vendredi 30 avril 2021

Saint Basile Le Grand + 379, Fructifiez sans relâche

Saint Jean 15,1-8


Que d’effets concourent avec empressement à l’œuvre de la nature ! La racine de la vigne, les ceps qui poussent sur le sol, le bourgeon, les vrilles, le raisin vert, les grappes ! il te suffit de voir la vigne, si tu la regardes avec intelligence, pour te souvenir de ta nature. Car tu te rappelles évidemment la comparaison du Seigneur qui se dit la vigne et son Père, le vigneron. Chacun de nous qui avons été greffés par la foi sur l’Eglise, il nous appelle ses sarments ; et il nous invite à porter beaucoup de fruits.


Il veut que les embrassements de la charité, comme les vrilles de la vigne, nous attachent au prochain et nous fassent reposer sur lui, afin que, dans nos continuels élans vers le ciel, nous puissions, telles que les vignes grimpantes, nous élever jusqu'aux cimes les  plus hautes. 


Il nous demande encore de nous laisser sarcler. Or, une âme est sarclée quand elle écarte de soi les soucis du monde, qui sont un fardeau pour nos cœurs.  Il ne nous faut, dans l’esprit de la parabole, ni poussier en bois, c’est-à-dire vivre avec  ostentation, ni rechercher la louange de ceux du dehors, mais fructifier en réservant nos œuvres pour les montrer au vigneron véritable. 



 Saint Basile Le Grand, Docteur de l’Eglise, in Magnificat, mais 2018, p. 56-57.

jeudi 15 avril 2021

Saint Grégoire le Grand, homélie 23,

 Saint Jean 24,35-48., 3 ème dimanche de Pâques

Lecture de Saint Grégoire le grand (+604)

Ils l’avaient reconnu lors de la fraction du pain

Les deux disciples se sont accompagnés mutuellement. Ils étaient non croyants, et malgré cela, ils conversaient entre eux à propos du Seigneur. 

Et voilà qu’il est venu faire route avec eux ; ils ne l’ont pas reconnu. Le seigneur dévoilait pour eux ce qui se déroulait dans leurs cœurs. Les deux disciples avaient des sentiments divisés entre l’amour et le doute. Alors, le Seigneur s’approcha deux, mais il ne s’est pas fait reconnaître. Il a offert sa présence à ces deux hommes qui parlaient de lui, mais il a caché son vrai visage, eux-mêmes ayant douté de lui. Il leur a parlé, puis les a réprimandés à cause de la dureté de leurs cœurs. Il leur a dévoilé les mystères se trouvant dans la Bible qui parlent de lui. Puis, il fit semblant d’aller plus loin, car il était toujours étranger à leur foi. Si la vérité a admis cela, c’est en raison de sa simplicité, à double titre

 : elle apparaissait aux yeux des disciples tout comme elle était présente dans leurs esprits. Puis le Seigneur a voulu voir s’ils l’aimaient comme ami dans l’apparence d’un étranger, même sans le reconnaître comme Dieu. Mais la charité n’était pas étrangère à ceux qui marchaient avec la vérité. Ils l’ont invité à rester chez eux, comme tout étranger est invité. Est-ce que nous pouvons moins parler de cette invitation ? Le livre dit : « Ils le pressèrent ", Lc 24,29. La charité nous enseigne, par cette histoire, que notre invitation doit être pressante, pour que les étrangers entrent sous notre toit.

Ils ont préparé la table et la nourriture ; ainsi, ils ont découvert Dieu par la fraction du pain, mais ils ne l’ont pas reconnu lorsqu’il s’exprimait. Ils n’ont pas été illuminés par l’écoute des commandements divins, mais par leur pratique : car « Ce ne sont pas ceux qui écoutent la Loi qui sont justes devant Dieu, mais ceux qui la mettent en pratique seront justifiés », Rm 2,13.

Si quelqu’un veut comprendre ce qu’il a entendu, qu’il l’applique selon sa mémoire. Le Seigneur ne fut pas reconnu quand il a parlé, mais il s’est fait connaître quand on lui a servi la nourriture.

Chers frères et sœurs, aimons l’hôte. Aimons la charité. A ce propos, Saint Paul nous a dit : « Que l’amour fraternel demeure. N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir ont accueilli des anges », He 13,1-2. Et Saint Pierre dit : « Pratiquez hospitalité les uns envers les autres, sans murmurer », 1 P 4,9. Et la vérité même nous parle de la charité : « J’étais étranger et vous m’avez accueilli… Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait », Mt 25,40.

