jeudi 22 février 2024

Saint Ambroise + 397, Jésus, supérieur à Moïse et Elie

 

2e dimanche de carême B



Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
9,2-10

 

 
Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l'écart, sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.


 

 

 Le Seigneur Jésus a voulu que Moïse gravît seul la montagne, mais il fut rejoint par Josué. Dans l'Évangile aussi, c'est à Pierre, Jacques et Jean, seuls de tous les disciples, qu'il révéla la gloire de sa résurrection. Ainsi voulut-il que son mystère demeurât caché, et il les avertissait fréquemment de ne pas annoncer facilement ce qu'ils avaient vu à n'importe qui, pour qu'un auditeur trop faible ne trouvât là un obstacle qui empêcherait son esprit inconstant de recevoir les mystères dans toute leur force. Car enfin Pierre lui-même ne savait pas ce qu'il disait, Lc 9,33, puisqu'il croyait qu'il fallait dresser trois tentes pour le Seigneur et ses acolytes. Ensuite, il n'a pas pu supporter l'éclat de gloire du Seigneur qui se transfigurait, mais il tomba sur le sol, comme tombèrent aussi les fils du tonnerre, Jacques et Jean, quand la nuée les recouvrit, et ils ne purent se relever que lorsque Jésus s'approcha et les toucha, leur ordonna de se lever et de calmer leur crainte.

Ils entrèrent donc dans la nuée pour connaître ce qui est secret et caché, et c'est là qu'ils entendirent la voix de Dieu disant: Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis tout mon amour: écoutez-le, Mt 17,5. Que signifie: Celui-ci est mon Fils bien-aimé ? Cela veut dire - Simon, ne t'y trompe pas ! - que tu ne dois pas placer le Fils de Dieu sur le même rang que les serviteurs. "Celui-ci est mon Fils: Moïse n'est pas mon Fils, Élie n'est pas mon Fils, bien que l'un ait ouvert le ciel, et que l'autre ait fermé le ciel." L'un et l'autre, en effet, à la parole du Seigneur, ont vaincu un élément, mais ils n'ont fait que prêter leur ministère à celui qui a affermi les eaux et fermé par la sécheresse le ciel, qu'il a fait fondre en pluie dès qu'il l'a voulu.

Là où le témoignage sur la résurrection est invoqué, on fait appel au ministère des serviteurs, mais là où se montre la gloire du Seigneur qui ressuscite, la gloire des serviteurs tombe dans l'obscurité. Car, en se levant, le soleil obscurcit jusqu'aux globes des étoiles, et toutes leurs lumières disparaissent devant l'éclat du soleil de ce monde. Comment donc, devant l'éternel soleil de justice, pourrait-on voir encore des étoiles de chair ? Où sont donc ces lumières qui brillaient à nos yeux par quelque miracle? Toutes sont ténèbres en comparaison de la lumière éternelle. D'autres s'empressent de plaire à Dieu par leurs services, lui seul est la lumière éternelle, en qui le Père se complaît ou en qui, dit-il, "je me suis complu, afin que l'on croie que tout ce qu'il a fait est à moi, et que tout ce que j'ai fait, on croie à bon droit que c'est l'oeuvre du Fils."

Écoutez celui-ci dire de lui-même : Le Père et moi, nous sommes un, Jn 10,30. Il n'a pas dit : "Moïse et moi, nous sommes un." Il n'a pas dit qu'il y a une quelconque communion dans la gloire éternelle entre Élie et lui. Pourquoi préparez-vous trois tentes ? Celui-ci n'a pas sa tente sur la terre, mais au ciel.

 

Sur le psaume 45, 2, CSEL 64, 6, 330-331 n
https://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/jzf.htm#dr

mardi 13 février 2024

Césaire d'Arles, La charité et l'amour des ennemis, pour le carême

 

Extrait du Sermon 37 de Césaire d'Arles pour le Carême


On ne nous dit pas : Allez vers l'Orient pour chercher la charité, naviguez vers l'Occident pour trouver l'amour de Dieu. Non, c'est à l'intérieur, dans notre cœur - dont nous avons constamment à chasser la colère - qu'il nous est ordonné de rentrer ; comme le dit le prophète : Pécheurs, revenez, à votre cœur. Je viens de le dire ; ce n'est pas dans les régions lointaines qu'on trouve ce que le Seigneur demande de nous : c'est à l'intérieur de notre cœur qu'il nous envoie. Il a en effet placé en nous ce qu'il requiert de nous.

