jeudi 26 janvier 2012

Garder la paix de l’âme




Saint Seraphim de Sarov
(en russe : Серафим Саровский) (1759-1833) est un moine chrétien orthodoxe. Vénéré comme saint par l'Église orthodoxe de Russie, il est fêté le 2 janvier.





« Plus que sur toute chose, veille sur ton cœur, c’est de lui que jaillissent les sources de la Vie », Prov 4,23. La garde vigilante du cœur va permettre à la pureté de naître et grandir dans le cœur, cette pureté qui fait accéder à la vision de Dieu. « Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu ».
Cherchons à garder la paix de l’âme, veillons à ne pas nous laisser troubler si nous sommes offensés par quelqu’un. Pour cela, il faut s’efforcer de retenir sa colère. Cet effort peut apporter le silence au cœur.
« J’ai été troublé et je n’ai point parlé », Ps 76,5. S’il n’est pas possible de ne pas se troubler, il faut essayer de garder sa langue.

Pour conserver la paix de l’âme, il faut éloigner de soi le découragement et s’efforcer d’avoir un esprit joyeux. « La tristesse en a perdu beaucoup, elle ne saurait apporter du profit », Si 30,23.
Pour conserver la paix de l’âme, il faut éviter de juger les autres. La paix de l’âme se garde par le non-jugement et le silence. C'est dans cette activité de veille intérieure que le cœur se prépare à recevoir les dons de la grâce. Il n’y a rien au-dessus de la paix en Christ ; dans la paix, tout combat est détruit : « Car ce n'est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes », Eph 6,12.

La paix de l’âme s’acquiert par bien des épreuves. « Nous sommes passés par le feu et par l'eau, puis tu nous as conduit au lieu du repos », Ps 65 (66), 12.

mercredi 18 janvier 2012

''Qu'ils soient un comme nous sommes un", Jn 17, 21.

Audience générale du 14 mars 2007. Texte original italien dans l’Osservatore Romano du 15 mars. Paru dans La Documentation Catholique n° 2378 du 15/04/2007, p. 359.

Saint Ignace fut le troisième évêque d’Antioche, de l’an 70 à l’an 107, date de son martyre. Rome, Alexandrie et Antioche étaient en ce temps-là les trois plus grandes métropoles de l’Empire romain. Saint Ignace était évêque d’Antioche, qui se trouve en Turquie actuelle. Et là, à Antioche, comme nous le savons par les Actes des Apôtres, se forma une communauté chrétienne florissante. Le premier évêque en fut l’apôtre Pierre, nous dit la tradition, et là encore, pour la première fois les disciples reçurent le nom de « chrétiens », Ac 11, 26.

Eusèbe de Césarée, un historien du IVe siècle, écrit : « Ignace fut envoyé de Syrie à Rome pour y être jeté en pâture aux bêtes féroces, à cause du témoignage qu’il avait rendu au Christ. Il exhortait à se garder des hérésies qui commençaient alors à pulluler, et il recommandait de ne pas s’éloigner de la tradition apostolique.




Mystique de l’unité

Il converge en Ignace deux « courants » spirituels : celui de Paul, tout tendu vers l’union au Christ, et celui de Jean, centré sur la vie en lui. Ces deux courants débouchent sur l’imitation du Christ. Ignace est impatient de « rejoindre le Christ ». Et il explique : « Il m’est bon de mourir pour m’unir au Christ, plutôt que de régner jusqu’aux limites de la terre. C’est lui que je cherche, qui est mort pour moi, c’est lui que je désire, qui est ressuscité pour nous (…). Laissez-moi être l’imitateur de la Passion de mon Dieu ! ».

