mardi 29 mars 2011

Saint Léon le Grand, homélie pour le carême


5ème siècle

"Il voulait prémunir..." : le Seigneur veut nous prémunir contre la tristesse, il veut nous prémunir contre la souffrance... Il veut que sa beauté soit notre joie, que sa gloire (joie lumineuse de Dieu) soit aussi notre gloire. Mais combien souvent nous recevons la lumière pour nous complaire dans les oeuvres d'obscurité ! "La lumière qui éclaire tout homme..." Puisse-t-elle, cette lumière être la joie de notre coeur, la joie de notre corps... Ne savons-nous pas que notre corps de baptisé est lumineux lui aussi ? Transfigurés avec le Christ pourquoi ne laissons-nous pas apparaître notre lumière aux yeux du monde, puisqu'elle est SA lumière, au lieu de dissimuler cette lumière par nos enfermements ?


Le Carême n'est pas un temps de tristesse, mais un temps où progressivement se révèle la lumière de la Résurrection pour qu'éclate à Pâques la gloire de Dieu aux yeux du monde. Mais cette lumière éclaire déjà l'horizon. Elle peut déjà irradier nos coeurs et nos corps si nous ne nous fermons pas à l'éclat de Dieu, insoutenable pour ceux qui se détournent, transfigurant pour ceux qui, comme Jacob, acceptent le corps à corps.


Persévérons dans l'espérance, tandis que retentit la voix du Père, et contemplons, même si c'est encore comme dans un miroir, la lumière de Dieu...


Homélie Carême, 51, 3-4,8

mercredi 23 mars 2011

Abbé Jean Compazieu, l'Annonciation


Isaïe 7,10-14 ; 8, 10
Ps 39,7-8a; 8b-9; 10, 11
Heb 10,4-10
Lc 1,26-38
Ce récit de l’Annonciation, nous le connaissons bien. C’est l’instant divin qui bouleversa l’humanité : L’ange Gabriel se rendit chez Marie pour lui annoncer qu’elle avait été choisie pour être la mère de son Fils. Marie répond librement : « Je suis la servante de Seigneur, qu’il me soit fait selon votre parole. »

Nous aussi nous sommes tous choisis par Dieu pour incarner sa bonté, sa tendresse, sa justice. Il a besoin de nos mains pour continuer les siennes. Il a besoin de nos lèvres pour prononcer ses paroles. L’Esprit Saint nous inspire. Il a besoin de nos yeux pour voir la souffrance humaine et la soulager. Quelle que soit la question qu’il nous pose, il nous invite à lui dire « oui ». A l’instant où nous disons oui, l’amour surgit comme un ras de marée emportant tout sur son passage. C’est une aventure magnifique qui commence. Il n’y a pas de plus grand honneur que d’être les serviteurs de l’amour.

Acceptions-nous la venue du Christ en nous et dans notre vie ? De notre oui dépendra notre futur éternel et la subite transformation de notre esprit et notre quotidien. Porter Dieu en soi et l’offrir au monde a pour conséquence une joie que nul ne peut nous ôter.

Comme la Vierge Marie, Quel que soit notre âge et notre état de santé, Dieu nous confie une mission. Il a besoin de nous et de notre accord. Ne craignons pas : Cette mission est tournée vers le bonheur, le nôtre et celui des hommes. Vivre sous le regard de Dieu c’est savoir que l’on avance avec Jésus et Marie sur un chemin grandiose. Ce chemin nous conduit là où ils sont déjà, dans le ciel de bonheur et de gloire. C’est là qu’ils nous attendent…Le Carême est là pour nous apprendre à dire le « oui » de Marie ; il est celui de notre baptême. Et en même temps, nous devons continuellement nous l’approprier, le développer, le faire pénétrer dans tous les recoins de notre existence. Marie a accompagné Jésus jusqu’au bout de son chemin terrestre. Soyons sûrs qu’elle nous portera jusqu’au bout de notre effort.

Prière de St Bernard
MARIE
Que son nom ne quitte pas tes lèvres,
qu’il ne quitte pas ton coeur.
En suivant Marie,
on ne dévie pas,
on ne désespère pas ;
Si elle te protège,
tu ne craindras pas ;
Si elle te guide,
tu ne connaîtras pas la fatigue.
Si elle est avec toi,
tu es sûr d’arriver au but.
Et quand les vents de la tempête se lèvent,
regarde l’Étoile qui s’appelle MARIE.
http://dimancheprochain.org

lundi 14 mars 2011

St Théophile d'Antioche, conversion du regard


Evêque d’Antioche au IIe siècle (+ 181)

Il était évêque de cette ville sous l'empereur Marc Aurèle.
Païen converti, de formation grecque et de vaste culture.

