mardi 28 décembre 2010

Benoît XVI, extrait homélie Epiphanie



2 janvier 2011
fête de l'Epiphanie

Isaïe 60, 1-6,
Psaume 72 (71),
saint Paul Apôtre aux Éphésiens 3, 3,2-3a.5-6

L'Epiphanie, la « manifestation » de notre Seigneur Jésus Christ, est un mystère multiforme. La tradition latine l'identifie avec la visite des mages à l'Enfant Jésus à Bethléem, et l'interprète donc surtout somme une révélation du Messie d'Israël aux peuples païens. La tradition orientale en revanche privilégie le moment du baptême de Jésus dans le fleuve du Jourdain, lorsqu'il se manifesta comme Fils unique du Père céleste, consacré par l'Esprit Saint. Mais l'Evangile de Jean invite à considérer comme « épiphanie » également les noces de Cana, où Jésus, changeant l'eau en vin, « manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui » (Jn 2, 11). Et que devrions-nous dire, chers frères, en particulier nous, prêtres de la nouvelle Alliance, qui chaque jour sommes témoins et ministres de l'« épiphanie » de Jésus Christ dans la sainte Eucharistie ? L'Eglise célèbre tous les mystères du Seigneur dans ce très saint et très humble Sacrement, dans lequel il révèle et cache en même temps sa gloire. « Adoro te devote, latens Deitas » - en adorant, prions ainsi avec saint Thomas d'Aquin.

… Les Pères de l'Eglise ont également vu dans ce singulier épisode raconté par saint Matthieu une sorte de « révolution » cosmologique, causée par l'entrée du Fils de Dieu dans le monde. Par exemple, saint Jean Chrysostome écrit : « Lorsque l'étoile parvint au-dessus de l'enfant, elle s'arrêta et cela ne pouvait être que le fait d'une puissance que les astres n'ont pas : c'est-à-dire, d'abord se cacher, puis apparaître à nouveau, et enfin, s'arrêter (Homélie sur l'Evangile de Mt, 7, 3). Saint Grégoire de Nazianze affirme que la naissance du Christ imprima aux astres de nouvelles orbites (cf. Poèmes dogmatiques, v, 53-64 : pg 37, 428-429). Ce qu'il faut bien sûr entendre au sens symbolique et théologique.

... Dans le Jésus terrestre se trouve le sommet de la création et de l'histoire, mais dans le Christ ressuscité, on va au-delà : le passage, à travers la mort, à la vie éternelle anticipe le point de la « récapitulation » de toute chose dans le Christ (cf. Ep 1, 10). Tout, en effet - écrit l'apôtre -, « a été créé par lui et pour lui » (Col 1, 16). Et c'est précisément avec la résurrection d'entre les morts, qu'il a obtenu « en tout la primauté » (Col 1, 18). Jésus lui-même l'affirme en apparaissant aux disciples après la résurrection : « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre » (Mt 28, 18). Cette conscience soutient le chemin de l'Eglise, Corps du Christ, le long des chemins de l'histoire. La puissance universelle du Christ s'exerce de manière particulière sur l'Eglise. Dieu « a tout mis sous ses pieds - lit-on dans la Lettre aux Ephésiens - et l'a constitué au sommet de tout, Tête pour l'Eglise, laquelle est son Corps, la Plénitude de Celui qui est rempli, tout en tout » (Ep 1, 22-23). L'Epiphanie est la manifestation du Seigneur, et par conséquent elle est la manifestation de l'Eglise, parce qu'on ne peut pas séparer le Corps de la Tête. La première lecture d'aujourd'hui, tirée de ce que l'on appelle le Troisième Isaïe, nous offre la perspective exacte pour comprendre la réalité de l'Eglise, en tant que mystère de lumière réfléchie : « Debout ! - dit le prophète en s'adressant à Jérusalem - Resplendis ! car voici ta lumière, / et sur toi se lève la gloire de Yahvé » (Is 60, 1). L'Eglise est une humanité éclairée, « baptisée » dans la gloire de Dieu, c'est-à-dire dans son amour, dans sa beauté, dans sa puissance. L'Eglise sait que son humanité, avec ses limites et ses faiblesses, met encore en relief l'œuvre de l'Esprit Saint. Elle ne peut se vanter de rien sinon en son Seigneur : ce n'est pas d'elle que provient la lumière, la gloire n'est pas la sienne. Mais c'est précisément là qu'est sa joie, que personne ne pourra lui ôter : être « signe et instrument » de Celui qui est « lumen gentium », lumière des peuples (cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1).

Extrait - ROME, Jeudi 8 janvier 2009 (ZENIT.org) - homélie prononcée par le pape Benoît XVI en la solennité de l'Epiphanie, le 6 janvier 2009, dans la basilique Saint-Pierre.

mardi 21 décembre 2010

Père Charles Singer, il est venu

Amis, frères de partout, il est venu celui qu'on attendait.

Connaissez vous son nom?
Je vais vous le dire et dans vos cœurs

son Nom chantera comme une flûte
dans le silence brumeux de la nuit.
Portes, ouvrez-vous!
Sur les chemins, faites de la place.

Préparez la maison.
Posez des lumières sur vos fenêtres.
Sachez que la longue attente est terminée.
Levez la tête!
Je vous le dis: Il est venu!

Connaissez-vous son Nom?
Je vais vous le dire et son Nom éclatera
comme des poussières d'étoiles sur la place du monde.
Aujourd'hui, lumineuse sera la nuit et resplendissant le jour.
Car il est né l'enfant qui change le monde.

Connaissez-vous son nom?
Sur son visage danse le sourire de Dieu.
Il est né, il restera avec nous
et la joie des hommes devient la joie de Dieu.
Il est né, il reste avec nous
et la souffrance des hommes devient la souffrance de Dieu.
Il est né, il reste avec nous
et l'amour des hommes devient l'amour de Dieu.
Il est né, il reste avec nous
et ses paroles portent la vie en elles
comme un printemps gonflé de promesses.

Connaissez-vous son Nom?
Je vais vous le dire et je voudrai qu'il reste attaché à votre coeur.
Il s'appelle EMMANUEL,
Il est Dieu avec nous.

jeudi 9 décembre 2010

Saint Ephrem, 4ème s, Hymne de la foi


Saint Ephrem
Le Syrien de Nisibe (306/373)

Tourne-moi vers ton enseignement
Car j'ai cherché à me détourner
Et j'ai vu que je m'appauvrissais,
Car l'âme n'est riche
que dans le commerce avec toi.
Gloire à ta méditation !
Toujours, quand j'ai médité sur toi
J'ai reçu de toi un trésor
Et là où je t'ai contemplé
Une source a coulé de toi
Et j'ai puisé tant que j'ai pu.
Gloire à ta source !
Elle est cachée, ô mon Seigneur, ta source,
A qui n'a pas soif de toi,
Et vide, la salle de ton trésor,
Pour qui te hait :
La charité est le trésorier.
De ton trésor céleste.
Quand je m'éloigne de ta compagnie,
Ta beauté excite mon désir,
Et quand j'accompagne ta Majesté,
Ta gloire me remplit de crainte :

Que je m'éloigne ou que j'approche,
Je suis le vaincu, de toutes façons.
[...[

J'ai médité, et j'ai parlé de toi,
Non que je t'aie compris ;
Puis j'ai succombé,et je me suis tu à nouveau,
Non que je t'aie perdu.
Je me suis perdu en toi,
et je suis resté sans voix :

Gloire à toi, Etre caché."

(Hymne de la foi 32, 1-6)

mardi 30 novembre 2010

Immaculée conception, 8 décembre


L'Immaculée Conception de Marie est un dogme de l'Église catholique, défini le 8 décembre 1854 par le Pape Pie IX dans sa bulle Ineffabilis Deus.

Le 8 décembre 1896 est le jour de la fondation de la Congrégation des Orantes de l'Assomption. A cette date, chaque année, les Orantes de l'Assomption ont la coutume de renouveler leurs voeux. C'est une manière de raviver leur don au service de l'Eglise et des hommes.


"En Marie, la grâce de la conception immaculée est non seulement préservation, mais encore plénitude de grâce qui ne cesse de s'épanouir. Marie est la "Bien Aimée" du Très-Haut, "pétrie par l'Esprit Saint" selon la belle expression de Saint Germain de Constantinople (LG N° 56)

Paul Claudel + 1955
La Vierge à midi

Il est midi. Je vois l’église ouverte. Il faut entrer.
Mère de Jésus-Christ, je ne viens pas prier.Je n’ai rien à offrir et rien à demander.
Je viens seulement, Mère, pour vous regarder.
Vous regarder, pleurer de bonheur, savoir cela.

Que je suis votre fils et que vous êtes là.
Rien que pour un moment pendant que tout s’arrête.
Midi !
Etre avec vous, Marie, en ce lieu où vous êtes.

Ne rien dire, regarder votre visage,
Laisser le cœur chanter dans son propre langage,
Ne rien dire, mais seulement chanter parce qu’on a le cœur trop plein.
Comme le merle qui suit son idée en ces espaces de couplets soudains.

Parce que vous êtes belle, parce que vous êtes immaculée,
La femme dans la grâce restituée,
La créature dans son honneur premier et dans son épanouissement final.
Telle qu’elle est sortie de Dieu au matin de sa splendeur originale.

Intacte ineffablement parce que vous êtes la Mère de Jésus-Christ,
Qui est la vérité entre vos bras, et la seule espérance et le seul fruit…
Parce que vous êtes la femme, l'Eden de l'ancienne tendresse oubliée, Dont le regard trouve le cœur tout à coup et fait jaillir les larmes accumulées.

