15 août 2022
Paradoxes et symboles.
Le système d’éducation occidental aborde la
théologie par des définitions dogmatiques.
Saint Éphrem
évite les définitions dans son approche théologique : il considère les
définitions comme des limites. Sa méthode consiste à progresser au moyen de paradoxes et de symboles.
Pour illustrer la différence fondamentale
entre l’approche « philosophique » et l’approche
« symbolique », imaginons un cercle et son centre, lequel représente la réalité divine sur
laquelle porte la recherche. L’approche « philosophique » essaie
d’identifier et de localiser le point central, c’est-à-dire de le définir et de
lui imposer des limites. L’approche « symbolique » propose une série
de couples, opposés de façon « paradoxale », et les place en divers
points de la circonférence. Le point central est laissé, sans qu’on essaie de
le définir, mais on peut entrevoir un peu sa nature et ses caractéristiques en
joignant entre eux les différents points
opposés sur la circonférence, les « paradoxes ».
(Définition : association de deux
faits, de deux idées contradictoires).
Hymne sur la Nativité n°11
Comment t’appeler, Marie ?
Outre son rôle de la seconde Ève,
les premiers poètes de langue syriaque
ont vu aussi des symboles de marie dans le Buisson ardent, dans l’Arche
d’alliance, dans le char d’Ézéchiel, etc. car leur caractéristique commune
était de contenir ou de transporter quelque chose de plus saint qu’eux-mêmes.
Tout comme Marie
est toujours représentée dans l’iconographie byzantine avec Jésus dans ses bras,
elle l’est toujours en relation avec le Christ,
mais elle est
en même temps le modèle de la perfection chrétienne, car elle obéit totalement
à Dieu et à l’action de l’Esprit Saint, Lc 1,38,
par contraste avec l’hésitation de Zacharie, Lc 1, 18 ss.
« Marie
dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout
m’advienne selon ta parole », Lc 1,38.
« Zacharie dit à l’ange : - Comment vais-je savoir que cela
arrivera ? Moi, en effet, je suis un vieillard et ma femme est avancée en
âge. L’ange lui répondit : - Je suis Gabriel et je me tiens en présence de Dieu. J’ai été envoyé
pour te parler et pour t’annoncer cette bonne nouvelle. Mais voici que tu seras
réduit au silence et, jusqu’au jour où cela se réalisera, tu ne pourras plus
parler, parce que tu n’as pas cru à mes paroles ; celles-ci s’accompliront
en leur temps », Lc 1, 18 ss.
Éphrem
réfléchit sur le mystère de Marie, sur les paradoxes de la vierge mère, de
l’être mortel qui porte l’être immortel et du contenant qui contient celui
qu’on ne peut contenir. Puisqu’on ne peut pas raconter comment Marie a accouché
de Jésus en termes rationnels, il n’y a guère de chances que l’esprit humain
puisse être capable de saisir la nature divine du Christ !
-
2ème strophe
Marie est
appelée « sœur » du Christ. Les chrétiens deviennent par le baptême
frères et sœurs du Christ, Rm 8, 29. Dans la pensée d’Éphrem, Marie est considérée comme ayant reçu
le baptême grâce à la présence en son sein du Christ (qui anticipe celle du Christ dans le
« sein » du Jourdain où, pensait-on, le Christ avait, en puissance,
sanctifié toutes les eaux baptismales).
Jésus a donc réalisé le salut en séjournant à la fois dans le sein
de Marie, dans celui du Jourdain, et dans celui de la tombe. Ce salut est
considéré comme ayant déjà été complètement réalisé dans le temps du premier
événement, car le passé, le présent et l’avenir se rejoignent en un éternel
présent dans le temps liturgique.
« Ceux
que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être
configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une
multitude de frères », Rm 8, 29.
Hymne sur la Nativité n°11
1. Pour ta
mère, Seigneur, aucun homme ne sait quel nom utiliser.
L’appellerons-nous « vierge » ? Mais
elle a enfanté !
Alors « femme mariée » ? Elle n’a pas
connu d’homme !
Si le cas de ta mère dépasse la raison, que dire alors du tien ?
2. Certes,
elle est ta mère, elle l’est, elle seule ;
Mais avec tous, ta sœur, et ton épouse encore, avec tous les
cœurs chastes.
Ô beauté de
ta mère, toi-même l’as ornée de tous les ornements.
3.
