres de gloire sont innombrables :
phare de l'Orient,
colonne de la foi,
défenseur du Concile de Nicée.
Il meurt le 2 mai 373

Le Verbe s'est fait "porteur de chair"
pour que les hommes
puissent devenir "porteur de l'Esprit".


Un ruisseau a jailli.
Il est devenu un torrent, (...)
Il a inondé l'univers,
il l'a emporté vers le Temple.
Obstacles et digues n'ont pu l'arrêter.

(...)

Il est venu sur toute la surface de la terre
et l'a remplie entièrement.
Ils ont bu, tous les assoiffés,
et leur soif a été étanchée
car le Très-Haut a donné le breuvage.

(...)

Ils vivent pour l'eau vivante
pour l'éternité.Alleluia !


Athanase d'Alexandrie,
Odes de Salomon, 6 p. 53
Olivier Clément, Sources,
Les mystiques chrétiens des origines,
textes et commentaires, Stock.

jeudi 10 décembre 2009

St Augustin, cherche au-dessus de nous


St Augustin, hospice de Simplon,
Klaus et Barbara Kegelmann
Habillé en apôtre greco-romain
il écrit les premiers mots de sa règle de vie qu'il donna aux clercs
Saint Augustin Les Confessions, X, VI, 9

J’ai interrogé la terre et elle a dit : "Ce n’est pas moi." Et tout ce qui est en elle a fait le même aveu. J’ai interrogé la mer, les abîmes, les êtres vivants qui rampent. Ils ont répondu : "Nous ne sommes pas ton Dieu ; cherche au-dessus de nous."

J’ai interrogé les brises qui soufflent ; et tous les espaces aériens ont dit avec ceux qui les habitent : "Anaximène se trompe : je ne suis pas Dieu."

J’ai interrogé le ciel, le soleil, la lune, les étoiles : "Nous non plus nous ne sommes pas le Dieu que tu cherches", disent-ils.

Et j’ai dit à tous les êtres qui entourent les portes de ma chair : "Dites-moi sur mon Dieu, puisque vous vous ne l’êtes pas, dites-moi sur lui quelque chose." Ils se sont écriés d’une voix puissante : "C’est lui même qui nous a faites."

Mon interrogation c’était mon attention ; et leur réponse, leur beauté.

jeudi 3 décembre 2009


en silence

avec la Parole de Dieu

- enseignement et



accompagnement spirituel


- prière liturgique avec la communauté


Retraite en week-end
du vendredi 19h au dimanche après 14h

18 au 20 décembre
15 au 17 janvier 2010
19 au 21 février
19 au 21 mars
16 au 18 avril
21 mai au 24 mai
18 juin au 20 juin

Retraite de 3 ou 7 jours
Pour entrer en carême

du samedi 20 février 19 h
au samedi 27 février après-midi

dans la lumière de la Résurrection avec les Actes des Apôtres
du samedi 17 avril 19 h
au samedi 24 avril après-midi

avec Saint Luc
du samedi 3 juillet 19 h
au samedi 10 juillet après-midi

Retraite en ligne :

parcours guidé dans les évangiles du temps liturgique

pendant l’Avent
du dimanche 29 novembre à Noël

pendant le Carême
du mercredi des Cendres 17 février
au dimanche de Pâques 4 avril


La méthode proposée prend en compte
le temps dont dispose le retraitant.

Vivre le Triduum Pascal avec la communauté des Orantes
du Jeudi Saint 1er avril
au dimanche de Pâques 4 avril

Possibilité de retraite individuelle
avec ou sans accompagnement

Pour d'autres périodes, renseignez-vous.

Enseignement spirituel
aux groupes qui le souhaitent

Orantes de l’Assomption
Chemin de Noncienne
78830 BONNELLES
Tél 09 50 82 89 42
Email monique.giroux@laposte.net


L'argent ne doit pas être un obstacle,
Si vous avez une difficulté financière
partagez-la au moment de l'inscription

lundi 30 novembre 2009

Anniversaire de la fondation des Orantes de l'Assomption, 8 décembre...



8 décembre 1896
8 décembre 2009

fondation

chez les Oblates de l’Assomption
14 Rue Berton 75016 PARIS


En 1913-1914, Mère Isabelle lit
le journal dans le jardin
de la communauté
Rue Desbordes-Valmore, N° 11,
75016 PARIS

Notre âme a une histoire et cette histoire est faite de toutes les fluctuations de notre vie intérieure. L’effort nous est souvent recommandé ; néanmoins, sachez que la vie intérieure n’est pas une vie d’effort, mais une vie de simplicité (...). Parler à Dieu, penser à Dieu devrait être la respiration de notre âme, et nous devrions aller tout simplement à Dieu. En premier lieu, la vie intérieure est donc une vie de simplicité.

Ensuite, c’est une vie de fidélité parce que nous devons obéir aux moindres touches de la grâce. Dès que Dieu donne une lumière, il faut la suivre aussitôt ; si nous ne la suivons pas, il nous arrive ordinairement un grand détriment ; la lumière passe, elle est longtemps parfois avant de revenir, et quelque fois, elle ne revient pas. C’est une grâce perdue, un progrès que nous n’avons pas accompli, que nous n’accomplirons jamais (...).

Il faut avoir l’ouïe fine pour écouter le Saint Esprit. La condition pour le bien écouter, c’est de songer à cette purification de l’âme que Dieu poursuit par tous les moyens. Les sacrements sont des moyens, les sacramentaux aussi, comme l’eau bénite, le signe de la croix, etc, qui peuvent effacer nos fautes, nos infidélités. Ayons toujours cette pensée de nous purifier, sans y mettre de scrupule, mais en ôtant de nous tout ce qui serait un obstacle au passage de la lumière.

(...) Trois choses sont nécessaires à la vie intérieure : simplicité, fidélité, purification qui permettront à la lumière de Dieu de pénétrer en nous sans obstacle.

Instruction de Mère Isabelle aux Orantes de l'Assomption, extrait, De la vie intérieure, 7 mars 1914.

mardi 24 novembre 2009

Jean Cassien, être vivifié par l'aliment des Ecritures, les psaumes

Jean Cassien naquit vers 350, selon les uns en Egypte, selon les autres en Scythie, suivant le plus grand nombre dans les Gaules. Il s'accoutuma, dès sa jeunesse, aux exercices de la vie ascétique, dans un monastère de Bethléem.La haute réputation de sainteté qu'avaient les solitaires qui habitaient les déserts de l'Egypte l'engagea, vers l'an 390, à aller les visiter. Il fut accompagné par Germain, son parent et son compatriote. Frappés l'un et l'autre des beaux exemples de vertu qu'ils avaient sous les yeux, ils passèrent plusieurs années dans la solitude de Scété et dans la Thébaïde. Ils allaient nu-pieds comme les moines du pays, étaient pauvrement vêtus, et n'avaient pour subsister que le travail de leurs mains. Leur vie était fort austère, et ils mangeaient à peine par jour 2 pains de 6 onces chacun.

En 403, ils se rendirent tous deux à Constantinople, et y entendirent les instructions que faisait saint Jean Chrysostome. Cassien fut ordonné diacre et employé au service de l'église de cette ville. Le saint archevêque ayant été exilé, Cassien et Germain allèrent à Rome. Ils étaient, au rapport de Pallade, porteurs des lettres dans lesquelles le clergé de Constantinople prenait la défense de son pasteur persécuté. Cassien fut élevé au sacerdoce dans l'Occident, après quoi il se retira à Marseille, où il fonda, vers 413, deux monastères, l'un pour les hommes et l'autre pour les femmes. Saint-Victor de Marseille (Sanctus Victor Massiliensis) est une très-ancienne et illustre abbaye qui passera quelques siècles après à l'Ordre de Saint-Benoît, double, comme nous venons de le faire remarquer. Celui des hommes fut bâti dans le lieu où était anciennement " la Confession " ; celui des femmes fut consacré sous le titre de Saint-Sauveur.
http://%20hodiemecum.hautetfort.com/archive/2008/07/23/...


Jean Cassien, conférence - les psaumes

CELUI qui est vivifié par l'aliment des Écritures dont il ne cesse de se nourrir, se pénètre à ce point de tous les sentiments exprimés dans les psaumes qu'il les récite désormais. non pas comme ayant été composés par le Prophète, mais comme s'il en était lui-même l'auteur, et comme une prière personnelle, dans les sentiments de la plus profonde componction du cœur: il estime du moins, qu'ils ont été faits exprès pour lui, et il reconnaît que ce qu'ils expriment ne s'est pas réalisé seulement autrefois par le ministère du prophète ou dans la personne du prophète, mais trouve encore tous les jours en sa propre personne son accomplissement.

