samedi 20 octobre 2012


Saint Augustin, De Trinitate 5, 1, 2

La foi
Pour une foi fervente, celle que brûle la grâce de son Créateur et Sauveur, il n'y a pas d'impertinence à s'éprendre du divin et de l'ineffable qui nous dépasse. Mais dans quel acte d'intelligence l'homme saisit-il Dieu, lui qui ne saisit même pas sa propre intelligence avec laquelle il prétend saisir Dieu ?
Eh bien, ce que nous ne trouvons pas dans ce qu'il y a de meilleur en nous, nous ne devons pas le rechercher dans Celui qui est bien meilleur que ce qu'il y a de meilleur en nous.

Concevons donc Dieu, si nous pouvons, autant que nous le pouvons,
bon sans qualité,
grand sans quantité,
Créateur sans nécessité,
au premier rang, mais sans place,
enveloppant tout, mais sans être extérieur,
partout présent, mais non localement,
éternel, mais hors du temps,
auteur des choses changeantes sans changer Lui-même,
étranger à toute contrainte.

Quiconque conçoit Dieu de cette façon-là, qu'il veille, pour autant qu'il le peut, à ne pas attribuer à Dieu ce que Dieu n'est pas.

mercredi 10 octobre 2012

La crainte de Dieu est le commencement de la vertu








Isaac le Syrien (7ème siècle)

86 discours ascétiques

 

 



Tel est le commencement du chemin de la vie : toujours méditer les Paroles de Dieu, et demeurer dans la pauvreté. L'intelligence qui est irriguée par l'étude des Paroles de Dieu aide à parvenir à la pauvreté. Réciproquement accéder à la dépossession donne le loisir de s'adonner à l'étude des Paroles de Dieu.

Nul ne peut approcher Dieu s'il ne s'éloigne pas du monde. Telle est la vertu : que l'intelligence cesse de s'occuper des choses du monde. Le cœur ne peut découvrir la sérénité ni se dégager de tout ce qu'il imagine, tant qu'agissent les sensations. Sans le désert, ni les passions du corps ne disparaissent, ni les mauvaises pensées ne s'effacent.

Quand la grâce a augmenté en l’homme, dès lors qu’il craint Dieu, il trouve dans son âme de nombreuses raisons de supporter le malheur. Ce qui le fait souffrir est tenu pour rien à ses yeux en comparaison de ce qu’il espère dès maintenant. Dieu permet que nous soyons tentés : il n’est pas possible autrement que nous connaissions la vérité.

Dieu veille sur l’homme. Il n’est pas un homme qui ne soit sous son regard, et surtout ceux qui sont partis à sa recherche et souffrent pour Lui. Mais quand l’homme s’est par trop privé de la grâce, alors toutes les choses contraires se trouvent devant lui. La connaissance par laquelle il examine le monde, lui est plus grande que la foi. Il considère qu’il n’y a pas lieu de se confier à Dieu en tout.

Le commencement de la vraie vie de l’homme est la crainte de Dieu. Mais cette crainte ne saurait demeurer dans l’âme en même temps que la distraction. Le cœur est détourné du plaisir de Dieu par le service des sens. Dans ce qu’elles sentent, les pensées du cœur sont liées aux sens qui les servent.

Quand le désir de la chair l’emporte, les nombreux obstacles qui entourent ce que tu désires empêchent d’être intrépide. Celui qui recherche les honneurs du monde ne peut échapper aux causes de la tristesse. L’homme chaste est celui qui dans la vérité de son cœur, assagit la vision de son intelligence afin que celle-ci ne tende pas vers l’intempérance. Sa pudeur est suspendue comme un voile dans le lieu secret de ses pensées. Rien n’est plus capable de rejeter de l’âme les présomptions de l’intempérance et de chasser les souvenirs qui viennent se lever dans la chair et l’embraser d’une flamme trouble, que de se plonger dans le désir de l’instruction et de rechercher le sens profond de l’Écriture. 

Et l’âme est prise par ce qu’elle rencontre de nouveau sur l’océan des mystères de l’Écriture.