mardi 29 décembre 2020

Homélie Pape Benoît XVI, Solennité de Sainte Marie, Mère de Dieu, Jn 1,19-28


  Chers frères et sœurs,

En ce premier jour de l’année, la liturgie fait résonner dans toute l’Église disséminée dans le monde l’antique bénédiction sacerdotale, que nous avons écoutée dans la première Lecture : « Que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix ! », Nb 6, 24-27. Cette bénédiction fut confiée par Dieu, à travers Moïse, à Aaron et à ses fils, c’est-à-dire aux prêtres du peuple d’Israël. C’est un triple vœu plein de lumière, qui provient de la répétition du nom de Dieu, le Seigneur, et de l’image de son visage. En effet, pour être bénis, il faut demeurer en présence de Dieu, recevoir sur soi son Nom et rester dans le cône de lumière qui part de son visage, dans l’espace illuminé par son regard, qui répand grâce et paix.

 

C’est aussi l’expérience qu’ont fait les bergers de Bethléem, qui apparaissent encore dans l’Évangile d’aujourd’hui. Ils ont fait l’expérience de demeurer en présence de Dieu, de sa bénédiction, non pas dans la salle d’un palais majestueux, devant un grand souverain, mais dans une étable, devant un «nouveau-né couché dans une mangeoire», Lc 2, 16. C’est justement de cet enfant que rayonne une lumière nouvelle, qui resplendit dans l’obscurité de la nuit, comme nous pouvons le voir sur de nombreux tableaux qui représentent la Nativité du Christ. C’est de lui, désormais, que vient la bénédiction : de son nom – Jésus, qui signifie « Dieu sauve » – et de son visage humain, en qui Dieu, le tout-puissant Seigneur du ciel et de la terre, a voulu s’incarner, cacher sa gloire sous le voile de notre chair, pour nous révéler pleinement sa bonté, cf. Tt 3, 4.

La première à être comblée de cette bénédiction a été Marie, la vierge, épouse de Joseph, que Dieu a choisie dès le premier instant de son existence pour être la mère de son Fils fait homme. Elle est « bénie entre toutes les femmes » Lc 1, 42 – comme la salue sainte Élisabeth. Toute sa vie est dans la lumière du Seigneur, dans le rayon d’action du nom et du visage de Dieu incarné en Jésus, le «fruit béni de son sein». C’est ainsi que nous la présente l’Évangile de Luc : retenant tous ces événements et méditant dans son cœur tout ce qui concernait son fils Jésus, Lc 2, 19. 51. Le mystère de sa maternité divine, que nous célébrons aujourd’hui, renferme dans une mesure surabondante ce don de grâce que toute maternité humaine comporte, si bien que la fécondité du sein a toujours été associée à la bénédiction de Dieu. La Mère de Dieu est la première qui est bénie et elle est celle qui porte la bénédiction ; c’est la femme qui a accueilli Jésus en elle et qui lui a donné le jour pour toute la famille humaine. Comme prie la liturgie : «Gardant pour toujours la gloire de sa virginité, elle a donné au monde la lumière éternelle, Jésus Christ notre Seigneur», Préface de la B. V. Marie 1.

Marie est mère et modèle de l’Église qui accueille dans la foi la Parole divine et s’offre à Dieu comme « bonne terre » en qui Il peut continuer à accomplir son mystère de salut. L’Église aussi participe au mystère de la maternité divine, à travers la prédication, qui répand dans le monde la semence de l’Évangile, et qui, à travers les sacrements, communiquent aux hommes la grâce et la vie divine. En particulier, dans le sacrement du Baptême, l’Église vit cette maternité, quand elle engendre les fils de Dieu de l’eau et de l’Esprit Saint, qui en chacun d’eux crie : «Abbà ! Père !» ,Ga 4, 6. Comme Marie, l’Église est médiatrice de la bénédiction de Dieu pour le monde : elle la reçoit en accueillant Jésus et la transmet en portant Jésus. Il est lui la miséricorde et la paix que le monde ne peut se donner de lui-même et dont il a besoin toujours, comme et plus que du pain.