Parce qu'il est midi, parce que nous sommes en ce jour d'aujourd'hui, Parce que vous êtes là pour toujours, Simplement parce que vous êtes Marie, Simplement parce que vous existez,

Mère de Jésus-Christ, soyez remerciée !

Mgr Henri Brincard, Marie et l'Eglise dans la lumière du Jubilé de l'An 2000, Préface de Mgr Louis-Marie-Billé, Président de la Conférence des Evêques de France, Salvator, 1999, 29, 137-138.

jeudi 25 novembre 2010

Benoît XVI, Attente de Dieu


A l’humanité qui n’a plus de temps pour Dieu,
Dieu offre à nouveau du temps
pour se remettre en marche dans le sens de l’espérance.

Dieu attend que nous revenions à Lui,
que nous nous rappelions que nous sommes ses enfants.


Cette attente de Dieu précède toujours notre espérance.
Chaque homme est appelé à espérer en répondant à l’attente que Dieu a pour lui.

Qu’est-ce qui fait avancer le monde
sinon la confiance que Dieu a en l’homme…
C’est une confiance qui a son reflet dans le cœur des petits, des humbles,
lorsque malgré les difficultés, ils s’engagent chaque jour à faire de leur mieux,
à accomplir ce peu de bien qui est beaucoup aux yeux de Dieu,
en famille, au travail, à l’école…

Dans le cœur de l’homme, l’espérance est inscrite de manière indélébile,
car Dieu Notre Père est Vie, et nous sommes faits pour la vie éternelle et bienheureuse.

mardi 16 novembre 2010

Père Matta El-Maskîne, la prière, invitation divine

Le père Matta el Maskîne, de l'Eglise copte, s'est endormi dans le Seigneur le 8 juin 2006 à l'âge de 87 ans. Il a été enterré dans une grotte creusée dans la roche à l'écart du monastère, selon sa volonté.
Moine depuis 1948, higoumène en 1954, il fut ordonné prêtre en 1951. En 1969 il fut nommé responsable du monastère Saint Macaire dans le désert de Wadi El Natroun (Egypte). L'higoumène Matta El Maskîne, moine, ascète et érudit en fut le père spirituel durant 37 ans.



La prière véritable, dans laquelle nous avons accès auprès de Dieu et nous parlons en sa présence, n'est pas un simple acte humain. Elle est essentiellement une invitation divine à laquelle nous ne faisons que répondre. Dieu est toujours et en tout temps disposé à nous recevoir et il ne cesse de nous inviter à venir vers lui :

" Tout le jour j'ai tendu les mains », Rm 10,21 ... " Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai », Mt 11,28. " Celui qui vient à moi, je ne le jetterai pas dehors », Jn 6,37. Car Dieu se réjouit de m'avoir auprès de lui; et si possible de façon permanente. Lorsque nous nous tenons devant Dieu, en sa présence, nous réalisons en fait le retour de la créature exilée vers le sein de son Créateur, à l'instar du retour d'Adam au Paradis.

Aussi la prière est-elle, en soi, une réparation des longues heures passées loin de Dieu parmi les préoccupations de la terre et les soucis de la vie temporelle, Lc 21,37. En soi, la prière représente un retour à Dieu, une véritable conversion. Dieu, autrefois, a chassé Adam de sa présence, et le voici maintenant qui nous appelle sans cesse, " tout le jour", à entrer en sa présence et à rester avec lui. Une fois que nous sommes entrés auprès de lui par la prière, Dieu désire que nous ne ressortions plus jamais. Aussi la prière véritable, qui a réussi à répondre au désir bienveillant de Dieu doit-elle continuer secrètement au fond du coeur, par un échange sans paroles, après que nous ayons quitté le lieu de la prière. Nous allons alors à nos diverses occupations, tandis que la prière ne cesse de continuer son travail secret à l'intérieur de nos coeurs.

Conseils pour la prière par le Père Matta El-Maskine du Monastère de Saint Macaire au désert de ScétéWadi el NatrounTraduction française publiée dans la revue Irénikon, 1986, pp 451-481

jeudi 11 novembre 2010

Mère Isabelle au Père Picard, A.A., 2 septembre 1896



EN 1895



Le 17 novembre, nous fêtons Mère Isabelle,

fondatrice des soeurs Orantes de l'Assomption.

Fondées le 8.12.1896, avec la famille de l'Assomption, nous fêtons le Père d'Alzon le 21 novembre qui est le jour de l'approbation de nos Premières Constitutions par le Cardinal Richard.











Pendant mon action de grâce après la Communion, j'ai senti la parole de Dieu, non cette parole qui subjugue et absorbe, mais cette parole qui demande un effort pour chasser la distraction et se recueillir pour écouter la voix du Maître. Il y a entre ces deux paroles une grande différence, en ce sens que dans la première l'âme est certaine que Dieu a parlé et a fait taire tout le reste, tandis que dans la seconde l'âme n'est pas certaine de n'avoir pas opéré elle-même, de n'avoir pas fait elle-même la demande et la réponse. Et cependant l'effet semble être le même. ­-



Quoiqu'il en soit, que j'aie appelé Dieu ou que Dieu m'ait appelée, j'ai en tous cas prié avec recueillement et reçu la lumière de Dieu. Ce n'est pas une lumière nouvelle, mais la lumière qui fait pénétrer plus avant la vérité dans l'âme ...



- Notre-Seigneur fait quelques fois sentir à l'âme un immense besoin d'être purifiée. Il le lui fait sentir en la rejetant en quelque sorte. Ce n'est pas cela que j'ai éprouvé. Notre-Seigneur, si je puis m'exprimer ainsi, semblait tranquille avec moi dans l'état où je suis après m'avoir fait passer par la purification pour y atteindre. - ‘Ne m'avait-il pas assez aimée pour s'approcher de moi, pour m'adresser les paroles et les invitations les plus tendres avant toute purification ? A plus forte raison pouvait-il s'approcher de moi maintenant que j'avais traversé une purification. Mon âme était donc libre, absolument libre de ne pas passer par une nouvelle purification’. - Et, en effet, je me sentais libre, absolument libre, tandis qu'en général, quand Notre-Seigneur impose une demande, il pèse si fort sur l'âme qu'il lui serait impossible de ne pas céder sans être infidèle. - Ainsi, je n'ai pas pensé à mon voeu de ne jamais résister à la grâce, mais, y eussé-je pensé, que je ne crois pas que je me serais sentie obli­gée. - Une chose me gênait c'est cette audace dans la prière que le Père m'a dit de conserver et que je craignais de perdre dans une purification nouvelle. Notre-Seigneur m'a rassurée. Cette audace me restera dans la souffrance de la purification, mais ce sera - je ne sais pas bien comment dire quoiqu'il me semble comprendre que ce sera comme une flèche, comme un trait de feu qui, parti du fond de mon abjection, déchirera mon âme au passage... Rassurée sur ce point, confiante dans l'obéissance et dans la grâce qui me sera donnée, désireuse d'être purifiée pour aimer davantage Notre-Seigneur et lui gagner des âmes, j'ai demandé cette purification nouvelle. - Je sens qu'il faut surtout la demander et ne pas résister à ses effets, mais que je n'y ferais pas activement grand chose par moi-même. Il faut que mon âme soit passive sous la main de Dieu qui saura bien prendre les moyens nécessaires extérieure­ment et intérieurement. - Cependant pour témoigner de ma correspondance à la grâce Notre-Seigneur m'a indiqué deux choses à faire : dans le courant de la journée m'exercer à voir les qualités, les vertus des autres, me mettre au-dessous de tous dans ma propre estime. - Dans la prière me présenter comme pécheresse au-dessous de tous les pécheurs, m'abritant en quelque sorte derrière leur ignominie, y mêlant ma propre ignominie, l'ignominie de mon orgueil qui fait que je ne puis me préférer à au­cun.... là, au fond de cet abîme d'ignominie, si je l'accepte dans son entier, si je m'en laisse en quelque sorte pénétrer par la honte et la contrition de mon orgueil, ce n'est pas le désespoir que je trouverai mais Notre-Seigneur portant les péchés du monde. - ­Je dois commencer ma prière en me présentant ainsi devant Dieu si je veux passer par la purification. C'est mon travail à moi, c'est ma façon de montrer ma bonne volonté d'entrer dans cette voie ou plutôt d'y rentrer, mais le vrai travail d'humiliation intime c'est Dieu qui le fera d'après mon désir et non parce qu'il me l'a imposé.­ -



mardi 2 novembre 2010

Saint Pierre Chrysologue 380-450, homélie sur la paix

Lundi 11 novembre 1918, 11 heures : dans toute la France, les cloches sonnent à la volée pour annoncer la fin de la guerre et le traité de paix avec l'Allemagne. Le monde est encore en feu et des pays recherchent la voie de la paix.
Saint Pierre Chrysologue, archevêque de Ravenne, docteur de l'Eglise (v. 380 – v. 450) développe la paix dans la perspective de l'union avec les frères.


"Heureux les artisans de paix, dit l’évangile, mes très chers frères, ils seront appelés fils de Dieu ! C’est à juste titre que les vertus chrétiennes se développent chez celui qui maintient la paix chrétienne entre tous ; et l’on n’obtient le titre de fils de Dieu que si l’on mérite le nom d’artisan de paix.

