mercredi 28 décembre 2011

Dieu sur terre, Dieu parmi les hommes !

Saint Basile (330-379)


Dieu sur terre, Dieu parmi les hommes !

Ce n’est plus celui qui donne sa loi au milieu des éclairs, au son de la trompette sur la montagne fumante, au sein de l’obscurité d’un orage terrifiant, mais celui qui s’entretient avec douceur et bonté dans un corps humain avec ses frères de race. Dieu dans la chair !

Ce n’est plus celui qui n’agit que par moments, comme chez les prophètes, mais celui qui assume pleinement la nature humaine et, par sa chair qui est celle de notre race, élève à lui toute l’humanité.

Dieu, le Verbe, qui a demeuré parmi nous, Jn 1,14, n’est pas sorti hors de lui-même. Le Verbe qui s’est fait chair ne fut pas soumis au changement ; le ciel ne fut pas privé de celui qui le contenait et la terre accueillit en son propre sein celui qui est dans les cieux.

De même en effet que l’obscurité qui règne dans une maison est dissipée par l’entrée de la lumière, ainsi la mort qui tenait en son pouvoir la nature humaine fut anéantie par l’avènement de la divinité. Ainsi la mort a régné jusqu’à l’avènement du Christ, 1 Co 15,54.

O profondeur de la bonté de Dieu et de son amour pour les hommes, Rm 11,33 ; Tite 3,4. Un sauveur est né aujourd’hui, qui est le Christ Seigneur, Lc 2,11.

Il est le Seigneur qui nous est apparu, non dans sa condition divine, afin de ne pas épouvanter notre faiblesse, mais dans la condition d’un esclave, Ph 2,6-7, afin de libérer ce qui était réduit en servitude.

mercredi 21 décembre 2011

Augustin d'Hippone : recevoir l'Amour et devenir Amour

Soeur Douceline, Or. A., (†)

La prière s’est tue, l’heure précieuse entre toutes où Dieu a parlé à ton cœur, où tu t’es senti plus vrai, meilleur, réconcilié avec toi-même et les autres. La vie t’a ressaisi, avec le poids du quotidien. Ne laisse pas ton cœur se taire, te dit Augustin, ne laisse pas ta vie se taire. Le désir prie toujours, même quand la langue se tait. Ne cesse de désirer, ne cesse d’aimer.

Que l’amour naisse en toi, s’il n’est pas encore né … Il est ta vie avec Dieu, Évangile de Jean Tr. 65.

Tu es invité à rejoindre tes frères dans le mystère contemplé où tu as senti ton cœur s’ouvrir à l’image de ton Créateur. Il veut te faire partager son bonheur d’aimer, sa joie de donner. N’est-ce pas la meilleure façon de louer Dieu que de l’imiter ?

L’amour est une grâce toujours offerte. Pose un regard contemplatif sur les êtres et les événements.

Cependant que de choses peuvent prendre le visage de l’amour et ne le sont pas ! dit Augustin. Ne va pas faire l’important ! Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît tout, Commentaire 1 Jean 6, 3.

Te voilà devant Dieu ; interroge ton cœur, vois ce que tu as fait et ce que, ce faisant, tu as désiré… (Ibid.). Ne regarde pas ce qui fleurit au-dehors, mais la racine qui est en terre… Commentaire 1 Jean 8, 9.

L’amour est-il à la racine ?

L’amour est la voie royale qui met notre cœur au large, Psaume 118, et nous achemine vers la Joie promise.

Ton amour change, tes joies changent… Rien ne t’est enlevé, mais tout a changé, Commentaire Ps 74,1.



mercredi 14 décembre 2011

Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur

Saint Bède le Vénérable, docteur, (672, 735).


Marie dit : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur».

Elle dit : le Seigneur m’a honorée d’une faveur si grande, si inouïe, qu’on ne peut l’expliquer dans aucun langage, mais c’est à peine, si, même au plus profond du cœur, l’amour peut le saisir. Aussi je mets toutes les forces de mon âme à rendre grâce dans la louange. Pour contempler l’infinie grandeur de cette faveur, je consacre avec reconnaissance tout ce que je vis, tout ce que je sens, tout ce que je découvre, car dans ce Jésus, « mon Sauveur », mon esprit est comblé de joie par sa divinité éternelle, ma chair fécondée par la conception temporelle.

« Le puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son nom ».

mercredi 7 décembre 2011

La prière est la respiration de l'âme

Instruction de chapitre de Mère Isabelle, le 6 novembre 1915      [Photo des portes de la maison des Oblates de l'Assomption, rue Berton à Passy : nos soeurs Oblates accueillirent notre Fondation le 8 décembre 1896, il y a 115 ans]


Nous savons que la prière est pour nous un devoir d'état,  tout en nous doit prier, nos pensées, nos actions, jusqu'à notre sommeil. La prière doit nous pénétrer comme l'eau pénètre l'éponge. La prière est la respiration de l'âme, elle doit se surnaturaliser tous les jours. Au couvent, ici, on a toute une organisation pour pouvoir prier ; mais il y a une chose qui ne dépend pas des règles, ni des supérieures, c'est la façon dont nous prions.

Notre prière ne s'arrête pas aux biens temporels. Nous prions pour les grandes intentions qui nous sont confiées ; nous y sommes fidèles, au moins dans l'intention virtuelle, parce que Dieu ne nous laisse pas toujours exprimer toutes nos intentions, le Saint-Esprit amène quelquefois la prière à être différente ; mais virtuellement, actuellement, habituellement, nous prions pour toutes ces grandes causes.

Surnaturalisez votre prière. Ne demandez pas au Bon Dieu des choses trop matérielles, trop humaines. Dites-lui: "Mon Dieu, vous voulez notre bien à tous ; vous cherchez ce qu'il y a de meilleur ; je vous demande avant tout votre volonté. Sanctifiez les âmes pour lesquelles je vous prie. Mais avant tout je veux ce que vous voulez pour ces âmes, là où vous voyez leur perfection, votre gloire, là où elles pourraient s'unir à l' "Adveniat regnum tuum" : c'est cela que je désire. Il faut ainsi que la prière soit l'adoration de la volonté de Dieu, la confiance dans le bien que Dieu veut nous donner.

jeudi 1 décembre 2011

"Lève-toi", dit Isaïe

Jean Tauler est un mystique Rhénan du 14° siècle


Nous laisser façonner par Dieu jusqu'au fond de notre âme : telle était la spiritualité qu'enseignait Jean Tauler aux « amis de Dieu ».

Dieu ne désire dans le monde entier qu'une seule chose, la seule dont il ait besoin, et il la désire d'une façon si forte qu'il lui donne tous ses soins. Cette seule chose, c'est de trouver vide et accueillant le fond qu'il a mis dans l'esprit de l'homme afin de pouvoir y accomplir son œuvre d'Amour.

Mais que doit faire l'homme pour que Dieu puisse donner sa lumière et agir au fond de l'âme ? Il doit se lever.

« Lève-toi », dit Isaïe.





Si l'homme a quelque chose à faire, c'est de s'élever au-dessus de tout ce qui n'est pas Dieu, au-dessus de lui-même et au-dessus de toute créature. Cette élévation fait naître un ardent désir de se détacher et de se dépouiller de toute dissimilitude. Plus on se défait de toute dissimilitude et plus le désir grandit de s'en défaire.

jeudi 24 novembre 2011

Avent, attente et vigilance


27 novembre 2011
1er dimanche de l’Avent 
Couleur liturgique violet, année B


 
L’attente est source d’un renouvellement.
« Veillez, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra », Mc 13,33-37.

Le Christ est venu dans le monde  et le jour où le Seigneur apparaîtra  sur les nuées du ciel, notre rédemption sera achevée. Seule la lumière brillera, le mal n’aura plus de prise. À la suite de Saint Paul, l’Église nous invite à la sobriété  qui peut engendrer une disposition nouvelle dans nos attitudes et nos paroles. « Car elle s'est manifestée, la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes. Elle nous enseigne à renoncer à l'impiété et aux désirs de ce monde, pour que nous vivions dans le temps présent avec réserve, justice et piété, en attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus Christ », Tite 2,11-13.