Chers amis, la paix, dans son sens le plus plein et le plus élevé, est la somme et la synthèse de toutes les bénédictions. C’est pourquoi, quand deux personnes amies se rencontrent, elles se saluent en se souhaitant mutuellement la paix. L’Église aussi, le premier jour de l’année, invoque de manière spéciale ce plus grand bien, et elle le fait, comme la Vierge Marie, en montrant à tous Jésus, car, comme l’affirme l’apôtre Paul, «il est notre paix»  Ep 2, 14), et, en même temps, il est le "chemin» par lequel les hommes et les peuples peuvent atteindre ce but, auquel tous aspirent..

 Basilique Saint Pierre, Dimanche 1er janvier 2012.

dimanche 27 décembre 2020

L’épiphanie, la manifestation de Dieu, Mt 2,1-12

La fête de l’Épiphanie est le prolongement de la fête de Noël. Le mot « Épiphanie  » signifie « manifestation » : c’est la « manifestation » de Dieu aux hommes. De tous temps, en effet, les hommes ont aspiré à voir Dieu, mais « nul n’a jamais vu Dieu », Saint Jean 1, 18. Pour nous Le faire connaître, Jésus, Dieu le Fils, est descendu sur la terre.

Sa naissance à Bethléem, le jour de Noël, est la manifestation de Dieu au peuple Juif. Mais le salut promis aux hommes ne se limite pas au seul peuple d’Israël : Dieu, en effet, veut que TOUS les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité, 1 Timothée 2, 4.



Les Mages à Bethléem

Trois mages venus d’Orient, conduits par une étoile, arrivent à Bethléem pour adorer l’Enfant Jésus et Lui offrent en hommage de l’or, de l’encens et de la myrrhe, Saint Matthieu 2, 1-12. En la personne des mages, c’est maintenant à tous les hommes que Dieu se manifeste, qu’Il se fait connaître. C’est l’objet de la fête de l’Épiphanie :

« Aujourd’ hui, Seigneur, Tu as révélé ton Fils unique aux Nations grâce à l’étoile qui les guidait ; daigne nous accorder, à nous qui Te connaissons déjà par la foi, d’être conduits jusqu’ à la claire vision de ta splendeur »., Prière d’ouverture de la messe.

Les « Nations », ou « Gentils », c’est l’ensemble des peuples païens qui ne connaissent pas le vrai Dieu.

La fête de l’Épiphanie, c’est l’espérance du salut ouverte à tous les hommes. Le sens de cette fête est clairement exprimé dans l’encyclique Mediator Dei de Pie XII sur la  Liturgie en 1947 :

« Par la solennité de l’Épiphanie, l’Église rappelle la vocation des « Gentils » à la foi chrétienne. Son intention par là est de nous inviter à rendre grâces tous les jours à l’Éternel de ce grand bienfait et, à l’exemple des rois mages, rechercher avec une foi agissante le Dieu Vivant et Vrai, nous appliquer à acquérir une intelligence pieuse et profonde des réalités surnaturelles, et nous plaire au silence et à la méditation qui permettent de contempler plus facilement et de recevoir les dons du ciel. »

Présenter à Dieu des offrandes dignes de Lui…

« Les mages offrent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. L’or convient à un roi, tandis que l’encens sert pour le service divin ; mais avec la myrrhe, on embaume les corps des morts. Par leurs présents mystiques, les mages proclament donc Celui qu’ils adorent : l’or indique un Roi, l’encens un Dieu, la myrrhe, un homme mortel. » Saint Grégoire.

L’offrande des Mages est l’expression concrète de leur adoration, de leur reconnaissance et dépendance du Souverain Roi. Leur exemple est pour nous une leçon : que pourront être pour nous ces hommages dignes de Dieu ? Quels dons allons-nous offrir à Jésus ? Concrètement, allons-nous Lui apporter, comme nous y invite Saint Grégoire Le Grand, de l’or, de l’encens, de la myrrhe ?

Ces offrandes, nous le comprenons, ont une valeur mystique, symbolique :

« Celui que les Mages ont adoré petit enfant dans une crèche, adorons-Le tout-puissant dans les cieux. Et, comme les Rois firent de leurs trésors des offrandes mystiques au Seigneur, à notre tour, tirons de nos cœurs des dons qui méritent d’être offerts à Dieu », Saint Léon.

