mardi 25 mai 2010

l'Esprit Saint, soeur Jeanine Gindrey, Orante de l'Assomption

Intervention sur trois semaines :

1/3. Qui est l’Esprit Saint ?
2/3. Que fait l’Esprit Saint ?
3.3. Comment être rempli de l’Esprit Saint ?




QUI EST L’ESPRIT SAINT ?


Au 4ème siècle, il y a eu deux Conciles : celui de Nicée (325) et celui de Constantinople (381) ont formulé et proclamé le Symbole de la foi dit de Nicée-Constantinople.

A l’Eucharistie nous affirmons notre foi en la Trinité en récitant le « credo » « je crois en Dieu ». Dans ce credo, l’Eglise dans sa foi en l’Esprit Saint proclame qu’il «est Seigneur et qu’il donne la vie ».

L’Esprit Saint est la troisième personne des personnes divines.

L’Esprit Saint est la présence vivante du Ressuscité. Ce n’est pas le Christ lui-même, mais l’Esprit du Christ.

Je dirai que l’Esprit Saint est le fruit de l’amour entre le Père et le Fils (Jésus) et qu’il est conjointement le fruit de l’amour du Père et du Fils pour l’humanité.

L’Eglise fonde ses affirmations à partir des Paroles de Jésus qui est source de notre foi :

“Le dernier jour de la fête, le grand jour, Jésus, debout, s'écria : "Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi, et il boira, celui qui croit en moi!" selon le mot de l'Écriture : De son sein couleront des fleuves d'eau vive, Jn 7,37-38.

“Il parlait de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui avaient cru en lui ; car il n'y avait pas encore d'Esprit, parce que Jésus n'avait pas encore été glorifié”, Jn 7,39.

La comparaison de l’eau est employée par Jésus dans le dialogue avec la Samaritaine, quand il parle de “la source d’eau jaillissant en vie éternelle :

“Mais qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus jamais soif ; l'eau que je lui donnerai deviendra en lui source d'eau jaillissant en vie éternelle", Jn 4,14.

Jésus dialogue avec Nicodème et lui annonce la nécessité d’une nouvelle naissance “d’eau et d’esprit” pour “entrer dans le Royaume de Dieu :

“Jésus répondit: "En vérité, en vérité, je te le dis, à moins de naître d'eau et d'Esprit, nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu”, Jn 3,5.

Cet Esprit de vérité, Jésus l’annonce aux Apôtres et l’appelle “un autre paraclet”, c’est-à-dire “un autre consolateur”,“un intercesseur” ou un “défenseur”. Jésus lui-même est le premier paraclet qui porte et communique la Bonne Nouvelle.

“Et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'il soit avec vous à jamais”, Jn 14,16.

“Et tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils”, Jn 14,13.

“L'Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas ni ne le reconnaît. Vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous ; et en vous il sera”, Jn 14,17.

Dans l’Evangile de Saint Jean, le Père, le Fils et l’Esprit Saint sont désignés comme des Personnes, la première étant distincte de la deuxième et de la troisième. Dans le discours d’adieu, il dévoile les liens qui unissent dans la réciprocité le Père, le Fils et le Paraclet.

Le Fils demande au Père d’envoyer le Paraclet :

“Et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'il soit avec vous à jamais”, Jn 14,16.

Le Père envoie l’Esprit au nom du Fils :

“Mais le Paraclet, l'Esprit Saint, que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que je vous ai dit”, Jn 14,26.

L’Esprit vient du Père et rend témoignage au Fils

“Lorsque viendra le Paraclet, que je vous enverrai d'auprès du Père, l'Esprit de vérité, qui vient du Père, il me rendra témoignage”, Jn 15,26.

Jésus promet le Paraclet en rapport à son départ par la Croix - “Cependant je vous dis la vérité: c'est votre intérêt que je parte ; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous; mais si je pars, je vous l'enverrai”, Jn 16,7.

L’Esprit Saint est envoyé aussi par le Christ par la puissance de la Rédemption accomplie par Lui :

Car Dieu n'a pas envoyé le Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par son entremise”, Jn 3,16-17.

