mercredi 27 décembre 2023

Basile de Séleucie (+ vers 459),La Vierge Mère de Dieu


 

1er janvier- Sainte Marie, Mère de Dieu B


Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
 2,16-21

Quand les bergers arrivèrent à Bethléem, ils découvrirent Marie et Joseph, avec le nouveau-né couché dans une mangeoire.



Le Créateur de l'univers, le Tout-Puissant, né de la Vierge Mère de Dieu, s'est uni à la nature humaine; il a pris une chair vraiment dotée d'une âme, et il n'a connu aucune faute : Il n'a jamais commis de péché ni proféré de mensonge, 1 P 2,22.

Corps très saint qui a abrité le Seigneur ! C'est en Marie qu'a été annulé le constat de notre péché; c'est en elle que Dieu s'est fait homme tout en restant Dieu. Il a voulu se soumettre à cette grossesse et il s'est abaissé à naître comme nous; sans abandonner le sein du Père, il était comblé par les caresses de sa mère.

Car Dieu ne se divise pas lorsqu’il accomplit sa volonté ; c'est même en demeurant chez tous sans division qu'il donne le salut au monde. Gabriel est venu vers la Vierge Mère sans quitter le ciel, et le Verbe de Dieu qui embrasse toutes choses, tandis qu'il s'incarne en elle, ne cesse pas d'être adoré dans le ciel.

Est-il nécessaire de faire intervenir tout ce qu'ont dit les prophètes qui ont annoncé la venue du Christ qui naîtrait de la Mère de Dieu ? Quelle voix serait assez sublime pour entonner des hymnes convenant à sa dignité ? De quelles fleurs lui tresserons-nous la couronne qui lui est due ? Car c'est d'elle qu'a germé la fleur de Jessé, Is 11,1 qui a couronné notre race de gloire et d'honneur.

Quels présents dignes d'elle lui offrirons-nous, quand tout ce qu'il y a dans le monde est indigne d'elle ? Car, si saint Paul dit des autres saints: Le monde n'en était pas digne, He 11,38, que dirons-nous de la Mère de Dieu qui resplendit au-dessus de tous les martyrs autant que le soleil brille plus que les étoiles ?

O virginité par laquelle les anges, d'abord éloignés du genre humain, se réjouissent avec raison d'être mis au service des hommes ! Et Gabriel exulte d'être chargé d'annoncer la conception divine. C'est pourquoi il ouvre son message de salut en invoquant la joie et la grâce: Réjouis-toi, comblée de grâce, Lc 1,28, prends un visage joyeux. Car c'est de toi que va naître la joie de tous, avec celui qui, après avoir détruit la puissance de la mort et avoir donné à tous l'espérance de ressusciter, nous délivrera de l'antique malédiction.

L'Emmanuel s'est donc produit dans ce monde qu'il avait créé jadis, en apparaissant comme un nouveau-né, lui qui était Dieu avant l'éternité; couché dans une mangeoire, exclu de la salle commune, alors qu'il venait préparer les demeures éternelles. Confiné dans une grotte et signalé par l'étoile, comblé de cadeaux par les mages et payant la rançon du péché, porté dans les bras de Syméon et embrassant l'univers par l'étendue de sa puissance divine, vu comme un nourrisson par les bergers et reconnu comme Dieu par l'armée des anges qui chantaient sa gloire dans le ciel, la paix sur la terre, la bienveillance de Dieu envers les hommes, Lc 2,14.

Tout cela, la sainte Mère du Seigneur de l'univers le méditait dans son cœur, Lc 2,19,  Lc 2,51, dit l'évangile. Elle se réjouit intérieurement de cette accumulation de merveilles, en même temps qu'elle est bouleversée par la grandeur de son Fils qui est Dieu, grandeur qu'elle perçoit par les yeux de l'âme. Comme elle restait à contempler l'enfant divin, entraînée, comme je le crois, par des élans pleins de respect, elle était seule à converser avec le seul.

Sermon 39, 4-5; PG 85, 437.441-447.

Clerus.org

HOMÉLIE DE PAUL VI À NAZARETH , 5 janvier 1964.


 31 décembre 2023

La Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph

Saint Luc 2,22-40.

 

L'exemple de Nazareth

Nazareth est l'école où l'on commence à comprendre la vie de Jésus : l'école de l'Évangile.

On apprend à regarder, à écouter, à méditer et à pénétrer la signification, si profonde et si mystérieuse, de cette très simple, très humble et très belle manifestation du Fils de Dieu. Peut-être apprend-on même insensiblement à imiter.