 

L’or, l’encens, la myrrhe


L’or offert au Roi est le signe de :

1. Notre soumission à Dieu, une soumission faite d’amour et de confiance. Les âmes des justes sont dans la main de Dieu… «  Dieu les a éprouvés comme l’or dans la fournaise, et les a acceptées comme une offrande parfaite  », Sagesse 3, 1. 5-6.

2. La perfection (comme l’or purifié par le feu) : on ne peut offrir au Roi que ce qu’on a de plus beau. « Montre-toi patient, car l’or est éprouvé au feu… Mets en Dieu ta confiance, et Il te viendra en aide », Si 5,6. « Que la patience s’accompagne d’œuvres parfaites, afin que vous soyez parfaits, irréprochables, ne laissant rien à désire, Jc 1, 2-4.

3. Le détachement  : faire toutes choses pour le Roi Jésus, et non pour notre propre satisfaction, notre intérêt ou notre gloire personnelle : c’est « l’esprit de pauvreté ». En tout, laisser à Jésus la première place, parce qu’on l’aime.

L’encens

L’encens du latin incensum, brûler que l’on fait brûler devant Dieu et qui dégage un parfum agréable, signifie :

1. L’adoration  : la créature s’anéantit devant son créateur, comme l’encens se consume devant Dieu.
« Grand est mon Nom parmi les nations. En tout lieu on présente à mon Nom un sacrifice d’encens et une offrande pure. Car grand est mon Nom. Parole du Seigneur », Mi 1,11.

2. La prière, qui s’élève devant Dieu comme la fumée de l’encens.
« Que ma prière, Seigneur, monte comme l’encens en ta présence…  » Ps 140, 2.

3. La grâce que Dieu répand dans les âmes, comme la bonne odeur qu’exhale l’encens dans l’église.
« Nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ… « , 2 Co 2, 15.

4. L’obéissance, ou soumission de notre volonté : quand on jette l’encens dans le feu, il se consume en une fumée odorante qui monte vers le ciel. Ce feu, c’est l’obéissance ; l’encens, notre volonté. Notre volonté soumise à Dieu est comme un sacrifice d’agréable odeur que nous offrons à Dieu.

La myrrhe

La myrrhe est une résine aromatique produite par le balsamier (arbuste des pays chauds) : on s’en servait en Orient pour embaumer les morts. Mêlée à du vin, elle constituait un breuvage narcotique (anesthésique) qu’on offrait aux condamnés pour amortir le sentiment de la douleur. Parfum au goût amer, elle a la propriété de préserver les corps des morts de la corruption (ou pourrissement), c’est pourquoi elle est signe de pureté.

La myrrhe est donc le symbole de la souffrance et de la mort. Offerte à l’humanité de Jésus en prévision de sa mort pour nos péchés, la myrrhe nous rappelle la nécessité de la mortification* : notre nature humaine, déviée par le péché, a toujours besoin, pour combattre ses mauvaises tendances, d’être corrigée, redressée, « mortifiée » par des efforts de maîtrise de soi.

 

Mortification  : Privation ou souffrance que l’on s’impose, dans une intention spirituelle ou morale, en vue d’une plus grande maîtrise de soi. La mortification doit toujours tendre à l’humiliation de l’amour-propre.

https://toulouse.catholique.fr/L-Epiphanie-la-manifestation-de-Dieu

samedi 26 décembre 2020

Présentation du Seigneur au temple, Lc2,22-40



  • Frères et sœurs, tout à l’heure nous avons fait se rencontrer nos cierges, et les deux flammes ont, l’espace d’un instant, formé une seule lumière qui s’est ensuite communiquée à chacun de nous. C’est une belle image pour signifier la double lumière que nous avons la grâce de célébrer aujourd’hui : celle de la Résurrection, et celle de la Présentation de Jésus au Temple, qui est comme le dernier rayon de la lumière de Noël. S’il s’agit d’une lumière, d’une révélation, c’est bien parce qu’une rencontre a eu lieu.  