“En effet, celui que Dieu a envoyé prononce les paroles de Dieu, car il ne mesure pas le don de l'Esprit”, Jn 3,34.
Le discours pascal d’adieu nous dévoile la révélation trinitaire :

“De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé et que je vis par le Père,
de même, celui qui me mange, lui aussi vivra par moi”, Jn 6,57.

Tout doit nous conduire à découvrir le Père :

“Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ”, Jn 17,3.

“Comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde”, Jn 17,18.

“Nous sommes un, moi en eux comme toi en moi, afin qu'ils soient parfaits dans l'unité, et que le monde reconnaisse que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé”, Jn 17,23.

En conclusion :

L’Eglise a été instruite par la Parole du Christ ; elle puise dans l’expérience de la Pentecôte et dans son histoire apostolique, et elle proclame dès le début sa foi en l’Esprit Saint, “celui qui donne la vie”, celui “par qui Dieu est un et trine”, insondable, “qui se communique aux hommes” , établissant en eux la source de la vie éternelle.

“Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu'à la fin de l'âge”, Mt 28,19-20.

Veni Creator


«Viens en nous Esprit Créateur,
Visite les âmes des tiens,
Emplis de la grâce d’en haut,
Les cœurs qui sont tes créatures.


Toi qu’on appelle Conseiller,
Don du Seigneur de Majesté ;
Source vive, Feu, Charité,
Toi qui es onction spirituelle.


Toi, le Donateur aux sept Dons,
Puissance de la main de Dieu,
Toi que le Père avait promis,
Qui fais jaillir notre louange,


Mets ta lumière en nos esprits,
Répands ton amour en nos cœurs,
Et que ta force sans déclin,
Tire nos corps de leur faiblesse.


Repousse l’Adversaire au loin,
Sans tarder, donne-nous la paix,
Ouvre devant nous le chemin,
Que, nous évitions toute faute !


Fais-nous connaître Dieu le Père,
Fais-nous apprendre aussi le Fils,
Et croire en tout temps que tu es,
L’unique Esprit de l’un et l’autre.

vendredi 21 mai 2010

St Bernard, sermon premier, comment le Saint Esprit opère trois choses en nous

Pentecôte

Saint Bernard de Clairvaux est né en 1090.
Son père était Chevalier du Duc de Bourgogne.

Après ses études à Châtillon-sur-Seine, il choisit en 1112 d'entrer à Cîteaux dans l'ordre cistercien avec 30 de ses parents et amis qu'il a convertis à son idéal. Moins de quatre ans plus tard il est chargé de fonder l'Abbaye de Clairvaux, 'La Claire Vallée'.


1. Mais, bien chers frères, nous faisons aujourd'hui la fête du Saint-Esprit, elle mérite d'être célébrée avec toute sorte de sentiments de joie et de dévotion, car il n'est rien de plus doux en Dieu que son Saint-Esprit ; il est la bonté même de Dieu, il n'est autre que Dieu même. Si donc nous faisons la fête des saints, à combien plus forte raison devons-nous célébrer la fête de celui par qui tous les saints sont devenus saints? Si nous vénérons ceux qui ont été sanctifiés, à combien plus juste titre devons-nous honorer celui qui les a sanctifiés? Nous faisons doue aujourd'hui la fête de l'Esprit-Saint qui a apparu sous une forme visible, tout invisible qu'il soit, et aujourd'hui ce même Esprit-Saint nous révèle quelque chose de sa personne, comme le Père et le Fils s'étaient précédemment révélés à nous; car c'est dans la parfaite connaissance de la Trinité que se trouve la vie éternelle. Quant à présent nous ne la connaissons qu'en partie, et pour le reste qui nous échappe, que nous ne pouvons comprendre, nous le tenons par la foi. Pour ce qui est du Père, je le connais comme créateur de toutes choses, en entendant les créatures s'écrier toutes d'une voix : « C'est lui qui nous a faites, nous ne nous sommes point faites nous-mêmes, Psal. XCIX, 3, » et saint Paul, apôtre, dire : «Ce qu'il y a d'invisible en Dieu est devenu visible depuis la création du monde, par la connaissance que les créatures en donnent, Rom., I, 20. » Quant à son éternité et à son immutabilité, cela me dépasse trop pour que je puisse y rien comprendre, car il habite dans une lumière inaccessible. Pour ce qui est du Fils, j'en sais, par sa grâce, de grandes choses, je sais qu'il s'est incarné. Quant à sa génération éternelle, qui pourra la raconter, Isa. LIII, 8) ? Qui peut comprendre que le Fils est égal au Père? En ce qui regarde le Saint-Esprit, si je ne connais point sa procession du Père et du Fils, car cette connaissance admirable est si loin de mon esprit, et si élevée que je ne pourrai jamais y atteindre, Psal. CXXXVIII, 8, du moins je sais quelque chose de lui, c'est l'inspiration. Il y a deux choses dans sa procession, c'est le lieu d'où il procède et celui où il procède. La procession du Père et du Fils se trouve, pour moi, enveloppée d'épaisses ténèbres, mais sa procession vers les hommes commence à devenir accessible à ma connaissance aujourd'hui, et elle est claire maintenant pour les fidèles.