La paix, mes très chers, est ce qui débarrasse l’homme de l’esclavage, fait de lui un homme libre, transforme sa condition personnelle aux yeux de Dieu, fait d’un serviteur un fils, d’un esclave un homme libre. La paix entre frères est ce que Dieu veut, ce qui réjouit le Christ, ce qui accomplit la sainteté, ce qui règle la justice, ce qui enseigne la doctrine, ce qui protège les mœurs, bref c’est en toutes choses une conduite digne d’éloges. La paix fait exaucer nos prières, elle ouvre une route facile et praticable à nos supplications, elle accomplit parfaitement tous nos désirs. La paix est la mère de la charité, le lien de la concorde, le signe évident d’une âme pure, qui peut réclamer à Dieu tout ce qu’elle veut ; car elle demande tout ce qu’elle veut et elle reçoit tout ce qu’elle demande.[…]

Planter les racines de la paix, c’est l’œuvre de Dieu ; arracher entièrement la paix, c’est le travail de l’ennemi. Car, de même que l’amour fraternel vient de Dieu, ainsi la haine vient du démon ; c’est pourquoi il faut condamner la haine, car il est écrit : "Tout homme qui a de la haine contre son frère est un meurtrier".

Vous voyez, frères bien aimés, pourquoi il faut aimer la paix et chérir la concorde : ce sont elles qui engendrent et nourrissent la charité. […] Il faut donc que tous nos désirs s’attachent à l’amour, car il peut obtenir tous les bienfaits et toutes les récompenses. Il faut garder la paix plus que toutes les autres vertus, parce que Dieu est toujours dans la paix. […] Aimez la paix, et tout sera dans le calme : afin que vous obteniez pour nous la récompense et pour vous la joie, afin que l’Eglise de Dieu, fondée sur l’unité de la paix, mène une vie parfaite dans le Christ."

Homélie sur la paix, 53
http://peresdeleglise.free.fr/Joie/paix.htm

mardi 26 octobre 2010

Saint Bernard de Clairvaux, homélie pour la Toussaint



Dans un langage quelque peu d'une autre époque, saint Bernard nous dit une chose essentielle. Les saints ne sont pas faits que pour être admirés! Nous sommes tous appelés à faire partie de "la foule immense des témoins" dont le grand bonheur est de voir un jour le visage du Seigneur et d'être semblable à lui (1 Jn 3,2). Tel est le sens de la fête de la Toussaint célébrée le 1er novembre.


Saint Bernard de Clairvaux
Pourquoi notre louange à l'égard des saints, pourquoi notre chant à leur gloire, pourquoi cette fête même que nous célébrons ? Que leur font ces honneurs terrestres, alors que le Père du ciel, en réalisant la promesse du Fils, les honore lui-même ? De nos honneurs les saints n'ont pas besoin, et rien dans notre culte ne peut leur être utile. De fait, si nous vénérons leur mémoire, c'est pour nous que cela importe, non pour eux. [...] Pour ma part, je l'avoue, je sens que leur souvenir allume en moi un violent désir [...]
Le premier désir, en effet, que la mémoire des saints éveille, ou plus encore stimule en nous, le voici : nous réjouir dans leur communion tellement désirable et obtenir d'être concitoyens et compagnons des esprits bienheureux, d'être mêlés à l'assemblée des patriarches, à la troupe des prophètes, au groupe des Apôtres, à la foule immense des martyrs, à la communauté des confesseurs, au chœur des vierges, bref d'être associés à la joie et à la communion de tous les saints. [...] Cette Église des premiers-nés nous attend, et nous n'en aurions cure ! Les saints nous désirent et nous n'en ferions aucun cas ! Les justes nous espèrent et nous nous déroberions !

Réveillons-nous enfin, frères ; ressuscitons avec le Christ, cherchons les réalités d'en haut ; ces réalités, savourons-les. Désirons ceux qui nous désirent, courons vers ceux qui nous attendent, et puisqu'ils comptent sur nous, accourrons avec nos désirs spirituels. {...] Ce qu'il nous faut souhaiter, ce n'est pas seulement la compagnie des saints, mais leur bonheur, si bien qu'en désirant leur présence, nous ayons l'ambition aussi de partager leur gloire, avec toute l'ardeur et les efforts que cela suppose. Car cette ambition-là n'a rien de mauvais : nul danger à se passionner pour une telle gloire. [...]

Et voici le second désir dont la commémoration des saints nous embrase : voir, comme eux, le Christ nous apparaître, lui qui est notre vie, et paraître, nous aussi, avec lui dans la gloire. Jusque-là, il ne se présente pas à nous comme il est en lui-même, mais tel qu'il s'est fait pour nous : notre Tête, non pas couronnée de gloire, mais ceinte par les épines de nos péchés [...] Viendra le jour de l'avènement du Christ : alors on n'annoncera plus sa mort de manière à nous faire savoir que nous aussi sommes morts et que notre vie est cachée avec lui. La Tête apparaîtra dans la gloire, et avec elles les membres resplendiront de gloire, lorsque le Christ restaurera notre corps d'humilité pour le configurer à la gloire de la Tête, puisque c'est lui la Tête.


Cette gloire, il nous faut la convoiter d'une absolue et ferme ambition. [...] Et vraiment, pour qu'il nous soit permis de l'espérer, et d'aspirer à un tel bonheur, il nous faut rechercher de tout cœur l'aide et la prière des saints : ce qui est au-dessus de nos forces puisse-t-il nous être donné par leur intercession !

Homélie de St Bernard pour la Toussaint (Ed. cistersienne, 5, 364-368)

dimanche 17 octobre 2010

Saint Grégoire de Nazianze, C'est en toi que nous reposons


Saint Grégoire de Naziance,
archevêque de Constantinople,
docteur de l'Eglise. 389."

Il aima les livres,
il aima les savants, mais les livres et les savants qui parlaient de Dieu."Rorhbacher.

Oeuvres poétiques :

"Vers du même. Sur la route", "Les Belles Lettres", 2004, p.46

C'est en toi que nous reposons, Verbe de Dieu,
quand nous restons chez nous : à toi nous attachons notre loisir.
Assis, nous sommes à toi ; à toi en nous levant et en nous arrêtant ;
à toi encore quand nous partons ; et maintenant,
c'est sur tes indications que nous marchons droit devant nous.
Mais puisses-tu m'envoyer l'un de tes anges pour me guider,
un accompagnateur favorable
qui me conduirait au moyen d'une colonne de feu et de nuée,
qui d'un mot fendrait la mer et arrêterait les cours d'eau,
qui dispenserait avec largesse une nourriture venue d'en haut comme d'en bas.
La croix, tracée par mes mains, réfrénerait l'audace des ennemis…

lundi 11 octobre 2010

Thérèse d'Avila, Distractions

Fête de Thérèse d'Avila le 15 octobre.

- Elle est née en Espagne, à Avila le 28 mars 1515
- En1531, elle prend l’habit religieux au monastère de l’Incarnation des Carmélites d’Avila en Espagne.
- Le père Garcia de Tolédo, dominicain  lui demande de décrire ces "phénomènes spirituels" dans un livre qui  relatera aussi sa vie quotidienne,et la façon dont elle pratique l’oraison. Ce  livre a été écrit en 1562 et s’intitule :« Thérèse d’Avila ,vie écrite par elle même », traduit de l’espagnol par le père Grégoire de Saint Joseph, Editions du Seuil,1949,1995.)
- Elle est béatifiée en 1614 et proclamée docteur  de l’Eglise par l’Eglise catholique

1. Distractions


Il ne s’agit pas de beaucoup penser (à l’oraison), mais de beaucoup aimer. Donc, tout ce qui vous incitera à aimer davantage, faites-le. Nous ne savons peut-être pas ce que c’est qu’aimer, je n’en serais pas très étonnée. Or il ne s’agit pas de goûter le plus grand plaisir, mais d’avoir la plus forte détermination de désirer toujours contenter Dieu, de chercher, autant que possible, à ne pas l’offenser, de le prier de faire toujours progresser l’honneur et la gloire de son Fils, et grandir l’Église Catholique. Telles sont les marques de l’amour, mais ne croyez pas qu’il s’agisse de ne pas penser à autre chose, et que si vous êtes un peu distrait, tout est perdu. Ces tumultes de la pensée m’ont parfois bien oppressée. Depuis un peu plus de quatre ans, j’ai enfin compris, par expérience, que la pensée, ou, pour mieux me faire comprendre, l’imagination, n’est pas l’entendement. Je l’ai demandé à un homme docte. Il m’a dit qu’il en était ainsi, pour ma plus grande satisfaction. Comme l’entendement est l’une des facultés de l’âme, il m’était dur de le voir parfois si papillonnant. Il est habituel que la pensée s’envole soudain, Dieu seul peut la lier. /…/ De même que nous ne pouvons pas retenir le mouvement du ciel qui va vite, à toute vélocité, nous ne pouvons pas davantage retenir notre pensée. L’associant aux autres facultés de notre âme, nous croyons que nous sommes perdues et que nous faisons mauvais usage du temps que nous passons devant Dieu. Mais l’âme, d’aventure, est tout unie à lui dans les Demeures les plus intérieures tandis que la pensée (l’imagination), encore aux alentours du château, en proie à mille bêtes féroces et venimeuses, acquiert des mérites par ses souffrances. Cela ne doit donc pas nous troubler, ni nous inciter à abandonner.