  • « Rencontre du Seigneur » : c’est l’appellation primitive qui fut donnée à cette fête, et que nos frères d’Orient ont conservée jusqu’à aujourd’hui. Toute vraie rencontre, toute visitation est une lumière. A chaque fois que nous vivons une rencontre importante, nous faisons l’expérience de la lumière de Dieu, et de son amour pour nous. Cet amour, nous l’avons reçu quand il est venu à Noël, il y a maintenant quarante jours. 

  •  Dans ce passage d’évangile, une rencontre a lieu entre deux anciens, Anne et Syméon, qui représentent la sagesse d’Israël, et l’enfant Jésus entouré de ses parents. Les deux extrémités de la vie, le commencement et la fin, l’Ancienne et la Nouvelle Alliance se rejoignent. La rencontre des différences, mais aussi celle des fragilités, produit ici une étincelle, une lumière qui fascine. Parmi nous, les grands-parents font l’expérience de la beauté d’une telle rencontre quand ils voient leurs petits-enfants pour la première fois. Un climat de louange et d’admiration est palpable. 

  •  Pourtant, dans ce récit, comme à Noël, l’émerveillement est teinté de précarité, de vulnérabilité. Au jour de la naissance de Jésus, comme à sa Passion, il y a une grande pauvreté. Marie est prévenue : « Ton cœur sera transpercé par une épée » lui dit Syméon. Ce nouveau-né qu’elle porte, et qu’elle continuera de porter à la Croix, est un « signe de division ». La rencontre entre Dieu et son peuple est loin d’être toujours facile. La paix dont parle Syméon n’est pas une béatitude simpliste. La lumière du Christ qui vient dans le Temple, qui vient dans le monde, brille dans nos ténèbres. Malgré sa faiblesse apparente, elle éclaire le monde entier : le peuple d’Israël aussi bien que les nations païennes, tous les deux marqués par le péché de l’idolâtrie. Cette clarté qui vient purifier nos ténèbres, il est difficile de la recevoir, car elle est encore cachée. Ce n’est pas une lumière aveuglante, mais une étoile qui brille dans la nuit, discrètement. Si toute vraie rencontre est une lumière, une révélation, cela ne veut pas dire qu’une telle expérience soit simple. 

  •  Une flamme fragile, comme celle d’un cierge, brille dans les ténèbres. Dans notre passage d’évangile, cette lumière est encore cachée, dissimulée derrière le voile d’un rite, ou plutôt de deux rites superposés : le rite de la circoncision de Jésus, huit jours après sa naissance, qui marque la reconnaissance par Dieu de son Fils, et celui de la purification de Marie, car celle-ci vient d’accoucher. Derrière le cadre de la Loi juive, le quotidien d’un rite, derrière l’aspect ordinaire de la vie se cache un mystère insondable. En effet, une autre rencontre apparaît : c’est celle du Père des cieux qui accueille son Fils bien-aimé dans le Temple. Le Fils de Dieu, par les mains de Marie et Joseph, est offert à son Père. Syméon reçoit cet enfant, comme pour signifier la paternité de Dieu qui accueille. La rencontre véritable est une donation de l’un à l’autre. Le Fils se donne au Père, il s’offre pour lui. Si les parents de Jésus n’offrent que deux tourterelles pour le sacrifice, ce n’est pas simplement parce qu’ils sont pauvres, mais parce que l’agneau sacrifié sera leur fils, le Fils de Dieu. Jésus est l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. Il a tout reçu des mains de son Père, et c’est par cet amour reçu qu’il peut s’offrir totalement. 

  •  Frères et sœurs, comme nous l’avons dit, toute rencontre est fragile, difficile, car elle implique de notre part le sacrifice, le don de soi à l’autre, comme le Fils s’est donné au Père. 

  • Le pape François, dans son exhortation apostolique La Joie de l’Evangile, nous invite à (je cite) :

  • « courir le risque de la rencontre avec le visage de l’autre ». 

  • « La foi authentique dans le Fils de Dieu fait chair est inséparable du don de soi, de l’appartenance à la communauté, du service, de la réconciliation avec la chair des autres. Dans son incarnation, le Fils de Dieu nous a invités à la révolution de la tendresse ». La joie est « comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout ». 