2. Dans le principe, l'Esprit-Saint invisible manifestait sa venue par des signes visibles, il fallait qu'il en fût ainsi; mais aujourd'hui, plus les signes sont spirituels, plus ils conviennent à leur nature, plus ils semblent dignes de lui. Il vint donc alors sur les apôtres sous la forme de langues de feu, afin qu'ils parlassent dans la langue de tous les peuples des paroles de feu, et qu'ils annonçassent avec une langue de feu une loi de feu. Que personne ne se plaigne que l'Esprit ne se manifeste plus à nous ainsi maintenant, « car le Saint-Esprit se manifeste à chacun selon qu'il est besoin, I Cor. XII, 7. » Après tout, s'il faut le dire, c'est plutôt à nous qu'aux apôtres que s'est faite cette manifestation du Saint-Esprit : en effet, à quoi devaient leur servir ces langues des nations, sinon à convertir les nations? Le Saint-Esprit s'est manifesté à eux d'une autre manière qui leur était plus personnelle, et c'est de cette manière là qu'il se manifeste encore en nous à présent. En effet, il devint clair pour tous qu'ils avaient été revêtus de la vertu d'en haut, quand on les vit passer d'une si grande pusillanimité à une telle constance. Ils ne cherchent plus à fuir, ils ne songent plus à se cacher, dans la crainte des Juifs, bien loin de là, ils prêchent en public avec une constance plus grande que la crainte qui les poussait naguère à se cacher. On ne peut douter que le changement opéré en eux ne soit l'oeuvre du Très-Haut, quand on se rappelle les craintes du prince dès apôtres à la voix d'une servante, et qu'on voit aujourd'hui sa force sous les coups dont les princes des prêtres le font charger. « Les apôtres sortirent du conseil; dit l'Écriture, tout remplis de joie de ce qu'ils avaient été jugés dignes de souffrir des opprobres pour le nom de Jésus, Act. V, 41, » qu'ils avaient abandonné quand on le conduisait lui-même, devant le conseil, et laissé seul par leur fuite. Peut-on douter après cela, qu'ils aient été visités par l'Esprit de force qui seul a pu faire éclater une puissance invisible dans leur âme ? C'est de la même manière aussi que les choses que l'Esprit-Saint opère en nous rendent témoignage de sa présence en nous.

3. Comme il nous a été ordonné de nous détourner du mal et de faire du bien, I Petr. III, 11, et Psal. XXXIII, 145, voyez comment le Saint-Esprit vient au secours de notre faiblesse pour nous faire accomplir ces deux commandements, car si les grâces sont différentes, l'Esprit qui les donne est le même. Ainsi, pour nous détourner du mal, il opère trois choses en nous, la componction, la supplication et la rémission. En effet, le commencement de notre retour à Dieu est dans le repentir qui n'est certainement point le fruit de notre esprit, mais de l'Esprit-Saint : c'est une vérité que la raison nous enseigne et que l'autorité confirme. En effet, quel homme, s'il s'approche du feu, transi de froid, hésitera à croire, quand il se sera réchauffé, que c'est du feu que lui vient la chaleur qu'il n'aurait pu se procurer ailleurs? Ainsi en est-il de celui .qui, transi de froid par le péché, s'il vient se réchauffer aux ardeurs du repentir, il ne peut douter qu'il a reçu un autre esprit que le sien, qui le gourmande et le juge? C'est d'ailleurs ce que nous apprend l'Évangile; car, en parlant du Saint-Esprit que les fidèles doivent recevoir, le Sauveur dit : « Il convaincra le monde de péché, Joan. XVI, 8. »