On apprend la méthode qui nous permettra de comprendre qui est le Christ. Ici, on découvre le besoin d'observer le cadre de son séjour parmi nous : les lieux, les temps, les coutumes, le langage, les pratiques religieuses, tout ce dont s'est servi Jésus pour se révéler au monde. Ici, tout parle, tout a un sens.

On comprend la nécessité d'avoir une discipline spirituelle, si l'on veut suivre l'enseignement de l'Évangile et devenir disciple du Christ. Oh, comme nous voudrions redevenir enfant et nous remettre à cette humble et sublime école de Nazareth, comme nous voudrions près de Marie recommencer à acquérir la vraie science de la vie et la sagesse supérieure des vérités divines !

Mais nous ne faisons que passer. Il nous faut laisser ce désir de poursuivre ici l'éducation, jamais achevée, à l'intelligence de l'Évangile. Nous ne partirons pas cependant sans avoir recueilli à la hâte, et comme à la dérobée, quelques brèves leçons de Nazareth.

Une leçon de silence d'abord.

Que renaisse en nous l'estime du silence, cette admirable et indispensable condition de l'esprit, en nous qui sommes assaillis par tant de clameurs, de fracas et de cris dans notre vie moderne, bruyante et hyper sensibilisée.

Ô silence de Nazareth,

enseigne-nous le recueillement, l'intériorité, la disposition à écouter les bonnes inspirations et les paroles des vrais maîtres ;

enseigne-nous le besoin et la valeur des préparations, de l'étude, de la méditation, de la vie personnelle et intérieure, de la prière que Dieu seul voit dans le secret.

Une leçon de vie familiale.

Que Nazareth nous enseigne ce qu'est la famille, sa communion d'amour, son austère et simple beauté, son caractère sacré et inviolable ; apprenons de Nazareth comment la formation qu'on y reçoit est douce et irremplaçable ; apprenons quel est son rôle primordial sur le plan social.

Une leçon de travail.

Nazareth, maison du fils du charpentier,

c'est ici que nous voudrions comprendre et célébrer la loi sévère et rédemptrice du labeur humain ;

ici, rétablir la conscience de la noblesse du travail ;

ici, rappeler que le travail ne peut pas avoir une fin en lui-même, mais que sa liberté et sa noblesse lui viennent, en plus de sa valeur économique, des valeurs qui le finalisent ; comme nous voudrions enfin saluer ici tous les travailleurs du monde entier et leur montrer leur grand modèle, leur frère divin, le prophète de toutes leurs justes causes, le Christ notre Seigneur.

HOMÉLIE DE PAUL VI À NAZARETH, 5 JANVIER 1964.

mardi 12 décembre 2023

Saint Bernard de Clairvaux, Les fontaines du Sauveur

 


 

 

Extrait du premier sermon pour le jour de noël, 

 

 


 

 

En troisième lieu, l'eau sert à l'arrosage, or ce dont les nouvelles plantations ont le plus besoin, c'est précisément d'être arrosées, car faute d'eau, où elles languissent, ou même elles périssent tout à fait de sécheresse. 

Que ceux donc qui ont semé la semence des bonnes oeuvres puisent de l'eau de la dévotion, s'ils veulent que leur jardin de la bonne vie, arrosé des eaux de la grâce, se fasse remarquer par sa verdure continuelle, au lieu d'être brûlé par la sécheresse. C'est pour eux que le Prophète fait cette prière : « Que votre holocauste soit gras», Psal. XIX, 4. De même, c'est à la louange d'Aaron que nous voyons écrit dans les saintes Lettres, que le feu dévorait tous les jours son sacrifice. Or, toutes ces expressions ne signifient pas autre chose, sinon que toutes nos bonnes oeuvres doivent être assaisonnées d'une dévotion pleine de ferveur, et de la douceur de la grâce spirituelle. 

Pourrons-nous trouver la quatrième fontaine qui nous rendra ce paradis charmant que quatre sources arrosaient? Car, si nous avons perdu tout espoir de recouvrer le paradis de la terre, comment pourrions-nous conserver l'espérance de posséder celui du ciel ? «En effet, si vous ne me croyez pas, est-il dit, lorsque je vous parle des choses de la terre, comment me croirez-vous quand je vous parlerai de celles du ciel», Joan. III,12.  Or, puisque la vue des choses présentes vous fait espérer plus fermement les choses futures, nous avons un paradis bien meilleur et bien plus agréable que celui de nos premiers parents ; car notre paradis à nous, c'est notre Seigneur Jésus-Christ. 