  •  Voilà un beau programme ! Laissons-nous habiter par cet amour de Dieu pour nous. Cet amour qu’il nous a manifesté en nous donnant son Fils. Apportons à Dieu notre vie et celle de nos frères qui souffrent. Même si nous n’avons pas grand chose à offrir : deux tourterelles ou deux petites pièces, comme la veuve de l’évangile, Lc 21,1-4, entrons dans le mystère de l’Eucharistie, dans l’action de grâce du Christ, et offrons avec lui le monde entier, pour que grandisse, au-delà de toute division, la Paix dans les cœurs. Amen.

  • fr. Columba, https://www.encalcat.com/presentation-du-seigneur-au-temple-a_546.php

  • mercredi 23 décembre 2020

    St Bernard, Premier sermon pour la Vigile de Noël (1-2)

     

    « Cieux, prêtez l'oreille ! 

    Terre, écoutez avec attention ! 

    Que toute créature, que l'homme surtout soit transporté d'admiration et éclate en louanges : « Jésus Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem de Juda »... 

    Quelle plus douce nouvelle pourrait-on annoncer à la terre ? 

    A-t-on jamais rien entendu de pareil, le monde a-t-il jamais rien appris de semblable ? 

    «A Bethléem de Juda naît Jésus Christ, le Fils de Dieu.». 

    Quelques petites paroles pour exprimer l'abaissement du Verbe, la Parole de Dieu devenue un tout-petit, mais quelle douceur dans ces paroles ! 

    «Jésus Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem». Naissance d'une sainteté incomparable : honneur du monde entier, réjouissance de tous les hommes à cause du bien immense qu'elle leur apporte, étonnement des anges à cause de la profondeur de ce mystère d'une nouveauté sans pareil Ep 3,10. 

    «Jésus Christ, le Fils de Dieu, naît à Bethléem de Judée».  Vous qui êtes couchés dans la poussière, réveillez-vous et louez Dieu ! Voici le Seigneur qui vient avec le salut, voici la venue de l'Oint du Seigneur, son Messie, le voici qui vient dans sa gloire...

    Heureux celui qui se sent attiré par lui et qui « court à l'odeur de ses parfums » Ct 1,4 LXX : il verra « la gloire qu'il tient de son Père comme Fils unique » Jn 1,14. 

    Vous donc qui êtes perdus, respirez ! Jésus vient sauver ce qui avait péri.  

    Vous les malades, revenez à la santé : le Christ vient étendre le baume de sa miséricorde sur la plaie de vos cœurs. 

    Tressaillez de joie, vous tous qui éprouvez de grands désirs : le Fils de Dieu descend vers vous pour faire de vous des cohéritiers de son Royaume Rm 8,17. 

    Oui, Seigneur, je t'en prie, guéris-moi et je serai guéri ; sauve-moi et je serai sauvé Jr 7,14 ; glorifie-moi et je serai vraiment dans la gloire. Oui, « que mon âme bénisse le Seigneur, et que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom » Ps 102,1.

    Le Fils de Dieu se fait homme pour faire des hommes des enfants de Dieu. »
    http://www.chemindamourverslepere.com/st-bernard-de-claivaux/

    mardi 15 décembre 2020

    L'ange Gabriel fut envoyé par Dieu, Saint Luc 1,26-38


    4ème dimanche de l'Avent

    Marko Ivan Rupnik, né en1954 , 

    L’annonciation, 

    Mosaïque de la Chapelle de la Nonciature Apostolique à Paris (2003)








    « Qu’il me soit fait selon ta Parole. Que la Parole fasse de moi ce que dit ta Parole.

    Que la Parole qui dès l’origine était auprès de Dieu se fasse chair de ma chair selon ta Parole. Que s’accomplisse en moi, je T’en supplie, non pas la parole proférée, qui est transitoire, mais cette Parole que j’ai conçue pour qu’elle demeure : Celle qui s’est revêtue de chair, et non ce vain souffle.

    Qu’elle ne soit pas seulement perceptible à mes oreilles, mais visible à mes yeux, palpable à mes mains, et que je puisse la porter dans mes bras.

