dimanche 31 août 2008

La Parole de Dieu engendre la vie

André Louf, né en 1929, cistercien trappiste, a été père abbé de l'Abbaye du Mont des Cats durant près de 36 ans. Il est l'une des grandes figures spirituelles de notre temps, aujourd'hui retiré ermitage, mais toujours attentif à la rumeur du monde. Plus que toute parole, toute poésie humaine, la Parole de Dieu est insondable et inépuisable.







"Appuie-toi sur la Parole de Dieu
pour devenir fidèle"







"Celui qui tente de la saisir ne peut que la réduire à ce qu’il est capable d’en percevoir.

Car la Parole de Dieu s’élève au-dessus de tout ce que l’homme peut en saisir dans l’aujourd’hui. Elle a sa vie propre et son histoire.

Toute Parole de Dieu ne pourra être mesurée qu’à la plénitude des temps. Elle ne cesse jamais d’accompagner l’Amour de Dieu pour le monde et de l’accomplir toujours à nouveau.

C’est pourquoi la signification de la Parole de Dieu ne peut être établie une fois pour toutes.

Cette Parole est pleine de vie et elle engendre la vie en celui qui l’écoute. Dans sa Parole, Dieu est constamment en train de créer.

En chaque liturgie, Il construit Son Eglise convoquée autour de la Parole.

En chaque croyant qui Lui ouvre son cœur et son esprit, Il creuse un abîme insoupçonné de connaissance et d’amour".

Père André Louf

mercredi 27 août 2008

La contemplation (extase) d’Ostie


Mercredi 27 août Sainte Monique

Mère de Saint Augustin, dont elle obtint la conversion par son affection discrète et sa prière contemplative. Elle mourut à Ostie en 387


Jeudi 28 août 2008 Saint Augustin

Après avoir mené une vie frivole, Augustin entreprit une longue quête de Dieu. Devenu évêque d'Hyppone, en Afrique du Nord, il fut un pasteur incomparable et un écrivain à la foi pénétrante. Il mourut en 430.


Si en quelqu'un faisait silence le tumulte de la chair,
silence les images de la terre et des eaux et de l'air,
silence même les cieux, et si l'âme aussi en soi faisait silence
et se dépassait ne pensant plus à soi,
silence les songes et les visions de l'imagination ;

si toute langue et tout signe
et tout ce qui passe en se produisant
faisaient silence en quelqu'un absolument
- car, si on peut les entendre, toutes ces choses dise :
“Ce n'est pas nous qui nous sommes faites
mais celui-là qui nous a faites demeure à jamais”.

cela dit, si désormais elles se taisaient
puisqu'elles nous ont dressé l’oreille
vers celui qui les a faites,
et s'il parlait lui-même, seul,
non par elles mais par lui-même,

et qu’il nous fît entendre son verbe
non par langue de chair, ni par voix d'ange,
ni par fracas de nuée, ni par énigme de parabole,
mais que lui-même, que nous aimons en elles,
lui-même se fit entendre à. nous sans elles,

- comme l'instant nous avons tendu nos êtres
et d'une pensée rapide nous avons atteint
l'éternelle sagesse qui demeure, au-dessus de tout -
si cela se prolongeait et que se fussent retirées
les autres visions d'un ordre bien inférieur,
et que celle-là seule ravît et absorbât et plongeât
dans les joies intérieures celui qui la contemple,
et que la vie éternelle fût telle qu'a été cet instant d'intelligence
après lequel nous avons soupiré...

N'est-ce pas cela que signifie :
“Entre dans la joie de ton Seigneur” ?
Et pour quand cette joie ? N'est-ce pas pour le jour
où nous ressusciterons tous sans être tous changés ?
Confessions 9,10.

lundi 25 août 2008

Le miroir de la Parole


La Lectio est toujours une lecture éminemment personnelle, en ce sens qu’elle implique un élément en quelque sorte subjectif : l’effort que chacun consent pour adapter à son cas ce que rapporte la Bible.

«Toutes ces choses qui sont ici écrites et mêlées, enseigne St Augustin – repris par Saint Grégoire – c’est le miroir de vous-même», Augustin, En. In Ps 33,III,1.

Le lecteur est invité à examiner s’il est conforme à ce que l’Ecriture présente à ses yeux ; et s’il ne l’est pas, il portera tous ses efforts à le devenir. La Parole de Dieu se révèle ici acte qui me dévoile, mais aussi qui fait émerger en vérité ma liberté singulière. «La découverte que réalise celui qui est assidu à la Lectio Divina, précise Enzo Bianchi, est celle d’être lu par la page biblique bien mieux, plus profondément et plus complètement, que lui-même ne lit la page biblique», Enzo Bianchi, « Les difficultés de la lectio divina », Revue La vie spirituelle, décembre 2001, 81ème année, N° 741, tome 155, p. 595-604. Au cœur du message universel, le Maître intérieur nous adresse un message personnel et unique qu’il revient à chacun d’individualiser, d’intérioriser.