Malgré cela, mes frères et sœurs, nous sommes paresseux dans la pratique de la vertu de l’hospitalité. Il faudrait donner à cette vertu sa bonne place ; ainsi le Christ viendra à notre table, et nous serons accueillis dans le festin éternel.

Si nous accueillons le Christ présent chez l’étranger, il ne nous niera pas le jour du jugement, mais il nous acceptera comme frères dans son Royaume.

https://www.ourwaytogod.org/f

Instruction du Père Picard aux Oblates, 1894

 16 avril 1903 décès du Père Picard


25ème instruction du Père Picard  aux O.A. -Extrait -

Passy, 22 octobre 1894.

 

Il n’est pas nécessaire d’accomplir de grandes choses pour être riches selon Dieu. Il suffit d’offrir tout ce qu’on est et tout ce qu’on fait. Alors Notre Seigneur marque de son sceau notre prière et nos actes de dévouement. Ce rien que le monde méprise, et que quelquefois les religieuses ont l’air de mépriser parce qu’elles n’y font pas attention, ce rien, dès l’instant qu’il est offert à notre Seigneur, porte pour ainsi dire en lui une goutte de son sang, et il a un mérite immense pour le ciel.

Le degré de gloire que vous posséderez un jour est attaché à ces riens, à ces petits actes que Dieu recueille. Et au moment du jugement, vous serez étonnées et vous direz : « Comment ai-je pu acquérir un tel degré de gloire ? ». Et Dieu vous répondra : « C’est en faisant les choses les plus simples, les plus ordinaires. Tu me les as données, je les ai marqué du sang de mon Fils. »

Il y a beaucoup de sœurs qui emploient leur temps à faire le contraire de ce qu’elles devraient faire ; à faire autre chose que ce qu’on leur demande ; à perdre le temps que Dieu leur a donné. Nous sommes faibles, nous croyons impossible de veiller sur nous-mêmes, et nous ne pensons pas que nous pouvons arriver à des choses très grandes en accomplissant des actes très petits. Si nous y croyions, nous veillerions sur nous, et nous ne laisserions pas ravir les grâces de Dieu par le tentateur.

Tous, dans un coin de notre être, nous avons une petite tendance à l’oisiveté. La paresse laisse perdre des trésors de grâce. Est-ce que ce n’est pas un mal de ne rien faire ? Le repos n’est ni la paresse, ni l’oisiveté, et l’on peut offrir à Dieu son repos comme son activité. Mais je ne crois pas qu’on puisse dire à Notre Seigneur : « Je vous offre la paresse à laquelle je viens de me livrer ». Se reposer, c’est bien. Mais la paresse nous fait perdre les trésors de la grâce. Rien ne repose comme un peu de distraction. Il y a des distractions qui sont dans l’ordre, les temps de détente communautaire ou certaines études, et nous pouvons les offrir à Notre Seigneur. Mais nous n’oserions pas offrir les distractions que nous avons dans la prière ou dans le travail.

Néanmoins, les moments de détente nécessaires pour pouvoir porter le poids de la vie, peuvent être sources de mérites. Rien n’est méritoire comme les temps de détente communautaire bien vécus. Une sœur qui offre ce temps communautaire à Notre Seigneur lui dit : « Je vais être tellement à la disposition de mes sœurs  que je les distrairai si j’en suis capable ; je les intéresserai si je peux ; je les écouterai – c’est toujours possible – et souvent c’est le meilleur moyen de les distraire. Je ne les contredirai en rien ».  Mais quand on se permet de dire des paroles vulgaires ou déplacées, quand on cherche son intérêt personnel, on sort de l’esprit religieux, et la rencontre communautaire est absolument nulle, elle n’est pas bénie par Notre Seigneur.

Et que de temps perdu en susceptibilité à se comparer aux autres, en défendant nos droits. La susceptibilité qui est inspirée par l’amour-propre, inspire aussi les petites ambitions, les petites prétentions, les petites rivalités. Non seulement on perd les trésors de la grâce, mais on en arrive à offenser notre divin Sauveur en sortant de la voie qu’Il nous a tracée. N’ayez qu’une prétention, celle de tout donner à notre divin Maître, ne gardant rien pour vous. Alors vous entrerez dans la voie de la charité parfaite, en faisant bien les choses les plus ordinaires, vous acquerrez des mérites immenses.

