mardi 26 janvier 2021

 « Il enseignait en homme qui a autorité »


Marc 1,21-28 4ème dimanche du temps ordinaire

 Jésus et ses disciples entrèrent à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes.

 

Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit impur, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es : tu es le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme. » L’esprit impur le fit entrer en convulsions, puis, poussant un grand cri, sortit de lui.

Commentaire de Saint Jérôme

Ils furent tous frappés de stupeur et se demandaient entre eux : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité ! Il commande même aux esprits impurs, et ils lui obéissent. »
Sa renommée se répandit aussitôt partout, dans toute la région de la Galilée."Il enseignait en homme qui a autorité" (Mc 1, 21-28)

« Jésus s'est rendu donc à la synagogue de Capharnaüm le jour du sabbat et il s'est mis à enseigner... "Et il enseignait avec autorité, et non pas comme les scribes." Il ne disait pas, par exemple : "Parole du Seigneur" ou bien encore : "Ainsi s'exprime celui qui m'a envoyé". Non, Jésus parlait en son propre nom : c'était lui qui avait parlé jadis par la voix des prophètes. C'est déjà bien de pouvoir dire, en s'appuyant sur un texte, "Il est écrit" ou de dire : "Parole du Seigneur". Mais c'est tout autre chose de pouvoir affirmer : "En vérité, je vous le déclare..." Comment oses-tu dire : "En vérité, moi, je vous le déclare", si tu n'es pas celui-là qui autrefois a donné la Loi ? Personne n'ose changer la Loi, sinon le roi en personne... "Les gens étaient frappés par son enseignement." Qu'est-ce donc qu'il enseignait de si nouveau ? Que disait-il de si neuf ? Il ne faisait que redire ce qu'il avait dit par les prophètes. Mais les gens étaient frappés, car il n'enseignait pas selon la méthode des scribes. Il enseignait comme ayant lui-même autorité ; non en rabbi mais en Seigneur. Il ne parlait pas en se référant à un plus grand que lui. »


Saint Jérôme (v.347-420), Commentaire sur l'Evangile de Marc, PL 2, 137-138 (Trad. rev. Tournay).

 http://www.chemindamourverslepere.com/st-jerome/

vendredi 22 janvier 2021

Saint Grégoire le Grand, « Ils laissèrent leur filets »

         Pêcheurs à Merimendroso, Madagascar

3ème dimanche temps ordinaire saint Marc, 1,14-20

Vous avez entendu, mes frères que Pierre et André ont laissé leurs filets pour suivre le Rédempteur au premier appel de sa voix… Peut-être quelqu’un se dira-t-il tout bas : Pour obéir à l’appel du Seigneur, qu’est-ce que ces deux pêcheurs ont abandonné, eux qui n’avaient presque rien ? Mais en cette matière, nous devons considérer les dispositions du cœur plutôt que la fortune. Il a beaucoup laissé celui qui n’a rien retenu pour lui ; il a beaucoup laissé celui qui a tout abandonné, même si c’est peu de chose. Nous, ce que nous possédons, nous le conservons avec passion, et ce que nous n’avons pas, nous le poursuivons de nos désirs. Oui, Pierre et André ont beaucoup laissé, puisque l’un et l’autre ont abandonné jusqu’au désir de posséder. Ils ont beaucoup abandonné, puisqu’en renonçant à leurs biens, Ils ont aussi renoncé à leurs convoitises. En suivant le Seigneur, ils ont renoncé à tout ce qu’ils auraient pu désirer s’ils ne l’avaient pas suivi.

Que personne donc, lorsqu’il voit certains quitter de grands biens, ne se dise : Je voudrais bien imiter ceux qui se détachent ainsi du monde, mais je n’ai rien que je puisse quitter. Vous abandonnez beaucoup, mes frères, lorsque vous renoncez aux désirs terrestres. Nos biens extérieurs, même s’ils sont petits, suffisent aux yeux du Seigneur. C’est le cœur qu’il regarde, et non la fortune. Il ne pèse pas la valeur marchande du sacrifice, mais l’intention de celui qui l’offre. A considérer les biens extérieures, nos saints marchands ont obtenu la vie éternelle, qui est celle des anges, pour une barque et des filets. Le Royaume de Dieu n’a as de prix, et cependant il te coûte exactement ce que tu as. Il a coûté à Pierre et à André l’abandon d’une barque et de filets ; il a coûté à la veuve  deux piécettes d’argent, Lc 21,2 ; il a coûté à quelqu’un d’autre un verre d’eau fraîche, Mt 10,42. Le Royaume de Dieu, avons-nous dit, te coûte ce que tu as. Voyez-donc, mes frères, quoi de plus facile à acquérir et quoi de plus précieux à posséder ?

Mais peut-être n’as-tu même pas un verre d’eau fraîche à offrir au pauvre qui en a besoin. Même dans ce cas la Parole de Dieu nous apaise. Car, à la naissance du Rédempteur, les habitants du ciel se sont montrés en s’écriant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur terre aux hommes de bonne volonté », Lc 2,14. En effet, aux yeux de Dieu, la main n’est jamais dépourvue de présent si le secret du cœur est rempli de bonne volonté. D’où cette parole du psalmiste : « ils sont en moi, mon Dieu, les présents que j’offrirai à ta louange », Ps 56,13 Vulg. C’est comme s’il disait ouvertement : Même si je n’ai rien d’extérieur à t’offrir, je trouve cependant, en moi-même, ce que je déposai sur l’autel à ta louange. Car si tu ne te nourris pas de nos dons, tu te plais aux offrandes du cœur.

