mardi 31 mars 2009

LA PÉDAGOGIE DIVINE DE LA LECTIO DIVINA


Douze convictions : Je les ferai paraître sur trois semaines


Voici les quatre premières :


1. La Parole de Dieu est une nourriture quotidienne. De même que nous nourrissons chaque jour notre corps, ainsi devons-nous accueillir la Parole de Dieu chaque jour pour que, aujourd’hui, elle continue à accomplir en nos cœurs ce qu’elle exprime. « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ».


2. La Parole de Dieu est inspirée par l’Esprit-Saint. L’Ecriture porte donc une Parole vivante. L’Esprit Saint qui a présidé à l’expression de cette Parole de Dieu est le même qui nous est donné pour qu’elle fructifie dans nos cœurs. Par ses sept dons, il nous rend aptes à accueillir en vérité cette Parole. N’oublions pas, au début des temps de lectio divina d’invoquer l’Esprit Saint.

3. La Parole de Dieu demande à être accueillie comme un don. La pédagogie de la lectio divina nous aidera à creuser une disponibilité, une qualité d’écoute de la Parole de Dieu. Ne cherchons donc pas à mettre la main sur la Parole de Dieu, à la filtrer, à en faire un prétexte. Il faut l’accueillir telle qu’elle est, qu’elle nous semble facile ou non, connue ou non. Rendons-nous disponibles pour qu’elle porte aujourd’hui en nous le fruit que l’Esprit Saint veut épanouir.


4. La pédagogie divine de la lectio divina. Pour accueillir la Parole de Dieu telle qu’elle vient d’être présentée, une pédagogie est indispensable. Celle-ci, inscrite dans l’Ecriture elle-même et déployée par la tradition chrétienne, permettra au croyant d’être cette « bonne terre » (cf. Lc 8,4-15) qui pourra recevoir et faire fructifier le don de la Parole. Cette pédagogie divine nous aide à ôter tous les obstacles (pierres, ronces…, pour reprendre les images de la parabole évangélique du Semeur). Elle nous apprend à vivre la lectio divina dans la constance et la persévérance, dans la disponibilité et dans la mobilisation de tout notre être.


mercredi 25 mars 2009

Prière à Marie en temps de Carême


Quand vient pour nous l'heure de la décision
Marie de l'Annonciation, aide-nous à dire "oui"


Quand vient pour nous l'heure du départ
Marie d'Égypte, épouse de Joseph, allume en nous l'Espérance


Quand vient pour nous l'heure de l'incompréhension
Marie de Jérusalem, creuse en nous la patience

Quand vient pour nous l'heure de l'intervention
Marie de Cana, donne-nous le courage de l'humble parole

Quand vient pour nous l'heure de la souffrance
Marie du Golgotha, fais nous rester aux pieds de ceux en qui souffre ton Fils

Quand vient pour nous l'heure de l'attente
Marie du Cénacle, inspire-nous une commune prière

Et chaque jour,
quand sonne pour nous l'heure joyeuse du service
Marie de Nazareth, Marie des Monts de Juda,
mets en nous ton cœur de servante
Jusqu'au jour où, prenant ta main,
Marie de l'Assomption,
nous nous endormirons,
dans l'attente du jour de notre résurrection.


Jean-Paul Hoch

Source : http://spiritualite-chretienne.com/

mardi 17 mars 2009

Origène le voyage spirituel



Origène (v. 185 - v. 252/254)

"Moïse écrivit leurs étapes à cause de la parole du Seigneur" (Nb 33,2). Il écrivit ces choses pour qu'en les lisant, nous voyions combien d'étapes nous attendent dans ce voyage vers le Royaume, que nous nous préparions à cette route, qu'à la vue du chemin que nous devons faire, nous ne laissions pas se consumer dans la paresse et l'inaction la durée de notre vie, pour que nous ne nous attardions pas dans les vanités de ce monde, pour que les jours ne s'enfuient pas ainsi, pour que le temps ne s'écoule pas sans que nous nous hâtions de couvrir la distance de ce voyage à faire, pour que nous ne défaillions pas en route, que nous ne subissions pas le sort de ceux qui ne purent arriver au bout et dont "les membres sont tombés au désert".
Nous sommes en voyage, nous ne sommes venus en ce monde que pour passer de " vertus en vertus", et non pour rester sur terre par amour des objets terrestres, comme celui qui disait : "Je détruirai mes greniers et j'en construirai de plus grands", Lc 12,18. Ah ! que le Seigneur ne nous dise pas comme à lui : "Insensé, cette nuit, on te redemandera ton âme", Homélies sur les Nombres XXVII, 7.

