samedi 28 avril 2012

Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis.


Basile de Séleucie (mort vers 468) - Homélie 26 sur le Bon Pasteur, Jn 10,11



Regardons notre berger, le Christ ; voyons son amour pour les hommes et sa douceur pour les conduire au pâturage. Il se réjouit des brebis qui l’entourent comme il cherche celles qui s’égarent. Monts ni forêts ne lui font obstacle ; il court dans la vallée de l’ombre, Ps 22,4, pour parvenir jusqu’à l’endroit où se trouve la brebis perdue…
Pilate a vu ce pasteur, les juifs l'ont vu, conduit à la croix pour son troupeau, comme le chœur des Prophètes qui, bien avant la Passion, annonçaient clairement : « Comme un agneau il est conduit à la boucherie, comme devant les tondeurs une brebis muette. » II ne refuse pas la mort, il ne fuit pas le jugement, il ne repousse pas ceux qui le crucifient.
Il n'a pas subi la Passion, il l'a voulue pour ses brebis : « J'ai le pouvoir de déposer ma vie, dit-il, et le pouvoir de la reprendre. » II détruit la passion par sa Passion, la mort par sa mort ; par son tombeau, il ouvre les tombeaux, il ébranle les enfers, il en fait sauter les verrous. Les tombeaux sont scellés et la prison fermée tant que le Berger ne descend dans la mort pour y annoncer la libération à celles de ses brebis qui sont endormies. On le voit aux enfers ; il donne l'ordre d'en sortir. On le voit renouveler là l'appel à la vie. « Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis» : c'est ainsi qu'il cherche l'amour de ses brebis. Aime le Christ celui qui sait entendre sa voix.

vendredi 27 avril 2012

Tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître


Saint Grégoire le Grand (né vers 540, mort en 604), 64 ème pape , Docteur et Père de l'Eglise. 

Homélie sur l'Évangile Jn 15, 14-15
"Maintenant, je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que fait son maître. Mais je vous appelle amis, car tout ce que j'ai entendu de mon Père, je vous l'ai fait connaître".

Ce que Jésus a entendu de son Père, ce qu'il a voulu faire connaître à ses serviteurs pour en faire ses amis, qu'est-ce, sinon cette fête de la patrie d'en-haut qui chaque jour laisse une trace dans nos âmes, par le Souffle de son amour ?

En effet, après avoir entendu parler des réalités d'au-delà des cieux, nous les aimons. Après les avoir aimées, nous les connaissons désormais, car l'amour lui-même est connaissance.


Il avait donc tout fait connaître à ceux qui, dégagés des désirs terrestres, brûlaient des feux de l'amour d'en-haut.

samedi 21 avril 2012

La Résurrection du Christ est au coeur de notre foi


Saint Romain le Mélode est né en 493 et décédé vers 555/565


« Les femmes porteuses d’aromates envoyèrent en avant Marie-Madeleine au sépulcre selon le récit de Jean le Théologien. Il faisait noir, mais l’amour l’éclairait. [Quand Marie eut reconnu le Seigneur, Il lui dit] : "Que ta bouche désormais publie ces merveilles, femme, et les explique aux fils du Royaume qui attendent que je m’éveille, moi le Vivant ; va, Marie, rassemble mes disciples… Eveille-les tous comme d’un sommeil afin qu’ils viennentvà ma rencontre avec des flambeaux allumés. Va dire : l'Epoux s'est éveillé Celui qui offre aux hommes déchus la résurrection." "Mon deuil s’est soudain transformé en liesse, tout m’est devenu joie et allégresse", s’écrie Marie. "Je n’hésite pas à le dire : j’ai reçu la même gloire que Moïse ; j’ai vu, oui, j’ai vu, non sur la montagne, mais dans le sépulcre… le maître des incorporels et des nuées, celui qui est, qui était et qui vient, me dire : hâte-toi Marie, va révéler à ceux qui m’aiment que je suis ressuscité… Il est revenu à la vie, celui qui offre aux hommes déchus la résurrection." »