Originaire d'une famille grecque des rives de l'Euphrate, il reçut une excellente éducation classique.

Il se convertit à la lecture des Saintes Écritures.

Élu évêque d'Antioche, il gouverna cette métropole de l'Orient en défenseur de la Foi.

Nous avons de lui trois livres dédié à un païen, Autolycos.





"Si tu me dis: montre-moi ton Dieu, je te répondrai: montre-moi ton âme. Dieu se montre à ceux qui ont les yeux de l'âme grand ouvertsSi tu me dis : Montre-moi ton Dieu, je pourrais te répondre : Montre-moi l'homme que tu es, et moi je te montrerai mon Dieu. Montre donc comment les yeux de ton âme regardent, et comment les oreilles de ton coeur écoutent.

Ceux qui voient avec les yeux du corps observent ce qui se passe dans la vie et sur la terre; ils discernent la différence entre la lumière et l'obscurité, le blanc et le noir, le laid et le beau; entre ce qui est harmonieux, bien proportionné, et ce qui manque de rythme et de proportion; il en est de même pour ce qui tombe sous le sens de l'ouïe : sons aigus, ou graves, ou agréables. On pourrait, de la même façon dire des oreilles du coeur et des yeux de l'âme qu'il leur est possible de saisir Dieu.

Dieu, en effet, est perçu par ceux qui peuvent le voir, après que les yeux de leur âme se sont ouverts. Tous ont des yeux, mais certains ne les ont que voilés et ne voient pas la lumière du soleil. Si les aveugles ne voient pas, ce n'est pas parce que la lumière du soleil ne brille pas. C'est à eux-mêmes, et à leurs yeux, que les aveugles doivent s'en prendre; De même toi : les yeux de ton âme sont voilés par tes fautes et tes actions mauvaises.

L'homme doit avoir une âme pure, comme un miroir brillant. S'il y a de la rouille sur le miroir, l'homme ne peut plus y voir son visage. Ainsi, lorsqu'il y a une faute dans l'homme, cet homme ne peut plus voir Dieu.

Mais si tu le veux, tu peux guérir. Confie-toi au médecin et il opérera les yeux de ton âme et de ton coeur. Qui est ce médecin? C'est Dieu qui guérit et vivifie.

http://ch.dedreuille.pagesperso-orange.fr/pardon2.html
Théophile d'Antioche, extrait lettre à Autolycus, Livre des jours, P. 249.

lundi 7 mars 2011

Césaire d'Arles pour le Carême, extrait sermon 37


En 543 meurt Césaire,
moine et évêque du diocèse d’Arles.
Né vers 470 près de Chalon-sur-Saône,
Césaire partit à l’âge de vingt ans
au monastère de l’île de Lérins,
où il fut initié à la vie monastique.
En raison de ses excès en matière d’ascèse,
il fut contraint de se retirer à Arles,
auprès de l’évêque Eon,
qui lui confia la direction d’un monastère.
À la mort d’Eon, en 503,
Césaire fut élu pour le remplacer
dans l’administration du diocèse.

Prédicateur passionné de l’Évangile,
Césaire s’employa avec insistance

à transmettre aux prêtres et aux fidèles
son amour pour la parole de Dieu ;
homme de grand discernement,
il présida plusieurs synodes importants des Églises de Gaule et donna son élan à la vie monastique.

Dieu te dit : ce n'est pas moi qui tire de toi ma croissance, mais toi de moi. Je veux un sacrifice qui soit utile à l'homme, et s'il me parvient c'est parce qu'il t'est utile. Tu peux me dire : Je n'ai rien à donner à l'indigent, je ne peux pas jeûner fréquemment et m'abstenir de vin ou de viandes. Mais peux-tu me dire que tu ne peux avoir la charité ? Elle qu'on possède d'autant plus pleinement qu'on la dispense totalement.

De meilleur marché qu'un verre d'eau froide, il n'y a que la bonne volonté... Mais peut-être ai-je tort de dire que la bonne volonté est ce qu'il y a de meilleur marché ? oui, car elle est plus chère que tout et il a tout, celui qui a la bonne volonté. La bonne volonté, en effet, s'appelle charité.