Le château intérieur, quatrièmes Demeures, chapitre I,7-9

mardi 5 octobre 2010

Catéchisme hollandais pour adultes, méditation et contemplation

Méditation et contemplation
Extrait du catéchisme hollandais
pour adultes

Celui qui veut progresser sans cesse dans la connaissance de Dieu en viendra à fixer sur lui sa réflexion. Il s'agenouille. Il pense aux paroles d'une prière, les reprend mot pour mot (le Notre Père, un psaume, par exemple) ou bien il réfléchit à un récit de l'évangile ou à un certain comportement (la patience, la serviabilité...).. Il en parle avec Dieu. De cette réflexion, il retire lumière, force et amour. "Méditation" est le nom donné à cette forme de prière et nul ne saura jamais quel rôle important elle a joué dans le progrès de l'humanité, dans la croissance de la bonté sur terre.

Celui qui médite régulièrement depuis des années ("essaie de méditer", corrigera celui qui le fait) découvre à un moment donné que la méditation lui est devenue tout à fait impossible. Il essaie de se concentrer, mais sans succès. Il veut pourtant prier. Son coeur veut être près de Dieu, veut être attentif à la profondeur divine de la réalité. Parfois il éprouvera de la sécheresse, oui, un sentiment d'aversion et de totale misère. Et pourtant, quelque chose en lui veut continuer à prier. Il expérimente très fortement qu'il est agi plutôt qu'il n'agit. Parfois aussi c'est la paix de Dieu qui l'emplira. Il est alors en quelque sorte transporté. Il éprouve que Dieu est près de lui.

Dans cette prière la réflexion tient alors une moins grand place; c'est la prière de repos (oraison de quiétude). De la méditation, la prière glisse vers la contemplation. Celui qui a consacré beaucoup de temps à la méditation atteindra ce stade. Parvenus à cette étape, certains croient qu'ils doivent quand même continuer à réfléchir et à exprimer des pensées précises. Ils n'ont pas conscience de se trouver dans une autre sorte de prière. Un bon conseiller pourrait ici prévenir bien des désarrois et des souffrances. Il expliquerait que la prière n'a pas rétrogradé, mais qu'elle entre dans une phase plus avancée. Il ne faut pas essayer à tout prix de produire des idées et des mots. On se trouve tout simplement près de Dieu.

Une introduction à la foi catholique, Ed. française, IDOC, 1968, p. 407-408

dimanche 26 septembre 2010

Saint Grégoire le Grand, 29 septembre, Saint Michel

Un peu d'histoire…

Dès les tous premiers siècles, l'Eglise célébrait une fête, le 29 septembre, en l'honneur des anges : les "vertus des cieux", c'est-à-dire l'ensemble du monde angélique.

A la fin du Vème siècle, à la suite d'une apparition de Saint Michel sur le mont Gargan, en Italie du Sud, on construisit à cet endroit une basilique qui lui fut dédicacée.


Peu après, aux alentours de l'an 530, le pape Boniface, pour dédier une église à Saint Michel dans le grand cirque à Rome, choisit cette date du 29 septembre, déjà consacrée aux anges.
Cette double dédicace accrut alors grandement la gloire du grand archange.


Depuis le VIème siècle, donc, l'Eglise célèbre, en cette fête du 29 septembre, saint Michel et tous les anges, dont il est le chef.


Le 29 septembre est donc devenu, traditionnellement, "la Saint Michel" : fête tout à la fois religieuse et populaire, qui rythme l'année en marquant un changement de saison, de même que "la Saint Jean", le 24 juin, marque l'ouverture de l'été et de certains travaux dans les champs.


Très récemment (en 1969), la réforme du calendrier liturgique a fait du 29 septembre la fête des trois archanges dont nous connaissons le nom : Michel, Gabriel et Raphaël avec, toujours, l'ensemble de tous les anges.


Les trois archanges


Saint Grégoire le Grand nous les présente ainsi :
Il faut savoir que le nom d'anges désigne leur fonction, et non leur nature.

Tout au long de l’Ancien Testament, les anges sont présents pour instruire, protéger, réconforter et conduire les hommes. Après l’expulsion de nos premiers parents, l’ange à l’épée flamboyante interdit l’entrée du Paradis terrestre, Genèse III 24. Un ange consola Agar dans le désert, Genèse XVI 9 & XXI 17. C’est un ange qui arrêta le bras d’Abraham prêt à immoler Isaac, Genèse XXII 11. Avant que Sodome fût détruite par le feu du ciel, un ange fit sortir Loth et sa famille de la ville, Genèse XIX. Le patriarche Jacob vit en songe des multitudes d’anges monter et descendre l’échelle qui allait de la terre au ciel, Genèse XXVIII 12. Dieu envoya un ange pour conduire à travers le désert les Hébreux vers la Terre Promise, Exode XXIII 20-23. Elie fut réconforté dans le désert par un ange, Premier livre des Rois XIX 5.

Le Nouveau Testament est aussi tout rempli du ministère des anges. L’ange Gabriel fut le messager du mystère de l’Incarnation auprès de Zacharie, Evangile selon saint Luc I 11-20, et de Marie, Evangile selon saint Luc I 26-38. Un ange fut préposé à instruire saint Joseph de ce mystère, Evangile selon saint Matthieu I 20-23, et à l’assister dans sa vocation de père nourricier Evangile selon saint Matthieu II 13-21. Un ange annonça la naissance du Messie aux bergers de Bethléem et des multitudes d’anges chantèrent dans le ciel de Noël, Evangile selon saint Luc II 8-14. Des anges servirent Jésus après sa victoire sur la triple tentation, après le jeûne au désert, Evangile selon saint Matthieu IV 11, et un ange le réconforta lors de son Agonie, dans la nuit du jardin des Oliviers, Evangile selon saint Luc XXII 43. Des anges furent envoyés par Dieu pour annoncer la Résurrection du Sauveur aux saintes femmes, Evangile selon saint Matthieu XXVIII 5-6 & Evangile selon saint Luc XXIV 22, à Marie-Madeleine, Evangile selon saint Jean XX 11. Des anges, enfin, introduisirent les Apôtres après l’Ascension, Actes des Apôtres I 9.

Dans son enseignement, Jésus parla souvent des anges comme les auxiliaires à la fin du monde, Evangile selon saint Matthieu XIII 36-43, XVI 27 & XXIV 31, et il parla des anges gardiens, Evangile selon saint Matthieu XVIII 10.

L’Eglise primitive, comme le Seigneur, est assistée par les anges dont l’un fait échapper les Apôtres des mains des Saducéens, Actes des Apôtres V 19-20, et dont un autre délivre saint Pierre de la prison d’Hérode, Actes des Apôtres XII 6-17.

Un ange conduisit le centurion Corneille vers saint Pierre, Actes des Apôtres X 1-8, un autre sauva saint Paul d’un naufrage, Actes des Apôtres XXVII 23-26.

Saint Paul, dans ses épîtres, et saint Jean, dans l’Apocalypse, enseignèrent bien des choses sur les anges.

Or, l’Ecriture ne nous a révélé les noms que de trois d’entre les anges : Gabriel qui veut dire « la force Dieu », Raphaël « Dieu guérit », et Michel « Qui est comme Dieu ? »

La seule signification du nom du saint archange Michel nous indique le rôle qui lui est échu depuis le commencement jusqu’à la fin des temps. A la tête des armées célestes, il rejeta Lucifer des cieux, au moment de ce grand déchirement où s’ouvre le porche tragique de l’histoire ; Lucifer qui, oubliant son état de créature, ne veut pas servir les desseins de Dieu, est repoussé par la victorieuse question de Michel : Qui est comme Dieu ?

La force de saint Michel archange procède de son amour de Dieu qu’il proclame. Cet amour que les bons anges ont pour Dieu ne consiste pas seulement à vouloir l’adorer, le servir et lui plaire, mais aussi, et peut-être surtout, à se mettre au service de l’homme, en sachant que, par le mystère de l’Incarnation du Verbe divin, cette créature moins parfaite que lui, lui deviendra supérieure. … Dieu nous dit, affirme saint Jean Chrysostome : « Je commande aux anges, et toi aussi par les prémices (le Christ). Je suis assis sur le trône royal, et toi aussi par les prémices. ‘Il nous a ressuscités avec lui, est-il écrit, et assis avec lui à la droite du Père, Epître de saint Paul aux Ephésiens II 6.

"Les chérubins et les séraphins et toute l'armée céleste, les principautés, les puissances, les trônes et les dominations t'adorent à cause des prémices », saint Jean Chrysostome : commentaire de la première épître de saint Paul à Timothée, XV.

« Toutes les fois, dit saint Grégoire le Grand, qu’il s’agit d’une œuvre de merveilleuse puissance, c’est Michel que l’on nous dit envoyé, pour que son intervention même et son nom nous donnent à entendre que personne ne peut faire ce que Dieu seul a le privilège de faire. L'antique ennemi, qui a désiré par orgueil être semblable à Dieu, disait : J'escaladerai les cieux, par-dessus les étoiles du ciel j'érigerai mon trône, je ressemblerai au Très-Haut. Or, l'Apocalypse nous dit qu'à la fin du monde, lorsqu'il sera laissé à sa propre force, avant d'être éliminé par le supplice final, il devra combattre contre l'archange Michel : Il y eut un combat contre l'archange Michel », Saint Grégoire le Grand : homélie XXXIV sur les péricopes évangéliques.