4. Mais à quoi bon le repentir de sa faute, si on ne prie point pour en obtenir le pardon? Or, il faut encore que ceci soit opéré par le Saint-Esprit, pour qu'il remplisse notre âme d'une douce confiance qui la porte à prier avec joie et sans hésiter. Voulez-vous que je vous montre que c'est là encore l'oeuvre du Saint-Esprit? D'abord, tant qu'il sera éloigné de vous, soyez sûr que vous ne trouverez rien qui ressemble à la prière au fond de votre coeur. D'ailleurs, n'est-ce pas en lui que nous nous écrions : Mon Père, mon Père, Rom. VIII, 16 ? N'est-ce pas lui encore qui prie pour nous avec des gémissements inénarrables, Ibidem, 26, et cela dans le fond même de notre coeur? Que ne fait-il point dans le coeur du Père? Mais, de même qu'au dedans de nous, il intercède pour nous, ainsi, dans le Père, il nous pardonne nos fautes de concert avec le Père; dans nos coeurs, il remplit auprès du Père le rôle de notre avocat, et dans le coeur du Père il se conduit divers nous comme notre Seigneur. Ainsi c'est lui qui nous donne la grâce de prier, et c'est lui qui nous accorde ce que 'nous demandons dans la prière, et, en même temps qu'il nous élève vers Dieu, par une pieuse confiance en lui, il incline bien plus encore le cœur de Dieu vers nous, par un effet de sa bonté et de sa miséricorde. Aussi, pour que vous ne doutiez point que c'est le Saint-Esprit qui opère la rémission des péchés, écoutez,ce qui fut dit un jour aux apôtres : «Recevez le Saint-Esprit, les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez (Joan. XX, 22 et 23). » Voilà donc ce que fait le Saint-Esprit pour nous éloigner du péché.

5. Quant au bien, qu'est-ce que le Saint-Esprit opère en nous pour nous le faire faire ? Il nous avertit, il nous meut, il nous instruit. Il avertit notre mémoire, il instruit notre raison, il meut notre volonté; car toute l'âme est dans ces trois facultés. Pour ce qui est de la mémoire le Saint-Esprit lui suggère le souvenir du bien dans ses saintes pensées, et c'est par là qu'il secoue notre lâcheté et réveille notre torpeur. Aussi, toutes les fois, ô mon frère, que vous sentirez naître dans votre coeur le souvenir du bien, rendez gloire à Dieu, et hommage au Saint-Esprit, c'est sa voix qui retentit à vos oreilles, car il n'y a que lui qui parle de justice, et, comme dit l'Evangile : « Il vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit (Joann. XIV, 26). » Mais remarquez ce qui précède : « Il vous enseignera toutes choses, Ibid. » Or, je vous ai dit qu'il instruit la raison. Il y en a beaucoup qui sont pressés de bien faire, mais ils ne savent ce qu'ils doivent faire, il leur faut, pour cela, encore une grâce du Saint-Esprit. Il faut qu'après nous avoir suggéré la pensée du bien, il nous apprenne à en venir aux actes, et à ne pas laisser la grâce de Dieu stérile dans notre cœur. Mais quoi! n'est-il pas dit que « celui-là est plus coupable, qui sait ce qu'il faut faire et ne le fait point, Jacob. IV, 17 ? » Ce n'est donc point assez d'être averti et instruit du bien à faire, il faut encore que nous soyons mus, et portés à le faire par le Saint-Esprit qui aide notre faiblesse, et répand dans nos cœurs la charité qui n'est autre que la Bonne volonté.