    Que ce soit non la parole écrite et muette, mais la Parole incarnée et vivante : non pas ces signes inertes tracés sur le parchemin desséché, mais cette Parole à forme humaine, imprimée, vivante dans mes chastes entrailles ; non pas modelée par une plume sans vie, mais gravée par l’opération du Saint-Esprit.

    Que me soit fait ainsi ce qui jamais n’advint ni n’adviendra à personne. Dieu, jadis, a parlé souvent et de bien des manières aux Patriarches et aux Prophètes ; sa Parole leur a été donnée à entendre, à proclamer ou à pratiquer, par l’oreille, par l’œil, par la main.

    Quant à moi je demande qu’Elle soit mise dans mes entrailles, selon ta Parole.

    Je ne souhaite pas la parole proférée de la prédication, ou celle qu’expriment symboles et figures, ou celle qui se communique à l’imagination dans les songes. J’appelle la Parole insufflée en moi dans le silence, incarnée dans une personne, corporellement mêlée à ma chair.

    Cette Parole n’avait ni la possibilité ni le besoin d’être faite en elle-même : qu’elle daigne donc se faire en moi selon ta Parole. Qu’Elle se fasse pour le monde tout entier, mais qu’en particulier il me soit fait selon ce que m’a annoncé l’ange. Ainsi soit-il. » 

    Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153) - Quatrième Homélie sur le « Missus Est » et les Louanges de la Vierge Mère 

    https://cetad.catholique.fr/meditation/787-l-annonciation


    La magnifique prière de St Anselme à Marie insiste sur son rôle dans la recréation :

    "Le ciel, les astres, les fleuves, le jour, la nuit, et toutes les créatures soumises au pouvoir ou à l’utilité de l’homme se félicitent d’avoir été par toi, ô notre Dame, comme ressuscitées à leur beauté première en étant dotées d’une grâce nouvelle et impossible à définir. Comme si toutes avaient subi la mort en perdant leur dignité native – qui est de seconder la domination ou les travaux de ceux qui louent le Seigneur, et c’est pour cela qu’elles avaient été créées. Elles étaient opprimées et affaiblies par l’usage mauvais que leur infligeaient les serviteurs d’idoles, usage pour lequel elles n’avaient pas été créées.

    Donc, elles ont comme bondi d’allégresse pour cette grâce nouvelle et inexprimable, lorsqu’elles ont compris que Dieu lui-même, leur créateur, les régissait en demeurant invisiblement au-dessus d’elles, mais aussi lorsqu’elles ont vu qu’il les sanctifiait en usant d’elles visiblement, selon leurs propres lois. Et d’aussi grands biens nous sont advenus par le fruit béni du sein béni de Marie, la vierge bénie.

    En effet, par la plénitude de ta grâce, ceux qui étaient dans le séjour des morts se réjouissent de leur libération ; ceux qui habitent le ciel sont heureux de sa restauration. Oui, par le glorieux Fils de ta glorieuse virginité, tous les justes qui avaient décédé avant sa mort vivifiante exultent de l’écroulement de leur prison, et les anges se félicitent de voir rétablie leur cité à demi ruinée.

    O femme pleine de grâce, comblée de grâce, dont la plénitude débordante fait reverdir toute la création! 

    O Vierge bénie, et plus que bénie : par sa bénédiction est béni tout ce qui existe, non seulement la créature par le Créateur, mais aussi le Créateur par la créature !

    Ce Fils, que Dieu aimait comme lui-même, parce qu’il était le seul être engendré de son cœur qui fût son égal, ce Fils, Dieu l’a donné à Marie et l’homme né de Marie, il en a fait son Fils, non pas un autre, mais le même, de sorte qu’il est par nature le même Fils unique, commun à Dieu et à Marie. Toute la création est l’œuvre de Dieu, et Dieu est né de Marie ! Dieu a tout créé, et Marie a engendré Dieu ! Dieu qui a tout fait, s’est fait lui-même à partir de Marie, et c’est ainsi qu’il a recréé tout ce qu’il avait créé. Lui qui a pu tout faire à partir de rien, il n’a pas voulu refaire sans Marie sa création profanée.