La sobriété, c’est user des choses de ce monde comme n’en usant pas, avec une sage indifférence, et dans la mesure où elles nous sont nécessaires pour acquérir les biens invisibles. Le psaume 25 exprime ce temps de confiance.

SEIGNEUR, je suis tendu vers Toi.
Mon Dieu, je compte sur Toi,
Ne me déçois pas !
Que mes ennemis ne triomphent pas de moi !
Aucun de ceux qui T'attendent n’est déçu,
Mais ils sont déçus, les traîtres avec leurs mains vides.

Fais-moi connaître Tes chemins, Seigneur.
Enseigne-moi Tes routes.
Fais-moi cheminer vers Ta vérité et enseigne-moi,
Car Tu es le Dieu qui me sauve.
Je t'attends chaque jour.

Seigneur, rappelle-Toi la tendresse et la fidélité que tu m’as montrées depuis toujours!
Ne pense plus à mes péchés de jeunesse ni à mes fautes.
Pense à moi dans Ta fidélité, à cause de Ta bonté, Seigneur.
 Le Seigneur est si bon et si droit qu'Il montre le chemin aux pécheurs.
 Il fait cheminer les humbles vers la justice et enseigne aux humbles son chemin.

Toutes les routes du Seigneur sont fidélité et vérité
Pour ceux qui observent les clauses de Son alliance.
Pour l'honneur de ton nom, Seigneur, pardonne ma faute qui est si grande!
Un homme craint-il le Seigneur ?
Celui-ci lui montre quel chemin choisir.
Il passe des nuits heureuses, et sa race possédera la terre.
Le Seigneur se confie à ceux qui le craignent, en leur faisant connaître son alliance.
J'ai toujours les yeux sur le Seigneur, car Il dégage mes pieds du filet.
Tourne-toi vers moi ;
Aie pitié, car je suis seul et humilié.

Mes angoisses m'envahissent ;
Dégage-moi de mes tourments!
Vois ma misère et ma peine,
Enlève tous mes péchés!
Vois mes ennemis si nombreux, leur haine et leur violence.
Garde-moi en vie et délivre-moi !
J'ai fait de toi mon refuge,
Ne me déçois pas!

Intégrité et droiture me préservent, car je T'attends.
Ô Dieu, rachète Israël !
Délivre-le de toutes ses angoisses!

mercredi 16 novembre 2011

Fête de notre Fondatrice Mère Isabelle le 17 novembre

Lors d'une retraite à Paris, Cours-la-Reine, chez les Oblates de l'Assomption, Mère Isabelle écrit le 29 juillet 1893 à propos d’une lecture spirituelle :


« Comment des occupations extérieures me sépareraient elles de Lui si je comprends bien ma mission ? Ne s'agit il pas de porter Jésus aux âmes ? Donc il faut qu'il soit avec moi.
Mais je puis le donner sans le perdre ; et même je le possède d'autant plus que je le donne. C'est un feu sacré qui s'embrase de plus en plus en se communiquant.
Donc que j'aille aux âmes avec Jésus et je rapporterai Jésus.
Paroles consolantes et vraies qui résument ce que doit être l'âme contemplative au milieu du monde : Jésus au centre du cœur et rayonnant sur tout ce qui vous entoure. Oui, mais si Jésus est toujours rayonnant, ses rayons sont trop souvent voilés par nos faiblesses, nos infidélités, c'est pourquoi tout en ayant Jésus, je ne le donne pas… »

jeudi 10 novembre 2011

Saint Léon le Grand, Extrait du Sermon sur les degrés de la béatitude


Bienheureux les coeurs purs, 
car ils verront Dieu.

Qu’est-ce donc qu’avoir le cœur pur, sinon s’appliquer aux vertus énumérées dans les Évangiles. Mais voir Dieu, quel esprit pourra concevoir et quelle langue pourra exprimer ce qu’est un tel bonheur ?

Pourtant on l’obtiendra quand la nature humaine sera transformée et qu’elle verra la Divinité non plus dans un miroir et d’une manière confuse, mais face à face, 1 Co 13, 12, comme elle est, 1 Jn 3, 2, cette Divinité que nul homme n’a jamais pu voir, Jn 1, 18.

On recevra alors dans la joie ineffable d’une éternelle contemplation ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, 1 Co 2, 9.
C’est à bon droit que cette béatitude est promise à la pureté du cœur. Un regard souillé, ne saurait, en effet, voir la splendeur de la vraie lumière, et ce qui fera la joie des âmes pures, fera le supplice des âmes impures. Éloignons-nous donc des vanités terrestres et de leurs ténèbres, et nettoyons nos yeux intérieurs de toute malpropreté, afin que notre regard clarifié se rassasie de l’inestimable vision de Dieu.

C’est à la mériter, en effet, que tend, à notre sens, ce qui suit : Bienheureux les artisans de paix, car ils seront appelés enfants de Dieu, Mt 5, 9.
Cette béatitude n’est pas le fait d’un accord quelconque, ni de n’importe quelle entente, mais elle résulte de celle dont il est dit de l’Apôtre : Soyez en paix avec Dieu, Rm 5, 1 ;
et par le prophète David : Il y a grande paix pour les amants de ta Loi ; pour eux, rien n’est scandale, Ps 118, 165. Mêmes les amitiés les plus harmonieuses ne sauraient réellement revendiquer cette paix, si elles ne s’accordent pas avec la volonté de Dieu. Hors de la dignité d’une telle paix, il n’y a que rencontres de désirs malhonnêtes et pactes pour le mal. L’amour du monde ne pactise pas avec l’amour de Dieu, et il ne saurait obtenir la société des enfants de Dieu, celui qui ne se sépare pas de ses affections charnelles.

Ceux par contre dont l’âme est toujours avec Dieu, qui s’appliquent à conserver l’unité de l’esprit dans le lien de la paix, Eph 4, 3, ne s’écartent jamais de la loi éternelle, disant dans une prière pleine de foi, « Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

Ceux-là sont des pacifiques, ceux-là n’ont vraiment qu’une seule âme et sont saintement unis, dignes d’être appelés éternellement fils de Dieu, cohéritiers du Christ, Rm 8, 17.

L’amour de Dieu et l’amour du prochain leur mériteront, en effet, de ne plus jamais sentir aucune adversité, de ne plus jamais craindre aucun scandale, mais de trouver le repos dans la parfaite tranquillité de la paix divine, une fois terminé le combat de toutes les tentations ; par Notre Seigneur qui, avec le Père et l’Esprit Saint, vit et règne dans les siècles des siècles. Amen.

Saint Léon le Grand, diacre, pape et docteur de l’Église. Il devint Pape de 440 à 461, à l’époque troublée de la lente agonie de l'empire romain sous les coups des invasions des Francs, des Wisigoths, des Vandales, des Huns, des Burgondes. Pour l'Église, il y avait le risque d'éclatement en de nombreuses hérésies. Dans cet Occident démoralisé, il reste le seul et vrai recours moral. A travers ses nombreuses homélies et lettres, Léon démontre "sa grandeur dans le service à la vérité et à la charité, dans l'exercice assidu du langage, théologique et pastoral à la fois, pour servir efficacement la communion qui caractérise l'unique Église du Christ.

vendredi 4 novembre 2011

JEAN TAULER, Sermon 37

Lc 15, 1-10 La drachme perdue

Une femme avait perdu une pièce de monnaie. Elle alluma une lampe pour la chercher. Cette femme représente la divinité, la lampe c’est l’humanité divisée et la pièce de monnaie, c’est l’âme.

La femme de la parabole retourne toute sa maison pour retrouver la pièce qui est perdue. Considérons cette recherche qui se fait dans l’âme humaine. Il y a une façon de chercher qui est active quand la créature humaine se met à chercher. La recherche extérieure dans laquelle l’homme participe à la quête de Dieu, passe par la pratique extérieure des vertus, l’humilité, la douceur, le silence, la résignation.