C'est qu'en effet les divines Écritures se découvrent à nous plus clairement, et c'est leur cœur en quelque sorte et leur moelle qui nous sont manifestés, lorsque notre expérience, non seulement nous permet d'en prendre connaissance, mais fait que nous prévenons cette connaissance elle-même, et que le sens des mots ne nous est pas découvert par quelque explication, mais par l'épreuve que nous en avons faite. Le cœur pénétré des mêmes sentiments que ceux dans lesquels le psaume a été chanté ou composé, nous en devenons, pour ainsi dire, les auteurs; et nous en prévenons la pensée, plutôt que nous ne la suivons: nous saisissons le sens, avant d'en connaître la lettre.

Nous trouvons tous les sentiments exprimés dans les psaumes; mais, parce que nous voyons très clairement, comme dans un pur miroir, tout ce qui nous est dit, nous en avons une intelligence beaucoup plus profonde. Instruits par ce que nous sentons nous-mêmes, ce ne sont pas à proprement parler pour nous des choses que nous aurions apprises par ouï-dire, mais nous en palpons, pour ainsi parler, la réalité, pour les avoir perçues à fond: elles ne nous font pas l'effet d'être confiées à notre mémoire, mais nous les enfantons du fond de notre cœur, comme des sentiments naturels et qui font partie de notre être; ce n'est pas la lecture qui nous fait pénétrer le sens des paroles, mais l'expérience acquise auparavant. Par cette voie, notre âme parviendra à la pureté de la prière qui non seulement ne s'occupe à la considération d'aucune image, mais encore ne s'exprime ni par la parole ni avec des mots; mais jaillit dans un élan tout de feu, un ineffable transport. une impétuosité d'esprit insatiable. C'est alors que l'âme, ravie hors des sens et de tout le visible, épanche vers Dieu sa prière en des gémissements inénarrables et des soupirs.

www.servante-parole.net/index.php?...cassien...psaumes...cassien...

mardi 17 novembre 2009

Hilaire de Poitiers Christ-Roi


22 novembre 2009 Christ Roi

" Où se tiendra le trône éternel de Dieu ? Où sera son repos à tout jamais ? Où sera son temple pour qu'il y habite ? L'Apôtre Paul nous répond : le temple de Dieu, c'est vous ; en vous habite l'Esprit de Dieu. Voilà la maison et le temple de Dieu [...] Mais cette demeure, c'est Dieu qui l'édifie. Construite de main d'homme, elle ne durerait pas, ni même si elle était fondée sur les doctrines humaines. Nos vains labeurs et nos inquiétudes ne suffisent pas à la protéger. Elle repose sur les Prophètes et les Apôtres ; elle se construit sans cesse de pierres vivantes. Elle se développera jusqu'aux ultimes dimensions du corps du Christ. Sans cesse son édification se poursuit..." (Hilaire de Poitiers)


Hilaire est certainement le personnage le plus remarquable de l'histoire de Poitiers.Il vécu au 4ème siècle, la ville qui deviendra Poitiers s'appelait alors Lemonum, nous sommes en Gaule, les Royaumes Francs n'existent pas encore et l'administration est romaine.
Nous ne disposons pas d'informations certaines sur la plus grande partie de la vie d'Hilaire. Les sources antiques disent qu'il naquit à Poitiers, probablement vers l'année 310. Issu d'une famille de l'aristocratie gallo-romaine de la cité de Lemonum, il reçut une solide formation littéraire, bien évidente dans ses écrits. Il ne semble pas qu'il ait grandi dans un milieu chrétien. Lui-même nous parle d'un chemin de recherche de la vérité, qui le conduisit peu à peu à la reconnaissance de Dieu créateur et du Dieu incarné, mort pour nous donner la vie éternelle. Baptisé à 35 ans (vers 345), il est père de famille lorsqu'il devient évêque de la ville, élu par ses coreligionnaires autour de 353-354. Certaines sources (Robert Favreau, historien, spécialiste de l'histoire du Poitou) le présente comme le premier évêque de la ville ("Les évêques précédant Saint-Hilaire relèvent largement de la légende. Seul Agon paraît avéré."), sur
le site du diocèse de Poitiers il est présenté comme le 9ème.Au cours des années suivantes, Hilaire écrivit sa première œuvre, le Commentaire à l'Evangile de Matthieu. Il s'agit du plus ancien commentaire en langue latine qui nous soit parvenu de cet Evangile.

cf : lardeau.net

mercredi 11 novembre 2009

Patriarche ATHENAGORAS, 11 novembre


Le patriarche Athénagoras a joué un rôle déterminant dans l'évolution contemporaine de l'Église orthodoxe et du Mouvement œcuménique.Né dans l'Épire encore ottomane, il étudia à la faculté patriarcale de Halki puis devint secrétaire de l'évêque de Monastir, en Macédoine, pendant les guerres balkaniques et la Première Guerre mondiale. Il fit ainsi l'expérience de la diversité des hommes et des tragédies de l'histoire. Replié en Grèce en 1918, il fut désigné comme métropolite de Corfou et donna la mesure de ses qualités pastorales dans une des plus graves crises qu'ait connue la Grèce moderne en s'interposant entre la population de l'île et l'envahisseur italien, puis en assurant nourriture, logis, soins et travail aux réfugiés d'Asie Mineure.De 1931 à 1948, il fut archevêque de l'Église grecque d'Amérique : il la pacifia et l'organisa, établit de bonnes relations avec les présidents Roosevelt et Truman, acheva son apprentissage de l'universel. Élu patriarche de Constantinople, il se trouva bientôt dans la situation la plus précaire, la crise de Chypre exaspérant le nationalisme turc contre les Grecs orthodoxes d'Istanbul. Sa grandeur fut de transformer cette faiblesse historique en service désintéressé de l'unité chrétienne et de l'unité orthodoxe.[...], 1886-1972.



"La guerre la plus dure, c’est la guerre contre soi-même. Il faut arriver à se désarmer. J’ai mené cette guerre pendant des années, elle a été terrible. Mais je suis désarmé. Je n’ai plus peur de rien, car l’amour chasse la peur.
Je lâche prise devant la volonté d’avoir raison, de me justifier en disqualifiant les autres. Je ne suis plus sur mes gardes, jalousement crispé sur mes richesses.

J’accueille et le partage. Je ne tiens pas particulièrement à mes idées, à mes projets. Si l’on m’en présente de meilleurs, ou plutôt non, pas meilleurs, mais bons, j’accepte sans regrets. J’ai renoncé à comparer. Ce qui est bon, vrai, réel, reste pour moi le meilleur.


Ainsi je n’ai plus peur. Quand on n’a plus rien, on n’a plus peur.

Si l’on se désarme, si l’on se dépossède, si l’on s’ouvre au Dieu-Homme qui fait toutes choses nouvelles, alors, Lui, efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible."


jpmc.neuf.fr/Citations/athenagoras.htm

mercredi 4 novembre 2009

Frère Jean, Mont Athos, le vide



Moine Orthoxe du Mont Athos



Le vide

Le vide n’est pas le rien,
le vide est le lieu vierge où Dieu se révèle.

Avoir un lieu vierge en soi pour le Repos Divin,
pour communier à sa Présence.

Le vide n’est pas le néant,
silence sans écho.

Le vide est la plénitude du centre de la Croix
qui unit sans confusion les deux pôles d’une même réalité.
On ne peut le décrire
que par la négation ou par son contour
sans jamais pouvoir le définir.
Il est ce « trou noir » au cœur de l’homme
qui s’ouvre vers un au-delà infini.
La pureté ne peut s’obtenir que par la qualité du vide.
Le vide
est la totalité de l’instant résumé dans l’être.

extrait, Moines d'Egypte

mardi 27 octobre 2009

St Grégoire le Grand, Offrir sa volonté




St Grégoire le Grand, évêque et pape

Aux yeux de Dieu, une main n'est jamais vide de présents si le coeur est plein d'un trésor de bonne volonté, ce qui fait dire au psalmiste : "En moi, Dieu, sont les voeux dont je m'acquitterai, louanges pour toi, Ps 55, 13. Cela revient à dire en clair : même si, au-dehors, je n'ai pas de présent à t'offrir, je trouve pourtant au-dedans de moi-même quelque chose à déposer sur l'autel de ta louange, car, si tu ne te nourris pas de nos dons, tu te laisses apaiser par l'offrande du coeur. On ne peut rien offrir à Dieu de plus précieux qu'une bonne volonté. Or la bonne volonté, c'est redouter les revers pour un autre comme pour nous-mêmes, nous réjouir du succès du prochain comme de notre propre réussite ; c'est croire nôtres les pertes d'autrui, compter comme nôtres ses profits ; c'est aimer un ami non pour le monde mais pour Dieu, supporter un ennemi jusqu'à l'aimer ; c'est ne faire à personne ce qu'on ne voudrait pas subir, ne refuser à personne ce qu'on est en droit de désirer ; c'est non seulement courir au secours de notre prochain selon nos forces, mais vouloir lui être utile au-delà même de nos forces."

