mercredi 27 mai 2009

Les voies de l'Esprit Saint St Grégoire le Grand



Le Pape Saint Grégoire le Grand
écrivant sous la dictée de l'Esprit Saint
6ème-7ème siècle

le texte sera publié sur 4 semaines

1/4 Les voies de l'Esprit sont mystérieuses
2/4 La venue de l'Esprit est inopinée
3/4 L'expérience de l'invisible
4/4 L'homme n'est pas à la mesure de l'Esprit
La saveur de l'Esprit

1. Les voies de l*Esprit sont mystérieuses

Les voies de l*Esprit sont mystérieuses. On ne sait comment viennent ses dons, ni d*où, ni quand. Grégoire cite plusieurs fois le verset : “L'Esprit souffle où il veut ; tu entends sa voix, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va”, Jn 3,8. Même celui qui a été illuminé par l'Esprit ne peut découvrir comment sa voix s'est introduite jusqu'à l'oreille de son coeur. Il est incapable de décrire les voies par lesquelles sa force invisible a pénétré en lui, comment il vient et comment il se retire.

Personne ne peut connaître d'avance les résultats d'ne prédica­tion ; personne ne peut prévoir dans quels coeurs entrera l'Esprit. Dieu sème dans les âmes d'ne manière incompréhensible. On ne voit pas l'ction de Dieu dans les coeurs, on ne voit pas comment il y entre, on ne connaît pas les voies qu'l prend pour les illuminer et cependant il les change. Nous voyons le résultat, nous ignorons le comment.
“Quelle voie prend la lumière pour se répandre ? » demande Dieu à Job, Jb 38,24. Cette voie est invisible à nos yeux, répond Grégoire.

La sagesse, comme l'Esprit, se répand secrète­ment dans les coeurs. La parole de l'Esprit se fait entendre sans bruit à l'oreille du coeur. C*est une parole à l'intérieur, c'est une voix qui ne fait pas de bruit mais qui donne la science au-dedans et instruit les coeurs, c'est une brise légère. Transmise sans bruit au coeur du croyant, la parole de l'Esprit est incommunicable. On peut percevoir son inspiration, non l'exprimer par des mots. N'est-ce pas le propre de l'expérience de ne pouvoir se transmet­tre ? On ne peut savoir ce qu*est une parole de l'Esprit-Saint si on ne l'a pas reçue.

mardi 19 mai 2009

St Augustin, L’Ascension du Seigneur


"Aujourd’hui notre Seigneur Jésus-Christ monte au ciel; que notre cœur y monte avec lui. Écoutons ce que nous dit l’Apôtre: Vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut: c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Le but de votre vie est en haut, et non pas sur la terre. De même que lui est monté, mais sans s’éloigner de nous, de même sommes-nous déjà là-haut avec lui, et pourtant ce qu’il nous a promis ne s’est pas encore réalisé dans notre corps.


Lui a déjà été élevé au dessus des cieux; cependant il souffre sur la terre toutes les peines que nous ressentons, nous ses membres. Il a rendu témoignage à cette vérité lorsqu’il a crié du haut du ciel : Saul, Saul, pourquoi me persécuter? Et il avait dit aussi: J’avais faim, et vous m’avez donné à manger. Pourquoi ne travaillons-nous pas, nous aussi sur la terre, de telle sorte que par la foi, l’espérance et la charité, grâce auxquelles nous nous relions à lui, nous reposerions déjà maintenant avec lui, dans le ciel?


Lui, alors qu’il est là-bas, est aussi avec nous; et nous, alors que nous sommes ici, sommes aussi avec lui. Lui fait cela par sa divinité, sa puissance, son amour; et nous, si nous ne pouvons pas le faire comme lui par la divinité, nous le pouvons cependant par l’amour, mais en lui.


Lui ne s’est pas éloigné du ciel lorsqu’il en est descendu pour venir vers nous; et il ne s’est pas éloigné de nous lorsqu’il est monté pour revenir au ciel. Il était déjà là-haut, tout en étant ici-bas; lui-même en témoigne: Nul n’est monté au ciel, sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme, qui est au ciel. Il a parlé ainsi en raison de l’unité qui existe entre lui et nous: il est notre tête, et nous sommes son corps. Cela ne s’applique à personne sinon à lui, parce que nous sommes lui, en tant qu’il est Fils de l’homme à cause de nous, et que nous sommes fils de Dieu à cause de lui.