6. Mais, lorsque le Saint-Esprit, survenant ainsi en vous, se sera mis en possession de votre âme tout entière, lui suggérera de bonnes pensées, l'instruira et l'excitera, en faisant entendre constamment sa voix dans nos âmes, et que nous entendrons ce que le Seigneur Dieu dira au dedans de nous en éclairant notre raison et enflammant notre volonté. Ne vous semble-t-il pas alors qu'il aura rempli, de langues de feu, la maison entière de notre âme? Car, comme je vous l'ai déjà dit, l'âme est toute dans ces trois facultés. Que ces langues de feu nous semblent distinctes les unes des autres, c'est un signe de la multiplicité des pensées de notre esprit, mais dans leur multiplicité même, la lumière de la vérité, et la chaleur de la charité, en fera comme un seul et même foyer. D'ailleurs, on peut dire que la maison de notre âme ne sera complètement remplie qu'à la fin, lorsqu'il sera versé dans notre sein une bonne mesure, une mesure foulée, pressée, enfaîtée par dessus les bords. Mais quand en sera-t-il ainsi? Seulement, lorsque les jours de la Pentecôte seront accomplis. Heureux ceux qui sont déjà entrés dans la quadragésime du repos, et qui ont commencé l'année jubilaire, je veux parler de ceux de nos frères à qui le Saint-Esprit a donné l'ordre de se reposer de leurs travaux, car c'est encore une de ses opérations. En effet, il y a deux époques que nous célébrons particulièrement, l'une est la Quadragésime, et l'autre la Quinquagésime; l'une précède la Passion et l'autre suit la Résurrection; la première est consacrée à la componction du coeur et aux larmes de la pénitence; la seconde à la dévotion de l'esprit, et au chant solennel de l'Alléluia. La sainte quarantaine est la figure de la vie présente, et les cinquante jours qui la suivent sont l'image du repos des saints qui succède à leur mort. Lorsque les jours de cette cinquantaine seront terminés, c'est-à-dire au jugement dernier, et à la résurrection, le jour de la Pentecôte sera venu, et la maison sera toute remplie de la plénitude du Saint-Esprit. Car, la terre entière sera pleine de sa majesté lorsque, non-seulement notre âme, mais aussi notre corps devenu spirituel ressuscitera, si toutefois, selon l'avis que l'Apôtre nous donne, nous avons eu soin de le semer enterre, lorsqu'il était encore tout animal, I Cor. XV, 44.

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/StBernard/tome03/homtemps/pentecote/pentecote001.htm

lundi 10 mai 2010

Sydney Carter, Le Seigneur de la danse

En guise de conclusion de ce temps de Pâques

Je dansais le matin lorsque le monde naquit,
je dansais entouré de la lune, des étoiles, du soleil,
je descendis du ciel et dansais sur la terre
et je vins au monde à Bethléem.

Dansez où que vous soyez
car, dit-il, je suis le Seigneur de la danse
je mènerai votre danse à tous,
où que vous soyez,
dit-il, je mènerai votre danse à tous.

Je dansais pour le scribe et pour le pharisien
mais eux n’ont voulu ni danser ni me suivre :
je dansais pour les pêcheurs,
pour Jacques et pour jean,
eux m’ont suivi et ils sont entrés dans la danse.


Je dansais le jour du Sabbat, je guéris le paralytique,
les saintes gens disaient que c’était une honte,
ils m’ont fouetté, m’ont laissé nu
et m’ont pendu bien haut
sur une croix pour y mourir…


Je dansais le vendredi quand le ciel devint ténèbres :
Il est difficile de danser avec le démon sur le dos !
et ils ont cru que c’était fini
mais je suis la danse et je mène toujours le ballet.



Ils ont voulu me supprimer
mais j’ai rebondi plus haut encore
car je suis la vie, la vie qui ne saurait mourir :
je vivrai en vous, si vous vivez en moi
car, dit-il, je suis le Seigneur de la danse.






Poète anglais, XIIIe siècle, Oxford Book of Carols, Londres, 1928, in
Trésors de la prière des moines, Bayard, 170.171

mercredi 5 mai 2010

Grégoire de Nysse, sermon sur l'Ascension

Docteur de l'Église de l'Orient,
Grégoire de Nysse (saint),
né à Césaré de Cappadoce vers 335
et mort à Nysse vers 395,
a longtemps hésité entre le monde et l'Église.



Nommé par son frère (Saint Basile) évêque de Nysse,
il finit par s'intéresser,
aux choses de l'esprit et joua
(d'après Skonmadit, fils) un assez grand rôle
au concile de Constantinople (381).