Il est une recherche, plus relevée. C’est quand l’homme rentre dans son propre fond, au plus intime de son être pour y chercher le Seigneur. « Le Royaume de Dieu est en vous ». Qui veut trouver ce Royaume, à savoir Dieu dans sa propre nature, doit Le chercher où Il est, c’est-à-dire dans les profondeurs les plus intimes où Dieu est plus près de l’âme, où Il lui est plus présent qu’elle ne l’est à elle-même.

Ce fond, il faut le chercher, et pour le trouver, il faut entrer dans cette maison en se détachant des sens et du sensible. Tout ce que les sens apportent d’images et de formes au-dedans de l’âme, toutes les représentations intellectuelles particulières à l’entendement, tout cela il faut l’écarter.

Quand l’homme est entré dans ce fond le plus intime, Dieu survient et recherche cet homme, et il retourne la maison de fond en comble. Toutes les représentations sous lesquelles la présence de Dieu se rend sensible à l’âme, au moment où elle rentre en ce fond intérieur, elle s’en voit tout d’un coup privée : tout est retourné de fond en comble, tout ce qui avait été donné ou révélé à l’homme intérieur, tout cela est retourné d’un seul coup.

Dans ce bouleversement, l’homme intérieur, pourvu qu’il puisse s’y résigner, est conduit infiniment plus loin que par toutes les œuvres, toutes les méthodes et tous les bons propos qui furent jamais proposés ou inventés. Et cela devient pour lui chose facile, chaque fois qu’ils le désire, de rentrer en lui-même et de prendre son essor au-dessus des choses temporelles.

Mais chez la plupart, la nature est toujours en quête de quelque support où s’accrocher. Dans leur manque de détachement, certains se montrent même rétifs.

Pour ceux qui pratiquent l’abandon et l’égalité de l’âme, leur affaire progresse d’elle-même. Ils se séparent et se détachent de tout ce que la nature est portée à rechercher comme support, et ils vivent dans un véritable abandon.

Ainsi doit-on renoncer à soi-même devant tout obstacle qui empêche de rentrer véritablement dans la demeure intérieure.

SAINT COLOMBAN, LITURGIE DES HEURES, TOME IV, P.173

Seigneur Jésus, allume ma lampe à ta propre lumière. Qu'à ta lumière je ne cesse de te voir, de tendre vers toi mon regard et mon désir. Alors, dans mon cœur, je ne verrai que toi seul, et en ta présence ma lampe sera toujours allumée et ardente.

mardi 1 novembre 2011

Frère Roger de Taizé, notre âme attend le Seigneur


Notre âme attend le Seigneur, en Lui, la joie de notre cœur.

Laisser le Christ pénétrer l’impénétrable, c’est inlassablement revenir à l’esprit d’enfance.

Être soi-même, sans fards, sans habileté.
Rien ne fausse tant la communion et ne détruit tant l’intégrité que de porter des masques.


L’esprit d’enfance est un regard limpide, il est aussi lucide.
Il cherche à passer à travers ce qui est durci comme au premier printemps,
L’eau du ruisseau trouve à se frayer un chemin à travers une terre gelée.

Son amour est un feu, , Frère Roger de Taizé, 1988, 125

jeudi 27 octobre 2011

Curé d'Ars (1786-1859), le Saint Esprit


"Sans le Saint-Esprit nous sommes comme une pierre du chemin. Prenez dans une main une éponge imbibée d'eau, et dans l'autre un petit caillou; pressez-les également. Il ne sortira rien du caillou, et de l'éponge vous ferez sortir de l'eau en abondance. L'éponge, c'est l'âme remplie du Saint-Esprit, et le caillou, c'est le coeur froid et dur où le Saint-Esprit n'habite pas.

C'est le Saint-Esprit qui forme les pensées dans le coeur des justes et qui engendre les paroles dans leur bouche. Ceux qui ont le Saint-Esprit ne produisent rien de mauvais; tous les fruits du Saint-Esprit sont bons."
(Catéchisme)

mercredi 19 octobre 2011

Saint Augustin - Commentaire du Ps 32 (33)

Saint Augustin (354-430)
fut évêque d’Hippone,
en Afrique du Nord.
Aujourd’hui, ce serait un algérien.


« Chantez-lui le cantique nouveau, de tout votre art soutenez l’ovation ».



Criez de joie pour le Seigneur !

Il est bon de crier de joie pour le Seigneur. En effet, nous chantons les louanges de celui qui seul ne peut nous déplaire. Cela peut se dire en un mot : tu plais à Dieu quand Dieu Te plaît. Parfois, Dieu s’oppose à la volonté des êtres humains, car il ne tient pas compte de nos désirs mais de notre bien. Il arrive que des gens préfèrent leur volonté à celle de Dieu. Ils voudraient que Dieu se plient à leur volonté et ils ne cherchent pas du tout à se corriger devant Dieu. Je regrette de dire à ces gens qu’un comédien a plus de chances de leur plaire que Dieu.

Ceux qui ont le cœur droit font la volonté de Dieu, ils laissent leur cœur suivre la volonté de Dieu. Pourtant, quelquefois, quand un besoin se présente, la faiblesse les pousse à désirer quelque chose pour eux. Mais quand ils comprennent et reconnaissent que Dieu veut autre chose, alors, ils préfèrent la volonté de Dieu à leur volonté faible et humaine.

La volonté de Dieu est loin de la volonté humaine. C’est pourquoi le Christ montre en lui l’homme et nous propose un modèle. Il nous apprend à vivre en nous montrant comment il vit. Il laisse voir en lui une volonté personnelle qui est aussi en nous. "Mon Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi! Pourtant, non pas comme je veux, mais comme tu veux!", Mt 26, 39. Ces paroles manifestent la volonté humaine du Seigneur, il veut d’une façon personnelle. Mais il veut aussi que l’homme ait un cœur droit. Ainsi, tout ce qui n’est pas droit dans le cœur humain, il veut le diriger vers Celui qui est toujours droit. C’est pourquoi le Seigneur ajoute : " Pourtant, mon Père, ne fais pas ce que je veux, mais ce que tu veux!", Mt 26, 39. Mais le Christ peut-il vouloir autre chose que la volonté de son Père ? Tous deux ne sont qu’un seul Dieu, leur volonté ne peut pas les séparer.

Le Seigneur veut dans sa personne se mettre à la place des siens. Le Seigneur te dit que tu peux ressentir des désirs différents de ceux que Dieu veut. Et Dieu comprend cette faiblesse humaine, il sait combien ton être est blessé par le péché. Corrige-toi, fais sa volonté et dis : " Ne fais pas ce que je veux, mais ce que tu veux!". Tu ne peux pas être séparé de Dieu quand enfin tu veux ce que Dieu veut. Oui, pour ceux qui ont le cœur pur, il est bon de chanter ses louanges.

Chantez pour lui un chant nouveau. Débarrassez-vous de vos anciennes façons de vivre. Pour savoir chanter, soyez des êtres renouvelés par le don de Dieu, débarrassés des anciennes façons de vivre, devenez des êtres du Royaume des Cieux. Quand tout notre amour se tourne vers Dieu, nous chantons le chant nouveau, non seulement avec notre bouche, mais par toute notre vie.

mardi 11 octobre 2011

Grégoire de Nazianze, c'est en toi que nous reposons, Verbe de Dieu




St Grégoire de Naziance (329-390).

Né dans la Turquie actuelle,
Grégoire (le théologien) devint Evêque comme son père qui auparavant l'ordonna prêtre. Docteur de l'église (titre conféré au regard de la qualité doctrinale enseignée), Grégoire définit le dogme trinitaire (Dieu Un en trois personnes) contre la pensée arianiste (Dieu-Père supérieur au Dieu-Fils Jésus-Christ). Auteur de très nombreux discours et poèmes.







"C'est en toi que nous reposons, Verbe de Dieu,
quand nous restons chez nous : à toi nous attachons notre loisir.
Assis, nous sommes à toi ; à toi en nous levant et en nous arrêtant ;
à toi encore quand nous partons ; et maintenant, c'est sur tes indications
que nous marchons droit devant nous. Mais puisses-tu m'envoyer
l'un de tes anges pour me guider, un accompagnateur favorable
qui me conduirait au moyen d'une colonne de feu et de nuée,
qui d'un mot fendrait la mer et arrêterait les cours d'eau,
qui dispenserait avec largesse une nourriture venue d'en haut comme d'en bas.
La croix, tracée par mes mains, réfrénerait l'audace des ennemis..."