C’est bien pourquoi saint Paul affirme: Notre corps forme un tout, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, bien qu’étant plusieurs, ne forment qu’un seul corps. De même en est-il pour le Christ. Il ne dit pas: Le Christ est ainsi en lui-même, mais il dit: De même en est-il pour le Christ à l’égard de son corps. Le Christ, c’est donc beaucoup de membres en un seul corps. Il est descendu du ciel par miséricorde, et lui seul y est monté, mais par la grâce nous aussi sommes montés en sa personne. De ce fait, le Christ seul est descendu, et le Christ seul est monté ; non pas que la dignité de la tête se répande indifféremment dans le corps, mais l’unité du corps ne lui permet pas de se séparer de la tête."


De saint Augustin, sermon pour l’Ascension, 98, 1-2 (PLS 2, 494-495)

Prière
Dieu qui élèves le Christ au dessus de tout, ouvre nous à la joie et à l’action de la grâce, car l’Ascension de ton Fils est déjà notre victoire : nous sommes les membres de son corps, il nous a précédés dans la gloire auprès de toi, et c’est là que nous vivons en espérance. Par Jésus, le Christ, notre Seigneur. Amen


Préparé par le Département de Théologie Spirituelle deL’Université Pontificale de la Sainte-Croix
http://www.vatican.va/spirit/documents/spirit_20010525_agostino_fr.html

lundi 4 mai 2009

St Grégoire le Grand, Accueillir les événements est une ascèse

Paroles de Dieu, amour et Esprit-Saint chez Saint Grégoire le grand, Patrick CATRY, o.s.b., éditions de l’abbaye de Bellefontaine, Vie monastique n°17, 55-57

On s’interroge souvent aujourd’hui sur l’ascèse pour en récuser certaines formes dites traditionnelles. Il y a l’ascèse que l’homme s’impose lui-même, et il y a d’autre part cette immense ascèse qui consiste à accueillir les événements. La vie des justes est remplie d’adversités : c’est une constatation, mais c’est aussi une nécessité, affirme Saint Grégoire ; nous ne pouvons retourner aux joies éternelles que par les maux temporels. Ces maux temporels ne sont pas un désavantage ni un malheur ultime ; bien au contraire, l’adversité est un gain pour ceux qui sont bien disposés : les adversités sont fâcheuses mais utiles ; elles sont une aide.

Personne ne peut être parfait s’il n’a supporté patiemment le mal que lui infligent les hommes. Pas d’Abel sans Caïn ; pas de Joseph sans ses frères qui le vendent comme esclave, etc. Ceux-là sont vraiment bons qui peuvent garder leur bonté même au milieu des méchants. Pour que la vertu de Job arrivât à son comble, il était nécessaire qu’il souffrît de la part des hommes. La vertu de patience ne peut trouver à se manifester quand tout va pour le mieux. Est patient celui qui sait garder la rectitude de son espérance et louer Dieu même quand il est accablé par l’adversité.

Dans l’épreuve, l’homme apprend ce qu’il vaut en vérité. L’épreuve nous met en question. Ce n’est plus tellement l’homme qui interroge Dieu sur le bien-fondé de l’épreuve qui lui advient ; c’est l’épreuve qui le scrute et le soupèse. Personne ne sait ce qu’il vaut si ce n’est par l’épreuve. C’est alors qu’on voit en vérité la mesure de grâce que chacun a reçue. L’épreuve démolit la façade et manifeste l’intérieur. On y apprend combien on a progressé par la grâce de Dieu et combien on est faible par soi-même. L’épreuve nous éclaire et sonde notre cœur.

Les épreuves, en nous rabaissant à l’extérieur, nous rendent prudents à l’intérieur pour garder dans le silence les dons reçus… L’adversité a le pouvoir de transformer l’homme, de le renouveler intérieurement alors que l’extérieur pâtit ; et plus il souffre au dehors, plus il est comblé au-dedans des lumières de la vertu.
‘Encore que l’homme extérieur en nous s’en aille en ruines, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour’, 2 Cor 4, 16. L’adversité fortifie et l’expérience de la souffrance donne une certaine sensibilité pour compatir en vérité aux maux du prochain.

L’épreuve tend à désarçonner celui qu’elle atteint. Aussi les saints cultivent-ils une certaine prudence quand tout leur sourit, au temps de la paix et de la tranquillité. N’étant attachés à rien de ce qui est terrestre, soumis vraiment à Dieu seul, ils ne sont pas surpris par les épreuves. Ne se laissant pas corrompre par la prospérité, ils ne sont pas non plus abattus par l’adversité.