On dit qu'il fut un très mauvais administrateur mais un docteur éminent, une sorte d'autorité en matière d'orthodoxie.


Il a laissé de nombreux écrits contre, entre autres, l'arianisme :
Grande Catéchèse
Discours contre Eunomios
Discours contre Apollinaire
....
Présentation du texte

Cette traduction est la version remaniée par Luc Fritz, Assomptioniste, du texte paru dans la collection “Pères dans la foi” chez Migne (référence complète de ce texte: Grégoire de Nysse, Le Christ pascal, Trad. Ch. Bouchet, coll. “Pères dans la foi”, Migne, Paris 1994).

Ouverture : David augmente la joie de la fête

1. Quel doux compagnon de notre vie sur terre que le prophète David ! Il est là, sur tous les chemins de notre existence, intervient avec discernement dans tous les âges spirituels et participe à chaque étape de notre progression. Il se mêle aux jeux des enfants de Dieu, lutte avec les hommes, instruit la jeunesse et soutient la vieillesse. Il est tout pour tous, l’arme des soldats, l’entraîneur des athlètes, la palestre des gymnastes, la couronne des vainqueurs, la joie des convives ou la consolation funèbre. Rien dans notre vie n’est étranger à sa grâce. Notre prière serait-elle forte sans la participation de David ? Et la fête serait-elle joyeuse sans la joie que lui apporte le Prophète ? Nous pouvons le constater aujourd’hui même : à cette fête, déjà belle pour nous, l’apport du Prophète confère plus d’éclat encore, lorsqu’il ajoute la joie des psaumes qui conviennent au thème de la fête.

Ps 23 (22) : La joie née de la vie de Dieu en soi

Un horizon à atteindre

Dans le premier des psaumes, il te demande d’être la brebis que Dieu mène paître et qui ne manque d’aucun bien (23, 1). Le bon berger y est aussi herbe du pâturage, eau du repos, nourriture, abri, chemin et guide (23, 2) ; il est tout et accorde sa grâce selon ce qui convient.

L’initiation chrétienne

L’Église tire de là cette leçon : il te faut d’abord devenir la brebis du bon pasteur, conduite par une bonne catéchèse vers les pâturages et les sources de l’enseignement, pour être enseveli avec lui dans sa mort par le baptême, sans craindre une pareille mort car ce n’est pas la mort, mais une ombre et une imitation de la mort. Il dit en effet, Si je m’avance au milieu de l’ombre de la mort, je ne craindrai pas ce qui m’arrive comme un mal, car tu es avec moi. Ensuite il te console avec le bâton de l’Esprit (car le Consolateur est l’Esprit) (23, 4). Il dresse la table mystique qu’il a préparée face à celle des démons (cf. 1 Co 10, 21). C’étaient eux qui opprimaient la vie des hommes avec leur idolâtrie. Face à eux voici la table de l’Esprit. Puis il parfume la tête de l’huile de l’Esprit ; il ajoute le vin qui réjouit le coeur (cf. Ps 103, 15) et qui inspire à l’âme cette sobre ivresse, lui faisant oublier l’éphémère pour songer à l’éternel.

La joie de la vie éternelle

Car qui a goûté à cette ivresse-là reçoit l’éternité, au lieu d’une vie tôt terminée, et son séjour dans la maison de Dieu est aussi long que la longueur des jours (23, 6).

Psaume 24 (23) : La joie plus grande de la contemplation du plan de salut de Dieu

Vers une joie plus grande

2. Telle est la grâce dont il nous fait part dans le premier des psaumes. Dans le suivant, il appelle l’âme à une joie plus grande et plus accomplie encore. Expliquons-le, voulez-vous, en reprenant brièvement ce psaume.

a. Le Seigneur est venu pour sauver les hommes

Ce n’est pas impossible

Au Seigneur la terre et tout ce qu’elle renferme (24, 1). Qu’y a-t-il donc d’étrange, homme, que notre Dieu soit apparu sur terre et qu’il ait vécu avec les hommes (Ba 3, 38) ? La terre est sa création et, par là, son oeuvre. Il n’est donc ni curieux ni invraisemblable que le Seigneur soit venu chez lui. Il ne se trouve pas dans un monde étranger, mais dans celui qu’il a lui-même formé, quand il a fondé la terre sur les mers et l’a façonnée de manière à permettre le passage des fleuves (24, 2).