Grégoire le Grand : Homélies sur l'Evangile, V, 3.

mardi 20 octobre 2009

Le secret de la mort, Khalil Gibran



Khalil Gibran est né en 1883, à Bécharré, au Liban, dans une très ancienne famille chrétienne. Il fut l'un des pionniers du réveil des lettres arabes à la fin du XIXe siècle.

Vous voudriez connaître le secret de la mort. Mais comment le trouverez-vous sinon en le cherchant dans le cœur de la vie ?
La chouette dont les yeux faits pour la nuit sont aveugles au jour ne peut dévoiler le mystère de la lumière.
Si vous voulez vraiment contempler l'esprit de la mort, ouvrez amplement votre cœur au corps de la vie. Car la vie et la mort sont un, de même que le fleuve et l'océan sont un.
Dans la profondeur de vos espoirs et de vos désirs repose votre silencieuse connaissance de l'au-delà;
Et tels des grains rêvant sous la neige, votre cœur rêve au printemps.
Fiez-vous aux rêves, car en eux est cachée la porte de l'éternité.

Car qu'est-ce que mourir sinon se tenir nu dans le vent et se fondre dans le soleil?
Et qu'est-ce que cesser de respirer, sinon libérer le souffle de ses marées inquiètes, pour qu'il puisse s'élever et se dilater et rechercher Dieu sans entraves ?

C'est seulement lorsque vous boirez à la rivière du silence que vous chanterez vraiment.
Et quand vous aurez atteint le sommet de la montagne, vous commencerez enfin à monter.
Et lorsque la terre réclamera vos membres, alors vous danserez vraiment.


Source : Khalil Gibran. Le prophète. Casterman, 1983.

mercredi 14 octobre 2009

Ste Thérèse d'Avila, Trouver le Christ Jésus,


15 octobre
fête de sainte Thérèse d'Avila
1515-1582
Docteur de l'Eglise
Réformatrice du carmel
Trouver une compagnie, le Christ Jésus


Regarder le Christ

Pour prier comme il faut, vous devez /…/ trouver une compagnie. Mais quelle meilleure compagnie que celle du Maître lui-même qui vous a enseigné la prière que vous allez réciter ? Imaginez que le Seigneur est tout prés de vous, et regardez avec quel amour et avec quelle humilité il vous instruit. Croyez-moi, faites tout votre possible pour ne jamais vous séparer d’un si bon ami. Si vous vous habituez à le garder près de vous, et s’il voit que vous le faites avec amour et que vous vous efforcez de le contenter, vous ne pourrez plus, comme on dit, vous en débarrasser. Il ne vous manquera jamais, il vous aidera dans toutes vos difficultés, il sera partout avec vous. Pensez-vous que ce soit peu de chose que d’avoir un tel ami à vos côtés ? /…/ Je ne vous demande pas de penser à lui, ni de forger quantité de concepts ou de tirer de votre esprit. Je ne vous demande que de le regarder. Qui peut vous empêcher de tourner les yeux de l’âme, ne serait-ce qu’un instant si vous ne pouvez davantage, vers lui ? /…/ Mes filles, votre Époux ne vous quitte jamais des yeux. Il a supporté de votre part mille choses laides et abominables, et ces offenses contre lui n’ont pas suffi pour qu’il détournât de vous ses regards. Est-ce donc beaucoup que vous détourniez les yeux de l’âme des choses extérieures pour les porter quelquefois sur lui ? Songez, comme il le dit à l’Épouse, qu’il n’attend de vous qu’un regard ; vous le trouverez tel que vous le désirerez. Il estime tant ce regard que, de son côté, il ne négligera rien pour l’avoir.

Le chemin de perfection XXVI,1-3 texte Escorial, numérotation Valladolid

mardi 6 octobre 2009

St Bruno, fondateur des Chartreux

fête de St Bruno 6 octobre
La scène représente la vie de Saint Bruno qui, en Reggio en Calabre, refuse la crosse et la mitre du Pape Urbain II. Saint Bruno est né entre 1030 et 1040 à Cologne et mort en 1101 en Calabre. Il est envoyé par ses parents à l'école de Reims, où il s'adonne avec un tel succès à l'étude de la philosophie et de la théologie, que l'archevêque Gervais lui confie la haute direction des études de son diocèse, et le nomme chanoine de son église. Convaincu de la vanité des choses d'ici bas et résolu à se livrer désormais, dans la retraite, à la vie contemplative, Bruno se réfugie avec quelques uns de ses amis à Saisse-Fontaine, dans le diocèse de Langres. Puis il part pour Grenoble. Saint Hugues, évêque de cette ville, l'accueille avec empressement et le conduit vers 1080 dans le désert appelé la Chartreuse. Bruno y bâtit un oratoire et quelques cellules où va prendre naissance le célèbre ordre de '' La Chartreuse ''.Ce tableau, classé à l'inventaire des Monuments Historiques, est un don de l'hôpital de Pont-Audemer de 2001. Il a été Restauré en 2004 pour la réouverture du musée Canel.


Lettre à un ami, Raoul-le-Verd, prévôt de Reims

… Nous jouissons de la santé du corps et nous voudrions pouvoir en affirmer autant de la santé de l’âme. Notre état extérieur est satisfaisant et répond à nos désirs ; mais ce que je souhaite et ce que je demande, c’est que la divine Miséricorde étende sa main pour guérir toutes les infirmités de mon intérieur, et pour me rassasier de ses biens.

J’habite un désert situé en Calabre et assez éloigné de tout voisinage des hommes. J’y suis en compagnie de mes frères religieux, dont quelques uns ont une grande science. Leurs efforts tendent à prolonger sans relâche les saintes veilles et à rester dans l’attente du Seigneur…

Comment pourrai-je parler dignement de notre sollicitude, avec sa riante situation, avec son air doux et tempéré ?... Nous ne manquons ni de jardins fertiles, ni d’arbres aux fruits nombreux et variés. Mais pourquoi m’arrêter là-dessus ? L’homme sage a d’autres plaisirs plus délicats et plus utiles qu’il trouve en Dieu. Pourtant, quand l’âme a été fatiguée par une rude discipline et par des études spirituelles, il est bon qu’elle puisse se relever et respirer, car si l’arc est toujours tendu, il se relâche et devient inutilisable.

Quant au profit et à la joie qu’apportent la solitude et le silence à ceux qui les aiment, seuls ceux qui l’ont expérimenté le savent. C’est là que des hommes généreux peuvent rester en eux-mêmes autant qu’il leur plaît, habiter avec eux-mêmes, cultiver sans relâche, les germes de vertus, et savourer avec bonheur les fruits du paradis. Là s’acquiert ce regard plein de sérénité, cet œil pur et lumineux qui voit Dieu. Là, le repos s’unit au travail, l’activité est sans agitation ni trouble. Là, Dieu, en retour des combats que soutiennent pour lui ses amis, leur donne la Paix qu’ils désirent, la Paix que le monde ignore et la Joie du Saint Esprit…

Ah ! Plaise à Dieu, frère bien-aimé, que vous soyez épris de tant d’attraits, et que vous sentiez l’amour de Dieu réchauffer et brûler votre cœur ! Si une fois cette passion s’empare de vous, vous mépriserez aussitôt les charmes de la gloire mondaine et vous rejetterez aisément le fardeau des richesses qui accablent l’esprit de tant de soucis…

Je vous souhaite ardemment de vivre en bonne santé jusqu’à un âge avancé, sans oublier nos avis ni le vœu que vous avez fait… Adieu !

