dimanche 30 avril 2023

Saint Jean Chrysostome (+ 407), L'envoi de l'autre Défenseur


 6ème dimanche de Pâques A



Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
14,15-21

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : "Si vous m'aimez, vous resterez fidèles à mes commandements."








Si vous m'aimez, vous resterez fidèles à mes commandements  Jn 14,15-18. Je vous ai donné ce commandement de vous aimer les uns les autres, de pratiquer entre vous ce que moi-même ai fait pour vous. C'est cela l'amour : obéir à ces commandements, et ressembler à celui que vous aimez. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur. Nouvelle parole, pleine de délicatesse. Parce que les disciples ne connaissaient pas encore le Christ d'une manière parfaite, on pouvait penser qu'ils regretteraient vivement sa société, ses entretiens, sa présence selon la chair, et que rien ne pourrait les consoler de son départ. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur, c'est-à-dire : un autre tel que moi.

C'est quand le Christ les eut purifiés par son sacrifice que l'Esprit Saint descendit en eux. Pourquoi n'est-il pas venu pendant que Jésus était avec eux ? Parce que le sacrifice n'avait pas été offert. C'est seulement lorsque le péché eut été enlevé et que les disciples furent envoyés affronter les périls du combat, qu'il leur fallut un entraîneur. Mais alors, pourquoi l'Esprit n'est-il pas venu aussitôt après la résurrection ? Afin qu'ayant un plus vif désir de le recevoir, ils l'accueillent avec une plus grande reconnaissance. Tandis que le Christ était avec eux, ils n'étaient pas affligés ; lorsqu'il fut parti, leur solitude les plongea dans une crainte profonde ; ils allaient donc accueillir l'Esprit avec beaucoup d'ardeur.

Il sera pour toujours avec vous. Cela signifie clairement qu’il ne vous quittera jamais. Il ne fallait pas qu'en entendant parler d'un Défenseur, ils imaginent une seconde incarnation et espèrent la voir de leurs yeux. Il rectifie donc leur pensée en disant : Le monde est incapable de le recevoir parce qu'il ne le voit pas. Car il ne sera pas avec vous de la même manière que moi, mais c'est dans vos âmes qu'il habitera, comme le signifient ces paroles : Il est en vous. Et il l'appelle l'Esprit de vérité parce qu'il leur fera connaître le vrai sens des préfigurations de la Loi ancienne.

Il sera pour toujours avec vous. Qu'est-ce que cela veut dire ? Ce qu'il dit de lui-même : Voici que je suis avec vous. Mais d'une façon différente, et il insinue que le Défenseur ne souffrira pas comme le Christ, et que lui ne vous quittera pas. Le monde est incapable de le recevoir parce qu'il ne le voit pas. Quoi donc ? Serait-il visible pour les autres ? Nullement. Il parle ici de la connaissance par l'esprit, puisqu'il ajoute aussitôt : Et ne le connaît pas. Nous savons qu'il emploie le mot "voir" au sens de connaissance très claire. Par "le monde" il entend ici les méchants, et c'est là un réconfort pour les disciples, que leur soit accordé un don de choix.

Il annonce un Défenseur autre que lui ; il affirme que ce Défenseur ne les quittera pas; il ajoute qu'il viendra uniquement pour eux, comme le Christ lui-même est venu. Il déclare enfin qu'il va demeurer en eux, mais ce n'est pas ainsi qu'il dissipe leur chagrin, car c'est lui qu'ils veulent, c'est sa compagnie. Et il dit pour les apaiser : Je ne vous laisserai pas orphelins, je reviens vers vous.

Ne craignez pas, dit-il. Si j'ai promis d'envoyer un autre Défenseur, ce n'est pas que je veuille vous abandonner pour toujours. En disant : Pour qu'il soit toujours avec vous, ce n'est pas en ce sens que je ne vous verrai plus. Car, moi aussi, je reviens vers vous, je ne vous laisserai pas orphelins.

Homélie 75, 1 ; PG 59, 403-405.

vendredi 21 avril 2023

Saint Grégoire le Grand, extrait sermon sur le bon pasteur

 






La Parabole du berger,
St Jean 10,1-20








En ce temps-là, Jésus dit aux pharisiens : «Je suis le Bon Pasteur". Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. Le mercenaire, celui qui n’est pas le pasteur, à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit. Et le loup les emporte et les disperse. Le mercenaire s’enfuit parce qu’il est mercenaire et qu’il ne se soucie pas des brebis.