« oubliant tout le reste, être disponible pour Dieu ».

« Ce n’est pas une fois seulement que mon Seigneur Jésus est venu sur terre : il est venu également à Isaïe, il est venu à Moïse, au peuple aussi et à chacun des prophètes, il est venu ; toi non plus ne crains point : même si tu l’as déjà reçu, il reviendra à toi. » dit Origène. Car la parole nous met en contact direct avec la personne de Jésus.

C’est ainsi qu’Origène, lorsqu’il commente le Cantique des Cantiques, s’écrie : « la forme divine de Jésus n’est perceptible qu’à ceux à qui il veut la révéler et qui sont prêts à accueillir cette révélation. Lorsque l’épouse, c’est à dire l’Eglise, se convertissant à Dieu, fut dépouillée du voile qui l’enveloppait, 2 Co 3,16, elle aperçut son Bien Aimé sautant sur les montagnes - les livres de la loi- bondissant sur les collines - les écrits des prophètes- et cette manifestation est si évidente, si dépourvue de toute illusion qu’il n’est pas dit de l’Epoux qu’il apparaît, mais qu’il bondit, comme si, feuilletant les écrits des prophètes, elle avait vu le Christ s’en échapper et courir au devant d’elle, comme si, pour avoir quitté le voile qui la couvrait, elle voyait le Christ jaillir de chaque endroit du texte, s’élancer vers elle et lui manifester tout à coup une présence qu’elle ne peut plus mettre en doute. »

« la Parole de Dieu s’installe dans les entrailles de l’homme » selon Origène.
La « lectio » est écoute de la Parole de Dieu, mais surtout ouverture à une présence.

Éminent philosophe, théologien et prêtre chrétien du IIème et IIIème siècle, Origène est l'une des grandes figures de l'école d'Alexandrie dont il fut le recteur dès l'âge de dix-huit ans. Apologiste d'une rare fécondité, il mit au point une méthode d'étude de l'Ancien Testament et fut, ainsi, le fondateur de l'exégèse biblique. Ayant, par ailleurs, une vie mystique intense, il fut également l'instigateur d'une nouvelle forme d'analyse biblique. Il tenta, en effet, de dévoiler le sens spirituel des Écritures par le biais du ressenti considérant que certains passages de la bible seraient indignes d'un Dieu d'Amour s'ils devaient être appréhendés à la lettre... Origène rédigea également de nombreux traités ascétiques et fut le premier Père de l'Eglise à tenter de faire du Christianisme une philosophie mystique. Mais, accusé de dénaturer la foi chrétienne en l'imprégnant des théories néoplatoniciennes, il suscita de nombreuses controverses qui lui valurent le destin des grands martyrs. Suite à sa dernière œuvre, réfutant les attaques d'un philosophe païen, il fut cruellement torturé et mourut de ses blessures.

mardi 10 mars 2009

Dieu au terme de notre lectio

Amos parlait de chercher la parole du Seigneur, mais ajoutait-il : "on ne la trouvera pas", Am 8,11-12. La suite de la prophétie éclaire la cause d'un tel échec : le péché, les infidélités du peuple, Am 8,14. En effet comment chercher la parole de celui dont on s'écarte par toute sa conduite, comment entendre quelqu'un dont on s'éloigne ? Saint Augustin le dit d'une façon admirable au livre II des Confessions : "O ma joie lente à venir ! Tu te taisais alors, et moi je m'en allais loin, loin de toi", Conf. II,II,2.

Si Dieu nous parle, c'est pour nous rencontrer et cela n'est possible que si nous nous tournons vers lui et lui ouvrons la porte de notre coeur, car il ne la forcera jamais."Voici je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui, et je prendrai la cène avec lui et lui avec moi", Ap 3,20. Cette parole du Christ ressuscité dans l'Apocalypse est précédée d'une invitation pressante : "Moi tous ceux que j'aime, je les reprends et les corrige. Sois donc fervent et repens-toi", Ap 3,19, c'est-à-dire : "Détourne-toi de tes péchés", Ez 18,27 et "reviens à moi, car je t'ai racheté", Is 44,22.