Dieu te dit : ce n'est pas moi qui tire de toi ma croissance, mais toi de moi. Je veux un sacrifice qui soit utile à l'homme, et s'il me parvient c'est parce qu'il t'est utile. Tu peux me dire : Je n'ai rien à donner à l'indigent, je ne peux pas jeûner fréquemment et m'abstenir de vin ou de viandes. Mais peux-tu me dire que tu ne peux avoir la charité ? Elle qu'on possède d'autant plus pleinement qu'on la dispense totalement.

De meilleur marché qu'un verre d'eau froide, il n'y a que la bonne volonté... Mais peut-être ai-je tort de dire que la bonne volonté est ce qu'il y a de meilleur marché ? Oui, car elle est plus chère que tout et il a tout, celui qui a la bonne volonté. La bonne volonté, en effet, s'appelle charité.
Remarquez, frères, que l'aumône de la charité, sans être accompagnée de dons matériels, peut se suffire à elle-même, tandis qu'un don matériel qui n'émane pas d'un cœur bienveillant n'a pas de valeur. Ainsi, comme vous le voyez vous-mêmes, frères très aimés, pour la rémission de tous nos péchés, si l'on ne possède pas de biens terrestres, la charité et l'amour des ennemis sont plus que suffisants ; et à cet égard, nous n'aurons aucune excuse, au jour du jugement : personne ne pourra dire qu'il n'a pas eu de quoi racheter ses péchés.

Sermon 37, 1. 38,5 182, 3. in Verbum Caro, 90, Les Presses de Taizé, 1969. pp. 74-75, in http://peresdeleglise.free.fr.

Saint Ephrem le Syrien, Jeûne, charité et vérité

Mercredi des cendres 14 février 2024 

Le Carême : un temps pour renouveler notre foi, notre espérance et notre charité

Can. 1252 - Sont tenus par la loi de l'abstinence, les fidèles qui ont quatorze ans révolus ; mais sont liés par la loi du jeûne tous les fidèles majeurs jusqu'à la soixantième année commencée.

L’Église catholique propose à ses fidèles de jeûner (de se passer d’un repas) le mercredi des cendres et le Vendredi saint, et de s’abstenir de viande les vendredis du carême. En nous privant du nécessaire, nous nous rappelons que Dieu nous est encore plus nécessaire. Le jeûne aide à acquérir la liberté du cœur.


Cela signifie que nous souhaitons ne pas être centrés sur nous-mêmes, sur nos désirs, sur nos besoins. Le jeûne nous aide ainsi à nous ouvrir à Dieu et aux autres, et par conséquent nous stimule dans la prière.


Pour une personne l'effort sera de prendre la parole pour entrer en relations avec ceux qu'elle rencontre.

Pour une autre, ce sera de se taire à différents moments.

Le choix de ce qui va aider à retrouver davantage l'union à Dieu est personnel à chacun selon ce qu'il est, ces difficultés et lacunes mais aussi parfois c'est une invitation à réguler un don trop généreux et désordonné qui empêche un temps d'oraison.



Jeûne, 
charité et vérité

Saint Éphrem le Syrien promet

du trente pour un au jeûne,

du soixante pour un à la charité

et du cent pour un à la seule vérité.

La charité rapproche de Dieu plus que le jeûne,

mais la charité elle-même est inférieure à la vérité,

parce que, sans la pureté de l’intention,

l’amour profond, le désintéressement et l’oubli de soi,

un geste de charité même matériellement très généreux,

peut être de faible prix aux yeux de Dieu.

Réfugiez-vous dans la vérité,

car c’est elle qui consolide vos remparts.

Pour saint Éphrem et les Pères du désert, la vérité recouvre la pureté de l’intention et implique la fidélité aux Paroles de Dieu. Ce que Dieu nous demande, c’est de croire aux divines Écritures et de pratiquer leurs paroles dans toute la mesure de nos forces.

 Saint Éphrem le Syrien, 4ème siècle. Originaire de Nisibe en syrie. Diacre et docteur de l’Église.       