O Christ, lumière et salut du monde, répands le feu de ton Esprit sur ceux qui confessent ta Résurrection.

dimanche 15 avril 2012

L'impatience du Père Picard


 Père Picard († 16 avril 1903)


Au retour d’Osma où il est allé visiter en Espagne le noviciat, le Père Picard rentre à Madrid le 25 novembre 1882. Il voyage dans une carriole attelée à une mule qui ne veut pas avancer. Craignant de rater le train, le Père Picard impatienté saisit le fouet et lui administre une volée de coups. La mule part si brusquement que le Père Picard se heurte violemment la jambe contre le tablier du siège.

Un an a passé. Le père Gery écrit aux novices d’Osma : « Le Père Picard peut marcher un peu à l’intérieur de la maison. Il se fait transporter en voiture pour aller chez les Dames de l’Assomption à Auteuil et à Sèvres chez les Oblates. Mardi, le feu a pris dans sa cheminée ; ne pouvant plus faire de feu dans sa chambre, il doit passer maintenant toute la journée dans le petit salon à côté. Ce dérangement, très gênant dans l’état où il est, le laisse tout aussi calme que les souffrances  quelquefois assez fortes qu’il ressent. Je l’avais pourtant bien connu autrefois au noviciat, mais je l’ai trouvé tel que je ne le connaissais pas encore : il a des paroles de foi plus fortes et plus pénétrantes que jamais qui remuent jusqu’au fond. C’est ainsi que devaient parler les saints et tous ceux qui l’approchent disent que, depuis son mal, il se sanctifie d’une manière extraordinaire. C’est ainsi que cette épreuve est une bénédiction pour lui et pour les siens ».
Sa blessure ne guérit pas et ne guérira pas, les médecins ne comprennent pas pourquoi, mais le Père Picard le sait sans aucun doute. Son mal n’est-il pas la guérison de son impatience ?
Dans cette rude épreuve, Dieu donna au Père Picard une inaltérable patience. Il avait un empire absolu sur lui-même et ses premiers mouvements, alors qu’il était vif par nature. Mais dès le jour où il se blessa la jambe, il entra pleinement dans cette vie de dépendance qu’il devait mener durant 21 ans, sans jamais se plaindre, ni même dire que cela le gênait dans sa charge de supérieur général, calme, serein et abandonné en Dieu.

vendredi 13 avril 2012

L’impatience de Thomas

Basile de Séleucie, près de Bagdad ( + 468)

Jésus entre, toutes portes closes. Ceux qui doutaient de sa Résurrection, sont alors frappés de stupeur. Mais Thomas, alors absent, demeure incrédule.
Thomas désire voir Jésus de ses propres  yeux. L’impatience le brûle quand il dit : « Si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son flanc, je ne croirai pas ».  Je veux être moi-même témoin du Seigneur.

Et le Seigneur réapparaît, il dissipe la tristesse de son disciple et vient combler son attente.


Jésus entre, toutes portes closes.
Cet exploit inouï confirme sa résurrection inouïe.

« Mets ton doigt dans la marque des clous », lui dit-il. Je connais ton désir. Je sais ce que tu penses. Je connais tes doutes, et je t’ai fait attendre, pour mieux regarder ton impatience.

« Mets ton doigt dans la marque des clous, mets ta main dans mon flanc, et ne sois plus incrédule, mais crois. »  Alors Thomas le touche, toute sa défiance tombe, et comblé d’une foi sincère et de tout l’amour que l’on doit à son Dieu, il s’écrie : « Mon Seigneur et mon Dieu ! »

Et le Seigneur lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu as cru ; heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru ! ». Thomas, porte la nouvelle de ma résurrection à ceux qui ne m’ont point vu. Dis-leur qu’ils sont appelés par grâce, et contemple leur foi. « Heureux en vérité ceux qui n’ont pas vu et ont cru ! »