Extrait des Oeuvres poétiques : "Vers du même. Sur la route", "Les Belles Lettres", 2004, p.46

mercredi 5 octobre 2011

Sainte Thérèse d'Avila, méditer et contempler


Fête de Thérèse d'Avila le 15 octobre.


- Elle est née en Espagne, à Avila le 28 mars 1515

- En1531, elle prend l’habit religieux au monastère de l’Incarnation des Carmélites d’Avila en Espagne.

- Le père Garcia de Tolédo, dominicain lui demande de décrire ces "phénomènes spirituels" dans un livre qui relatera aussi sa vie quotidienne,et la façon dont elle pratique l’oraison. Ce livre a été écrit en 1562 et s’intitule :« Thérèse d’Avila ,vie écrite par elle même », traduit de l’espagnol par le père Grégoire de Saint Joseph, Editions du Seuil,1949,1995.)

- Elle est béatifiée en 1614 et proclamée docteur de l’Eglise par l’Eglise catholique





La méditation nous l’avons vu est un moyen pratique pour recueillir ses sens, les unifier, les orienter d’une façon consciente vers Dieu. Notre volonté, notre mémoire, notre intelligence sont sollicitées par cette pratique. En soit, il n’y a rien encore de proprement spirituel à ce niveau. La vie spirituelle apparaît lorsque ces facultés sont orientées vers Dieu. Lorsque je médite le Notre Père, peu à peu mes pensées s’ordonnent, s’apaisent, mais ce n’est à ce niveau encore qu’une simple thérapie mentale. Lorsque peu à peu j’oriente les pensées vers celui à qui je m’adresse et que je prends du temps à considérer qui il est, il y a une élévation du cœur à partir des mots sur lesquels j’appliquais la pensée à la présence de Dieu expérimentée dans la foi. L’intelligence s’ouvre et laisse place à Dieu perçu par la foi. C’est ce passage là en fait qui est important et qui est visé par Thérèse, comme par Jean de la Croix. Et c’est à ce niveau que se place la vie contemplative, où l’on passe de la méditation à la contemplation. On entend par contemplation une oraison caractérisée par la prédominance du simple regard, de la vue simple et affectueuse. Par rapport à la méditation, la pensée se simplifie à l’extrême pour admirer et entrer dans le mystère de Dieu. Il n’est plus alors nécessaire de discourir, de réciter tout le Notre-Père, un seul mot peut suffire, une seule image et l’âme se trouve recueillie, absorbée parfois par Dieu. Il peut ainsi arriver de rester une heure sur l’un des articles du Notre Père, le cœur étant saisi par ce Dieu qui peu à peu se fait jour, présent. Car il est vivant ! L’oraison vise à cette expérimentation. C’est alors le démarrage de la vie spirituelle, de l’action de Dieu dans le cœur de la personne.

C 25,1 : « il est fort possible que tandis que vous récitez le Notre Père, le Seigneur vous élève à la contemplation parfaite. Sa Majesté montre ainsi qu’elle entend qui lui parle, et sa Grandeur lui parle à son tour en suspendant son entendement et en arrêtant sa pensée… L’âme comprend que ce Maître Divin l’instruit sans bruit de paroles, suspendant ses puissances, qui feraient plus de mal que de bien si elles agissaient. Elle jouit sans savoir comment elle jouit, embrasée d’amour, l’âme ne sait comment elle aime… »


Dans les quatre manières qu’à l’âme d’arroser le jardin, la première correspond à la méditation et les autres sont une ouverture progressive vers la contemplation. Dans la méditation, l’âme tire du fruit de son propre trésor, de ses propres richesses. Mémoire, intelligence et volonté sont à l’œuvre. Dans cette phase, l’âme peut être embarrassée par ses propres richesses intellectuelles et ne pas comprendre qu’il y a une autre profondeur à son être. Elle peut faire quantité de constructions mentales et en tirer de la joie. Mais où est Dieu là dedans ? Car il est encore peu, bien peu présent, même s’il est à l’œuvre, même si l’âme se tourne vers lui. C’est l’âme qui prend encore, pour ainsi dire, toute la place. Selon le langage imagé de Thérèse, elle prend le seau, le jette à l’eau puis le tire à bout de bras. Le résultat est plutôt moyen et la fatigue est grande. Dieu est discret et respectueux. Si l’on parle, il se tait. Mais, s’il nous arrive de nous taire, alors sans bruit de mots, il apporte sa fraîcheur en nos cœurs. Le but de l’oraison, c’est de faire une place à Dieu dans notre cœur pour qu’il puisse y déposer son amour. Puisque l’âme en ne méditant plus, laisse la place vide en quelque sorte, elle a l’impression pendant quelques instants de ne plus rien faire, de se trouver dans une sorte de vide des pensées, et elle se sent comme perdue et elle a envie de retourner en arrière. Relisons cette phrase.
« …L’âme comprend que ce Maître Divin l’instruit sans bruit de paroles, suspendant ses puissances, qui feraient plus de mal que de bien si elles agissaient. »

Or l’âme ne comprend pas toujours. Et c’est là le point délicat, puisque justement Dieu agit délicatement et que l’âme peut se sentir, dans les débuts un peu décontenancée par cette nouveauté. Qu’elle n’ait donc pas peur, mais garde confiance, car c’est Dieu qui maintenant agit. Il est clair que l’âme perd maintenant toutes ses sécurités, puisque ce n’est plus elle qui agit directement, et il lui faut avancer dans la foi, dans la confiance, sans violence. Cela impose un lâcher prise de l’intelligence, de la mémoire, de la volonté pour avancer dans la foi, l’espérance, l’amour. Et ce passage peut être vécue douloureusement. C’est dans cette lumière qu’on comprend ce que Thérèse écrit en V 11,15 :
« Ils vivent dans l’affliction, persuadés de ne rien faire. Ils ne peuvent souffrir que l’entendement cesse d’agir ; alors que d’aventure la volonté s’amplifie et se renforce, ils ne s’en rendent pas compte… »

Vous comprenez pourquoi il ne faut pas se fixer aux différentes façons d’arroser le jardin, comme autant de repères qui viendraient confirmer notre progression. On peut très bien passer de la première étape à la quatrième et réciproquement. Dieu est le maître et c’est lui qui a l’initiative, à l’âme de se laisser faire, d’être attentive à son action.

http://www.carmel.asso.fr/Sainte-Therese-d-Avila-Chemin-d-oraison.html#sommaire_34

jeudi 29 septembre 2011

Saint François d’Assise, Admonitions


4 octobre fête de Saint François d'Assise
Fête de notre Fondateur, le Père François Picard,
(1831-1903), Augustin de l'Assomption.

Savoir pour mieux agir

L'Apôtre dit : La lettre tue, mais l'esprit fait vivre.

La lettre tue ceux dont la curiosité s'arrête aux mots du texte; ce qu'ils veulent, c'est paraître plus savants que les autres, et pouvoir acquérir ainsi de grandes richesses dont ils feront profiter leurs parents et amis.

La lettre tue les religieux qui ne veulent pas approfondir l'esprit de la sainte Écriture, mais qui préfèrent s'en tenir uniquement à la connaissance et au commentaire des mots.

L'esprit de la sainte Écriture fait vivre ceux qui n'attribuent pas à leur valeur personnelle la science qu'ils possèdent ou désirent posséder, mais qui, par la parole et par l'exemple, en font hommage au Très haut Seigneur Dieu à qui appartient tout bien.

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Fdassise/admonit.html#8

mercredi 14 septembre 2011

Saint Cyrpien, La prière humble et secrète


Evêque de Carthage au milieu du IIIe siècle, Saint Cyprien est une des figures de l'Église primitive. Vers 250, il écrit un traité sur la prière, influencé par Tertullien. Il subit le martyre sous la persécution de Valérien le 14 septembre 258.