Soeur Monique-Anne Giroux, Le chemin de la grâce, T 2, 182. Collection des ORANTES DE L ASSOMPTION

Vidéo sur le sens du carême réalisée par soeur Monique-Anne GIROUX sur Orantes de l'Assomption youtube

samedi 10 février 2024

Saint Jean Chrysostome, le lépreux

 

Le Christ est venu nous guérir de la lèpre du péché

« Jésus descendit de la montagne et de grandes foules se mirent à le suivre. Un lépreux s’approcha de lui en disant « Seigneur, si tu veux, tu peux me purifier » (Mt 8, 1-2).



Grandes étaient la discrétion et la foi de celui qui s’approchait ainsi. Il se garda d’interrompre l’enseignement de Jésus, il ne traversa pas la foule qui écoutait ; mais il attendit le moment opportun et s’approcha du Seigneur lorsque celui-ci fut descendu. Il ne s’adresse pas à lui de façon banale, mais avec une grande ferveur, en tombant à ses genoux, comme le dit un autre évangéliste, avec une profonde foi et une idée exacte concernant le Christ. Il ne dit pas : « Si tu demandes à Dieu », ni : « Si tu pries » mais : « Si tu veux, tu peux me purifier », Il ne dit pas non plus : « Seigneur, purifie-moi », mais il s’en remet entièrement à lui, il le rend maître de sa guérison et témoigne de sa toute puissance.

Jésus ne répond pas : « Sois purifié », mais : « Je le veux, sois purifié » (Mt 8,3). Il désirait par ces mots affermir tout le peuple ainsi que le lépreux dans la conviction qu’ils avaient de sa puissance ; voilà pourquoi il dit : « Je le veux ». (…)

Pourquoi lorsqu’il lui suffisait de vouloir et de parler pour purifier, touche-t-il de la main ? Il me semble qu’il n’avait d’autre raison que de montrer par là qu’il se situait non pas sous la Loi mais au-dessus, et que devenue impure au contact de la lèpre ; au contraire, le corps du lépreux fut purifié par cette main très sainte. C’est que le Christ n’est pas venu seulement pour guérir les corps, mais pour élever les âmes à la sainteté et nous apprendre que la seule lèpre à craindre est celle du péché.

Saint Jean Chrysostome (v. 345-407)

http://www.associationdemarie.org/blog/?p=23817


vendredi 9 février 2024

Saint Paschase Radbert (+ 860), Le Christ guérit celui qui croit

6ème dimanche du temps ordinaire

Saint Marc 1,40-45


Un lépreux vient trouver Jésus ; 

il tombe à ses genoux et le supplie : 

"Si tu le veux, tu peux me purifier."







Le Seigneur guérit chaque jour l'âme de tout homme qui l'implore, l'adore pieusement et proclame avec foi ces paroles: Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier Mt 8,2, et cela quel que soit le nombre de ses fautes. Car celui qui croit du fond du coeur devient juste Rm 10,10. Il nous faut donc adresser à Dieu nos demandes en toute confiance, sans mettre nullement en doute sa puissance.

Et si nous prions avec une foi pleine d'amour, nous bénéficions certainement, pour parvenir au salut, du concours de la volonté divine qui agit en proportion de sa puissance et qui est capable de produire son effet. C'est la raison pour laquelle le Seigneur répond aussitôt au lépreux qui le supplie : Je le veux Mt 8,3. Car, à peine le pécheur commence-t-il à prier avec foi, que la main du Seigneur se met à soigner la lèpre de son âme.

Ce lépreux nous donne un conseil excellent sur la façon de prier. Ainsi ne met-il pas en doute la volonté du Seigneur, comme s'il refusait de croire en sa bonté. Mais, conscient de la gravité de ses fautes, il ne veut pas présumer de cette volonté. Quand il dit que le Seigneur, s'il le veut, peut le purifier, il fait bien d'affirmer ainsi le pouvoir qui appartient au Seigneur, de même que sa foi inébranlable. Car, pour obtenir une grâce, la foi pure et vraie est à bon droit requise tout autant que la mise en oeuvre de la puissance et de la bonté du Créateur.

Par ailleurs, si la foi est faible, elle doit d'abord être fortifiée. C'est alors seulement qu'elle révélera toute sa puissance pour obtenir la guérison de l'âme et du corps. L'apôtre Pierre parle sans aucun doute de cette foi quand il dit : 

Il a purifié leurs coeurs par la foi Ac 15,9

Si le coeur des croyants est purifié par la foi, nous devons entendre par là la force de la foi, car, comme le dit l'apôtre Jacques, celui qui doute ressemble au flot de la merJc 1,6.