Son action et son œuvre par l’abbé Gorse, 1902, 230-234.

mercredi 30 septembre 2009

Revenons à l'évangile, P. Picard François, AA


François Picard, assomptioniste, est né le 1er octobre 1831 à Saint Gervasy dans le Gard. Il est disciple et successeur du Père d'Alzon. Toute la vie du Père François Picard est marquée par l'engagement : engagement au service des Assomptionistes, au service de l'Eglise dans une fidélité absolue aux successeurs de Saint-Pierre, engagement au service de la patrie, engagement pour restaurer le règne de Dieu dans une société en pleine mutation. Mais, ne nous trompons pas : ce qui sous-tend chacune de ses actions, de la plus ordinaire, de la plus simple, de la plus discrète à la plus hardie, à la plus constataire, à la plus spectaculaire, c'est son premier et total engagement pour Dieu fondé sur sa foi. De cela découle tout le reste. Il décède à Rome le 16 avril 1903.


Pour aimer Jésus Christ, il faut le connaître, et pour le connaître, il faut étudier ses perfections. Elles nous sont révélées dans les Saintes Écritures, dont le but est Jésus Christ. Je peux étudier Jésus Christ soit dans sa doctrine, soit dans ses mystères, soit dans les actes de sa vie ».

La vie de Notre Seigneur est consignée dans les Saintes Écritures, mais plus particulièrement dans l’Évangile. A proprement parler, l’Évangile n’est pas autre chose que la vie de Notre Seigneur retracée par les quatre Évangélistes. Ils n’ont eu qu’une pensée : faire connaître la vie de notre divin Maître, aussi se complètent-ils les uns les autres. Ils n’ont pas eu la prétention de raconter toutes les paroles, tous les actes et tous les enseignements de la vie de Notre Seigneur, mais il existe assez de faits et de paroles dans l’Évangile pour que nous puissions nous pénétrer de la vie de notre divin Maître. C’est l’Évangile que vous devez consulter si vous voulez entrer réellement dans la vie de notre divin Sauveur…

C’est vers l’Évangile que vous devez revenir sans cesse. Les livres qui parlent de Notre Seigneur abondent : il y en a de très bons comme ceux des Pères de l’Église, les écrits des premiers siècles ou des grands prédicateurs comme Bossuet et les autres ; la doctrine de Notre Seigneur est bien exprimée dans ces livres, mais aucun ne vaut l’Évangile. Il y a d’autres livres qui ont un grand succès à notre époque : dans les siècles d’affadissement, on aime les choses faibles, et à notre époque il s’est produit une floraison de petits livres traitant de petites dévotions. Dans les arts, vous avez toutes ces petites images dans lesquelles c’est une colombe qui boit dans un calice, deux colombes s’entrebaisent, toutes espèces de petites images ridicules qui ont beaucoup de vogue.


J’avoue que, quand je les rencontre, si elles m’appartenaient, je les détruirais. Il faut la tendresse, l’amour, mais non la tendreté, ni les minauderies quand il s’agit de l’amour et de l’imitation de Notre Seigneur. De même que ces images un peu grotesques, il y a beaucoup de livres qui, sans être absolument grotesques, ne méritent pas qu’on les lise. Le livre qui est le plus en vogue en ce moment, ce sont « les Paillettes d’or » ; il y a des gens en extase devant « les Paillettes d’or », ils ne peuvent pas rester un jour sans les lire et ils peuvent passer une année sans lire l’Évangile. Il y a beaucoup de livres très bons, mais en tête de tout, lisez l’Évangile.


Aimez l’Évangile, considérez-le comme le livre que vous devez savoir méditer, parce que c’est l’Évangile qui contient la doctrine de Notre Seigneur, et que si nous voulons bien connaître cette doctrine, c’est dans l’Évangile que vous devez la puiser.


Aimez l’Évangile, et, si vous le pouvez, apprenez l’Évangile. Vous n’aurez jamais de sujets de méditation aussi faciles et aussi féconds que l’Évangile. Apprenez l’Évangile, mais apprenez-le par la méditation ; pénétrez-vous de la doctrine de Notre Seigneur, selon qu’elle est contenue dans l’Évangile. Pour commenter la Parole, il n’y a rien de beau comme les Pères de l’Église. Ce sont eux qui, dans leur sainteté et leur science, ont écrit les commentaires les plus capables de faire du bien aux âmes et, parmi ceux que vous devez aimer le plus, c’est certainement Saint Augustin.
Commencez par l’Évangile de Saint Jean commenté par Saint Augustin.
Vous pourrez ensuite prendre Saint Matthieu avec les commentaires de Saint Jean Chrysostome.

Jésus a parlé et rien ne peut être plus lumineux, beau et fécond, que la Parole de Notre Seigneur lui-même ; toutes les fois que vous rencontrerez une de ses Paroles admirables, elle doit suffire à nourrir votre cœur, si vous demandez à la Bienheureuse Vierge Marie de vous faire comprendre le sens et de vous aider à vous en pénétrer.

Jésus a parlé. Nous ne pouvons pas diminuer la Parole de Notre Seigneur ; nous ne pouvons pas l’affaiblir. Nous rencontrerons quelques fois de ces traductions qui, sous prétexte de mettre Notre Seigneur à la portée de tout le monde, l’affaiblissent, l’amoindrissent, en font comme la destruction. Aimons-la dans sa simplicité, telle que l’Église nous la livre.

Jésus Christ étant comme Dieu l’éternelle Vérité, la Parole par excellence, plus je méditerai la Vérité divine, plus je m’approcherai de Jésus-Christ, de Dieu même.




Instruction du Père Picard aux Orantes, le 23 décembre 1896, Extrait, « Soyez saintes et joyeuses » pages 52-54.

mercredi 23 septembre 2009

Baudouin de Ford, Vivante est la Parole de Dieu

BAUDOUIN DE FORD (? - 1190)
Né d'une famille pauvre dans le sud-ouest de l'Angletterre, Baudouin fit ses études et peut-être enseigna à Exeter, dans le Devonshire. Archidiacre de Totnes en 1161, il résigna cette charge en 1169, pour entrer à l'abbaye de Ford. En 1175, il en fut élu abbé, et en 1180 fut promu à l'évêché de Worcester. En 1184, il devenait archevêque de Cantorbéry. Il accompagna, comme aumônier, son roi, Richard Coeur de Lion, à la croisade, et mourut à Tyr en 1190.

"Vivante est la parole de Dieu, efficace, et plus acérée qu'une épée à deux tranchants. [...] La Parole est donc efficace, et plus pénétrante qu'une épée à deux tranchants, quand elle est reçue avec foi et amour. En effet, qu'y a-t-il d'impossible pour celui qui croit ? Et qu'y a-t-il de rigoureux pour celui qui aime ? Quand s'élève la voix du Verbe, elle s'enfonce dans le coeur comme des flèches de combat qui déchirent, comme des clous fichés profondément, et elle pénètre si loin qu'elle atteint le fond le plus secret. Oui, cette Parole pénètre plus loin qu'une épée à deux tranchants, car il n'est pas de puissance ni de force qui puisse porter de coups aussi sensibles, et l'esprit humain ne peut concevoir de pointe aussi subtile et pénétrante. Toute la sagesse humaine, toute la délicatesse du savoir naturel sont loin d'atteindre son acuité".


Homélie sur la Lettre aux Hébreux, citée in Livre des jours, Office romain des lectures, Le Cerf - Desclée de Brouwer - Desclée - Mame, p. 1207.

mardi 15 septembre 2009

Saint Anselme Proslogion, 14, 16, 26


Saint Anselme (1033-1109), moine, évêque, docteur de l'Église

Mon intelligence demeure impuissante devant Ta Lumière ; elle est trop éclatante. L'œil de mon âme est incapable de la recevoir, et il ne supporte même pas de rester longtemps fixé sur elle. Mon regard est blessé par son éclat, dépassé par son étendue ; il se perd dans son immensité et reste confondu devant sa profondeur.

O Lumière souveraine et inaccessible ! O vérité totale et bienheureuse ! Que tu es donc loin de moi, et pourtant je suis si près de toi. Tu échappes presque entièrement à ma vue, tandis que je suis, moi, tout entier sous ton regard. En tout lieu rayonne la plénitude de Ta Présence, et je ne te vois pas. C'est en toi que j'agis et que j'ai l'existence, pourtant je ne puis atteindre jusqu'à toi. Tu es en moi, tu es tout alentour de moi et je ne puis te percevoir.

