mardi 26 octobre 2010

Saint Bernard de Clairvaux, homélie pour la Toussaint



Dans un langage quelque peu d'une autre époque, saint Bernard nous dit une chose essentielle. Les saints ne sont pas faits que pour être admirés! Nous sommes tous appelés à faire partie de "la foule immense des témoins" dont le grand bonheur est de voir un jour le visage du Seigneur et d'être semblable à lui (1 Jn 3,2). Tel est le sens de la fête de la Toussaint célébrée le 1er novembre.


Saint Bernard de Clairvaux
Pourquoi notre louange à l'égard des saints, pourquoi notre chant à leur gloire, pourquoi cette fête même que nous célébrons ? Que leur font ces honneurs terrestres, alors que le Père du ciel, en réalisant la promesse du Fils, les honore lui-même ? De nos honneurs les saints n'ont pas besoin, et rien dans notre culte ne peut leur être utile. De fait, si nous vénérons leur mémoire, c'est pour nous que cela importe, non pour eux. [...] Pour ma part, je l'avoue, je sens que leur souvenir allume en moi un violent désir [...]
Le premier désir, en effet, que la mémoire des saints éveille, ou plus encore stimule en nous, le voici : nous réjouir dans leur communion tellement désirable et obtenir d'être concitoyens et compagnons des esprits bienheureux, d'être mêlés à l'assemblée des patriarches, à la troupe des prophètes, au groupe des Apôtres, à la foule immense des martyrs, à la communauté des confesseurs, au chœur des vierges, bref d'être associés à la joie et à la communion de tous les saints. [...] Cette Église des premiers-nés nous attend, et nous n'en aurions cure ! Les saints nous désirent et nous n'en ferions aucun cas ! Les justes nous espèrent et nous nous déroberions !

Réveillons-nous enfin, frères ; ressuscitons avec le Christ, cherchons les réalités d'en haut ; ces réalités, savourons-les. Désirons ceux qui nous désirent, courons vers ceux qui nous attendent, et puisqu'ils comptent sur nous, accourrons avec nos désirs spirituels. {...] Ce qu'il nous faut souhaiter, ce n'est pas seulement la compagnie des saints, mais leur bonheur, si bien qu'en désirant leur présence, nous ayons l'ambition aussi de partager leur gloire, avec toute l'ardeur et les efforts que cela suppose. Car cette ambition-là n'a rien de mauvais : nul danger à se passionner pour une telle gloire. [...]

Et voici le second désir dont la commémoration des saints nous embrase : voir, comme eux, le Christ nous apparaître, lui qui est notre vie, et paraître, nous aussi, avec lui dans la gloire. Jusque-là, il ne se présente pas à nous comme il est en lui-même, mais tel qu'il s'est fait pour nous : notre Tête, non pas couronnée de gloire, mais ceinte par les épines de nos péchés [...] Viendra le jour de l'avènement du Christ : alors on n'annoncera plus sa mort de manière à nous faire savoir que nous aussi sommes morts et que notre vie est cachée avec lui. La Tête apparaîtra dans la gloire, et avec elles les membres resplendiront de gloire, lorsque le Christ restaurera notre corps d'humilité pour le configurer à la gloire de la Tête, puisque c'est lui la Tête.


Cette gloire, il nous faut la convoiter d'une absolue et ferme ambition. [...] Et vraiment, pour qu'il nous soit permis de l'espérer, et d'aspirer à un tel bonheur, il nous faut rechercher de tout cœur l'aide et la prière des saints : ce qui est au-dessus de nos forces puisse-t-il nous être donné par leur intercession !

Homélie de St Bernard pour la Toussaint (Ed. cistersienne, 5, 364-368)

dimanche 17 octobre 2010

Saint Grégoire de Nazianze, C'est en toi que nous reposons


Saint Grégoire de Naziance,
archevêque de Constantinople,
docteur de l'Eglise. 389."

Il aima les livres,
il aima les savants, mais les livres et les savants qui parlaient de Dieu."Rorhbacher.

Oeuvres poétiques :

"Vers du même. Sur la route", "Les Belles Lettres", 2004, p.46

C'est en toi que nous reposons, Verbe de Dieu,
quand nous restons chez nous : à toi nous attachons notre loisir.
Assis, nous sommes à toi ; à toi en nous levant et en nous arrêtant ;
à toi encore quand nous partons ; et maintenant,
c'est sur tes indications que nous marchons droit devant nous.
Mais puisses-tu m'envoyer l'un de tes anges pour me guider,
un accompagnateur favorable
qui me conduirait au moyen d'une colonne de feu et de nuée,
qui d'un mot fendrait la mer et arrêterait les cours d'eau,
qui dispenserait avec largesse une nourriture venue d'en haut comme d'en bas.
La croix, tracée par mes mains, réfrénerait l'audace des ennemis…

lundi 11 octobre 2010

Thérèse d'Avila, Distractions

Fête de Thérèse d'Avila le 15 octobre.