Vous demandez que saint Michel vous protège et vous voulez gagner avec lui le combat contre les puissances démoniaques, alors battez-vous avec ses armes en étant, à la face du monde de ceux qui proclament que nul n’est comme Dieu…

Puissent vos cœurs s’ouvrir largement au mystère de l’archange saint Michel de sorte qu’il vous aide à devenir plus droits, plus forts et plus purs, témoins incorruptibles de la vérité divine qui demande notre aveu.

lundi 20 septembre 2010

Jean Cassien, Le cri vers Dieu

Jean CASSIEN, (360-435)

D'origine scythe, c'est-à-dire roumaine, Cassien reçut une solide formation classique. Jeune, il partit à Bethléem, où il se fit moine, puis vécut 10 ans chez les Pères des déserts égyptiens. Il se rendit auprès de Saint Jean Chrysostome à Constantinople, où il fut ordonné diacre. Puis, il séjourna à Rome. Vers 416, il vint se fixer à Marseille, pour y fonder un monastère d'homme (l'abbaye Saint Victor) et un monastère de femmes.


Celui qui tient compte des anciens, accepte de se reconnaître dans une situation de besoin. Placé face à lui-même, il renonce à regarder avec nostalgie l’idéal de soi perdu. Il crie vers Dieu qui seul peut le sauver. Son cœur, comme piqué par l’épine de la souffrance, se remplit de componction : les larmes jaillissent. Mais cette souffrance apaise. Car dans le creux de l’être, dans ce qui apparaissait comme un gouffre, un vide, se noue une relation de confiance dont nous sommes dépendants.

A chaque expérience de notre impuissance, il suffit de crier, du fond de notre misère : « Dieu viens à mon aide ! ». Peu à peu, la confiance en Dieu devient le levier de notre existence, le tremplin où nous prenons appui :

« Pour garder toujours en vous le souvenir de Dieu, voici la formule de prière que vous vous proposerez constamment ; « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, viens vite à mon secours ! » Ce n’est pas sans raison que ce court verset a été choisi particulièrement dans toutes l’Ecriture Sainte. Car il est propre à exprimer toutes les affections dont notre âme est susceptible, et il convient admirablement à tous les états et à toutes les tentations. On y voit l’invocation de Dieu contre toutes sortes de dangers, l’humilité d’une sincère confession, la vigilance que produisent une frayeur et une crainte continuelles, la considération de notre fragilité, l’espérance d’être exaucé et la confiance en la bonté de Dieu qui est toujours présent et proche de nous. Car celui qui invoque sans cesse son protecteur est assuré qu’il lui est toujours présent. Enfin on y voit le feu de l’amour fervent, l’appréhension des pièges qui nous environnent, la crainte des ennemis qui nous assiègent nuit et jour, dont l’âme reconnaît qu’elle ne peut se délivrer que par le secours de son défenseur (…).

Je me trouve quelquefois attaqué par la gourmandise, je désire des mets que le désert ne produit point et dans une âpre solitude je sens l’odeur des viandes qui paraissent sur la table des rois ; je me sens entraîné à les désirer, que puis-je faire alors que de dire : « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, viens vite à mon secours ! (…).


Je veux m’appliquer à la lecture afin de fixer ma pensée, je sens un mal de tête qui m’en empêche, ou dès la troisième heure, la somnolence fait tomber ma tête sur la page sacrée, et je suis forcé à dépasser le temps du repos, ou à le prévenir ; la violence du sommeil que je ne puis vaincre me fera entrecouper les psaumes et les prière canoniques de nos assemblées. Il me faut encore crier de même : « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, viens vite à mon secours ! (…) ».


Je suis tenté de vaine gloire et d’orgueil, et je me sens dans mon esprit quelque secrète complaisance, en pensant à la tiédeur et à la négligence de mes frères ; comment puis-je repousser une tentation si dangereuse, sinon en disant avec une grande contrition de cœur : « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur viens vite à mon secours ! » Si j’ai obtenu la grâce de l’humilité et de la simplicité, en abandonnant toute enflure d’orgueil, par une incessante componction de l’esprit, je dois m’écrier de toutes mes forces : « Dieu viens à mon aide ; Seigneur, viens vite à mon secours ! » pour que « le pied de l’orgueilleux ne s’approche plus de moi, et que ne m’atteigne la main du pécheur ». Car je serais plus profondément blessé par la fierté de ma victoire.


Que le sommeil vous ferme les yeux sur la méditation de ce court verset, jusqu’à ce que votre âme en soit tellement possédée, qu’elle le redise, même pendant la nuit. Que ce soit la première chose qui, avant toute autre pensée, vous vienne dans l’esprit le matin à votre réveil. Qu’elle vous fasse en sortant du lit mettre les genoux par terre, et vous conduise ensuite d’actions en action dans tout le cours de la journée. Enfin, qu’en tout temps ce verset vous accompagne partout », Cassien, Coll., X, 10.


La pauvreté de ce verset est bienfaisante. Elle place celui qui prie dans une situation de mendiant à l’égard de Dieu, Ps 39, 18. Et Dieu lui-même répondra. Ce n’est pas sans raison que la liturgie des Heures met ce verset d’Ecriture sur nos lèvres au début de chaque office.

Sr Marie-Ancilla, o.p., Chercher Dieu, avec les Pères du Désert et leurs héritiers, 1996, Source de Vie.

lundi 13 septembre 2010

Père David Journault, Croix Glorieuse

Mardi 14 septembre 2010


Fête de la Croix Glorieuse

1Co I,18-24 ; Jn XIX,6-11,13-20,25-28,30-35.


La fête de la Croix Glorieuse est une occasion pour nous de réfléchir sur la place de la Croix dans notre foi… car nous nous sommes habitués à la Croix ! Depuis le Vendredi Saint, la Croix n’est pas seulement un instrument de supplice : elle est devenue le signe de la souffrance du Christ et le signe de notre libération. «Quand j’aurai été élevé de terre, dit Jésus, j’attirerai tout à moi", Jn 12,32.

La fête que nous célébrons plonge ses racines au IVème siècle à Jérusalem où, après avoir été découverte, la Croix du Christ était proposée à la vénération des pèlerins chaque 14 septembre.

Cette place prédominante de la Croix dans la foi et dans la pratique religieuse des chrétiens n’est pas toujours facile à comprendre pour ceux qui nous regardent de l’extérieur. Car enfin, n’est-ce pas étrange de choisir comme symbole de notre foi l’instrument de supplice sur lequel notre Dieu a été mis à mort ? Et comment pouvons-nous qualifier de “glorieuse” cette Croix, instrument de supplice et de mise à mort ?

Dans l’histoire de l’Église, on remarque que dans les premiers temps qui ont suivi la mort, la résurrection et l’ascension de Jésus, la Croix n’a pas été utilisée comme symbole. Dans les représentations, on voit bien que les chrétiens commencent à utiliser la Croix comme symbole à partir du moment où elle n’est plus utilisée comme mode d’exécution.

Nous nous sommes habitués à la Croix : nous en avons dans nos églises, dans nos maisons, au bout de nos chemins, dans nos cimetières… Je ne sais pas combien il y a de croix et de calvaires en France, mais elles sont là comme les témoins de la foi de nos ancêtres qui les ont installées, comme les témoins de notre foi… Mais qu’est-ce que cela veut dire de vénérer la Croix ? Comment la Croix peut-elle être la preuve de l’amour de Dieu ? Comment l’instrument de supplice d’un innocent peut-il être glorieux ?

Que nous dit Jésus ? « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. » Le Christ fait référence à ce passage de l’histoire d’Israël que nous avons relu dans le livre des Nombres, dans la première lecture. Face à l’épreuve de la vie, face au danger, représenté par les serpents, le serpent de bronze fabriqué par Moïse veut être le moyen pour le peuple de se rappeler qu’il tient sa vie du Seigneur et que c’est en restant fidèle à Dieu qu’ils seront sauvés.

La Croix, c’est ce lieu suprême de l’abaissement du Fils de Dieu : venu dans notre monde, il a pris chair dans la Vierge Marie et s’est fait homme… Venu pour enseigner les hommes et leur ouvrir le chemin de la communion avec Dieu, son Père et notre Père, il a été rejeté par certains, et conduit jusqu’à la mort, et la mort sur la Croix.

Mais cette mort devient alors le moyen du Salut du monde : en vivant sa Passion par amour pour nous tous, en acceptant de porter le poids du péché de l’humanité, en s’offrant à son Père comme la victime sainte et parfaite, le Christ nous libère du péché et de la mort éternelle. Comme le serpent de bronze pour le peuple d’Israël au désert, le Christ sur la Croix sauve ceux qui le contemplent.

Mais alors que le serpent de bronze procurait une guérison physique, adorer le Christ procure une guérison spirituelle et ouvre les portes de la vie éternelle.

La Croix du Christ a bien plusieurs sens : elle est le symbole de la haine et de la cruauté dont l’homme est capable, mais elle est bien plus le symbole de la douceur et du pardon du Christ. Par sa Passion, le Christ nous montre jusqu’où va l’amour de Dieu pour nous. C’est sur la Croix que Jésus manifeste pleinement l’étendue de l’amour du Père pour l’humanité : finalement, sur la Croix, le Christ là encore nous parle d’amour et de tendresse.