Ainsi Dieu nous aime et s'il nous attire vers sa parole (1er point), s'il nous y découvre le Christ dans l'Esprit (2è point), c'est au bout du compte pour nous unir à lui en un seul esprit, 1 Co 6,17. La lectio est ordonnée à cette union. Dans sa parole il nous offre ce qu'il faut non seulement pour le chercher mais encore pour le trouver. "Dès que je trouvais tes paroles, je les dévorais. Ta parole m'a réjoui, m'a rendu profondément heureux", Jr 15,16. Et Jérémie nous donne ensuite la clé d'un tel bonheur : "Ton nom a été proclamé sur moi", c'est-à-dire, comme l'explique une note de la TOB, (cf renvoi à 7, 10), ta présence en moi s'est révélée.


La parole est un instrument puissant pour nous ouvrir à la grâce. Le prophète Osée le savait déjà : "Prenez avec vous des paroles et revenez au Seigneur", Os 14,3. Plus près de nous dans le temps, sainte Thérèse d'Avila raconte dans le livre de sa vie qu'elle avait l'habitude de se servir d'un livre comme d'une amorce pour soulever son âme (Vida 4) "Souvent même, je n'avais qu'à ouvrir mon livre et c'était assez. Quelque fois je lisais un peu, d'autres fois beaucoup, selon la grâce que le Seigneur daignait m'accorder".
En effet ce n'est pas la quantité qui compte mais la qualité, c'est-à-dire les dispositions du coeur, l'intensité du désir, la profondeur de l'écoute, la vérité de la vie... "Dis seulement une parole et je serai guéri", Mt 8,8. Il suffit souvent d'un seul mot pour atteindre l'intime de notre être, mot par lequel le Seigneur nous touche et nous renouvelle. Sans cesse rappelé il nourrira notre journée et transformera notre vie : "Parle et dis-moi : je suis ton salut", Ps 34,3.

C'est alors que la lectio, après s'être faite supplication, quête, s'épanouit en louange, en action de grâces. Quand la parole s'est faite chair en Marie, bientôt a jailli le Magnificat. A cet égard la prière des psaumes est un lieu privilégié où nous apprenons à passer sans cesse de la lectio à la prière. Dans les psaumes la parole nous est donnée pour chercher Dieu en l'implorant et le trouver dans l'exultation. La parole reçue de Dieu devient notre parole pour nous adresser à lui. "Ton meilleur serviteur, remarque St Augustin au Livre X des Confessions, c'est celui qui est plus attentif non pas à entendre de toi ce qu'il veut lui-même, mais plutôt à vouloir ce qu'il entend de toi", Conf. X,XVI,37. La lectio nous éduque à cela, à unir notre volonté à celle de Dieu, ce qui, selon Saint Bernard, est la définition de l'amour, SC 71, 6.


En résumé
Dieu est à l'origine de notre lectio : en nous attirant vers sa parole, il fait naître en nos coeurs l'espérance. Dieu est au coeur de notre lectio : en nous révélant le Christ dans l'Esprit, il fait grandir nos vies dans la foi.Dieu est au terme de notre lectio : en nous unissant à lui par l'accord de notre volonté à la sienne, il achève notre être dans l'amour.

Le dernier mot revient encore à Saint Augustin qui entendit un jour chanter d'une maison voisine : "Prends, lis ! Prends, lis!", Conf. VIII,XII,29. Et il commente : " Tu as appelé, tu as crié et tu as brisé ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi et tu as dissipé ma cécité ; tu as embaumé, j'ai respiré et haletant j'aspire à toi ; j'ai goûté, et j'ai faim et j'ai soif ; tu m'as touché et je me suis enflammé pour ta paix. Quand j'aurai adhéré à toi de tout moi-même, nulle part il n'y aura pour moi douleur et labeur, et vivante sera ma vie toute pleine de toi", Conf.X,XXVI,38 - XXVII,39.

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