Mais la foi pure, vécue dans l'amour, maintenue par la persévérance, patiente dans l'attente, humble dans son affirmation, ferme dans sa confiance, pleine de respect dans sa prière et de sagesse dans ce qu'elle demande, est certaine d'entendre en toute circonstance cette parole du Seigneur : Je le veux.

En ayant présente à l'esprit cette réponse admirable, nous devons regrouper les mots selon leur sens. Aussi bien le lépreux a-t-il dit pour commencer: Seigneur, si tu le veux, et le Seigneur: Je le veux. Le lépreux ayant ajouté:  Tu peux me purifier, le Seigneur ordonna avec la puissance de sa parole: Sois purifié  Mt 8,2-3. Vraiment, tout ce que le pécheur a proclamé dans une vraie  confession de foi, la bonté et la puissance divine l'ont aussitôt accompli par grâce.

Un autre évangéliste précise que l'homme qui recouvra la santé était tout couvert de lèpre  Lc 5,12, afin que personne ne perde confiance en raison de la gravité de ses fautes. Car tous les hommes sont pécheurs, ils sont tous privés de la gloire de Dieu Rm 3,23.

C'est pourquoi, si nous croyons à bon droit que la puissance de Dieu est à l'oeuvre partout, nous devons le croire également de sa volonté. Il veut, en effet, que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité  1Tm 2,4.

Clerus homéliaires

samedi 3 février 2024

Saint Pierre Chrysologue, (+ 450), Jésus vient nous sauver

 

Saint Marc 1,29-39 - 5ème dimanche du temps ordinaire



« En quittant la synagogue de Capharnaüm, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean, alla chez Simon et André. Or, la belle-mère de Simon était au lit avec de la fièvre.

Il étendit la main et la fièvre la quitta».










Ceux qui ont écouté attentivement l'évangile de ce jour savent pour quelle raison le Seigneur du ciel est entré dans d'humbles demeures terrestres. Puisqu'il est venu par bonté secourir tous les hommes, il n'est pas étonnant qu'il ait bien voulu porter ses pas en tous lieux.

Etant venu dans la maison de Pierre, Jésus vit sa belle-mère alitée, avec de la fièvre, Mt 8,14. Voyez quel motif a conduit le Christ chez Pierre: nullement le désir de se mettre à table, mais la faiblesse de la malade; non le besoin de prendre un repas, mais l'occasion d'opérer une guérison. Il voulait exercer sa divine puissance, et non prendre part à un banquet avec des hommes. Ce n'était pas du vin qu'on versait chez Pierre, mais des larmes.

Aussi le Christ n'est-il pas entré dans cette maison pour prendre sa nourriture, mais pour restaurer la vie. Dieu est à la recherche des hommes, non des choses humaines. Il veut leur donner les biens célestes, il ne désire pas trouver les biens terrestres. Le Christ est donc venu ici-bas pour nous prendre avec lui, il n'est pas venu chercher ce que nous possédons.

Etant venu dans la maison de Pierre, Jésus vit sa belle-mère alitée, avec de la fièvre. Dès qu'il fut entré chez Pierre, le Christ vit ce pour quoi il était venu. L'aspect de la maison ne retint pas ses regards, ni la multitude venue à sa rencontre, ni l'hommage de ceux qui le saluaient, ni la famille qui le pressait. Il ne jeta même pas un coup d'oeil sur les dispositions prises pour le recevoir, mais il écouta les gémissements de la malade et porta son attention à la fièvre qui la consumait. Il vit qu'elle était dans un état désespéré, et aussitôt il étendit les mains pour qu'elles accomplissent leur oeuvre divine. Et le Christ ne prit pas place à la table des hommes avant que la femme ne se lève de sa couche pour louer Dieu.

Il lui prit la main, dit l'évangile, et la fièvre la quitta, Mt 8,15. Voyez comment la fièvre quitte celle que le Christ tient par la main. La maladie ne résiste pas devant l'auteur du salut. Il n'y a pas de place pour la mort, là où est entré le Prince de la vie.

Sermon 18, 1-3; CCL 24, 107-108.

Clerus, Homéliaires.