Et si la Croix peut être dite “glorieuse”, ce n’est pas par je ne sais quel attachement macabre à la souffrance. Non, si la Croix peut être dite “glorieuse”, c’est parce qu’elle est le lieu où se manifeste l’amour parfait, c’est parce qu’elle est le lieu où Dieu lui-même se révèle de la façon la plus parfaite.
Demandons au Seigneur la force de suivre son Fils sur le chemin de la Croix, sur le chemin du don de nos vies, alors nous pourrons aimer comme le Christ nous a aimés. Amen.

http://peredavidjournault.blogspot.com/2008_09_01_archive.html

lundi 6 septembre 2010

Saint Jean Damascène, Nativité de la Très Sainte Vierge Marie



Saint Jean Damascène, ainsi nommé parce qu'il naquit vers 650 à Damas, en Syrie.

Il est le dernier des Pères grecs et le plus remarquable écrivain du huitième siècle…


Il est mort le 4 décembre 749 à Mar-Saba. Il a été déclaré de manière quasi-immédiate "Vénérable" en 787 par le concile de Nicée II et "Docteur de l'Eglise" par le Pape Léon XIII en 1890.

8 Septembre - fête de la Nativité de la Vierge

Neuf mois étant accomplis, Anne mit au monde une fille et l'appela du Nom de Marie. Quand elle l'eut sevrée, la troisième année, Joachim et elle se rendirent au Temple du Seigneur et, ayant offert au Seigneur des victimes, ils présentèrent leur petite fille Marie pour qu'elle habitât avec les vierges qui, nuit et jour, sans cesse, louaient Dieu. Quand elle eut été amenée devant le Temple du Seigneur, Marie gravit en courant les quinze marches sans se retourner pour regarder en arrière et sans regarder ses parents comme le font les petits enfants. Et cela frappa d'étonnement toute l'assistance, au point que les prêtres du Temple eux-mêmes étaient dans l'admiration.

Puisque la Vierge Marie devait naître d'Anne, la nature n'a pas osé devancer le germe béni de la grâce. Elle est restée sans fruit jusqu'à ce que la grâce eût porté le sien. En effet il s'agissait de la naissance, non d'un enfant ordinaire, mais de cette première-née d'où allait naître le premier-né de toute créature, en qui subsistent toutes chose. O bienheureux couple, Joachim et Anne ! Toute la création vous doit de la reconnaissance, car c'est en vous et par vous qu'elle offre au créateur le don qui surpasse tous les dons, je veux dire la chaste Mère qui était seule digne du Créateur.

Aujourd'hui sort de la souche de Jessé le rejeton sur lequel va s'épanouir pour le monde une fleur divine. Aujourd'hui Celui qui avait fait autrefois sortir le firmament des eaux crée sur la terre un ciel nouveau, formé d'une substance terrestre ; et ce ciel est beaucoup plus beau, beaucoup plus divin que l'autre, car c'est de lui que va naître le soleil de justice, celui qui a créé l'autre soleil....

Que de miracles se réunissent en cette enfant, que d'alliances se font en elle ! Fille de la stérilité, elle sera la virginité qui enfante. En elle se fera l'union de la divinité et de l'humanité, de l'impassibilité et de la souffrance, de la vie et de la mort, pour qu'en tout ce qui était mauvais soit vaincu par le meilleur. O fille d'Adam et Mère de Dieu ! Et tout cela a été fait pour moi, Seigneur ! Si grand était votre amour pour moi que vous avez voulu, non pas assurer mon salut par les anges ou quelque autre créature, mais restaurer par vous-même celui que vous aviez d'abord créé vous-même. C'est pourquoi je tressaille d'allégresse et je suis plein de fierté, et dans ma joie, je me tourne vers la source de ces merveilles, et emporté par les flots de mon bonheur, je prendrai la cithare de l'Esprit pour chanter les hymnes divins de cette naissance...

Aujourd’hui le créateur de toutes choses, Dieu le Verbe compose un livre nouveau jailli du cœur de son Père, et qu’il écrit par le Saint-Esprit, qui est langue de Dieu…

O fille du roi David et Mère de Dieu, Roi universel. O divin et vivant objet, dont la beauté a charmé le Dieu créateur, vous dont l'âme est toute sous l’action divine et attentive à Dieu seul ; tous vos désirs sont tendus vers cela seul qui mérite qu'on le cherche, et qui est digne d'amour ; vous n'avez de colère que pour le péché et son auteur. Vous aurez une vie supérieure à la nature, mais vous ne l'aurez pas pour vous, vous qui n'avez pas été créée pour vous. Vous l'aurez consacrée tout entière à Dieu, qui vous a introduite dans le monde, afin de servir au salut du genre humain, afin d'accomplir le dessein de Dieu, I'Incarnation de son Fils et la déification du genre humain. Votre cœur se nourrira des paroles de Dieu : elles vous féconderont, comme l'olivier fertile dans la maison de Dieu, comme l'arbre planté au bord des eaux vives de l'Esprit, comme l'arbre de vie, qui a donné son fruit au temps fixé : le Dieu incarné, la vie de toutes choses. Vos pensées n'auront d'autre objet que ce qui profite à l'âme, et toute idée non seulement pernicieuse, mais inutile, vous la rejetterez avant même d'en avoir senti le goût.

Vos yeux seront toujours tournés vers le Seigneur, vers la lumière éternelle et inaccessible ; vos oreilles attentives aux paroles divines et aux sons de la harpe de l'Esprit, par qui le Verbe est venu assumer notre chair... vos narines respireront le parfum de l'époux, parfum divin dont il peut embaumer son humanité. Vos lèvres loueront le Seigneur, toujours attaché aux lèvres de Dieu. Votre bouche savourera les paroles de Dieu et jouira de leur divine suavité. Votre cœur très pur, exempt de toute tache, toujours verra le Dieu de toute pureté et brûlera de désir pour lui. Votre sein sera la demeure de celui qu'aucun lieu ne peut contenir. Votre lait nourrira Dieu, dans le petit enfant Jésus. Vous êtes la porte de Dieu, éclatante d'une perpétuelle virginité. Vos mains porteront Dieu, et vos genoux seront pour lui un trône plus sublime que celui des chérubins... Vos pieds, conduits par la lumière de la loi divine, le suivant dans une course sans détours, vous entraîneront jusqu'à la possession du Bien-Aimé. Vous êtes le temple de l'Esprit-Saint, la cité du Dieu vivant, que réjouissent les fleuves abondants, les fleuves saints de la grâce divine. Vous êtes toute belle, toute proche de Dieu ; dominant les Chérubins, plus haute que les Séraphins, très proche de Dieu lui-même.

Salut, Marie, douce enfant d'Anne ; l’amour à nouveau me conduit jusqu’à vous. Comment décrire votre démarche pleine de gravité ? Votre vêtement ? Le charme de votre visage ? Cette sagesse que donne l'âge unie à la jeunesse du corps ? Votre vêtement fut plein de modestie, sans luxe et sans mollesse. Votre démarche grave, sans précipitation, sans heurt et sans relâchement. Votre conduite austère, tempérée par la joie, n'attirant jamais l'attention des hommes. Témoin cette crainte que vous éprouvâtes à la visite inaccoutumée de l'ange ; vous étiez soumise et docile à vos parents ; votre âme demeurait humble au milieu des plus sublimes contemplations. Une parole agréable, traduisant la douceur de l'âme. Quelle demeure eût été plus digne de Dieu ? Il est juste que toutes les générations vous proclament bienheureuse, insigne honneur du genre humain. Vous êtes la gloire du sacerdoce, l’espoir des chrétiens, la plante féconde de la virginité. Par vous s'est répandu partout l'honneur de la virginité. Que ceux qui vous reconnaissent pour la Mère de Dieu soient bénis, maudits ceux qui refusent...

O vous qui êtes la fille et la souveraine de Joachim et d'Anne, accueillez la prière de votre pauvre serviteur qui n'est qu'un pécheur, et qui pourtant vous aime ardemment et vous honore, qui veut trouver en vous la seule espérance de son bonheur, le guide de sa vie, la réconciliation auprès de votre Fils et le gage certain de son salut. Délivrez-moi du fardeau de mes péchés, dissipez les ténèbres amoncelées autour de mon esprit, débarrassez-moi de mon épaisse fange, réprimez les tentations, gouvernez heureusement ma vie, afin que je sois conduit par vous à la béatitude céleste, et accordez la paix au monde. A tous les fidèles de cette ville, donnez la joie parfaite et le salut éternel, par les prières de vos parents et de toute l'Eglise.

Homélie de Saint Jean de Damas, pour la fête de la Nativité de la Très Sainte Vierge

mardi 24 août 2010

St Augustin, extrait lettre à Proba, la désolation avant la consolation


                 St Augustin

                 fête 28 août

Augustin, évêque, serviteur du Christ et des serviteurs du Christ, à Proba, pieuse servante de Dieu, salut dans le Seigneur des seigneurs

Proba, surnommée Faltonia, de la gens Anicia, était veuve de Probus, l’éternel préfet de la Ville (de Rome), consul en 371. Trois de leurs fils devinrent consuls à leur tour. Après la prise de Rome par les Goths (410), et Proba se réfugia en Afrique comme beaucoup de Romains.