Chez l’homme qui prie, la parole et la demande doivent être paisibles et modestes en présence de Dieu. Il faut que le regard divin trouve plaisir à l'attitude du corps et au ton de la voix. Le Seigneur nous a dit de prier dans le secret, dans des lieux cachés et retirés et même dans notre chambre. C'est ce qui s'accorde le mieux avec la foi, car nous savons que Dieu est présent partout, que par la plénitude de Sa gloire Il pénètre dans ce qu'il y a de secret et de caché. « Je suis un Dieu proche, et non un Dieu lointain. Si un homme s'enfonce dans des retraites, est-ce que moi, je ne le verrai pas ? ».

Lorsque nous nous rassemblons avec nos frères, et que nous célébrons les sacrifices divins avec le prêtre de Dieu, nous devons rester attentifs à la modestie et au bon ordre. Nous ne devons pas éparpiller nos prières en paroles informes ni jeter vers Dieu dans un bavardage bruyant, une requête qui devrait être portée par la modestie. Dieu écoute non la voix mais le cœur, et nous n'avons pas à attirer par nos cris l'attention de Celui qui voit les pensées. « Que toutes les Églises le sachent : moi, je sonde les reins et les cœurs ».

Au premier livre des Rois, Anne préfigure l'Église. Elle n'implorait pas Dieu à grands cris, mais le priait en silence dans le secret de son cœur. Sa prière était cachée, mais sa foi était manifeste ; elle parlait non des lèvres mais du cœur, car elle savait que Dieu entend ce langage. C'est pourquoi elle a obtenu ce qu'elle demandait, car elle suppliait avec foi. « Elle parlait dans son cœur, elle remuait les lèvres, mais on n'entendait pas sa voix ; et le Seigneur l'exauça ». De même nous lisons dans les Psaumes : « Parlez dans vos cœurs, et regrettez vos fautes ». Par Jérémie, le Saint-Esprit nous donne le même enseignement : « C'est dans notre esprit qu'il faut T'adorer, Seigneur ».

Celui qui adore ne doit pas ignorer comment le publicain priait dans le Temple à côté du pharisien. Le publicain ne levait pas les yeux vers le ciel avec effronterie, il ne tendait pas les mains avec insolence. Il se frappait la poitrine, il reconnaissait ses péchés intérieurs et cachés et implorait le secours de la divine miséricorde. Alors que le pharisien se complaisait en lui-même, le publicain obtint d'être sanctifié de préférence à celui-ci, car il priait sans mettre l'espérance de son salut dans son innocence, puisque personne n'est innocent. Mais il priait en confessant ses péchés, et sa prière fut exaucée par celui qui pardonne aux humbles.

In Livre des jours, le Cerf/DB, p. 856-857.

lundi 5 septembre 2011

Ave Maria Stella, Hymne latine datant du Xe siècle environ








8 septembre fête de la Nativité de la Vierge Marie

Ave Maria Stella








Salut, Étoile de la mer,
Sainte Mère de Dieu,
Toi, toujours vierge,
bienheureuse porte du ciel...
Brise les chaînes des pécheurs,
rends la lumière aux aveugles,
délivre-nous de nos misères,
obtiens pour nous les vrais biens.
Montre-nous que tu es mère,
et que le Christ par toi accueille nos prières
lui qui, né pour nous,
accepta d'être ton fils.
Vierge sans pareille
et douce entre toutes,
obtiens le pardon de nos fautes,
rends nos cœurs humbles et purs.
Accorde-nous une vie sainte,
rends sûre notre route
pour que, contemplant Jésus,
nous partagions sans fin ta joie.

Hymne latine datant du Xe siècle environ

vendredi 19 août 2011

Saint Augustin, extrait commentaire de la 1ère Epitre de St Jean




Saint Augustin et sainte Monique (sa mère)
fêtés le 28 et 27 août


Augustin a 61 ans à Pâques 415

Il commente la 1ère épître de saint Jean qui porte sur l'amour de Dieu et l'amour du prochain. Il y eut en tout 10 sermons appelés traités. Ce qui distingue les actes des hommes, c'est la charité qui est à la racine. Bien des choses peuvent avoir l'apparence du bien...

• « Si tu te tais, tais-toi par amour ; si tu pardonnes, pardonne par amour ; aie au fond du coeur la racine de l'amour : de cette bonne racine il ne peut rien sortir que de bon... La diversité des intentions fait la diversité des actes », Traité 7,7.

• « La racine de nos actes, l'intention qui nous guide en tout doit être l'amour. Tu n'aimeras pas faire des remarques, mais s'il le faut, si c'est ton devoir, tu le feras avec un coeur humble.

Ne va pas dans l'homme aimer l'erreur, mais l'homme ; car l'homme, c'est l'oeuvre de Dieu. Aime l'oeuvre de Dieu», Traité 7,2.

jeudi 11 août 2011

Saint Bernard, la Parole déjà est tout en tous


Cistercien, fête 20 août

Heureux ceux qui écoutent la Parole de Dieu et qui la gardent, Luc 11,28. Veux-tu savoir la grandeur de leur bonheur ? Lorsqu'aux oreilles de l'âme la voix de Dieu se met à résonner, elle commence par apporter le trouble, la terreur, le jugement ; mais aussitôt, si tu ne détournes par l'oreille, elle donne la vie, elle adoucit, réchauffe, éclaire et purifie. Pour nous, en définitive, elle est nourriture, glaive et remède ; elle est notre affermissement et notre repos, notre résurrection comme aussi notre achèvement plénier. Ne t'étonne pas que déjà la Parole de Dieu se trouve être tout en tous, 1 Co 15,28, en ce qui concerne notre justification, puisqu'aussi bien elle le sera plus tard pour nous justification.


Saint Bernard, Sermons divers, 1, Desclée de Brouwer, 197.

dimanche 7 août 2011

Abbaye de Tamié, Homélie pour la solennité de l'Assomption de Marie


Cette homélie provient du site des homélies des moines de Tamié - Vous pouvez la retrouver ainsi que beaucoup d'autres commentaires.

Ap 12, 1-6, 10 - 1 Co 15, 20-26 - Lc 1, 39-56

Dans ce Salut réalisé par le Christ, Marie joue un rôle essentiel. Elle est l’image de l’Église, la femme qui enfante. Et cet enfantement durera tant que dure l’Église et que, grâce au baptême naissent pour Dieu de nouveaux enfants. L’enfant que cette femme met au monde s’affronte aux puissances du mal et de la mort qui en veulent à sa vie. Mais il est enlevé auprès de Dieu. Au matin de sa résurrection, Jésus disait aux femmes : « Allez dire à mes frères : je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu ». Si l’Église fuit au désert, c’est pour y continuer ce combat mais avec l’assurance de la victoire déjà acquise dans le Christ. Et cette victoire, nous la célébrons ce matin en Marie, première des rachetés, première des sauvés. L’Assomption de Marie, comme la fête de Toussaint, célèbre la Pâque de l’Église, la Pâque de tous ceux qui, dans le Christ sont passés de la mort à la vie. Telle est notre foi, telle est notre espérance.


Mais revenons à l’évangile. Il nous ramène aux scènes si familières de notre vie. Marie se rend vers les montagnes. Elle visite sa cousine âgée et enceinte comme elle. Quoi de plus humain que cette scène ? Toutes deux s’émerveillent du mystère de vie qui est en elles. Et cet émerveillement partagé libère une parole d’action de grâce. Nous sommes invités à entrer dans cette action de grâce, celle d’Élisabeth mais plus encore celle de Marie : son Magnificat n’est-il pas dans la liturgie l’action de grâce quotidienne de toute l’Église.


Après trois mois, Marie retourne chez elle comme chacun de vous au terme de ce temps de vacances. On pourrait dire à son sujet, comme pour les Mages, qu’elle s’en retourne par un autre chemin tant cette rencontre avec Élisabeth l’a transformée. Sa maternité miraculeuse et jusque-là tenue secrète est devenue annonce de la Bonne Nouvelle : « le Seigneur fit pour moi des merveilles, saint est son nom ! » La reconnaissance de ce mystère n’a pu qu’illuminer son existence comme elle doit aujourd’hui illuminer la nôtre.