Elle fut, par son être, ton épouse déjà, avant que tu
ne viennes ;
Et puis
elle a conçu, par voie surnaturelle, après que tu sois là.
Elle est demeurée vierge quand elle
t’enfanta, d’une sainte manière, Ô toi qui es le Saint.
4. Car avec
toi, Marie a expérimenté tout ce que font les femmes mariées :
Elle conçut surnaturellement ; son sein s’emplit de
lait, mais contre la nature :
D’un coup tu as changé une terre assoiffée en une fontaine de
lait !
« Le
bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ?
Devant lui, le serviteur a poussé comme une
plante chétive, une racine dans une terre aride », Is 53, 1b-2a.
5.
Quand elle te portait, toi, la grande
montagne, tu allégeais son poids.
« Alors furent
pulvérisés tout ensemble le fer et l’argile, le bronze, l’argent et l’or ;
ils devinrent comme la paille qui s’envole en été, au moment du battage :
ils furent emportés par le vent sans laisser de traces.
Quant à la pierre qui avait frappé la statue, elle devint un
énorme rocher qui remplit toute la terre », Dn 2,35.
Quand
elle nourrissait, tu
rassasiais sa faim.
« Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut
faim », Mt 4,2.
Quand
elle t’allaitait, tu voulais avoir soif.
« Arrive une
femme de Samarie. Jésus lui dit : « Donne-moi à boire », Jn
4,7.
Quand
elle te choyait, toi, le charbon ardent, son sein ne brûlait pas.
« L’un des séraphins vola vers moi,
tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel. Il
l’approcha de ma bouche et dit : « Ceci a touché tes lèvres, et
maintenant ta faute est enlevée », Is
6,6-7.
6.
Merveille que ta mère : le Seigneur vint en elle
se faire serviteur ;
Le Verbe vint en elle pour se taire
en son sein ;
La foudre vint en elle pour ne faire aucun bruit ;
Le berger
vint en elle et le voici agneau nouveau-né et qui bêle.
7. Car le sein
de ta mère a renversé les rôles :
Celui qui tout créa est entré dans son bien, et pauvre y est
venu ;
Le Très-Haut vint en elle et humble y est entré ;
La
splendeur vint en elle, arrivant revêtue de misérables teintes.
8.
Lui, le puissant, il vint et revêtit la peur en
entrant dans son sein ;
Celui qui donne à tous, vint connaître la faim ;
Celui qui tous fait boire, vint connaître la soif ;
Et c’est
nu, dépouillé, qu’il vint en sortant d’elle, lui qui tous les revêt.
Refrain : À toi soit la louange, toi qui rends tout si facile,
Toi, le Seigneur de tous.
Source de la fontaine, Hymne sur
Marie n°7.
1.
Vous tous qui discernez, venez et admirons la vierge
qui est mère, la fille de David.
Elle, la très gracieuse, enfanta la Merveille.
-
Oui, un enfant nous est né, un fils
nous a été donné ! Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom
est proclamé : - Conseiller-merveilleux, Is 9, 5.
Source de la Fontaine
-
Ce jour-là, le vin nouveau ruissellera sur les
montagnes, le lait coulera sur les collines. Tous les torrents de Juda seront
pleins d’eau, une source jaillira de la Maison du
Seigneur », Jl 4,18.
Et vaisseau
qui apporte de la joie pour le Père, et de bonnes nouvelles en son très chaste
sein.
Elle escorte le grand timonier du créé (le créateur), en qui règne la
paix sur terre et dans les cieux.
-
Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui
toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant
la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et
dans le ciel,
Col 1,19-20.
(Marie
parle)
4.
Ta
demeure, mon fils, est plus grande qu’aucune.
Pourtant, tu as voulu que je sois ta
demeure.
Le ciel est trop petit pour contenir
ta gloire, la plus humble des êtres, moi, pourtant je te porte.
Laisse Ézéchiel venir te voir sur mes
genoux, qu’il se mette à genoux, t’adore
Et reconnaisse
en toi Celui qu’alors portaient les chérubins, sur le char.