Pour Ignace, l’unité est avant tout une prérogative de Dieu, qui, existant en trois Personnes, est Un dans une unité absolue. Ignace répète souvent que Dieu est unité, et qu’en Dieu seulement l’unité existe à l’état pur et originel. Celle que les chrétiens ont à réaliser sur cette terre n’est qu’une imitation, le plus possible conforme à l’archétype divin. « Il vous est bon, écrit-il par exemple aux chrétiens d’Éphèse, d’agir ensemble en accord avec la pensée de l’évêque, comme vous le faites déjà. En effet, votre collège de prêtres, digne de Dieu, est harmonieusement uni à l’évêque, comme les cordes à la cithare. Jésus-Christ est chanté par votre concorde et votre amour symphonique. Et ainsi vous-mêmes, un par un, devenez-vous un chœur, pour chanter d’une seule voix, dans l’harmonie et la concorde, après vous être mis à l’unisson avec le Dieu de l’unité ». Il recommande aux habitants de Smyrne de « ne pas entreprendre quoi que ce soit qui regarde l’Église sans l’évêque. Travaillez ensemble les uns pour les autres, luttez ensemble, courez ensemble, souffrez ensemble, dormez et veillez ensemble comme des ministres de Dieu, ses assesseurs et ses serviteurs. Cherchez à plaire à celui pour lequel vous militez et de qui vous recevez la récompense. Que personne de vous ne soit jamais déserteur. Que votre baptême demeure comme votre bouclier, la foi comme votre casque, la charité comme une lance, la patience comme une armure ».

Il apparaîtdans les lettres d’Ignace d'Antioche une sorte de dialectique constante et féconde entre deux aspects caractéristiques de la vie chrétienne : d’un côté, la structure hiérarchique de la communauté ecclésiale ; de l’autre, l’unité fondamentale qui lie entre eux tous les fidèles en Christ. Leurs rôles ne peuvent pas s’opposer. L’insistance sur la communion des croyants entre eux et avec leurs pasteurs est continuellement reformulée à travers des images et des comparaisons étonnantes : la cithare, les cordes, l’intonation, le concert, la symphonie.
Saint Ignace d'Antioche, le premier parmi les auteurs chrétiens, attribue à l’Église l’adjectif « catholique », c’est-à-dire « universelle ». « Là où est Jésus-Christ, affirme-t-il, là est l’Église catholique ».

vendredi 13 janvier 2012

Ambroise de Milan, Hymne Splendor paternae gloriae


Ambroise de Milan (339-397)
Hymne Splendor paternae gloriae

Ceux qui boivent en vérité connaissent l’ivresse, la sainte ivresse qui répand en nous la joie sans porter atteinte au regret du péché, la sainte ivresse qui affermit les pensées de l’âme sobre, la sainte ivresse qui verse en nous le don de la vie éternelle.
Bois le Christ, il est la Vigne.
Bois le Christ, il est la Source de vie,
il est le fleuve qui réjouit la Cité de Dieu…
Bois le Christ en buvant le sang de ta rédemption.
Bois le Christ en buvant sa Parole.

Que le Christ soit notre nourriture
Que la foi soit notre breuvage.
Joyeux, abreuvons-nous à la sobre ivresse de l’Esprit.

mardi 3 janvier 2012

Epiphanie 2011, Extraits de l'Homélie de Benoît XVI



fête de l'Epiphanie

Isaïe 60, 1-6,
Psaume 72 (71),
saint Paul Apôtre
aux Éphésiens 3, 3,2-3a.5-6





L'Epiphanie, la « manifestation » de notre Seigneur Jésus Christ, est un mystère multiforme. La tradition latine l'identifie avec la visite des mages à l'Enfant Jésus à Bethléem, et l'interprète donc surtout somme une révélation du Messie d'Israël aux peuples païens. La tradition orientale en revanche privilégie le moment du baptême de Jésus dans le fleuve du Jourdain, lorsqu'il se manifesta comme Fils unique du Père céleste, consacré par l'Esprit Saint. Mais l'Evangile de Jean invite à considérer comme « épiphanie » également les noces de Cana, où Jésus, changeant l'eau en vin, « manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui » (Jn 2, 11). Et que devrions-nous dire, chers frères, en particulier nous, prêtres de la nouvelle Alliance, qui chaque jour sommes témoins et ministres de l'« épiphanie » de Jésus Christ dans la sainte Eucharistie ? L'Eglise célèbre tous les mystères du Seigneur dans ce très saint et très humble Sacrement, dans lequel il révèle et cache en même temps sa gloire. « Adoro te devote, latens Deitas » - en adorant, prions ainsi avec saint Thomas d'Aquin.