Je t'en prie, mon Dieu, fais que je te connaisse, fais que je t'aime pour que ma joie soit en toi. Et si je ne le peux pleinement en cette vie, puissé-je du moins y progresser tous les jours, jusqu'à parvenir à la plénitude. Qu'en cette vie ta connaissance croisse en moi, et qu'elle soit achevée au dernier jour ; que grandisse en moi ton amour et qu'il soit parfait dans la vie à venir, pour que ma joie, déjà grande ici-bas en espérance, soit alors achevée dans la réalité.

mercredi 9 septembre 2009

Nous l’aimons parce qu’il nous aime, St Augustin


Il n’est personne qui n’aime : mais qu’aime-t-on ? On n’exige pas que nous cessions d’aimer, mais que nous choisissions l’objet de notre amour. Or choisirions-nous si nous n’étions d’abord choisis ? Nous n’aimons que si nous sommes aimés les premiers. Ecoutez l’apôtre Jean : c’est lui que se penchait sur le cœur de son Maître et qui, en ce repas, buvait les célestes secrets. Cette boisson, cette ivresse heureuse lui inspirèrent ce mot : « Au commencement était la Paroles, Jean 1,1 ». Sublime humilité ! Enivrement spirituel ! Mais ce grand inspiré, c’est-à-dire ce grand prédicateur, en autres secrets qu’il puisa sur le cœur de son Maître, proféra celui-ci : « Nous l’aimons parce qu’il nous a aimés le premier, I Jn 4,10". C’était accorder beaucoup à l’homme que de dire en parlant de Dieu : Nous aimons. Nous, lui ? Des hommes, Dieu ? Des mortels, l’éternel ? Des pécheurs, le juste ? Des êtres fragiles, l’immuable ? Des créatures, le créateur ? Nous l’avons aimé ! Et comment l’avons-nous pu ? Parce que lui-même nous a aimés le premier. Cherche comment l’homme peut aimer Dieu, et tu ne trouveras rien d’autres que ceci : Dieu nous a aimés le premier. Celui que nous avons aimé s’est lui-même donné : il s’est donné pour que nous l’aimions. Qu’a-t-il donné pour que nous l’aimions ? L’apôtre Paul vous le dira plus clairement : « L’amour de Dieu, dit-il, s’est répandu en nos cœurs, Rm 5,5 ». Par qui ? Est-ce pour nous ? Non. Par qui alors ? Par l’Esprit Saint qui nous a été donné.


St Augustin, Extrait Sermon 34, sur le psaume 149, in A. Hamman, Les Pères de l’Eglise, DDB, 273-274

vendredi 4 septembre 2009

Retraite de Lectio 2009-2010


en silence

avec la Parole de Dieu
- enseignement et

accompagnement spirituel



- prière liturgique avec la communauté


Retraite en week-end
du vendredi 19h au dimanche après 14h

18 au 20 décembre
15 au 17 janvier 2010
19 au 21 février
19 au 21 mars
16 au 18 avril
21 mai au 24 mai
18 juin au 20 juin

Retraite de 3 ou 7 jours
Pour entrer en carême


du samedi 20 février 19 h
au samedi 27 février 2009 après-midi

dans la lumière de la Résurrection avec les Actes des Apôtres
du samedi 17 avril 19 h
au samedi 24 avril 2009 après-midi

avec Saint Luc
du samedi 3 juillet 19 h
au samedi 10 juillet après-midi


Retraite en ligne :

parcours guidé dans les évangiles du temps liturgique

pendant l’Avent
du dimanche 29 novembre à Noël

pendant le Carême
du mercredi des Cendres 17 février
au dimanche de Pâques 4 avril


La méthode proposée prend en compte
le temps dont dispose le retraitant.

Vivre le Triduum Pascal avec la communauté des Orantes
du Jeudi Saint 1er avril
au dimanche de Pâques 4 avril


Possibilité de retraite individuelle
avec accompagnement


Pour d'autres périodes, renseignez-vous.


Enseignement spirituel
aux groupes qui le souhaitent


Orantes de l’Assomption
Chemin de Noncienne
787830 BONNELLES
Tél 09 50 82 89 42
Email monique.giroux@laposte.net


L'argent ne doit pas être un obstacle,
Si vous avez une difficulté financière
partagez-la au moment de l'inscription

jeudi 23 juillet 2009

Lectio divina




La Lectio Divina - littéralement ''lecture divine'' - est une manière de lire la Bible qui cherche à s'accorder à ce qu'elle est profondément. Pour un croyant en effet, Juif ou chrétien, la Bible est à la fois paroles d'hommes et Parole de Dieu. Dans un contact patient, respectueux, voire amoureux du texte biblique, c'est le souffle même de cette Parole qui pénètre dans le corps de l'être humain, c'est sa ''divinité'' qui rejoint l'humanité, la façonne, la convertit, la transporte, l'ouvre aux autres et à l'Autre... De ce point de vue, la Lectio Divina pourrait s'appeler aussi ''Lecture sainte''.


L’abbé Nicétas disait de deux frères qu’ils s’étaient entendus pour habiter ensemble. Le premier avait décidé à part lui : « Tout ce que veut mon frère, je le fais ». Et l’autre avait également décidé : « Je ferai la volonté de mon frère ». Ils vécurent ainsi de longues années dans une grande charité. Voyant cela, l’Ennemi s’en vint à eux, résolu à les séparer. Se plaçant devant la porte il se montra à l’un sous l’aspect d’une colombe, et à l’autre sous l’aspect d’une corneille. Le premier dit : « Tu vois cette colombe ? » Et l’autre dit : « C’est une corneille ». Alors ils commencèrent à discuter et à se contredire l’un l’autre ; puis ils se levèrent et se battirent jusqu’au sang pour la plus grande joie de l’Ennemi ; Et ils se séparèrent. Mais après trois jours, ils revinrent à eux-mêmes et retrouvèrent leur sens. Se demandant pardon mutuellement, ils s’avouèrent ce que chacun pensait de l’oiseau qu’il avait vu. Ayant reconnu l’attaque de l’Ennemi, ils restèrent jusqu’à la fin sans se séparer ».

jeudi 9 juillet 2009

La prière est un miroir devant ta face, St Ephrem, IVe s


St Ephrem est né vers 306.

Il aime à développer les thèmes de la foi et de la vie intérieure.
Il est surnommé "la lyre du Saint Esprit". Son influence sur la liturgie byzantine et sur la liturgie syriaque dure encore.



La prière est un miroir devant ta face.
Que soient cernées, Seigneur, ta beauté et ta splendeur.
Que n'y ait point accès le Malin,
de peur qu'il ne laisse son empreinte et sa souillure.
Le miroir capte l'image de qui s'y profile :
Que nos pensées n'envahissent pas notre prière !
Puissent les mouvements de ton visage s'y imprimer
et que le miroir cerne ta beauté !

mardi 30 juin 2009

Tout doit prier en moi, Mère Isabelle, Fondatrice Orante de l'Assomption



décès de Mère Isabelle

le 3 juillet 1921 à Sceaux (92)


Quand on veut que l'eau coule vers un endroit défini, il faut creuser le sol pour lui donner un passage. De même, si nous voulons que nos pensées et nos aspirations soient transformées par la grâce, il faut creuser un chemin surnaturel dans nos âmes...

Ayez bien cette conviction que vous devez constamment prier... Ayez à coeur de chercher Dieu véritablement ; ne vous laissez pas aller à de petits mécontentements et à des craintes, laissez-vous pénétrer de la présence de Dieu et abandonnez-vous à lui comme à votre père. Si vous gardez des préoccupations, des désirs de paraître, de vous adonner davantage aux choses qui vous intéressent, alors vous ne creusez pas ce sentier qui doit vous conduire à l'union à Dieu.





Instructions sur l'oraison, 25 août 1917.

lundi 22 juin 2009

LA PAROLE A LA LUMIERE DES PERES DE L’EGLISE


« Ignorer les Ecritures , c’est ignorer le Christ »
disait Saint Jérôme, 342-420.

Il nous dit que la règle de Saint Pacôme prescrivait aux moines, « chaque dimanche, de ne s’adonner qu’à la prière et aux lectures. »



« Tu nous as fait pour Toi » murmurait Saint Augustin (345-430)

Il résume ainsi l’unité des Ecritures : « Dieu, qui est l’inspirateur et l’auteur des livres de l’un et l’autre Testaments, a fait, avec sagesse, en sorte que le Nouveau Testament fût caché dans l’Ancien et que l’Ancien Testament fût dévoilé dans le Nouveau. »

Il nous rassure : « C’est d’une manière cachée que Dieu parle, c’est dans le coeur qu’il dit beaucoup de choses ; une grande sonorité se produit là, dans le grand silence du coeur, quand il dit d’une grande voix : c’est moi ton salut. » et pour nous aider encore quand Dieu se tait, il dit : « Veux-tu être exaucé ? Sois pauvre. Que ce soit la détresse et non le ressentiment qui crie en toi. »

« Cherche à ne rien dire sans lui, dit Saint Augustin, et lui ne dira rien sans toi ».