C’était nécessaire.

Pourquoi sa présence parmi nous ? Pour te retirer des abîmes du péché et te conduire sur la montagne de la royauté (24, 3), si tu utilises ton état vertueux comme un char pour cette montée. Car on ne saurait accéder à cette montagne sans être accompagné des vertus : il faut des mains innocentes, loin de la souillure du mal, il faut aussi un coeur pur, sans tourner son âme vers les idoles ni vouloir tromper son prochain (24, 4). La bénédiction est la récompense de cette ascension. Le Seigneur donne la miséricorde qui lui est réservée (24, 5). Telle est la race de ceux qui le cherchent, qui se hissent à cette hauteur par la vertu et cherchent la face du Dieu de Jacob (24, 6).

b. La descente et l’exaltation du Seigneur

La descente du Seigneur

La suite du psaume est peut-être plus sublime encore que l’enseignement évangélique. L’Évangile, en effet a raconté la vie et la conduite du Seigneur sur la terre, mais ce sublime prophète est sorti de lui-même, comme pour ne pas être entravé par le poids de son corps, et s’est mêlé aux puissances supercosmiques. Il nous rapporte leurs paroles quand elles ont accompagné le Maître lors de sa descente1 et ont ordonné aux anges qui entourent terre - à qui a été confié la vie humaine - d’ouvrir les portes en disant : Chefs, levez vos portes et vous, portes éternelles, exhaussez-vous et le Roi de gloire entrera (24, 7).

Mais comme celui qui contient tout en lui, où qu’il se rende, se rend semblable à ceux qui le reçoivent - car il ne devient pas seulement homme avec les hommes, mais tout logiquement, venant chez les anges, il condescend à leur nature -, à cause de cela les portiers demandent de leur indiquer Qui est ce roi de gloire ? C’est pour cette raison que les puissances célestes leur répondent : celui qui est fort et puissant au combat (24, 8) ! celui qui va s’attaquer au dominateur de la nature humaine captive et qui va renverser le détenteur du pouvoir de la mort, pour que, après la destruction de ce dernier ennemi (cf. 1 Co 15, 26), l’humanité soit rendue à la liberté et à la paix.

L’exaltation du Seigneur

Puis [le psaume] reprend les mêmes paroles (24, 9), car il est accompli maintenant le mystère de la mort, elle est remportée la victoire sur les ennemis, elle est dressée comme un trophée la Croix et une nouvelle fois Il est monté sur les hauteurs, celui qui emmène la captivité en captivité, celui qui a donné la vie et le royaume, ces dons excellents aux hommes (cf. Eph 4, 8 ; Ps 68, 19). Et il faut que de nouveau les portes célestes soient ouvertes pour lui. Nos gardiens l’escortent à leur tour et ordonnent aux portes célestes de s’ouvrir pour lui, afin qu’ à nouveau il soit glorifié en elles.

Mais il n’est pas reconnu celui qui s’est revêtu de la robe crasseuse de notre humanité et dont le rouge des vêtements (cf. Is 63, 1) vient du pressoir des maux humains. Aussi la question est-elle posée à ceux qui l’accompagnent : Qui est ce roi de gloire ? Leur réponse n’est plus alors : Le fort, le héros au combat, mais le Seigneur des puissances (24, 10), celui qui s’est acquis le pouvoir sur l’univers, qui a récapitulé toute chose en lui (cf. Eph 1, 10), qui tient en tout la primauté (cf. Col 1, 18), qui a restauré toute chose dans le sens de la première création (cf. Ac 3, 21) ; c’est lui, le Roi de gloire.

Exhortation : Imitez le prophète David

Voyez comment David a rendu cette célébration plus douce pour nous : sa propre allégresse se mêle à la joie de l’Église. Imitons donc, nous aussi, le Prophète, autant que nous pouvons l’imiter, dans son amour de Dieu, dans la bonté de sa vie, dans sa patience à l’égard de ceux qui le haïssent, afin que l’enseignement du Prophète montre comment vivre selon Dieu sous la conduite de Jésus-Christ notre Seigneur, à qui appartient la gloire pour les siècles des siècles. Amen.

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