«Sachez être contents de ce que pouvez comprendre, disait le Staretz Macaire, et tâchez de le mettre à l’œuvre ; alors ce qui demeurait caché se révélera à votre esprit».
La Parole n’est pas d’abord destinée à nous informer sur Dieu ; elle veut avant tout, nous transformer selon la forme du Christ. «Lire, écrit Nicole Fabre, ce n’est pas d’abord vouloir comprendre, mais consentir à être transformé, engendré par la Parole de Celui qui se révèle. Dire cela, c’est aussi dire que la vérité de cette parole n’est ni dans la lettre, ni dans l’expérience que nous en faisons, mais reste à jamais dans la personne même du Fils».

Toute vie ainsi renouvelée appelle à une action conforme, c’est-à-dire une conversion de l’agir :
«Une vie bonne, conduite à partir des commandements de Dieu, dit encore Augustin, est comme un stylet écrivant dans le cœur ce qu’on entend. Si l’on écrivait dans la cire cela s’effacerait facilement : écrivez-le dans vos cœurs, par votre manière de vivre, et jamais cela ne s’effacera», Augustin, En. In Ps 93,30.

Joseph-Marie Verlinde, Initiation à la Lectio Divina, Parole et silence, 198-199.

vendredi 22 août 2008

La lectio est une lecture de Dieu

« La Parole vit en nous, elle s’enrichit de résonances et d’harmoniques provenant des autres passages déjà mémorisés, et dans cette communion qui s’établit entre elle et nous, la symphonie divine de la Parole alimente notre propre substance de la substance même du texte : « C'est que, comme descend la pluie ou la neige, du haut des cieux, et comme elle ne retourne pas là-haut sans avoir saturé la terre, sans l'avoir fait enfanter et bourgeonner, sans avoir donné semence au semeur et nourriture à celui qui mange, ainsi se comporte ma parole du moment qu'elle sort de ma bouche: elle ne retourne pas vers moi sans résultat, sans avoir exécuté ce qui me plaît et fait aboutir ce pour quoi je l'avais envoyée », Isaïe 55,10-11.

L’homme devient semblable à ce qu’il regarde, devient ce qu’il contemple ou ce qu’il fréquente. La lectio est une lecture de Dieu avec des yeux d’épouse et un cœur d’Eglise ; une lecture transformante qui nous évangélise et nous convertit. C’est dans la mesure où l’âme s’occupe des choses spirituelles que ses préoccupations deviennent spirituelles et divines. Voilà pourquoi la pratique de la lectio divina devrait tenir une si large place dans la vie du chrétien » : « Ces paroles que je vous dis, mettez-les dans votre cœur et dans votre âme, attachez-les à votre main comme un signe, à votre front comme un bandeau », Dt 11,18.

Joseph-Marie Verlinde, Initiation à la Lectio Divina, Parole et silence, 2002,202.

jeudi 7 août 2008

La Parole de Dieu, source inépuisable

La Parole de Dieu est un arbre de vie

« Vous scrutez les Ecritures…; or ce sont elles qui me rendent témoignage », Jn 5,39.

“Qui donc est capable de comprendre toute la richesse d'une seule de tes paroles Seigneur ?
Ce que nous en comprenons est bien moindre que ce que nous en laissons, comme des gens assoiffés qui boivent à la source.
Les perspectives de ta Parole sont nombreuses, comme sont nombreuses les orientations de ceux qui l’étudient.

Le Seigneur a coloré sa Parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puissent contempler ce qu'il aime.
Dans sa Parole, il a caché tous les trésors pour que chacun de nous trouve une richesse dans ce qu'il médite.

La Parole de Dieu est un arbre de vie, qui de tous côtés, te présente des fruits bénis ; elle est comme ce rocher qui s'est ouvert dans le désert pour offrir à tous les hommes une boisson spirituelle, 1 Co 10,3 ; Ex, 17,1s.

Celui qui obtient en partage une de ces richesses ne doit pas croire qu'il y a seulement dans la Parole de Dieu ce qu'il y trouve. Il doit comprendre, au contraire, qu'il a été capable d'y découvrir une seule chose parmi bien d'autres. Enrichi par sa Parole, il ne doit pas croire que celle-ci est appauvrie : incapable de l'épuiser, qu'il rende grâce pour sa richesse.

Réjouis-toi parce que tu es rassasié, mais ne t'attriste pas de ce qui te dépasse. Celui qui a soif se réjouit de boire, mais il ne s'attriste pas de ne pouvoir épuiser la source.
Que la source apaise ta soif, sans que ta soif épuise la source.
Rends grâce pour ce que tu as reçu et ne regrette pas ce qui demeure inutilisé. Ce que tu as pris et emporté est ta part: mais ce qui reste est aussi ton héritage. Ce que tu n'as pas pu recevoir aussitôt à cause de ta faiblesse, tu le recevras une autre fois, si tu persévères.
N'aies donc pas la mauvaise pensée de vouloir prendre d'un seul trait ce qui ne peut être pris en une seule fois, et ne renonce pas par négligence à ce que tu es capable d'absorber peu à peu”.

Saint Ephrem, 4ème siècle