« Lorsque je lis les Saintes Ecritures, c’est Dieu qui se promène avec moi dans le paradis ! » St Ambroise (339-397),






Cassien (350-432 env ) dit : « Le sens des mots ne nous est pas découvert par une explication, mais par l’expérience que nous en avons faite. Instruits par ce que nous sentons nous-mêmes, ce ne sont pas des choses que nous avons apprises par ouï-dire, mais nous en palpons pour ainsi dire la réalité pour les avoir perçues à fond. »

« C’est un regard sur Dieu seul, écrit Cassien, un grand feu d’amour. L’âme s’y fond et s’abîme en la sainte dilection et s’entretient avec Dieu, comme avec son propre père, très familièrement, dans une tendresse de piété toute particulière... »..

Saint Irénée ( mort vers 200 ) :« Il est impossible de vivre sans la vie, et il n’y a de vie que par participation à Dieu et cette participation consiste à voir Dieu et à jouir de sa plénitude... la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu Si déjà la révélation de Dieu par la création donne la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation de Dieu par le Verbe, donne-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu ».

lundi 15 juin 2009


suite 4/4 fin

Saint Grégoire le Grand

(v. 540-604),

pape et docteur de l'Église







4. L'homme n'est pas à la mesure de l'Esprit

Il y a disproportion entre ce que l'Esprit donne à entendre et la capacité de l'homme. Ce que l'Esprit fait voir en un instant au coeur du prophète, celui-ci ne peut l'exprimer d'un seul mot. L'Esprit-Saint lui fait voir une immensité ; la bouche de l'homme devra se multiplier pour en révéler quelque chose. La puissance de l'Esprit dépasse même la capacité des coeurs spirituels : il est le vin nouveau qui fait éclater les outres, fussent-elles neuves. Le prophète peut voir la grâce de l'Esprit-Saint à l'oeuvre dans le monde ; il voudrait bien voir sa gloire telle qu'elle est en elle­-même : c'est impossible. Tant qu'il demeure en cette vie et malgré tous ses efforts, l'homme ne peut voir la gloire de Dieu. L'Esprit ne donne de lui-même aux hommes qu'une connaissance limitée parce que leur fai­blesse ne leur permet pas de le recevoir tel qu'il est. Il se fait brise légère, mais c*est encore trop pour eux ; cette brise leur fait l'effet d'un vent violent. L'Esprit nous touche légèrement mais ce toucher nous fait chan­celer, sa lumière nous perturbe. La chair, en sa faiblesse, ne peut saisir les choses de l'Esprit ; l'homme n'est pas à la mesure des choses de Dieu ; l'être humain, conduit au-delà de ses limites pour les voir, ne peut en porter le poids, il peut en tomber malade.


5. La saveur de l'Esprit


L'Esprit-Saint est cependant réellement aussi brise légère : il sait s'in­troduire dans la conscience, s'adapter à la faiblesse de l'homme. Sa présence se manifeste comme un toucher, on pourrait dire comme une caresse. L'Esprit-saint est le doigt de Dieu

“Mais si c'est par l'Esprit de Dieu que j'expulse les démons, c'est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu'à vous”, Mt 12,28.

Dieu touche du doigt le coeur des saints quand il leur donne la grâce du Saint-Esprit. Celui dont le coeur a été rempli par l'Esprit goûte la saveur des biens célestes. On ne trouve délicieuses les nourritures terrestres que si l'on n'a pas encore connu le plaisir procuré par les réalités d'en haut. Percevoir la venue en soi de l'Esprit est une expérience ineffablement savoureuse. Ceux qui se gardent des désirs mauvais font l'expérience de cette saveur intérieure par la grâce de l'Esprit-Saint en entendant les paroles des prédicateurs : cette saveur les nourrit. Quand la grâce de l'Esprit-Saint se répand en nous, elle nous remplit de miel et de beurre :
“Il ne connaîtra plus les ruisseaux d'huile, les torrents de miel et de laitage”, Jb 20,17.

Le miel qui vient de l'air (qui vient du ciel) évoque la divinité et le beurre tiré de la chair symbolise l'Incarnation ; l'Esprit du Christ en effet remplit de joie celui à qui il fait goûter la douceur de la divinité et la foi en l'Incarna­tion : la connaissance profonde de Dieu est pour l'âme une nourriture délicieuse et la grâce de l'Incarnation un onguent mystérieux. L'Esprit-Saint mérite bien son nom de Paraclet ou consolateur.


mercredi 10 juin 2009


3/4. L'expérience de l'invisible

Insaisissable, l'Esprit laisse cependant des traces de son passage, il laisse dans le coeur une expérience de l'invisible. L'Esprit a été envoyé dans nos coeurs par le Fils unique du Père pout nous donner la vie, pour nous donner la possibilité de croire à ce que nous ne connaissons pas encore par expérience. En ce sens, l'Esprit est le gage de notre héritage

“C'est en lui que vous aussi, après avoir entendu la Parole de vérité, l'Évangile de votre salut, et y avoir cru, vous avez été marqués d'un sceau par l'Esprit de la Promesse, cet Esprit Saint qui constitue les arrhes de notre héritage, et prépare la rédemption du Peuple que Dieu s'est acquis, pour la louange de sa gloire”, Ep 1,13-14.

Par lui, nous ne pouvons plus douter de l’existence de l'invisible. Celui qui n'a pas encore atteint une foi aussi assurée doit faire confiance provisoire­ment à ceux qui par l'Esprit-Saint en font l'expérience.

Grégoire affirme donc deux choses qui semblent contradictoires :

1. D'une part, l'Esprit nous est donné comme témoin pour secourir notre foi parce que nous ne pouvons pas encore connaître d'expérience l'invisible. C*est une impossibilité radicale tant que dure l'encore de la vie présente. “Nous ne connaissons pas encore pleinement », dit ailleurs Saint Grégoire. Maintenant, nous avons le gage de l'Es­prit; alors, dans la patrie, nous parviendrons aux joies d'en haut. On nous donne un gage pour nous donner l'assurance qu'une promesse sera tenue et cela renforce la certitude de notre espérance.

“Lui qui nous a aussi marqués d'un sceau et a mis dans nos coeurs les arrhes de l'Esprit”, 2 Co 1,22.

“Et Celui qui nous a faits pour cela même, c'est Dieu, qui nous a donné les arrhes de l'Esprit”, 2 Co 5,5.

2. D'autre part, il y a des chrétiens, qui ont déjà par l'Esprit-Saint l'expérience de l'invisible ; l'Esprit-Saint en est pour eux plus que le garant ; ils ont reçu de l'invisible une connaissance aussi assurée que l'est celle donnée par la vue dans les choses de ce monde.
Les chrétiens ordinaires ont reçu par l'Esprit-Saint la certitude de l'invisible mais ils ne le connaissent pas encore d'expérience ; ils ont déjà la certitude de son existence puisqu'ils en ont touché le gage, mais ils n'ont que l'expérience du gage, ils n'ont pas celle de la réalité elle-même.
Les mystiques par contre sont des hommes qui ont de l'invisible la certitude que donne l'expérience de la vision.

Pour la plupart des chrétiens, l'invisible est objet de foi, pour les mystiques, il est objet d'expérience, quasi de constatation.

lundi 1 juin 2009

St Grégoire le Grand les Voies de l'Esprit Saint

2/4

2. La venue de l'Esprit est inopinée

La venue de l'Esprit est toujours inopinée. Aussi l'Ecriture dit-elle que l’Esprit tombe sur ceux qu'il visite. L'action de l'Esprit est rapide comme celle de l'éclair ; il est présent à tous et a chacun au même moment. L'Esprit de Dieu n'a pas besoin des détours du langage humain pour se faire comprendre ; les mots qu'il emploie sont comme des paroles ; en fait une force intérieure intime à l'homme ce qu'il doit faire. C'est l'Esprit qui dit au coeur de Philippe : “Rejoins ce char”, Ac 8,29 ; c'est lui qui fait entendre à l'esprit de Pierre : “Voici trois hommes qui te cherchent. Debout, descends et pars avec eux”, Ac 10,19-20. En un instant les coeurs sont mis au courant de ce qu'ils ignoraient.