Nous avons déjà trouvé trois fontaines en lui ; cherchons quelle est la quatrième 

Nous avons la fontaine de la miséricorde, dont les eaux de pardon lavent nos souillures; nous avons celle de la sagesse, dont les eaux de discrétion servent à étancher notre soif ; nous avons enfin celle de la grâce, dont les eaux de dévotion arrosent les plantes de nos bonnes oeuvres : cherchons maintenant de l'eau bouillante, les eaux du zèle, pour faire cuire nos aliments. Ce sont, en effet, les eaux bouillantes de la charité qui font cuire et assaisonnent nos affections. Voilà pourquoi le Prophète disait : « Mon coeur s'est échauffé au dedans de moi, et tandis que j'étais en méditation, il était embrasé par le feu», Psal. XXXVIII, 4. Et encore : « Le zèle de votre demeure me consume», Psal. LX, 10. En effet, quiconque est amené par la douceur de la dévotion à l'amour de la justice, est conduit par la ferveur de la charité à la haine de l'iniquité. Ne pensez-vous point que c'est de ces fontaines que parlait le Prophète quand il disait : « Vous puiserez de l'eau avec joie aux fontaines du Sauveur», Isa. XII,3 ? Si vous voulez vous convaincre qu'en cet endroit ses promesses ont rapport à la vie présente, non point à la vie future, veuillez remarquer la suite de son discours : « Et pleins de joie, dit-il, vous vous écrierez alors, chantez les louanges du Seigneur, et invoquez son nom», Isa. XII,4. En effet, l'invocation n'a rapport qu'au temps présent, selon ce qui est écrit : « Invoquez-moi au jour de la tribulation», Psal. XLIX, 15. 

… Quant à nous, ce qui nous importe le plus, c'est de faire toutes nos actions en esprit de joie : «Car Dieu aime celui qui donne avec joie », II Cor. IX, 7. Or, la terre où nous vivons est loin d'être fertile en cette sorte de moisson qu'on appelle une bonne vie ; aussi se dessèche-t-elle bien vite, si on ne l'arrose souvent. Voilà pourquoi, dans l'oraison dominicale, nous demandons cette grâce, sous le nom de notre pain quotidien. Et nous avons bien raison de le faire, si nous voulons échapper à cette terrible imprécation du Prophète «Qu'ils deviennent semblables à l'herbe qui pousse sur les toits et qui se sèche avant qu'on l'arrache», Psal. CXXVIII,6. Mais la fontaine du zèle convient plus particulièrement à Noé, parce que c'est aux prélats surtout qu'il appartient d'avoir du zèle.

http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bernard

Guerric d'Igny, Nativité du Seigneur

 

« Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde », puisque nous sommes encore bien incapables de voir ta gloire. Que nous apparaissent la bonté et l’humanité du Sauveur, notre Dieu, pour nous rendre dignes et capables de voir apparaître la majesté et la divinité de Dieu, notre Créateur.

« Montre-nous, Seigneur, ta miséricorde » revêtue de notre misère, et, par un nouveau prodige de tendresse, faisant de la misère elle-même un remède pour les miséreux.

 

 

C’est à cette fin que l’art de la miséricorde mélangea la béatitude de Dieu et la misère de l’homme dans un unique Médiateur. De la sorte, par l’action de ce mystère d’unité dans la force de la résurrection, la béatitude allait absorber la misère, la vie engloutir la mort, et l’homme glorifié allait tout entier partager la nature divine.

La tendresse de Dieu a donc pris sur elle toutes les faiblesses de la chair auxquelles est soumise notre nature humaine depuis la chute, sauf le péché. Ainsi, elle n’a pas refusé les misères de l’enfance et n’a pas voulu entrer dans l’existence d’une autre manière que ne le comporte la condition commune. C’est pourquoi « un petit enfant nous est né ». Et le Dieu de majesté, s’anéantissant lui-même, s’est rendu semblable, non seulement au corps terrestre d’un mortel, mais encore à l’âge tendre et faible des enfants.

Ô sainte et douce enfance qui restitue à l’homme la véritable innocence. Par toi tout âge peut revenir à une bienheureuse enfance et devenir conforme à l’Enfant-Dieu, non par la petitesse des membres, mais par l’humilité du cœur et la douceur des mœurs. Pour te servir d’exemple, Dieu a voulu, alors qu’il était le plus grand de tous, devenir le plus humble et le plus petit de tous ! C’était peu pour lui de se rendre inférieur aux anges en prenant la condition de la nature mortelle : il a voulu encore se faire inférieur aux hommes en prenant l’âge et la faiblesse d’un enfant.