La désolation avant la consolation


5. C’est pourquoi, au sein des ténèbres de cette vie où nous cheminons loin du Seigneur, aussi longtemps que nous avons pour guide la foi et non la vision (cf 2 Co 5,6-7), l’âme chrétienne doit s’estimer abandonnée de peur qu’elle ne cesse de prier. Elle doit apprendre à fixer le regard de la foi sur les Ecritures saintes et divines «comme sur une lampe qui brille en un lieu obscur, jusqu’à ce que le jour commence à poindre et que l’astre du matin se lève dans nos coeurs», 2 P 1,19. Car de cette lampe découle comme d’une source ineffable cette lumière qui brille dans les ténèbres sans que les ténèbres puissent la comprendre, et qui n’est vue que des coeurs purifiés par la foi. «Bienheureux, en effet, ceux qui ont le coeur pur, car ils verront Dieu », Mt 5,8. Et «nous savons que lorsqu’il se manifestera, nous lui serons semblables, car nous le verrons tel qu’il est », 1 Jn 3,2. Alors la vie véritable succédera à la mort et la vraie consolation à la désolation. Cette vie «affranchira notre âme de la mort », cette consolation «tarira les larmes de nos yeux», et parce qu’il n’y aura plus alors de tentation, le psalmiste ajoute, «elle préservera nos pieds de la chute», Ps 114,8. Or s’il n’y a plus de tentation, il n’y aura plus de prière, nous n’aurons plus à attendre de bien promis mais à contempler le bien reçu. Aussi le psalmiste dit : « Je plairai au Seigneur dans la terre des vivants», Ps 114,9 où nous serons alors et non dans le désert des morts où nous sommes à présent. «Car vous êtes morts » dit l’Apôtre, «et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Quand le Christ apparaîtra, lui qui est votre gloire, alors vous aussi vous apparaîtrez avec lui, pleins de gloire », Col 3,3-4. Voilà cette vie véritable que les riches doivent chercher à saisir par leurs bonnes œuvres. Là aussi est la vraie consolation. Sans elle une veuve reste dans la désolation, même si elle a des enfants et des petits-enfants, qu’elle gouverne sa maison avec piété, et qu’elle cherche à obtenir de tous les siens qu’ils placent leur espérance en Dieu ; j’entends cette veuve qui dit cependant dans sa prière : «Mon âme a soif de toi, après toi ma chair elle-même languit en cette terre déserte, impraticable et sans eau», Ps 62,2, qu’est notre vie toujours près de s’éteindre, quelles que soient les consolations passagères que nous puissions y trouver, quels que soient ceux qui y marchent avec nous, quelle que soit l’abondance de biens dont nous soyons comblés. Car tu sais combien toutes ces choses sont incertaines. Et fussent-elles exemptes d’incertitude, que seraient-elles en comparaison de la félicité qui nous est promise?

6. Je te parle ainsi puisque, veuve riche et noble, mère d’une famille nombreuse, tu m’as demandé ma pensée sur la manière de prier, et afin que malgré ceux qui te restent et t’entourent de leurs soins en cette vie, tu te considères comme abandonnée, tant que tu ne seras pas parvenue à cette vie où se trouve la conso-lation véritable et certaine. Là enfin s’accompliront les paroles de la prophétie: «Nous avons été rassasiés dès le matin par ta miséricorde, nous avons passé tous nos jours dans l’allégresse et la joie. Les jours où nous avons été dans l’humiliation, les années où nous avons connu le malheur, tu nous les as rendus en joie», Ps 89,15.

Saint Augustin extrait de la La lettre à Proba sur la prière de demande et le Notre Père

mardi 17 août 2010

Saint Bernard, Visites du Verbe, Sermon 74 sur le Cantique des Cantiques

SAINT BERNARD DE CLAIRVAUX (1090-1153)
fête 20 août

Bernard est né à Fontaine-lès-Dijon (à quelques kilomètres au nord de Dijon). Si son père est un chevalier de rang modeste, sa mère, Aleth de Montbard, est d'une lignée prestigieuse, tournée tant vers la Bourgogne que vers la Champagne. Troisième de sept enfants, il subit profondément dans son enfance l'influence de sa mère qu'il perd à l'âge de seize ou dix-sept ans. Destiné à être clerc, il reçoit une formation littéraire solide chez les chanoines séculiers de Châtillon-sur-Seine.

Vers l'âge de vingt ans, il décide d'entrer au monastère de Cîteaux, fondé en 1098 par Robert de Molesme au sud de Dijon et où se pratiquait l'ascèse monastique la plus rude, dans un strict retour à la Règle bénédictine, loin des agitations du monde. Il convainc ses frères et ses proches de se « convertir » avec lui. En avril 1112 (ou en mai 1113), Bernard arrive à Cîteaux avec trente compagnons. En juin 1115, il est envoyé fonder en Champagne, avec douze moines, l'abbaye de Clairvaux dans le Val d'Absinthe, au bord de l'Aube, non loin de Troyes. Attaché viscéralement à sa communauté, Bernard reste toute sa vie abbé de Clairvaux, refusant toute autre dignité dans l'Église. Pendant quinze ans, Bernard se consacre au développement de Clairvaux. A sa mort, l'ordre de Cîteaux compte 345 couvents, dont 167 dépendent de Clairvaux même.

Le Verbe aiguise le désir

4. Des mouvements de départ et de retour du Verbe ont effectivement lieu dans l’âme. Jésus Lui-même a dit : “Je m’en vais et je viens vers vous”, Jn 14, 28 et “Encore un peu et vous ne me verrez plus, et puis un peu encore et vous me verrez”, Jn 16, 16. Mais que ce peu dure longtemps ! Mon Seigneur, appelles-tu court ce temps que nous passons sans te voir ? Ce temps est long, beaucoup trop long... Pourtant les 2 sont vrais : il est court si l’on considère nos mérites, et long si l’on tient compte de nos désirs. Nous trouvons ces 2 affirmations chez le Prophète : “S’il tarde à venir, attends-le, car il viendra et ne tardera pas”, Ha 2, 3. Comment peut-il dire à la fois qu’il ne tardera pas et qu’il tarde à venir - sinon parce que ce délai, tout à fait normal en ce qui concerne nos mérites, paraît interminable à nos désirs ? C’est que l’âme qui aime, emportée, soulevée par ses désirs, oublie son peu de mérites, ferme les yeux sur la majesté de Dieu pour les ouvrir sur ses dons et, s’appuyant sur sa grâce, se comporte envers Lui avec une totale assurance. Sans honte pour son audace, elle rappelle le Verbe ; confiante, elle Lui réclame ses douceurs, et avec sa liberté coutumière, Le nomme non pas son Seigneur, mais son Bien-Aimé : “”Reviens, mon Bien-Aimé”, “sois semblable à la gazelle et au faon des biches sur les montagnes de Bethel”, Ct 2, 17.

Les visites de l’Époux

5. Je veux dire comment cela se passe en moi... Je l’avoue, je suis insensé de dire ces choses, 2 Co 11, 21, le Verbe est venu en moi, et plus d’une fois : s’Il y est entré fréquemment, je n’ai pas toujours pris conscience de son arrivée. Je L’ai senti en moi et je me rappelle sa présence. Quelquefois j’ai même dû prévenir son entrée, mais jamais je ne l’ai sentie pas plus que son départ, Jn 3, 8. D’où est-Il venu en mon âme ? Où est-Il retourné en la quittant ? Par où a-t-Il pénétré ? Par où est-Il sorti ? Aujourd’hui encore, je l’ignore... Ce n’est d’ailleurs pas étonnant, puisque c’est à Lui qu’il est dit : “Nul ne connaît la trace de tes pas”, Ps 76, 20.

Il n’est point entré par les yeux, car Il n’a pas de couleur, ni par les oreilles, car Il est silencieux, ni par le nez, car ce n’est pas au souffle qu’il se mêle, mais à l’esprit... Il n’est pas entré par ma gorge, car Il n’est nourriture ni breuvage ; et je ne L’ai pas touché, car Il est impalpable. Par où est-iI donc entré ? Peut-être n’est-Il pas entré, car Il ne vient pas du dehors, comme quelque chose d’extérieur. Il n’est pas non plus venu du dedans, puisqu’Il est le bien et que le bien, je le sais, n’est pas en moi.

Je suis monté jusqu’au sommet de mon être, et voici que le Verbe me dominait de très haut. Explorateur curieux, je suis descendu au fond de moi-même, et je L’ai trouvé plus bas encore. J’ai regardé au-dehors, et je L’ai découvert au-delà de ce qui m’est le plus extérieur ; je me suis tourné au-dedans : Il m’est bien plus intime que moi-même. J’ai reconnu alors la vérité de ce que j’avais lu : “C’est en Lui que nous avons le mouvement et l’être”, Ac 17, 28. Heureux celui en qui Il est, qui vit par Lui et reçoit de Lui son mouvement.

La présence de l’Époux

6. Si ses voies sont aussi insaisissables, vous me demanderez comment j’ai pu savoir qu’Il était là. C’est que le Verbe est vivant et efficace, He 4, 12 ; dès son entrée en moi, Il a réveillé mon âme endormie ; Il a remué, adouci et blessé mon coeur, mon coeur de pierre, mon coeur malade. Ils’est mis aussi à défricher et à détruire, à bâtir et à planter Jr 1, 10, à arroser les terres arides ; Il a éclairé les recoins obscurs ; Il a ouvert ce qui était fermé ; Il a enflammé ce qui était froid, et mon âme toute entière ne pouvait que bénir le Seigneur et tout mon être louer son saint Nom, Ps 102, 1

Quand Il est entré en moi, le Verbe Époux ne m’a jamais donné le moindre signe de son arrivée ; c’est seulement le secret tremblement de mon coeur qui Le décèle. Mes vices s’enfuient, mes affections charnelles sont maîtrisées : devant la mise en lumière du mal caché en moi, Ps 18, 13, j’ai admiré la profondeur de Sa Sagesse. L’amélioration même modeste de mon comportement m’a fait faire l’expérience de sa Miséricorde. Par la transformation et le renouvellement de mon esprit, Ep 4, 23, j’ai perçu quelque chose de Sa beauté ; enfin, considérant tout cela à la fois, je suis resté stupéfait de son immense grandeur.