Quand l’Esprit veut instruire quelqu'un, son action ne souffre aucun retard. Il lui suffit de toucher l'esprit de l'homme; son simple toucher enseigne tout. Le coeur est changé aussitôt qu'illuminé ; instantanément il n'est plus ce qu'il était et il devient ce qu'il n'était pas.

Grégoire affirme que l'Esprit ne s'attarde pas, il ne fait que passer ; nous ne voyons l'invisible que d'une manière furtive; sa contemplation est fugace. L'Esprit vient dans tous les fidèles ; sur le Christ seul il est demeuré d'une manière permanente et unique.

“Et moi, je ne le connaissais pas, mais celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau, celui-là m'avait dit: "Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est lui qui baptise dans l'Esprit Saint", Jn 1,33.

Chez les fidèles, il n'est pour ainsi dire que de passage ; on ne peut jouir à volonté et de manière continue des dons de l'Esprit. L'Esprit n'est qu'en visite dans les âmes. Cependant il faut ajouter que chez certains, parce que leur vie est pure, l'Esprit réside en permanence. Autre chose bien sûr est l'habitation de l'Esprit dans tous les baptisés : c'est lui qui donne la vie aux âmes et il est présent partout. L'Esprit se rend présent puis il se retire ; il est mobile, ainsi que le dit le Livre de la Sagesse.

“En elle est, en effet, un esprit intelligent, saint, unique, multiple, subtil, mobile, pénétrant, sans souillure, clair, impassible, ami du bien, prompt”, Sg 7,22. L’Esprit court parmi les parfaits ; s’il quitte leur coeur, ce n*est pas pour longtemps. Il se porte même à la rencontre de ceux qui ne le connaissent pas.

mercredi 27 mai 2009

Les voies de l'Esprit Saint St Grégoire le Grand



Le Pape Saint Grégoire le Grand
écrivant sous la dictée de l'Esprit Saint
6ème-7ème siècle

le texte sera publié sur 4 semaines

1/4 Les voies de l'Esprit sont mystérieuses
2/4 La venue de l'Esprit est inopinée
3/4 L'expérience de l'invisible
4/4 L'homme n'est pas à la mesure de l'Esprit
La saveur de l'Esprit

1. Les voies de l*Esprit sont mystérieuses

Les voies de l*Esprit sont mystérieuses. On ne sait comment viennent ses dons, ni d*où, ni quand. Grégoire cite plusieurs fois le verset : “L'Esprit souffle où il veut ; tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va”, Jn 3,8. Même celui qui a été illuminé par l'Esprit ne peut découvrir comment sa voix s'est introduite jusqu'à l'oreille de son coeur. Il est incapable de décrire les voies par lesquelles sa force invisible a pénétré en lui, comment il vient et comment il se retire.

Personne ne peut connaître d'avance les résultats d'ne prédica­tion ; personne ne peut prévoir dans quels coeurs entrera l'Esprit. Dieu sème dans les âmes d'ne manière incompréhensible. On ne voit pas l'ction de Dieu dans les coeurs, on ne voit pas comment il y entre, on ne connaît pas les voies qu'l prend pour les illuminer et cependant il les change. Nous voyons le résultat, nous ignorons le comment.
“Quelle voie prend la lumière pour se répandre ? » demande Dieu à Job, Jb 38,24. Cette voie est invisible à nos yeux, répond Grégoire.

La sagesse, comme l'Esprit, se répand secrète­ment dans les coeurs. La parole de l'Esprit se fait entendre sans bruit à l'oreille du coeur. C*est une parole à l'intérieur, c'est une voix qui ne fait pas de bruit mais qui donne la science au-dedans et instruit les coeurs, c'est une brise légère. Transmise sans bruit au coeur du croyant, la parole de l'Esprit est incommunicable. On peut percevoir son inspiration, non l'exprimer par des mots. N'est-ce pas le propre de l'expérience de ne pouvoir se transmet­tre ? On ne peut savoir ce qu*est une parole de l'Esprit-Saint si on ne l'a pas reçue.

mardi 19 mai 2009

St Augustin, L’Ascension du Seigneur


"Aujourd’hui notre Seigneur Jésus-Christ monte au ciel; que notre cœur y monte avec lui. Écoutons ce que nous dit l’Apôtre: Vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut: c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Le but de votre vie est en haut, et non pas sur la terre. De même que lui est monté, mais sans s’éloigner de nous, de même sommes-nous déjà là-haut avec lui, et pourtant ce qu’il nous a promis ne s’est pas encore réalisé dans notre corps.


Lui a déjà été élevé au dessus des cieux; cependant il souffre sur la terre toutes les peines que nous ressentons, nous ses membres. Il a rendu témoignage à cette vérité lorsqu’il a crié du haut du ciel : Saul, Saul, pourquoi me persécuter? Et il avait dit aussi: J’avais faim, et vous m’avez donné à manger. Pourquoi ne travaillons-nous pas, nous aussi sur la terre, de telle sorte que par la foi, l’espérance et la charité, grâce auxquelles nous nous relions à lui, nous reposerions déjà maintenant avec lui, dans le ciel?


Lui, alors qu’il est là-bas, est aussi avec nous; et nous, alors que nous sommes ici, sommes aussi avec lui. Lui fait cela par sa divinité, sa puissance, son amour; et nous, si nous ne pouvons pas le faire comme lui par la divinité, nous le pouvons cependant par l’amour, mais en lui.


Lui ne s’est pas éloigné du ciel lorsqu’il en est descendu pour venir vers nous; et il ne s’est pas éloigné de nous lorsqu’il est monté pour revenir au ciel. Il était déjà là-haut, tout en étant ici-bas; lui-même en témoigne: Nul n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme, qui est au ciel. Il a parlé ainsi en raison de l’unité qui existe entre lui et nous: il est notre tête, et nous sommes son corps. Cela ne s’applique à personne sinon à lui, parce que nous sommes lui, en tant qu’il est Fils de l’homme à cause de nous, et que nous sommes fils de Dieu à cause de lui.


C’est bien pourquoi saint Paul affirme: Notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, bien qu’étant plusieurs, ne forment qu’un seul corps. De même en est-il pour le Christ. Il ne dit pas: Le Christ est ainsi en lui-même, mais il dit: De même en est-il pour le Christ à l’égard de son corps. Le Christ, c’est donc beaucoup de membres en un seul corps. Il est descendu du ciel par miséricorde, et lui seul y est monté, mais par la grâce nous aussi sommes montés en sa personne. De ce fait, le Christ seul est descendu, et le Christ seul est monté ; non pas que la dignité de la tête se répande indifféremment dans le corps, mais l’unité du corps ne lui permet pas de se séparer de la tête."


De saint Augustin, sermon pour l’Ascension, 98, 1-2 (PLS 2, 494-495)

Prière
Dieu qui élèves le Christ au dessus de tout, ouvre nous à la joie et à l’action de la grâce, car l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire : nous sommes les membres de son corps, il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c’est là que nous vivons en espérance. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen


Préparé par le Département de Théologie Spirituelle deL’Université Pontificale de la Sainte-Croix
http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010525_agostino_fr.html

lundi 4 mai 2009

St Grégoire le Grand, Accueillir les événements est une ascèse

Paroles de Dieu, amour et Esprit-Saint chez Saint Grégoire le grand, Patrick CATRY, o.s.b., éditions de l’abbaye de Bellefontaine, Vie monastique n°17, 55-57

On s’interroge souvent aujourd’hui sur l’ascèse pour en récuser certaines formes dites traditionnelles. Il y a l’ascèse que l’homme s’impose lui-même, et il y a d’autre part cette immense ascèse qui consiste à accueillir les événements. La vie des justes est remplie d’adversités : c’est une constatation, mais c’est aussi une nécessité, affirme Saint Grégoire ; nous ne pouvons retourner aux joies éternelles que par les maux temporels. Ces maux temporels ne sont pas un désavantage ni un malheur ultime ; bien au contraire, l’adversité est un gain pour ceux qui sont bien disposés : les adversités sont fâcheuses mais utiles ; elles sont une aide.

Personne ne peut être parfait s’il n’a supporté patiemment le mal que lui infligent les hommes. Pas d’Abel sans Caïn ; pas de Joseph sans ses frères qui le vendent comme esclave, etc. Ceux-là sont vraiment bons qui peuvent garder leur bonté même au milieu des méchants. Pour que la vertu de Job arrivât à son comble, il était nécessaire qu’il souffrît de la part des hommes. La vertu de patience ne peut trouver à se manifester quand tout va pour le mieux. Est patient celui qui sait garder la rectitude de son espérance et louer Dieu même quand il est accablé par l’adversité.