… Les Pères de l'Eglise ont également vu dans ce singulier épisode raconté par saint Matthieu une sorte de « révolution » cosmologique, causée par l'entrée du Fils de Dieu dans le monde. Par exemple, saint Jean Chrysostome écrit : « Lorsque l'étoile parvint au-dessus de l'enfant, elle s'arrêta et cela ne pouvait être que le fait d'une puissance que les astres n'ont pas : c'est-à-dire, d'abord se cacher, puis apparaître à nouveau, et enfin, s'arrêter (Homélie sur l'Evangile de Mt, 7, 3). Saint Grégoire de Nazianze affirme que la naissance du Christ imprima aux astres de nouvelles orbites (cf. Poèmes dogmatiques, v, 53-64 : pg 37, 428-429). Ce qu'il faut bien sûr entendre au sens symbolique et théologique.
... Dans le Jésus terrestre se trouve le sommet de la création et de l'histoire, mais dans le Christ ressuscité, on va au-delà : le passage, à travers la mort, à la vie éternelle anticipe le point de la « récapitulation » de toute chose dans le Christ (cf. Ep 1, 10). Tout, en effet - écrit l'apôtre -, « a été créé par lui et pour lui » (Col 1, 16). Et c'est précisément avec la résurrection d'entre les morts, qu'il a obtenu « en tout la primauté » (Col 1, 18). Jésus lui-même l'affirme en apparaissant aux disciples après la résurrection : « Tout pouvoir m'a été donné au ciel et sur la terre » (Mt 28, 18). Cette conscience soutient le chemin de l'Eglise, Corps du Christ, le long des chemins de l'histoire. La puissance universelle du Christ s'exerce de manière particulière sur l'Eglise. Dieu « a tout mis sous ses pieds - lit-on dans la Lettre aux Ephésiens - et l'a constitué au sommet de tout, Tête pour l'Eglise, laquelle est son Corps, la Plénitude de Celui qui est rempli, tout en tout » (Ep 1, 22-23).

L'Epiphanie est la manifestation du Seigneur, et par conséquent elle est la manifestation de l'Eglise, parce qu'on ne peut pas séparer le Corps de la Tête. La première lecture d'aujourd'hui, tirée de ce que l'on appelle le Troisième Isaïe, nous offre la perspective exacte pour comprendre la réalité de l'Eglise, en tant que mystère de lumière réfléchie : « Debout ! - dit le prophète en s'adressant à Jérusalem - Resplendis ! car voici ta lumière, et sur toi se lève la gloire de Yahvé » (Is 60, 1). L'Eglise est une humanité éclairée, « baptisée » dans la gloire de Dieu, c'est-à-dire dans son amour, dans sa beauté, dans sa puissance. L'Eglise sait que son humanité, avec ses limites et ses faiblesses, met encore en relief l'œuvre de l'Esprit Saint. Elle ne peut se vanter de rien sinon en son Seigneur : ce n'est pas d'elle que provient la lumière, la gloire n'est pas la sienne. Mais c'est précisément là qu'est sa joie, que personne ne pourra lui ôter : être « signe et instrument » de Celui qui est « lumen gentium », lumière des peuples (cf. Conc. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 1).

http://mission.mepasie.org/rubriques/gauche/pretres-et-missionaires/homelies/extraits-de-lhomelie-de-benoit-xvi-pour-lepiphanie-2011