-
Ils avaient une forme de vivants. Leur aspect était celui de
brandons enflammés, une certaine apparence de torches allait et venait entre
les Vivants. Il y avait la clarté du feu, et des éclairs sortant du feu. Et les
Vivants s’élançaient en tous sens : leur aspect était celui de l’éclair. J’ai
vu les Vivants : il y avait une roue à terre, à côté de chaque Vivant,
pour leurs quatre visages. Ces roues et leurs éléments scintillaient comme de
la chrysolithe. Toutes les quatre avaient même forme. L’aspect de leurs
éléments était tel que les roues paraissaient imbriquées l’une dans l’autre. Quand
elles avançaient, elles allaient dans les quatre directions ; elles
avançaient sans s’écarter. Leur pourtour était grand et effrayant, rempli de
scintillements autour de chacune des quatre roues. Quand les Vivants
avançaient, les roues avançaient à côté d’eux ; quand les Vivants
s’élevaient de terre, les roues s’élevaient. Là où l’esprit voulait aller, ils
allaient, et les roues s’élevaient avec eux : l’esprit du Vivant était
dans les roues !
-
On entendit un bruit venant de plus haut que le firmament qui
était au-dessus de leurs têtes. Au-dessus de ce firmament, il y avait une forme
de trône, qui ressemblait à du saphir ; et, sur ce trône, quelqu’un qui
avait l’aspect d’un être humain, au-dessus, tout en haut. Puis j’ai vu comme un
scintillement de vermeil, comme l’aspect d’un feu qui l’enveloppait tout
autour, à partir de ce qui semblait être ses reins et au-dessus. À partir de ce
qui semblait être ses reins et au-dessous, j’ai vu comme l’aspect d’un feu et,
autour, une clarté. Comme l’arc apparaît dans la nuée un jour de pluie, ainsi
cette clarté à l’entour : c’était l’aspect, la forme de la gloire du
Seigneur. À cette vue, je tombai face contre terre, et j’entendis une voix qui
me parlait, Ez 1, 13…28.
Laisse-le
m’appeler bienheureuse : je te porte aujourd’hui.
5.
Mais
c’est le char lui-même qui s’arrête, étonné que je porte son Maître ;
Dans un grand tremblement, les
chérubins s’écrient :
Bénie soit
la splendeur du lieu
où tu résides !
-
Alors l’esprit me souleva et j’entendis
derrière moi le bruit d’une grande clameur : « Bénie soit la gloire
du Seigneur depuis son lieu »,
Ez 3,12.
Ce lieu est avec moi, mon sein est ta
demeure ; et ton rayonnement, sur mes genoux repose.
Le trône de ta grandeur est tenu dans
mes bras.
Sur toi mes doigts se ferment au lieu
des roues du char.
Moi aussi je crierai : - Sois béni en ton lieu !
6.
Le
prophète Isaïe avait jadis prédit : - La vierge concevra et donnera
naissance.
-
C’est
pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge
est enceinte, Is 7,14.
Viens me voir, Isaïe, vois, et
réjouissons-nous !
Voici que j’ai conçu tout en demeurant
vierge.
Prophète de l’Esprit, riche de tes
visions, vois donc l’Emmanuel qui t’est resté caché.
-
Elle
enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, c’est-à-dire :
Dieu-avec-nous, Is 7,14.
Hausse la voix et blâme Sion, la
prostituée, qui t’avait rejeté,
Et refusait de croire que je pourrais
donner la vie en restant vierge, selon ton témoignage.
7.
Venez
donc, ô vous tous qui savez discerner,
Vous qui, par votre voix, témoignez
pour l’Esprit :
Prophètes qui voyez dans les choses
cachées par la vision du vrai ;
Et vous, les
laboureurs, qui semiez la semence, dormant dans l’espérance.
-
Il en est du règne de Dieu comme d’un homme
qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se
lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment, Mc
4, 26-27.
Debout, réjouissez-vous car voici la
moisson !
Regardez :
dans mes bras, je tiens l’épi de vie.
-
Le Seigneur parla
à Moïse et dit : « Parle aux fils d’Israël. Tu leur diras :
Quand vous serez entrés dans le pays que je vous donne, et que vous y ferez la
moisson, vous apporterez au prêtre la première gerbe de votre moisson. Il la
présentera au Seigneur en faisant le geste d’élévation pour que vous soyez
agréés. C’est le lendemain du sabbat que le prêtre fera cette présentation, Lv
23,9-11.
Il apporte le pain pour tous ceux qui ont faim, et nourrit les besoins.
-
Jésus leur répondit :
« Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais
faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif, Jn 6,35.
Soyez donc
dans la joie avec moi, car je porte un épi plein de joies !
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n°11 en projetant des icônes de Marie
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de Marie