Telles sont les œuvres de la grâce et la moisson de l’Esprit. Ils ont suivi le Christ sans l’avoir vu, ils l’ont cherché et ils ont cru. Ils l’ont reconnu avec les yeux de la foi, non les yeux du corps. Ils n’ont pas mis leurs doigts dans les marques des clous, mais, par la grâce,  ils se sont attachés au Christ et ils ont fait leur cette parole du Seigneur : « Heureux ceux qui n’ont pas vu et ont cru ! »

dimanche 1 avril 2012

L’acte d’amour parfait de Jésus qui monte au calvaire pour mourir pour nous.

Carlo Caretto (1910 - 1988), Lettre du désert
La veille au soir, j’étais passé par Irafok. Lorsqu’on était arrivé au village, la population était accourue, se pressant autour de la jeep. J’avais remarqué que le vieux Khada tremblait de froid. L’idée me vont de lui donner une des deux couvertures qui composaient mon « ghess », mais j’éludai facilement cette pensée. J’imaginais la nuit que j’allais passer à trembler moi aussi. Le peu de charité qui était en moi remonta à l’assaut, me suggérant que ma peau ne valait pas plus cher que la sienne, que je ferais bien de lui donner une de mes couvertures.

Lorsque je partis, les 2 couvertures étaient encore dans la jeep. Maintenant elles étaient devant moi et j’en éprouvais une grande gêne. J’essayais de m’endormir, les pieds appuyés sur le grand rocher, sans trouver le sommeil. Un mois auparavant, un targhi avait été écrasé par un bloc de pierre, pendant qu’il faisait la sieste. Je m’assurais de la stabilité du bloc.
Je m’étendis à nouveau sur le sable. Je rêvais que je dormais sous la grande pierre et qu’à un moment… je sentis le bloc basculer sur moi. Je me crus mort. Non : vivant, mais le corps écrasé. Je m’étonnais de ne pas souffrir. J’étais totalement immobilisé. J’ouvris les yeux et je vis Khada qui tremblait devant moi à Irafok. Alors, je n’hésitais plus à lui donner la couverture, d’autant plus qu’elle était inutilisée, et à un mètre de moi. J’essayais d’allonger la main pour la lui offrir mais le bloc qui m’avait écrasé m’empêchait de faire le moindre mouvement. Je compris que j’étais au purgatoire et que la souffrance de l’âme était « de ne pas pouvoir accomplir ce que l’on pouvait accomplir auparavant et que l’on aurait dû faire ». Qui sait pendant combien de temps j’allais devoir contempler, dans cette position incommode, cette couverture tout près de moi, preuve tangible de mon égoïsme et de mon état d’homme encore incapable d’entrer dans le Royaume de l’Amour.

J’essayais de savoir combien de temps j’allais rester sous cette pierre. Je trouvais la réponse dans le catéchisme : « Jusqu’à ce que tu sois capable d’un acte d’amour parfait ». Et je ne m’en sentais pas encore capable. L’acte d’amour parfait, c’est l’acte de Jésus qui monte au calvaire pour mourir pour nous. Et moi, membre de son Corps mystique, on me demandait si j’étais arrivé à cette maturité d’amour qui fait désirer suivre le Maître au calvaire, pour le salut de ses frères… Moi qui étais capable de voir trembler l’un de mes frères et d’en détourner les yeux, comment aurais-je été capable de mourir pour lui, comme Jésus mourut pour tous les hommes ? Et là, je compris que j’étais perdu et que, si Quelqu’un n’était pas venu m’aider, j’aurais passé des ères géologiques sans pouvoir bouger. Je regardais ailleurs, et je m’aperçus que toutes ces pierres n’étaient autres que les tombeaux des autres hommes. Eux aussi, jugés dans l’Amour et trouvés tièdes en cet Amour, ils étaient là, immobiles, attendant Celui qui un jour avait dit : « Je vous ressusciterai au dernier jour ».