Chacun de nous, frères et sœurs, est porteur d’un mystère, le mystère d’être aimé de Dieu, d’être l’objet d’un appel, d’une vocation particulière : vocation de maternité ou vocation de célibat, vocation de compassion et de service des autres, vocation de prière et de solitude, vocation d’annonce de l’Évangile. Comme Marie, vivons cet appel dans l’Église et pour l’Église.

Lorsque vous faites une ascension en montagne, vous perdez de vue parfois le sommet, mais des signes vous indiquent que vous êtes sur le bon chemin. Sachez reconnaître durant ce temps de vacances les nombreux signes, souvent modestes, que Dieu met sur votre chemin. Cette Eucharistie déjà est un signe.


Toute visite reçue, toute rencontre d’amitié devrait nous rappeler en écho ces paroles d’Élisabeth : « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne à moi ? » Saint Benoît, dans la Règle, dit au portier : « Dès que quelqu’un aura frappé ou qu’un pauvre aura appelé, il répondra : Deo gratias avec crainte de Dieu et un cœur brûlant de charité ». (c. 66)


Le récit de la Visitation lu en cette fête de l’Assomption souligne ainsi le lien qui unit trois mystères : l’accueil de Dieu par Marie à l’Annonciation, l’accueil par Dieu de Marie en son Assomption, mais aussi l’accueil de Dieu dans notre quotidien par toute rencontre et tout service de charité. « Qui accueille un de ces petits, un de ces pauvres, c’est moi qu’il accueille ». Quand nous disons que Marie est entrée dans la gloire avec son corps cela veut dire qu’elle y est entrée avec toute sa vie corporelle, sa vie de femme, une vie sans péché, une vie toute de foi et d’amour. Sa maternité miraculeuse, ses tâches domestiques, sa prière, son amour pour Joseph, sa sollicitude pour Élisabeth comme pour les convives à Cana, sa présence discrète et priante dans l’Église naissante, tout est assumé dans la plénitude de Dieu et constitue aujourd’hui sa gloire et sa joie.


Que la lumière de cette fête éclaire nos actions, les transfigure, nous en révèle le sens profond et leur valeur d’éternité. C’est cela croire en l’Incarnation : croire que Dieu s’est fait homme dans le sein de Marie, croire que Marie est associée avec son humanité à la résurrection de son Fils. Elle nous précède et nous ouvre un chemin de lumière, de joie et de grande espérance.
Frères et sœurs, c’est d’une façon bien différente, vous l’aurez remarqué, que chacune des trois lectures de cette messe nous introduit dans le mystère de l’Assomption de Marie. L’évangile de la Visitation (Lc 1, 39-56) nous est familier. Il est comme une invitation à vivre ce mystère dans tous nos gestes humains de rencontre, de visite, si fréquents en cette période de vacances. En première lecture, l’Apocalypse (12, 1-10) par un langage à la fois symbolique et biblique nous a ouvert le ciel nous faisant découvrir le sens mystérieux de nos situations humaines marquées par la souffrance, les combats, la crainte. « Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante qui proclamait : Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu et le pouvoir de son Christ ». La mort n’a plus le dernier mot, les puissances du mal sont déjà vaincues par la résurrection du Christ. C’est ce que redisait saint Paul dans la 2e lecture (1 Co 15, 20-26).

mardi 2 août 2011

Sainte Thérèse-Bénédicte de la Croix, douce lumière

9 août
Sainte Thérèse Bénédicte de la Croix,
Copatronne de l'Europe

Edith Stein, (1891-1942) juive convertie au christianisme, elle entre au Carmel de Cologne en 1933.


Philosophe remarquable, collaboratrice de Husserl et brillant écrivain, elle a eu une grande influence sur les femmes de son temps, et une influence croissante dans les milieux intellectuels et philosophiques de l'Allemagne d'aujourd'hui et du monde entier.


Ses écrits sont source d’inspiration et d’espérance pour tous ceux dont la vie est marquée par la Croix. Elle a offert sa vie pour son peuple. Elle est morte dans les chambres à gaz à Auschwitz le 9 août 1942.


Le pape Jean Paul II a béatifié Soeur Thérèse Bénédicte de la Croix le 1er mai 1987, et l’a canonisée le 11 Octobre 1998.

Qui es-tu, douce lumière ?
Qui es-tu douce lumière qui me combles
   et illumines la ténèbre de mon cœur ?
Comme la main d’une mère, tu me conduis
   et, si tu me lâchais,
   je ne saurais faire un pas de plus.
Tu es l’espace enveloppant mon être
   et l’abritant en toi.
Le rejetterais-tu,
   il coulerait à pic dans l’abîme du néant
  d’où tu le tiras pour l’élever vers la lumière.
Toi, qui m’es plus proche que je ne le suis moi-même,
   qui m’es plus intérieur que mon propre cœur,
   et pourtant insaisissable, inconcevable,
   au-delà de tout nom,
Saint-Esprit, éternel Amour !

vendredi 22 juillet 2011

SIMONE WEIL, la porte


Ouvrez-nous donc la porte et nous verrons les vergers,
Nous boirons leur eau froide où la lune a mis sa trace.
La longue route brûle ennemie aux étrangers.
Nous errons sans savoir et ne trouvons nulle place.


Nous voulons voir des fleurs. Ici la soif est sur nous.
Attendant et souffrant, nous voici devant la porte.
S’il le faut nous romprons cette porte avec nos coups.
Nous pressons et poussons, mais la barrière est trop forte.


Il faut languir, attendre et regarder vainement.
Nous regardons la porte ; elle est close, inébranlable.
Nous y fixons nos yeux ; nous pleurons sous le tourment ;
Nous la voyons toujours ; le poids du temps nous accable.

La porte est devant nous ; que nous sert-il de vouloir ?
Il vaut mieux s’en aller abandonnant l’espérance.
Nous n’entrerons jamais. Nous sommes las de la voir...
La porte en s’ouvrant laissa passer tant de silence

Que ni les vergers ne sont parus ni nulle fleur ;
Seul l’espace immense où sont le vide et la lumière
Fut soudain présent de part en part, combla le cœur,
Et lava les yeux presque aveugles sous la poussière.

mardi 12 juillet 2011

Jean Danielou, Lire l’Écriture pour écouter le Verbe et entrer en relation avec Dieu : c’est une grâce.


                 Saint Benoît écrit
Lire l’Écriture pour écouter le Verbe et entrer en relation avec Dieu : c’est une grâce.

“Il faut accepter les voies de Dieu et un dépassement par rapport aux grâces passées. Il ne faut pas essayer de retenir la grâce, mais il faut “cueillir le fruit et jeter la branche”. Les grâces nous sont données pour nous aider à un moment donné. Ce qui importe, c’est plus le fruit qu’elles ont produit dans nos vies que la saveur qu’elles ont eues et qui n’en était que l’écho superficiel. A chaque moment de nos vies, nous recevons les grâces dont nous avons besoin, et la meilleure grâce est toujours celle du moment présent. Seulement, très souvent, nous vivons dans l’avenir ou dans le passé et nous passons à côté du présent. Nous ne savons pas reconnaître Dieu là où Il est vraiment, c’est-à-dire toujours dans le présent. Nous le cherchons là où Il n’est pas, c’est-à-dire dans le souvenir du passé ou dans les rêves de l’avenir”, Jean Daniélou, Oraison et abandon, conférence donnée au Cercle Jean-Baptiste et publié dans le Bulletin du Cercle de 1952 ; repris dans Christus 148 (1990), 409-413.


              “ Pour aller vers ce que tu ne sais pas,
                il faut passer par où tu ne sais pas.
                Pour aller vers ce que tu ne possèdes pas,
                il faut passer par ce que tu ne possèdes pas”.