    Dieu et donc le père de l’univers créé, et Marie la mère de l’univers recréé. Dieu est le Père de l’établissement de toutes choses, et Marie la mère de leur rétablissement. Car Dieu a engendré celui par qui tout a été fait, et Marie a enfanté celui par qui tout a été sauvé ! Dieu a engendré celui sans qui absolument rien n’existe, et Marie a enfanté celui sans qui absolument rien n’est bon.

    Vraiment, le Seigneur est avec toi, puisque le Seigneur t’a donné que toute la nature te serait redevable autant qu’à lui, Orationes sive Meditationes, 7, cité d’après, Livre des Jours, pp. 1664-1665.

    http://peresdeleglise.free.fr/Credo/nedelaviergemarie.htm

    mercredi 9 décembre 2020

    Saint Ambroise, réjouissez-vous

     

    3 ème dimanche de l'Avent, St Jean 1,6-8,19-28

    Thessaloniciens 5,16-24


    Saint Ambroise (340-397)

    Évêque de Milan [Italie] et docteur de l’Église.  

    Ph 4,4-5.   

    Réjouissez-vous dans le Seigneur  

    Les joies du monde tendent à la tristesse.  

    Les joies conformes à la volonté de Dieu attirent aux biens durables et éternels ceux qui y persévèrent.  

    Saint Paul ajoute : Je le répète, réjouissez-vous. Que votre sérénité soit connue  de  tous  les  hommes.  Votre  conduite  sainte  ne  doit  pas seulement apparaître devant Dieu, mais aussi devant les hommes, pour donner  un  exemple  de  sérénité  et  de  réserve  devant  tous  ceux  qui demeurent avec vous sur la terre, pour laisser un bon souvenir devant Dieu et les hommes. 

    Le Seigneur est proche : ne soyez inquiets de rien.  

    Le Seigneur est toujours proche de ceux qui l’invoquent en vérité, avec une foi droite, une espérance ferme, une parfaite charité.  

    Il sait de quoi vous avez besoin avant que vous le lui demandiez.  

    Il est toujours près à secourir, dans n’importe lequel de leurs besoins, ceux  qui  Le  servent  fidèlement.  Aussi,  lorsque  nous  voyons  que  le malheur est imminent, nous n’avons pas à nous  faire de  grand souci, puisque nous devons savoir que Dieu est pour nous un défenseur tout proche, selon cette parole du psalmiste : Le Seigneur est proche de ceux dont le cœur est angoissé, et il sauvera ceux dont l’esprit est abattu. Les angoisses  sont  nombreuses  pour  les  justes  mais  de  toutes  leurs angoisses,  le  Seigneur  les  délivre,  Ps  34.  Si  nous  nous  efforçons d’accomplir  et  de  garder  ce  qu’Il  prescrit,  le  Seigneur  ne  tarde  pas  à venir. 

    Mais, en toute circonstance, dans l’action de grâce priez et suppliez pour faire  connaître  à  Dieu  vos  demandes.  Nous  ne  devons  pas,  si  nous sommes  accablés  d’épreuves,  les  supporter  avec  récriminations  et tristesse, mais avec patience et bonne humeur, en rendant grâce à Dieu en tout temps et à propos de tout. 

    Soeur Monique-Anne Giroux, Les chemins de la grâce, p.178.

    jeudi 3 décembre 2020

    Saint Bernard, les visites du Verbe

    2ème dimanche de l'Avent :  Marc 1,1-8


     
    Saint Bernard (1090-1153)
    Fondateur et abbé de Clairvaux, docteur de l’Église.  
     

    Sermon 74 sur le Ct des Ct.  
     
     

    Les visites du Verbe 

     

      

     
    Des  mouvements  de  départ  et  de  retour  du  Verbe  ont  effectivement lieu dans l’âme. Jésus disait :  
    - Je m’en vais et je viens vers vous, Jn 14,28.  
    - Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, et puis un peu de temps encore et vous me verrez, Jn 16,16.  


    Mais que ce peu de temps dure longtemps ! Mon Seigneur, appelles-tu court  ce  temps  que  nous  passons  sans  te  voir  ?  Ce  temps  est  long, beaucoup trop long. Ce temps est court si l’on considère nos mérites, et long si l’on tient compte de nos désirs.  