Homélie 5 sur l’Evangile, PL 76, 1093-1094, in Daniel Bourguet, L’évangile médité par les Pères, Marc, 17-18, Veillez et priez, Editions olivétan.

jeudi 14 janvier 2021

La lectio, expérience de dialogue avec Dieu, Isaac le Syrien, 7ème siècle

 Jean 1,35-42 - 2ème dimanche du Temps Ordinaire

En ce temps-là,
Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples.
Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit :
« Voici l’Agneau de Dieu. »
Les deux disciples entendirent ce qu’il disait,
et ils suivirent Jésus.
Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient,
et leur dit :


« Que cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent :
« Rabbi – ce qui veut dire : Maître –,
où demeures-tu ? »
Il leur dit :
« Venez, et vous verrez. »
Ils allèrent donc,
ils virent où il demeurait,
et ils restèrent auprès de lui ce jour-là.
C’était vers la dixième heure, (environ quatre heures de l’après-midi).

André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples
qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus.
Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit :
« Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ.
André amena son frère à Jésus.
Jésus posa son regard sur lui et dit :
« Tu es Simon, fils de Jean ;
tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.

Isaac parle souvent de la lecture ou lectio et il nous en donne des descriptions. Ce terme vise d’abord la lecture de l’Ecriture, mais non pas exclusivement. Pour Isaac, comme pour toute la tradition monastique ancienne, cette lecture ne consiste pas tellement dans une étude du texte biblique dans un but intellectuel, mais plutôt dans un dialogue avec elle, une rencontre, une révélation reçue d’elle : le texte de la Bible est un moyen de faire l’expérience directe de dialogue avec Dieu, de le rencontrer mystiquement, de recueillir des intuitions sur la réalité profonde.

Isaac parle de la lecture de l’Ecriture comme du moyen le plus important de la transformation spirituelle.

Isaac donne quelques conseils sur la façon de lire l’Ecriture. La première «Persévère dans la lecture, pendant que tu demeures dans la quiétude, afin que ton intellect soit en tout temps attiré vers l’étonnement et la stupeur… » « Que ta lecture se fasse dans une quiétude que rien ne vient troubler ». La deuxième condition est le recueillement de l’esprit et l’absence de pensées venant de l’extérieur : « Sois libre de toute préoccupation concernant le corps et le tracas des affaires, afin que, par la douce compréhension du sens des Ecritures, qui surpasse tout sentiment, tu puisses en goûter la très douce saveur en ton âme… ». La troisième condition est de prier avant de commencer : « N’approche pas des paroles des mystères contenus dans les divines Ecritures, sans prier et sans supplier Dieu de t’aider, mais dis : « Seigneur, accorde-moi de ressentir la force qu’elles contiennent ! Tiens la prière pour la clé d’une vraie compréhension de la divine Ecriture ».

Lorsqu’un moine lit l’Ecriture, essayant de percevoir son contenu caché, sa compréhension s’accroît au fur à mesure de sa lecture, et le conduit par degrés à l’état de stupeur spirituelle.
Aux yeux d’Isaac, ce n’est pas le texte lu qui est tellement important, mais bien plutôt les intuitions spirituelles et mystiques que l’on peut recevoir à travers la lecture.

Lorsque la lecture est un moyen de fréquenter Dieu, elle conduit là où cesse l’activité humaine de l’esprit, quand celui-ci entre directement en contact avec Dieu.


Extrait, Hilarion Alfeyev, l’univers spirituel d’isaac le Syrien, spiritualité orientale, N° 76, abbaye de Bellefontaine. 207.

mercredi 6 janvier 2021

Le baptême selon saint Grégoire de Naziance

 Patriarche de Constantinople,                                                                                             Mc 1,7-11

docteur de l'Eglise, + 390


« Le Baptême est une splendeur pour les âmes,
un changement de vie,
le don fait à Dieu d’une conscience bonne.


Le baptême est le dépouillement de la chair,
l’obéissance à l’Esprit,
la communion au Verbe,
la restauration de la créature,
la purification du péché,
la participation à la Lumière,
la destruction des ténèbres.  

 

Le Baptême est un char qui nous conduit vers Dieu,
une mort avec le Christ,
l’appui de la foi,
la perfection de l’esprit,
la clef du Royaume des cieux,
le changement de la vie,
la fin de notre servitude,
la délivrance de nos liens,
la conversion de nos mœurs.

 
Le Baptême est le plus beau et le plus magnifique des dons de Dieu.  

Nous l’appelons don,  grâce,  baptême,  onction,  illumination,  vêtement
d’incorruptibilité,  bain de régénération,  sceau,  et tout ce qu’il y a de plus précieux.
Don, parce qu’il est conféré à ceux­ là qui n’apportent rien ;
grâce, parce qu’il est donné même à des coupables,
baptême, parce que le péché est enseveli dans l’eau ;
onction,  parce qu’il est sacré et royal (tels sont ceux qui sont oints),
illumination, parce qu’il est lumière éclatante ;
vêtement, parce qu’il voile notre honte ;
bain, parce qu’il lave ;
sceau, parce qu’il nous garde et qu’il est le signe de la seigneurie de Dieu.

Saint Grégoire de Naziance (Or. ; 40/3­4 – P.G. 36/361)