Qu’il y prête attention l’homme pieux et humble et qu’il s’en félicite.

Qu’il y prête attention l’homme impie et orgueilleux, et qu’il en soit confondu.

Qu’ils voient, dis-je, le Dieu immense devenu enfant, un tout-petit qu’il faut adorer. En cette première manifestation aux mortels, Dieu préfère se montrer sous les traits d’un petit enfant, apparaître plus aimable que redoutable. Ainsi, puisqu’il vient sauver et non juger, il montre pour l’instant ce qui pourrait susciter l’amour, et remet à plus tard ce qui pourrait inspirer la crainte.

Approchons-nous donc avec confiance du trône de sa grâce, nous qui ne pouvons même pas penser sans trembler au trône de sa gloire. Ici, rien de terrible ni de sévère à redouter. Au contraire tout est bonté et douceur pour t’inspirer confiance. Vraiment rien de plus facile à apaiser que le cœur de cet enfant : Il devance tes offrandes de paix et de satisfaction, et le premier, t’envoie des messagers de paix pour t’encourager, toi le coupable, à consentir à une réconciliation. Il te suffit de le vouloir, et de le vouloir vraiment et parfaitement. Non seulement il t’accordera son pardon, mais il te comblera de sa grâce. Bien plus, estimant que ce n’est pas là un gain médiocre que d’avoir retrouvé la brebis perdue, il célébrera une fête avec ses anges.

Bienheureux Guerric d’Igny – Sermon 1 sur la Nativité de Notre Seigneur – 1, 2, 3
http://abbayenotredamedelapaix.fr/2023/12/02/decembre-confiance/

dimanche 10 décembre 2023

Jean Scot Érigène (+ après 870), Jean le Précurseur présenté par l'évangéliste Jean


 Le troisième dimanche de l’Avent est aussi appelé dimanche du Gaudete.

Premier mot de l’introït de ce troisième dimanche de l’Avent 


« Gaudete in Domino semper ; iterum dico : gaudete ! » 

Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je le répète : réjouissez-vous ! »

 

 

saint Jean 1,6-8 Jn 1,19-28


Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui.





Comme il est logique, c'est Jean qui introduit Jean dans son discours sur Dieu ; l'abîme appelant l'abîme à la voix des mystères divins, ps 41,8 : l'Évangéliste raconte l'histoire du Précurseur. Celui qui reçut la grâce de connaître le Verbe au commencement Jn 1,1 nous renseigne sur celui qui reçut la grâce de venir en avant du Verbe incarné. Il y eut, dit-il. Il ne dit pas simplement : Il y eut un envoyé de Dieu, mais il y eut un homme Jn 1,6. Il parle ainsi afin de distinguer le Précurseur, qui participe seulement de l'humanité, et l'homme qui, unissant étroitement en lui divinité et humanité, est venu ensuite: afin de séparer la voix qui passe du Verbe qui demeure toujours de façon immuable, afin de suggérer que l'un est l'étoile du matin qui apparaît à l'aube du Royaume des cieux, et de déclarer que l'autre est le soleil de justice qui lui succède. Il distingue le témoin de celui auquel il rend témoignage, celui qui est envoyé de celui qui envoie, la lampe vacillante de la lumière splendide qui remplit l'univers et qui, pour le genre humain tout entier, dissipe les ténèbres de la mort et des péchés.

Ainsi le Précurseur fut l'homme du Seigneur, non pas Dieu; le Seigneur, dont il fut le Précurseur, fut à la fois homme et Dieu. Le Précurseur fut un homme qui deviendrait Dieu par la grâce. Celui dont il prépare la venue était Dieu par nature ; il devait se faire homme par humilité, et parce qu'il voulait opérer notre salut et notre rachat.

Un homme fut envoyé. Par qui ? Par le Dieu Verbe qu'il a précédé. Sa mission était d'être Précurseur. C'est dans un cri qu'il envoie sa parole devant lui: A travers le désert, une voix crie Mt 3,3. Le messager prépare l'avènement du Seigneur. Son nom était Jean, signifiant que la grâce lui a été donnée d'être le Précurseur du Roi des rois, le révélateur du Verbe inconnu, le baptiseur en vue de la naissance spirituelle, le témoin, par sa parole et son martyre, de la lumière éternelle.

Jean Scot Érigène (Iohannes Scottus) est un clerc et philosophe irlandais du IX siècle né autour de l'an 800. Il meurt vers 877 sans doute sur le continent.

Homélie sur le Prologue de Jean, ch. 15 ; SC 151, 275-277.

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