                                                  Saint Jean de la Croix.

mercredi 6 juillet 2011

Commencer l’été avec les conseils de Lectio divina, Guillaume de Saint Thierry


À des heures déterminées, il faut vaquer à une lecture déterminée. Une lecture de rencontre, sans suite, trouvaille de hasard, bien loin d’édifier l’âme, la jette dans l’inconstance. Accueillie à la légère, elle disparaît de la mémoire plus légèrement encore. Au contraire, il faut s’attarder dans l’intimité de maîtres choisis et l’âme doit se familiariser avec eux. Les Écritures, en particulier, demandent à être lues et pareillement comprises, dans l’esprit qui les a dictées. Tu n’entreras jamais dans la pensée de Paul si, par l’attention suivie à le lire et l’application assidue à le méditer, tu ne t’imprègnes au préalable de son esprit. Jamais tu ne comprendras David, si ta propre expérience ne te revêt des sentiments exprimés par les psaumes. Ainsi des autres auteurs. Au reste, quel que soit le livre, l’étude et la lecture diffèrent autant l’une de l’autre que l’amitié de l’hospitalité, l’affection confraternelle d’un salut occasionnel. Il faut aussi chaque jour détacher quelque bouchée de la lecture quotidienne et la confier à l’estomac de la mémoire : un passage que l’on digère mieux et, qui, rappelé à la bouche, fera l’objet d’une fréquente rumination ; une pensée plus en rapport avec notre genre de vie, capable de soutenir l’attention, d’enchaîner l’âme et de la rendre insensible aux pensées étrangères. De la lecture suivie, il faut tirer d’affectueux élans, former une prière qui interrompe la lecture. Pareilles interruptions gênent moins l’âme qu’elles ne la ramènent aussitôt plus lucide à la compréhension du texte. La lecture est au service de l’intention. Si vraiment le lecteur cherche Dieu dans sa lecture, tout ce qu’il lit travaille avec lui et pour lui dans ce but et sa pensée rend captive ou asservit l’intelligence du texte en hommage au Christ. Mais s’il s’écarte de cette fin, son intention entraîne tout après elle. Il ne trouve alors rien de si saint, de si pieux dans les Écritures, qu’il n’arrive, par vaine gloire, perversion de sentiment ou dépravation d’esprit, à faire servir à sa malice et à sa vanité. C’est que la crainte du Seigneur doit être au principe de toute lecture des Ecritures : en elle s’affermit d’abord l’intention du lecteur ; de son sein jaillissent ensuite, harmonisés, l’intelligence et le sens du texte.
Lettre aux frères du Mont-Dieu, SC n° 223, p. 239-241.

lundi 27 juin 2011

Mère Isabelle, chercher Dieu comme à tâtons

Photo d'archives O.A.
Mère Isabelle
vers 1896-1901


3 juillet 2011,
90ème anniversaire du décès
de Mère Isabelle,
Fondatrice des Orantes de l'Assomption






... Le silence tant intérieur qu'extérieur est un des plus puissants moyens de se disposer à la communication intime avec Dieu dans l'oraison, qui est comme l'âme de notre vie. L'âme de notre vie, c'est l'oraison, c'est la prière. Nous voyons dans l'épître tirée des Actes des Apôtres, que Saint Paul, dans son discours à l'Aréopage, dit que nous devons chercher Dieu comme à tâtons.

Certainement Dieu est près de nous, dans notre coeur, et nous pouvons converser avec Lui sans cesse. Nous le cherchons dans un grand silence, car c'est dans le silence que nous le trouvons le mieux. Dans les créatures, on cherche la conversation, les paroles; mais pour Dieu, c'est toujours dans ce silence dont parle Bossuet : "Ce silence où il se dit tant de choses." La voix de Dieu est, pour ainsi dire, souvent comme un léger murmure, on ne l'entend que si on prête une oreille attentive. Nous devons le chercher d'autant plus dans ce silence, dans cette obscurité dont parlent Saint Jean de la Croix et tous les mystiques. Nous devons arrêter sur Lui un simple regard dans l'attention, dans la fidélité extérieure et intérieure. Ce simple regard ne signifie pas l'oisiveté, la distraction. Dès que l'âme s'aperçoit qu'elle est distraite, elle s'empresse de mettre dans son coeur une pensée sainte. Mais quand elle a ramené son esprit, elle n'a pas besoin de toujours produire des pensées, mais d'écouter alors le murmure divin, de ne pas laisser pénétrer [en elle] les bruits du monde, d'avoir cette foi que Dieu est toujours tout près de nous, qu'Il nous entend toujours, que pas un cheveu ne tombe de notre tête sans sa permission.

Il faut vivre ces choses dans le silence de l'âme. Non pas seulement le silence intérieur, mais aussi le silence extérieur. Il faut s'y appliquer, non seulement pour soi-même, mais par charité pour les autres. Il faut pour cela avoir la présence intime de Dieu. Mais si, par maladresse, on manque à ce silence, il faut se laisser envahir par Dieu, marcher en sa présence et oublier tout le reste.

Mère Isabelle, Instruction, Chapitre XII, Du silence, 9 Octobre 1915.

mercredi 22 juin 2011

Guillaume de St Thierry, c'est Dieu qu'il aime dans son amour

              moine, XIIè siècle
C’est Dieu qu’il aime dans son amour, mais il voudrait trouver, expérimenter
Je te trouve donc Toi, Seigneur, dans mon amour, et plaise à Dieu que je te trouve toujours ! Quand l’amour ne s’exerce pas, il n’existe plus ; mais pour Toi je ressens une volonté puissante, je veux dire un amour qui me propulse vers toi, mais alors pourquoi donc ne suis-je pas toujours en train de t’expérimenter ? Faut-il dire que l’amour et l’expérimentation par cet amour, cela fait deux ? Si je vois bien, l’amour c’est quelque chose de la nature ; T’aimer, c’est un effet de ta grâce ; T’expérimenter c’est une faveur spéciale de la grâce, ce qui fait dire à l’Apôtre : « A chacun est donnée une faveur spéciale de l’Esprit Saint pour l’utilité commune ».

Tant que le corps de corruption appesantit l’âme et  que cette demeure terrestre abat l’esprit dans la multiplicité des soucis qui s’agitent, il faut bien que l’âme aimante éprouve des hauts et des bas. Cette expérience de l’amour vient à point pour la soutenir ici, pour l’empêcher de s’exalter là, autrement elle tomberait si brutalement qu’aucun effort ne pourrait la relever jamais.
Guillaume de Saint Thierry, Méditations et prières, Présentation, traduction et notes de Robert Thomas, O.E.L.L., 1985, 182-183.

lundi 13 juin 2011

Syméon le Nouveau Théologien, prière à l'Esprit saint



Esprit Saint,
c'est toi qui m'environnes,
Toi qui m'enflammes,
Et qui allumes en mon cœur en peine,
L'amour infini de Dieu et de mes frères.
Car c'est toi le docteur des prophètes,
Le compagnon de tous les apôtres,
La force des martyrs,
L'inspiration des Pères et des docteurs,
Et la perfection de tous les saints.


Illustration de psaume par Benn

mercredi 8 juin 2011

Sr Jeanine Gindrey, orante, L’œuvre de l’Esprit



Soeur Jeanine Gindrey, Orante de l’Assomption : des repères selon Sainte Thérèse d’Avila, Œuvres Complètes, Éditions du Seuil, 1949.



L'oeuvre de l'Esprit



Sainte Thérèse d’Avila nous invite au discernement : « C’est par les effets et les œuvres qui suivent que l’on reconnaît la vérité de ce qui se passe dans l’oraison… Il n’y a pas de meilleur creuset pour en faire l’épreuve », 877.



Devant certains dons de Dieu, la durée courte confirme que c’est de Dieu. Mais la longueur ou la syncope ne peuvent venir que de notre nature faible, 194, 961, 962, 864,1116, 1118.



