11e dimanche du
temps ordinaire
Évangile de Jésus Christ selon
saint Marc 4,26-34
Parlant à la foule en paraboles, Jésus disait :
"Il en est du règne de Dieu comme d'un homme qui jette le grain dans son champ: nuit et jour, qu'il dorme ou qu'il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. "
La graine devient un grand arbre
Mes frères, vous avez appris aujourd'hui comment le
Royaume des cieux, dans toute sa grandeur, est comparé à une graine de
moutarde. Le Royaume des cieux, dit le Seigneur, est
comparable à une graine de moutarde, Mt 13,31.
Est-ce là tout ce que les croyants espèrent ?
Est-ce là tout ce que les fidèles attendent ?
Est-ce là le bonheur auquel les vierges parviennent après une longue pratique de la virginité ?
Est-ce là la gloire à laquelle aspirent les martyrs, lorsqu'ils versent jusqu'à la dernière goutte de leur sang ?
Est-ce là ce que l'oeil n'a pas vu, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au coeur de l'homme, 1 Co 2,9
Est-ce là ce que promet l'Apôtre et qui est tenu en
réserve dans l'ineffable mystère du salut, pour ceux qui aiment ?
Mes frères, ne nous laissons pas facilement
déconcerter par les paroles du Seigneur. Si, en effet, la faiblesse de Dieu est plus forte que
l'homme, et si la folie de Dieu est plus sage que l'homme, 1Co 1,25,
cette toute petite chose, qui est le bien de Dieu, est plus splendide que toute
l'immensité du monde.
Puissions-nous seulement semer dans notre coeur cette
graine de moutarde, de sorte qu'elle devienne le grand arbre de la
connaissance, s'élevant de toute sa hauteur pour élever notre pensée jusqu'au
ciel, et déployant toutes les branches de la science. Son fruit brûlant
réchaufferait notre bouche de son goût vivifiant, son grain allumerait en nous
un feu qui enflammerait notre coeur et, en savourant le fruit de cet arbre,
nous cesserions de dédaigner ce qui nous était inconnu.
Comme le dit le Christ, le Royaume de Dieu est semblable
à la graine de moutarde. Le Christ est le
Royaume. A la manière d'une graine de moutarde, il a été jeté dans un jardin,
le corps de la Vierge. Il a grandi et il est devenu l'arbre de la croix qui
couvre la terre entière.
Après qu'il eut été broyé par la Passion, son fruit a
produit assez de saveur pour donner du bon goût et de l'arôme, d'une manière
égale, à tous les êtres vivants qui le touchent. Car, tant que la graine de
moutarde demeure intacte, ses vertus restent cachées, mais elles déploient
toute leur puissance quand la graine est broyée. De même le Christ a-t-il voulu
que son corps fût broyé pour que sa force ne reste pas cachée.
Mes frères, il nous faut broyer cette graine de
moutarde pour éprouver toute la force, figurée dans cette parabole. Le Christ
est roi, car il est le principe de toute autorité. Le Christ est le Royaume,
car en lui réside toute la gloire de son royaume. Le Christ est homme, car
l'homme tout entier est renouvelé en lui. Le Christ est la graine de moutarde,
l'instrument dont Dieu se sert pour faire descendre toute sa grandeur dans
toute la petitesse de l'homme.
Que dirai-je encore? Lui-même est devenu toute chose
pour renouveler tous les hommes en lui. Le Christ homme a reçu la graine de
moutarde qui est le Royaume de Dieu. Le Christ homme l'a reçue, alors que le Christ
Dieu la possédait depuis toujours. Il a jeté la semence dans son jardin.
Le jardin est la terre cultivée qui s'est étendue au
monde entier, labouré par la charrue de la Bonne Nouvelle. Il est clôturé par
les bornes de la sagesse. Les Apôtres ont peiné pour en arracher toutes les
mauvaises herbes. On prend plaisir à y contempler les jeunes pousses des
croyants, les lis des vierges et les rosés des martyrs. Des fleurs y donnent
toujours leur parfum.
Le Christ a donc semé la graine de moutarde dans son
jardin. Elle a pris racine quand il a promis son Royaume aux patriarches, elle
est née avec les prophètes, elle a grandi avec les Apôtres, et elle est devenue
l'arbre immense qui étend ses innombrables rameaux sur l'Église, en lui
prodiguant ses dons.
Prends les ailes d'argent de la colombe évangélique
dont parle le prophète (cf. ps 67,14). Prends ses plumes brillantes sous
l'éclat du soleil divin. Envole-toi dans ton vêtement d'or pour jouir d'un
repos sans fin, désormais hors de l'atteinte des filets, parmi tant de
magnifiques frondaisons. Sois assez fort pour prendre ainsi ton vol, et va
habiter en sécurité dans cette vaste demeure !
Sermon 98,
1-2 4-7, CCL 24 A, 602-606.
Clerus.org
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