- Elle est née en Espagne, à Avila le 28 mars 1515
- En1531, elle prend l’habit religieux au monastère de l’Incarnation des Carmélites d’Avila en Espagne.
- Le père Garcia de Tolédo, dominicain  lui demande de décrire ces "phénomènes spirituels" dans un livre qui  relatera aussi sa vie quotidienne,et la façon dont elle pratique l’oraison. Ce  livre a été écrit en 1562 et s’intitule :« Thérèse d’Avila ,vie écrite par elle même », traduit de l’espagnol par le père Grégoire de Saint Joseph, Editions du Seuil,1949,1995.)
- Elle est béatifiée en 1614 et proclamée docteur  de l’Eglise par l’Eglise catholique

1. Distractions


Il ne s’agit pas de beaucoup penser (à l’oraison), mais de beaucoup aimer. Donc, tout ce qui vous incitera à aimer davantage, faites-le. Nous ne savons peut-être pas ce que c’est qu’aimer, je n’en serais pas très étonnée. Or il ne s’agit pas de goûter le plus grand plaisir, mais d’avoir la plus forte détermination de désirer toujours contenter Dieu, de chercher, autant que possible, à ne pas l’offenser, de le prier de faire toujours progresser l’honneur et la gloire de son Fils, et grandir l’Église Catholique. Telles sont les marques de l’amour, mais ne croyez pas qu’il s’agisse de ne pas penser à autre chose, et que si vous êtes un peu distrait, tout est perdu. Ces tumultes de la pensée m’ont parfois bien oppressée. Depuis un peu plus de quatre ans, j’ai enfin compris, par expérience, que la pensée, ou, pour mieux me faire comprendre, l’imagination, n’est pas l’entendement. Je l’ai demandé à un homme docte. Il m’a dit qu’il en était ainsi, pour ma plus grande satisfaction. Comme l’entendement est l’une des facultés de l’âme, il m’était dur de le voir parfois si papillonnant. Il est habituel que la pensée s’envole soudain, Dieu seul peut la lier. /…/ De même que nous ne pouvons pas retenir le mouvement du ciel qui va vite, à toute vélocité, nous ne pouvons pas davantage retenir notre pensée. L’associant aux autres facultés de notre âme, nous croyons que nous sommes perdues et que nous faisons mauvais usage du temps que nous passons devant Dieu. Mais l’âme, d’aventure, est tout unie à lui dans les Demeures les plus intérieures tandis que la pensée (l’imagination), encore aux alentours du château, en proie à mille bêtes féroces et venimeuses, acquiert des mérites par ses souffrances. Cela ne doit donc pas nous troubler, ni nous inciter à abandonner.

Le château intérieur, quatrièmes Demeures, chapitre I,7-9

mardi 5 octobre 2010

Catéchisme hollandais pour adultes, méditation et contemplation

Méditation et contemplation
Extrait du catéchisme hollandais
pour adultes

Celui qui veut progresser sans cesse dans la connaissance de Dieu en viendra à fixer sur lui sa réflexion. Il s'agenouille. Il pense aux paroles d'une prière, les reprend mot pour mot (le Notre Père, un psaume, par exemple) ou bien il réfléchit à un récit de l'évangile ou à un certain comportement (la patience, la serviabilité...).. Il en parle avec Dieu. De cette réflexion, il retire lumière, force et amour. "Méditation" est le nom donné à cette forme de prière et nul ne saura jamais quel rôle important elle a joué dans le progrès de l'humanité, dans la croissance de la bonté sur terre.

Celui qui médite régulièrement depuis des années ("essaie de méditer", corrigera celui qui le fait) découvre à un moment donné que la méditation lui est devenue tout à fait impossible. Il essaie de se concentrer, mais sans succès. Il veut pourtant prier. Son coeur veut être près de Dieu, veut être attentif à la profondeur divine de la réalité. Parfois il éprouvera de la sécheresse, oui, un sentiment d'aversion et de totale misère. Et pourtant, quelque chose en lui veut continuer à prier. Il expérimente très fortement qu'il est agi plutôt qu'il n'agit. Parfois aussi c'est la paix de Dieu qui l'emplira. Il est alors en quelque sorte transporté. Il éprouve que Dieu est près de lui.

Dans cette prière la réflexion tient alors une moins grand place; c'est la prière de repos (oraison de quiétude). De la méditation, la prière glisse vers la contemplation. Celui qui a consacré beaucoup de temps à la méditation atteindra ce stade. Parvenus à cette étape, certains croient qu'ils doivent quand même continuer à réfléchir et à exprimer des pensées précises. Ils n'ont pas conscience de se trouver dans une autre sorte de prière. Un bon conseiller pourrait ici prévenir bien des désarrois et des souffrances. Il expliquerait que la prière n'a pas rétrogradé, mais qu'elle entre dans une phase plus avancée. Il ne faut pas essayer à tout prix de produire des idées et des mots. On se trouve tout simplement près de Dieu.

Une introduction à la foi catholique, Ed. française, IDOC, 1968, p. 407-408