Quand l’Époux s’éloigne

7. Dès que le Verbe s’en va, aussitôt tout commence à refroidir et s’engourdir, ce qui est bien pour moi l’indice de son départ : alors mon âme est triste jusqu’à ce qu’Il revienne et me réchauffe le coeur comme Il sait le faire pour me signifier son retour. Si telle est vraiment mon expérience du Verbe, ne vous étonnez pas que j’ose prendre la voix de l’Épouse pour le rappeler quand Il est parti : mon désir, sans égaler le sien, n’est cependant pas sans y ressembler. Tant que je vivrai, je ne cesserai d’utiliser pour rappeler le Verbe ce mot de “Reviens !”. Je le répéterai chaque fois qu’Il s’échappera, et le désir passionné de mon coeur le poursuivra d’un cri continuel, le suppliant de revenir, de me rendre la joie de son salut, Ps 50, 14, de se rendre Lui-même à moi.

mercredi 28 juillet 2010

Saint Cyprien de Carthage, Dieu n’écoute pas la voix, mais le cœur


Cyprien, évêque de Carthage, naquit vers 200 dans la ville de Carthage (Afrique du Nord, presqu'île de l'actuelle ville de Tunis, en Tunisie), où toute sa vie et son oeuvre se dérouleront. Thascius Cyprianus était le fils d'un riche sénateur païen, et reçut une belle éducation séculière, devenant un fameux orateur, et enseignant rhétorique et philosophie à l'école de Carthage.




« Prions, mes frères bien-aimés, comme Dieu notre maître nous a appris à le faire. (…) Lorsque nous prions, que notre voix soit réglée par la décence et le respect. Souvenons-nous que nous sommes en présence de Dieu et que nous devons plaire à ses regards divins par l’attitude de notre corps et le calme de notre parole. L’insensé pousse de grands cris; l’homme respectueux prie avec modestie. Le Seigneur nous ordonne de prier en secret, dans des lieux solitaires et reculés, même dans nos chambres. C’est là ce qui convient le mieux à la foi. Nous savons, en effet, que Dieu est présent partout , qu’il voit et entend tous ses enfants, qu’il remplit de sa majesté les retraites les plus secrètes, selon cette parole : « Je suis avec vous, ne me cherchez pas au loin », Jér., XXIII. « Quand l’homme se cacherait au centre de la terre, dit encore le Seigneur, est-ce que je ne le verrais pas ? Est-ce que je ne remplis pas et la terre et le ciel ? Et plus loin : Les yeux du Seigneur regardent partout les bons et les méchants », Prov., XV. Quand nous nous réunissons pour offrir avec le prêtre le divin sacrifice, prions avec recueillement. Gardons-nous bien de jeter à tous les vents des paroles sans suite et de formuler tumultueusement une demande dont la modestie doit faire tout le prix. Dieu n’écoute pas la voix, mais le cœur. Il n’est pas nécessaire de l’avertir par des cris, puisqu’il connaît les pensées des hommes. Nous en avons une preuve dans cette parole du Seigneur ! « Que pensez-vous de mauvais dans vos cœurs ? », Luc, XV. Et dans l’Apocalypse : « Toutes les Églises sauront que c’est moi qui sonde les cœurs et les reins », Ap., II. Anne, dont nous trouvons l’histoire au premier livre des Rois, se soumit à cette règle, et en cela elle fut une figure de l’Eglise. Elle n’adressait pas au Seigneur des paroles bruyantes; mais, recueillie en elle-même, elle priait silencieusement et avec modestie. Sa prière était cachée, mais sa foi manifeste; elle parlait, non avec la voix, mais avec le cœur. Elle savait bien que Dieu entend des vœux ainsi formulés; aussi, grâce à la foi qui l’animait, elle obtint l’objet de sa demande. C’est ce que nous apprend l’Écriture : « Elle parlait dans son cœur et ses lèvres remuaient; mais sa voix n’était pas entendue; et le Seigneur l’exauça », I Reg., I. Nous lisons de même dans les psaumes : « Priez du fond du cœur, priez sur votre couche et livrez, votre âme à la componction », Ps., IV. L’Esprit-Saint nous donne le même précepte par la bouche de Jérémie : « C’est par la pensée que vous devez adorer le Seigneur ». Lorsque vous remplissez le devoir de la prière, mes frères bien-aimés, n’oubliez pas la conduite du Pharisien et du Publicain dans le temple. Le Publicain n’élevait pas insolemment ses regards vers le ciel, il n’agitait pas ses mains hardies; mais frappant sa poitrine, et, par cet acte, se reconnaissant pécheur, il implorait le secours de la miséricorde divine. Le Pharisien, au contraire, s’applaudissait lui-même. Aussi le Publicain fut justifié et non pas l’autre. Il fut justifié à cause de sa prière, car il ne plaçait pas l’espoir de son salut dans une confiance aveugle en son innocence, attendu que personne n’est innocent; mais il confessait humblement ses péchés, et Dieu qui pardonne toujours aux humbles, entendit sa voix (...).

Nous venons de voir, mes frères bien-aimés, d’après les saints livres, quelle doit être notre attitude dans la prière. Voyons maintenant ce que nous devons demander. « Vous prierez ainsi, nous dit Jésus-Christ: Notre père qui êtes dans les cieux, que votre nom soit sanctifié. Que votre règne arrive. Que votre volonté soit faite sur la terre comme dans le ciel. Donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien. Pardonnez-nous nos, offenses comme nous les pardonnons à ceux qui nous ont offensés. Ne souffrez pas que nous soyons induits en tentation; mais délivrez-nous du mal; ainsi soit-il », Matth., VI. Avant toutes choses, le Dieu qui nous a si fortement recommandé la paix et l’unité n’a pas voulu que nos prières eussent un caractère personnel et égoïste; il n’a pas voulu, quand nous prions, que nous ne pensions qu’à nous-même. Nous ne disons pas : mon Père qui es dans les cieux, donne-moi aujourd’hui le pain dont j’ai besoin. Nous ne demandons pas seulement pour nous-mêmes le pardon de nos fautes, l’exemption de toute tentation et la délivrance du mal. Notre prière est publique et commune, et quand nous prions, nous ne pensons pas seulement à nous, mais à tout le peuple; car tout le peuple chrétien ne forme qu’un seul corps. Le Dieu qui nous a enseigné la paix la concorde et l’unité veut que notre prière embrasse tous nos frères, comme il nous a tous portés lui-même dans sou sein paternel. Ainsi prièrent les trois enfants dans la fournaise leurs voix étaient unies comme leurs cœurs. C’est ce que nous enseigne l’Écriture, en les proposant à notre imitation : « Les trois enfants, dit-elle, comme d’une seule bouche, chantaient un hymne au Seigneur et le bénissaient », Dan., III. Et pourtant le Verbe fait homme ne leur avait pas appris à prier. Est-il donc étonnant qu’il ait exaucé leur demande, lui qui prête toujours l’oreille à la prière de l’homme simple et pacifique ? Nous voyons les apôtres et les disciples prier de la même manière, après l’ascension de Jésus-Christ. Tous, dit l’Écriture, unis par un même sentiment, persévéraient dans la prière avec les saintes femmes, avec Marie, mère de Jésus, et ses proches parents, Act., I. Nous voyons, par cette union, combien leur prière était sincère, persévérante et efficace. Dieu qui réunit dans la même maison les frères dont les sentiments sont unanimes, n’ouvre les portes de la demeure éternelle qu’à ceux dont les coeurs s’unissent dans la prière ».

De l’Oraison Dominicale, par Saint Cyprien de Carthage

mardi 20 juillet 2010

Saint Syméon, le nouveau théologien, sur les Ecritures

11ème siècle, moine orthodoxe

« Ce n’est pas une fois seulement que l’Esprit Saint a agi sur les écrivains sacrés, donnant ainsi naissance aux textes sacrés, mais il agit toujours sur celui qui lit les Écritures, et seule sa présence permet à la lettre de devenir esprit, lui seul assure une jeunesse perpétuelle au texte. L’Ecriture devient Parole féconde si l’Esprit de Dieu anime celui qui la lit. »
Discours XV, « Sur les Ecritures », PG 120,385C.


Citations des Chapitres pratiques et théologiques.

33. Dans les prières et dans les larmes, supplie Dieu de t'envoyer un guide impassible et saint. Mais examine toi-même les divines Écritures et singulièrement les écrits pratiques des saints Pères, afin qu'en leur comparant ce que t'enseigne et ce que fait ton maître et ton supérieur, tu puisses voir et apprendre ces leçons comme dans un miroir, recueillir et retenir dans tes pensées ce qui s'accorde aux divines Écritures, mais discerner et rejeter ce qui est bâtard et altéré, pour ne pas t'égarer. Sache-le, il y a de nos jours beaucoup de trompeurs et de faux maîtres.

46. Les afflictions qui brisent le coeur, lorsqu'elles sont fréquentes et intempestives, enténèbrent et troublent la réflexion de l'intelligence. Elles effacent de l'âme la prière pure et la componction [la prière pure et l'humilité]. Elles fatiguent le coeur, et dès lors le font devenir dur et insensible à jamais. C'est ainsi que les démons s'ingénient à décourager les spirituels.