Remarquez, frères, que l'aumône de la charité, sans être accompagnée de dons matériels, peut se suffire à elle-même, tandis qu'un don matériel qui n'émane pas d'un cœur bienveillant n'a pas de valeur. Ainsi, comme vous le voyez vous-mêmes, frères très aimés, pour la rémission de tous nos péchés, si l'on ne possède pas de biens terrestres, la charité et l'amour des ennemis sont plus que suffisants ; et à cet égard, nous n'aurons aucune excuse, au jour du jugement : personne ne pourra dire qu'il n'a pas eu de quoi racheter ses péchés.
Sermon 37, 1. 38,5 182, 3. in Verbum Caro, 90, Les Presses de Taizé, 1969. pp. 74-75

Lecture

Sœurs, quand vous travaillez en équipe, que l’une de vous fasse la lecture aux autres jusqu’à dix heures du matin ; le reste du temps, il ne faudra pas interrompre la méditation de la Parole de Dieu et la prière intérieure. Ayez un seul cœur et une seule âme dans le Seigneur ; ayez tout en commun, comme il est rapporté dans les Actes des Apôtres.Puis quand vous priez Dieu par des psaumes et des hymnes, que ce que vos voix prononcent se reflète dans votre cœur ! Quelles que soient vos occupations, quand vous n’y êtes pas adonnées à la lecture, méditez encore et toujours tel ou tel passage des divines Écritures.
Césaire d’Arles, Statuts des saintes vierges 20 et 22.

mardi 1 mars 2011

Mère Isabelle, prière, oraison, présence à Dieu



Mère Isabelle
de Clermont-Tonnerre,
fondatrice
des soeurs Orantes de l'Assomption,
en 1916,
dans le jardin,
de la communauté,
11 Rue Desbordes Valmore
75016 PARIS

Le 6 mars, nous fêtons
les 163 ans de sa naissance
(6 mars 1849
à Glisolles dans l'Eure).
Quelques extraits de ses enseignements :
La prière n'est pas un exercice réglé : la prière est notre vie toute entière... Elle doit aboutir à ce qu'on appelle "le simple regard'. Alors l'âme vit avec Dieu, vit près de lui, et Dieu vit en elle ; c'est une prière, un recueillement interrompu...
Instruction au chapitre, 24 juillet 1920
Nous arrivons peu à peu dans l'oraison à ne faire en quelque sorte qu'un même esprit avec Dieu. C'est l'effet que l'oraison doit produire dans l'âme. Que notre âme n'ait pas d'autre aspiration que celle que Dieu lui donne. Nous devons toujours nous conformer à la pensée de Dieu dans l'oraison. L'oraison est comme une communion dans laquelle Notre-Seigneur nous assimile à Lui, pourvu que nous soyons dans les dispositions voulues. Il ne suffit pas de se présenter devant Dieu pour faire son oraison, il faut y aller avec le désir d'apprendre son devoir. C'est une étude de Jésus-Christ. Il faut voir comment faisait Jésus-Christ ; quels étaient ses sentiments, nous conduire selon Lui, conformer nos pensées, nos sentiments, nos paroles aux siennes. C'est sous l'influence du Saint-Esprit que cela doit se passer...
Instruction au chapitre, 2 août 1919.

Il y a deux formes de présence de Dieu : la forme de l'amour envers Notre-Seigneur, forme de la tendresse, de l'union de l'Epoux avec l'épouse qui lui dit qu'elle veut partager sa vie, adorer ses mystères, les approfondir de manière à ce que sa vie ressemble à la sienne afin de montrer à Notre-Seigneur qu'Il n'est pas venu en vain sur la terre. Cette présence de Dieu est toute naturelle à des religieuses qui pensent à Lui avec un grand amour. Il y a une autre forme de la présence de Dieu : c'est celle de la reconnaissance des droits de Dieu sur nous. Tous les droits de Dieu sont absolument méconnus dans le monde maintenant. Nous n'avons pas le droit de les méconnaître, nous devons être soigneuses des droits de Dieu. Dans le commencement, Saint Michel a défendu les droits de Dieu contre les anges rebelles. Nous devons être, sur la terre, les anges qui défendent les droits de Dieu au prix de nos efforts, de nos labeurs, de nos sacrifices, en accomplissant nos devoirs. Par le temps qui court on a très peu la dévotion du devoir : ce qu'on doit faire, ce qu'on doit éviter, les règles générales établies par Dieu. Nous avons à protester contre les révoltes de l'univers envers Dieu. Nous le ferons par la fidélité à nos devoirs. Nous avons des devoirs d'état ; toutes nos pratiques ne sont pas obligatoires sous peine de péché. Il y a un devoir d'état qui est la reconnaissance des droits de Dieu sur nous...
Instruction au chapitre, 25 septembre 1919.