Des effets positifs sont souvent les fruits de l’action de Dieu :



- La paix, la joie, la lumière, la douceur, l’amour immense, 687, 148,875

- Le cœur est dilaté, 876, 150

- L’action de grâce et l’humilité devant les bienfaits de Dieu, la confusion, 167, 98, 953, 954

- Après le trouble, la crainte du début, il s’établit une certitude, l’entendement n’agit pas, c’est Dieu, comme il veut, qui donne par miséricorde et dévoile les secrets des demeures, ce que notre imagination serait incapable d’approcher, ni l’intelligence, 288, 963, 1039, 804, 864, 119, 322, 913

- Le désir d’avancer et de ne pas abandonner l’oraison, 887, 880



Certains signes sont négatifs :





La solitude, la sécheresse, la peine, les pensées peuvent venir de Dieu, qui veut nous faire connaître l’abîme de notre misère, 110, et ceci pour notre progrès.



Il s’agit donc d’agir avec prudence. Que la vie soit dans la joie ou dans la peine, le critère majeur, c’est que l’expérience vécue conduise à une soumission en tout à l’Église. Rien ne peut être opposé à la foi catholique ou à la loi de Dieu, 510, 511, 812.





Ce critère peut nous préserver de notre aveuglement, de nos goûts, des plaisirs, des promesses trompeuses suscitées par l’esprit du mal, 1472,944.



Sainte Thérèse évoque des expériences :



- En lisant, subitement, on a le sentiment de la présence de Dieu, 95.



- Dieu donne à l’entendement (l’intelligence) de quoi admirer, il lui donne une compréhension subite, 119,322.



- L’âme reconnaît que le Maître Divin l’enseigne sans faire entendre aucun bruit de paroles, 708,709.



Toutes ces faveurs que nous recevons servent à fortifier notre faiblesse pour acquérir peu à peu une vie semblable à celle du Fils, 1052.



mardi 31 mai 2011

Catéchèse de St Cyrille de Jérusalem sur le Saint-Esprit




"L'eau que je lui donnerai deviendra en lui source jaillissante pour la vie éternelle. C'est une eau toute nouvelle, vivante, et jaillissante, jaillissant pour ceux qui en sont dignes. Pour quelle raison le don de l'Esprit est-il appelé une "eau" ? C'est parce que l'eau est à la base de tout ; parce que l'eau produit la végétation et la vie ; parce que l'eau descend du ciel sous forme de pluie ; parce qu'en tombant sous une seule forme, elle opère de façon multiforme. [...] Elle est différente dans le palmier, différente dans la vigne, elle se fait toute à tous. Elle n'a qu'une seule manière d'être, et elle n'est pas différente d'elle-même. La pluie ne se transforme pas quand elle descend ici ou là mais, en s'adaptant à la constitution des êtres qui la reçoivent, elle produit en chacun ce qui lui convient.

L'Esprit Saint agit ainsi. Il a beau être un, simple et indivisible, il distribue ses dons à chacun, selon sa volonté. De même que le bois sec, associé à l'eau, produit des bourgeons, de même l'âme qui vivait dans le péché, mais que la pénitence rend capable de recevoir le Saint-Esprit, porte des fruits de justice. Bien que l'Esprit soit simple, c'est lui, sur l'ordre de Dieu et au nom du Christ, qui anime de nombreuses vertus.

Il emploie la langue de celui-ci au service de la sagesse : il éclaire par la prophétie l'âme de celui-là ; il donne à un autre le pouvoir de chasser les démons ; à un autre encore celui d'interpréter les divines Ecritures. Il fortifie la chasteté de l'un, il enseigne à un autre l'art de l'aumône, il enseigne à celui-ci le jeûne et l'ascèse, à un autre il enseigne à mépriser les intérêts du corps, il prépare un autre encore au martyre. Différent chez les différents hommes, il n'est pas différent de lui-même, ainsi qu'il est écrit : Chacun reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien de tous.


Son entrée en nous se fait avec douceur, on l'accueille avec joie, son joug est facile à porter. Son arrivée est annoncée par des rayons de lumière et de science. Il vient avec la tendresse d'un défenseur véritable, car il vient pour sauver, guérir, enseigner, conseiller, fortifier, réconforter, éclairer l'esprit : chez celui qui le reçoit, tout d'abord ; et ensuite, par celui-ci, chez les autres.


Un homme qui se trouvait d'abord dans l'obscurité, en voyant soudain le soleil, a le regard éclairé et voit clairement ce qu'il ne voyait pas auparavant : ainsi celui qui a l'avantage de recevoir le Saint-Esprit a l'âme illuminée, et il voit de façon surhumaine ce qu'il ne connaissait pas."


Catéchèse de St Cyrille de Jérusalem sur le Saint-Esprit : Extraits de la Catéchèse 18 sur le Symbole de la Foi, 23-25 . http://peresdeleglise.free.fr/textesvaries/esprit.htm

dimanche 29 mai 2011

Saint Bernard de Clairvaux, homélie pour l'Ascension



Actes des Apôtres 1,1-11
St Paul aux Ephésiens, 1,17-23
Evangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 28,16-20

Croître... en descendant

Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous reviendra de la même manière que vous l'avez vu s'en aller vers le ciel, Ac 1,11. Il reviendra ainsi, disent-ils : s'agit-il donc de cette venue, aussi singulière qu'universelle, dans laquelle, précédé par les anges, suivi de tous les hommes, il descendra pour juger les vivants et les morts ? Oui, il viendra de la sorte ; mais ce sera comme il est monté, non comme il est descendu : humble, il est venu afin de sauver les hommes ; sublime, il viendra pour ressusciter le cadavre et le rendre semblable à son corps glorieux. On le verra alors dans toute sa puissance et dans sa majesté, lui qui jadis s'était caché dans la faiblesse de la chair.
Etant Dieu, le Christ ne pouvait grandir, car il n'y a rien au-delà de Dieu. Il a cependant, en venant s'incarner, souffrir, mourir pour nous éviter la mort éternelle. Aussi Dieu l'a exalté. Jésus est ressuscité, il est monté, il s'est assis à la droite de Dieu. Va, et fais de même.

Magnificat, Juin 2011, N° 223, 50-51

mercredi 11 mai 2011

Splendeur jaillie du sein de Dieu d'après Saint Ambroise





Illustration de psaume Benn








"Splendeur jaillie du sein de Dieu,
Lumière née de la lumière,
Avant que naisse l'univers,
Tu resplendis dans les ténèbres.

Nous t'adorons, Fils Bien-Aimé,
Objet de toute complaisance.
Le Père qui t'a envoyé
Sur toi fait reposer sa grâce.

Tu viens au fond de notre nuit
Pour tous les hommes de ce monde.
Tu es la Source de la Vie
Et la Lumière véritable"

(D'après St Ambroise, 6ème siècle)

mercredi 4 mai 2011

Saint Augustin, La présence du Christ


Tableau, pélerin d'Emmaüs, Louvre



St Luc, 24,13-35


3ème dimance de Pâques




La présence du Christ


Jésus parut : il se montrait à leurs yeux mais il ne se laissait pas reconnaître. Le Maître cheminait avec eux, et il était lui-même leur chemin. Mais eux n’étaient pas encore en chemin ; Jésus les rencontra tout à l’écart.

Quand le Seigneur les aborda, les disciples n’avaient pas la foi. Les disciples ne croyaient pas qu’il pût ressusciter. Ils avaient perdu la foi. Ils avaient perdu l’espérance. Ils marchaient, morts, avec un vivant, ils marchaient morts, avec la vie. Avec eux marchait la vie. Mais en leur cœur, nulle vie n'était renée.

Ils l’ont retenu : Reste avec nous, car le jour tombe. L’hospitalité leur a rendu ce que le doute leur avait pris. Le Seigneur s’est manifesté dans la fraction du pain. Le Seigneur s’est laissé reconnaître et après cette reconnaissance, il a disparu pour toujours. Les disciples l’ont perdu de corps lorsqu’ils l’ont tenu avec la foi. Le Seigneur a quitté corporellement toute son église et il est monté au ciel, afin que la foi se fortifie.

Il viendra, sois-en sûr il viendra. Nous sommes tous appelé à la résurrection : un jour viendra où tous ceux qui gisent dans les tombeaux, entendront la voix du Fils de Dieu et en sortiront : ceux qui auront fait le bien pour ressusciter à la vie…

Extrait, Saint Augustin La présence du Christ, in les mystères de Pâques, Lettres chrétiennes N° 10, Grasset, 1965, 224-227.