Dans l’épreuve, l’homme apprend ce qu’il vaut en vérité. L’épreuve nous met en question. Ce n’est plus tellement l’homme qui interroge Dieu sur le bien-fondé de l’épreuve qui lui advient ; c’est l’épreuve qui le scrute et le soupèse. Personne ne sait ce qu’il vaut si ce n’est par l’épreuve. C’est alors qu’on voit en vérité la mesure de grâce que chacun a reçue. L’épreuve démolit la façade et manifeste l’intérieur. On y apprend combien on a progressé par la grâce de Dieu et combien on est faible par soi-même. L’épreuve nous éclaire et sonde notre cœur.

Les épreuves, en nous rabaissant à l’extérieur, nous rendent prudents à l’intérieur pour garder dans le silence les dons reçus… L’adversité a le pouvoir de transformer l’homme, de le renouveler intérieurement alors que l’extérieur pâtit ; et plus il souffre au dehors, plus il est comblé au-dedans des lumières de la vertu.
‘Encore que l’homme extérieur en nous s’en aille en ruines, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour’, 2 Cor 4, 16. L’adversité fortifie et l’expérience de la souffrance donne une certaine sensibilité pour compatir en vérité aux maux du prochain.

L’épreuve tend à désarçonner celui qu’elle atteint. Aussi les saints cultivent-ils une certaine prudence quand tout leur sourit, au temps de la paix et de la tranquillité. N’étant attachés à rien de ce qui est terrestre, soumis vraiment à Dieu seul, ils ne sont pas surpris par les épreuves. Ne se laissant pas corrompre par la prospérité, ils ne sont pas non plus abattus par l’adversité.

mercredi 29 avril 2009

Origène et la Parole


(v. 185 - v. 252/254)

"Moïse écrivit leurs étapes à cause de la parole du Seigneur", Nb 33,2. Il écrivit ces choses pour qu'en les lisant, nous voyions combien d'étapes nous attendent dans ce voyage vers le Royaume, que nous nous préparions à cette route, qu'à la vue du chemin que nous devons faire, nous ne laissions pas se consumer dans la paresse et l'inaction la durée de notre vie, pour que nous ne nous attardions pas dans les vanités de ce monde, pour que les jours ne s'enfuient pas ainsi, pour que le temps ne s'écoule pas sans que nous nous hâtions de couvrir la distance de ce voyage à faire, pour que nous ne défaillions pas en route, que nous ne subissions pas le sort de ceux qui ne purent arriver au bout et dont "les membres sont tombés au désert".

Nous sommes en voyage, nous ne sommes venus en ce monde que pour passer de " vertus en vertus", et non pour rester sur terre par amour des objets terrestres, comme celui qui disait : "Je détruirai mes greniers et j'en construirai de plus grands", Le 12,18. Ah ! que le Seigneur ne nous dise pas comme à lui : "Insensé, cette nuit, on te redemandera ton âme".
(Homélies sur les Nombres XXVII, 7)


A LA LUMIERE DES PERES DE L’EGLISE
« oubliant tout le reste, être disponible pour Dieu ».

« Ce n’est pas une fois seulement que mon Seigneur Jésus est venu sur terre : il est venu également à Isaïe, il est venu à Moïse, au peuple aussi et à chacun des prophètes, il est venu ; toi non plus ne crains point : même si tu l’as déjà reçu, il reviendra à toi. » dit Origène. Car la parole nous met en contact direct avec la personne de Jésus.

C’est ainsi qu’ Origène, lorsqu’il commente le Cantique des Cantiques, s’écrie : « la forme divine de Jésus n’est perceptible qu’à ceux à qui il veut la révéler et qui sont prêts à accueillir cette révélation. Lorsque l’épouse, c’est à dire l’Eglise, se convertissant à Dieu, fut dépouillée du voile qui l’enveloppait, 2 Co 3,16, elle aperçut son Bien Aimé sautant sur les montagnes - les livres de la loi- bondissant sur les collines - les écrits des prophètes- et cette manifestation est si évidente, si dépourvue de toute illusion qu’il n’est pas dit de l’Epoux qu’il apparaît, mais qu’il bondit, comme si, feuilletant les écrits des prophètes, elle avait vu le Christ s’en échapper et courir au devant d’elle, comme si, pour avoir quitté le voile qui la couvrait, elle voyait le Christ jaillir de chaque endroit du texte, s’élancer vers elle et lui manifester tout à coup une présence qu’elle ne peut plus mettre en doute. »

« la Parole de Dieu s’installe dans les entrailles de l’homme » selon Origène.
La « lectio » est écoute de la Parole de Dieu, mais surtout ouverture à une présence.

mardi 21 avril 2009

LA PEDAGOGIE DIVINE DE LA LECTIO DIVINA

3ème partie suite des 12 convictions 12/12

9. Accueil personnel et communautaire de la Parole de Dieu. La pédagogie de la Lectio Divina nécessite un engagement et une démarche personnelles, une implication de toute la personne qui trouvera son rythme quotidien d’accueil de la Parole de Dieu, en tenant compte des contraintes de son état de vie et de sa disponibilité réelle. Démarche personnelle ne veut cependant pas dire individuelle. La Lectio Divina a en effet besoin, pour s’épanouir, d’une communauté chrétienne avec qui la foi pourra être célébrée et la Parole de Dieu, reçue personnellement, pourra être partagée. Une communauté qui se rassemble pour vivre ensemble régulièrement un temps particulier de Lectio Divina, recevant ensemble la même Parole, où tous sont conviés ensemble à ce « repas de la Parole », soutient la fidélité de chacun dans sa démarche personnelle quotidienne et permet de s’offrir réciproquement telle ou telle Parole reçue et méditée.


10. Lectio divina et lectures de la Messe. Il est évidemment possible de s’appuyer, pour la Lectio Divina, sur les lectures proposées pour la liturgie de la messe quotidienne. Beaucoup vivent déjà ainsi la prière de la Parole et avec profit. Cependant, les lectionnaires liturgiques ne sont pas faits pour constituer un programme de Lectio Divina ; il serait plus juste de dire qu’ils la présupposent et en sont le prolongement dans la célébration communautaire des mystères divins. La lectio divina a en effet, nous venons de le souligner une pédagogie propre.


11. Parole de Dieu et Eucharistie. La liturgie eucharistique ne sépare pas l’accueil du Christ dans sa Parole et dans son Corps et son Sang. La contemplation, fruit de la prière de la Parole, et la Communion eucharistique se rejoignent et se nourrissent réciproquement. Ils célèbrent la présence réelle du Christ dans la vie du croyant, ils creusent la communion, dès « aujourd’hui », dans le Christ, avec le Père. L’Eglise offre au croyant, comme le rappelle saint Jérôme, de se nourrir de la chair et du sang du Christ non seulement dans le mystère de l’autel, mais aussi dans la lecture des Ecritures. De manière pédagogique, et sans réduire la Parole de Dieu à une simple étape préparatoire et secondaire, la démarche de la Lectio Divina peut s’accomplir dans l’adoration eucharistique et, plus encore, dans la participation à la messe.


12. Marie, modèle de l’accueil de la Parole de Dieu. Marie, dans les Evangiles, est toujours très étroitement liée à l’accueil de la Parole. Elle est celle qui médite la Parole qu’elle garde fidèlement en son cœur, Lc 2,19.51 ; 8,21. Elle a été suffisamment disponible pour répondre à l’ange : « Je suis la servante du Seigneur ; qu’il m’advienne selon ta Parole », Lc 1,38 et pour porter en elle le Verbe fait chair, afin de l’offrir au monde. Enfin, la Parole de Dieu, priée, méditée, enfouie en elle, lui a donné les mots pour exprimer sa prière dans le chant du Magnificat. Lorsque le vin manque au festin des hommes, la Mère de Jésus se tourne vers les servants du repas et leur dit – nous dit – : « Faites tout ce qu’il vous dira », Jn 2,5. Au pied de la Croix, la Mère de Jésus nous (si du moins nous nous reconnaissons comme « disciples bien-aimés ») est donnée pour mère ; nous lui sommes confiés comme ses enfants, Jn 19,26-27. La prière du chapelet, par exemple, nous invitant à parcourir les mystères de la vie du Christ avec Marie, peut ainsi être priée dans le prolongement de la Lectio Divina.