    Nous trouvons ces deux affirmations chez le Prophète :  
    S’il  tarde  à  venir,  attends-le,  car  il  viendra  et  ne  tardera  pas,  Ha  2,3.
    Comment le Prophète peut-il dire à la fois qu’il ne tardera pas et qu’il tarde  à  venir,  sinon  parce  que  ce  délai,  tout  à  fait  normal  en  ce  qui concerne nos mérites, paraît interminable à nos désirs… C’est que l’âme
    qui aime, emportée, soulevée par ses désirs, oublie son peu de mérites, ferme les yeux sur la majesté de Dieu pour les ouvrir sur ses dons et, s’appuyant  sur  sa  grâce,  se  comporte  envers  Lui  avec  une  totale
    assurance.  Sans  honte  pour  son  audace,  elle  rappelle  le  Verbe. Confiante, elle Lui réclame ses douceurs, et avec sa liberté coutumière, l’âme Le nomme non pas son Seigneur, mais son Bien-aimé :  
    Reviens,  mon  Bien-aimé,  sois  semblable  à  la  gazelle  et  au  faon  des biches sur les montagnes de Bethel, Ct 2,17.  

     
    Le  Verbe  est  venu  en  moi,  et  plus  d’une  fois.  S’il  y  est  entré fréquemment, je n’ai pas toujours pris conscience de son arrivée. Je L’ai senti en moi et je me rappelle sa présence. Quelquefois j’ai même dû  prévenir  son  entrée,  mais  jamais  je  ne  l’ai  sentie  pas  plus  que  son départ, Jn 3, 8. D’où est-Il venu en mon âme ? Où est-Il retourné en la quittant ? Par où a-t-Il pénétré ? Par où est-Il sorti ? Aujourd’hui encore, je l’ignore. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant, car c’est de Lui qu’il est dit :  
    - Nul ne connaît la trace de tes pas.  


    Le Verbe n’est point entré par les yeux, car Il n’a pas de couleur, ni par les oreilles, car Il est silencieux, ni par le nez, car ce n’est pas au souffle qu’il se mêle, mais à l’esprit. Il n’est pas entré par ma gorge, car Il n’est
    ni nourriture ni breuvage ; et je ne L’ai pas touché, car Il est impalpable. Par où est-II donc entré ? Peut-être n’est-Il pas entré, car Il ne vient pas du dehors, comme quelque chose d’extérieur. Il n’est pas non plus venu
    du dedans, puisqu’il est le bien et que le bien, je le sais, n’est pas en moi.


    Je suis monté jusqu’au sommet de mon être, et voici que le Verbe me  dominait de très haut. Explorateur curieux, je suis descendu au fond de moi-même, et je L’ai trouvé plus bas encore. J’ai regardé au-dehors, et je L’ai découvert au-delà de ce qui m’est le plus extérieur. Je me suis tourné au-dedans, et j’ai vu combien Il m’est bien plus intime que moi-même. J’ai reconnu alors la vérité de ce que j’avais lu :  
    - C’est en Lui que nous avons le mouvement et l’être, Ac 17,28.  
    Heureux  celui  en  qui  Il  est,  qui  vit  par  Lui  et  reçoit  de  Lui  son mouvement.  


    Si ses voies sont aussi insaisissables, vous me demanderez comment j’ai pu savoir qu’Il était là. C’est que le Verbe est vivant et efficace, He 4,12. Dès  son  entrée  en  moi,  Il  a  réveillé  mon  âme  endormie.  Il  a  remué, adouci et blessé mon cœur, mon cœur de pierre, mon cœur malade. Il s’est mis aussi à  défricher et à détruire, à bâtir et à planter, Jr  1,10, à arroser les terres arides. Il a éclairé les recoins obscurs. Il a ouvert ce qui était fermé. Il a enflammé ce qui était froid, et mon âme toute entière ne pouvait que bénir le Seigneur et tout mon être louer son saint Nom, Ps 102,1. 

    Soeur Monique Anne Giroux, les chemins de la grâce, 123+124.