Nous ne sommes pas appelées à faire des choses extraordinaires. Se lever à l’heure indiquée, se coucher de même, ce n’est pas difficile ; étudier ou lire avec plus ou moins de succès ; être bon pour toutes les personnes qui nous entourent, c’est très simple. C’est par ces actes si simples, si ordinaires, que vous pourrez devenir des saintes, et des saintes à canoniser, parce que Celui qui est l’auteur de tous les mérites répand à profusion les grâces sous vos pas.

samedi 10 avril 2021

Basile de Séleucie, Jésus entre toutes portes closes

         Saint Jean 20,19-31                                   


                                                                                                     

Jésus entre toutes portes closes 

Ceux qui doutaient de sa Résurrection, sont alors frappés de stupeur. Mais Thomas, alors absent, demeure incrédule. Thomas désire voir Jésus de ses propres yeux. L’impatience le brûle quand il dit : - Si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son flanc, je ne croirai pas. Il veut être lui-même témoin du Seigneur. Et le Seigneur réapparaît, il dissipe la tristesse de son disciple et vient combler son attente : Jésus entre toutes portes closes.

Cet exploit inouï confirme sa résurrection inouïe. - Mets ton doigt dans la marque des clous, dit-il à son disciple Thomas. Je connais ton désir. Je sais ce que tu penses. Je connais tes doutes, et je t’ai fait attendre, pour mieux regarder ton impatience. - Mets ton doigt dans la marque des clous, mets ta main dans mon flanc, et ne sois plus incrédule, mais crois.

Alors Thomas le touche, toute sa défiance tombe, et comblé d’une foi sincère et de tout l’amour que l’on doit à son Dieu, il s’écrie : - Mon Seigneur et mon Dieu ! Et le Seigneur lui dit : - Parce que tu m’as vu, tu as cru ; heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru !

Thomas, porte la nouvelle de ma résurrection à ceux qui ne m’ont point vu. Dis-leur qu’ils sont appelés par grâce, et contemple leur foi. - Heureux en vérité ceux qui n’ont pas vu et ont cru !

Telles sont les oeuvres de la grâce et la moisson de l’Esprit.

Ils ont suivi le Christ sans l’avoir vu, ils l’ont cherché et ils ont cru.

Ils l’ont reconnu avec les yeux de la foi, non les yeux du corps.

Ils n’ont pas mis leurs doigts dans les marques des clous, mais, par la grâce, ils se sont attachés au Christ et ils ont fait leur cette parole du Seigneur :

- Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru !


in Monique-Anne Giroux, Les chemins de la grâce, Collection Orantes de l'Assomption

samedi 3 avril 2021

Guerric d’Igny – Premier sermon pour la résurrection (extraits)



Il est vraiment ressuscité

Il est vivant

 



Comme cette parole exprime un attachement profond, qu’elle est digne des amis de Jésus ! Quelle est pure, l’affection de celui qui parle ainsi : « Cela me suffit, si Jésus est en vie ! »

S’il vit, je vis, car mon âme est suspendue à lui ; bien plus, il est ma vie, et tout ce dont j’ai besoin.Que peut-il me manquer en effet, si Jésus est en vie ? Quand bien même tout me manquerait, cela n’aurait aucune importance pour moi, pourvu que Jésus soit vivant. Si même il lui plaît que je me manque à moi-même, il me suffit qu’il vive, même si ce n’est que pour lui-même. Lorsque l’amour du Christ absorbe ainsi totalement le cœur de l’homme, de telle sorte qu’il se néglige et s’oublie lui-même et n’est plus sensible qu’à Jésus-Christ et à ce qui concerne Jésus-Christ, alors seulement la charité est parfaite en lui. Certes, à celui dont le cœur est ainsi touché, la pauvreté n’est plus à charge ; il ne ressent plus les injures, il se rit des opprobres, il ne tient plus compte de ce qui lui fait du tort, et il estime la mort comme un gain. Il ne pense même pas qu’il meurt, car il a plutôt conscience de passer de la mort à la vie ; aussi dit-il avec confiance : « J’irai le voir avant de mourir. »

Quant à nous, mes frères, bien que nous ne puissions-nous rendre témoignage d’une telle pureté, allons pourtant, allons voir Jésus à la montagne de la Galilée céleste, au lieu qu’il nous a désigné. En avançant vers lui, notre amour grandira, et, au moins quand nous parviendrons au terme, il deviendra parfait. Lorsqu’on avance, la voie d’abord étroite et difficile s’élargit, et les faibles prennent de la force.

Bienheureux Guerric d’Igny – Premier sermon pour la résurrection (extraits)
La naissance de Guerric se situe entre 1070 et 1080 à Tournai

http://abbayenotredamedelapaix.fr/spiritualite-cistercienne/meditations-du-mois/