«Je suis le Bon Pasteur; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père. Et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie; celles-là aussi, il faut que je les conduise; et elles écouteront ma voix, et il y aura une seule bergerie et un seul Pasteur.»

Vous avez entendu, frères très chers, l’instruction qui vous est adressée par la lecture d’Evangile ; vous avez entendu aussi le péril que nous courons. Voici en effet que celui qui est bon, non par une grâce accidentelle, mais par essence, déclare : «Je suis le Bon Pasteur.» Et nous donnant le modèle de la bonté que nous devons imiter, il ajoute : «Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis.» Il a fait ce qu’il nous a enseigné; il a montré ce qu’il nous a ordonné. Le Bon Pasteur a donné sa vie pour ses brebis au point de changer son corps et son sang en sacrement pour nous, et de rassasier par l’aliment de sa chair les brebis qu’il avait rachetées.

Il nous a tracé la voie du mépris de la mort, pour que nous la suivions; il a placé devant nous le modèle auquel nous devons nous conformer : dépenser d’abord nos biens extérieurs en toute charité pour les brebis du Seigneur, et si nécessaire, donner même à la fin notre vie pour elles. La première forme de générosité, qui est moindre, conduit à cette dernière, qui est plus élevée. Mais puisque l’âme, par laquelle nous vivons, est incomparablement supérieure aux biens terrestres que nous possédons au-dehors, comment celui qui ne donne pas de ses biens à ses brebis serait-il disposé à donner sa vie pour elles?

Car il en est qui ont plus d’amour pour les biens terrestres que pour les brebis, et qui perdent ainsi à bon droit le nom de pasteur. C’est d’eux que le texte ajoute aussitôt après : «Le mercenaire, celui qui n’est pas le pasteur, à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit.»
2. Il n’est pas appelé pasteur, mais mercenaire, celui qui fait paître les brebis du Seigneur, non parce qu’il les aime du fond du cœur, mais en vue de récompenses temporelles. Il est mercenaire, celui qui occupe la place du pasteur, mais ne cherche pas le profit des âmes. Il convoite avidement les avantages terrestres, se réjouit de l’honneur de sa charge, se repaît de profits temporels et se complaît dans le respect que lui accordent les hommes. Telles sont les récompenses du mercenaire : il trouve ici-bas le salaire qu’il désire pour la peine qu’il se donne dans sa charge de pasteur, et se prive ainsi pour l’avenir de l’héritage du troupeau.

Tant que n’arrive aucun malheur, on ne peut pas bien discerner s’il est pasteur ou mercenaire. En effet, au temps de la paix, le mercenaire garde ordinairement le troupeau tout comme un vrai pasteur. Mais l’arrivée du loup montre avec quelles dispositions chacun gardait le troupeau. Un loup se jette sur les brebis chaque fois qu’un homme injuste ou ravisseur opprime les fidèles et les humbles. Celui qui semblait être le pasteur, mais ne l’était pas, abandonne alors les brebis et s’enfuit, car craignant pour lui-même le danger qui vient du loup, il n’ose pas résister à son injuste entreprise. Il fuit, non en changeant de lieu, mais en refusant son assistance. Il fuit, du fait qu’il voit l’injustice et qu’il se tait. Il fuit, parce qu’il se cache dans le silence. C’est bien à propos que le prophète dit à de tels hommes : «Vous n’êtes pas montés contre l’ennemi, et vous n’avez pas construit de mur autour de la maison d’Israël pour tenir bon dans le combat au jour du Seigneur.»

Ez 13, 5. Monter contre l’ennemi, c’est s’opposer par la voix libre de la raison à tout homme puissant qui se conduit mal. Nous tenons bon au jour du Seigneur dans le combat pour la maison d’Israël, et nous construisons un mur, quand par l’autorité de la justice, nous défendons les fidèles innocents victimes de l’injustice des méchants. Et parce que le mercenaire n’agit pas ainsi, il s’enfuit lorsqu’il voit venir le loup.

3. Mais il y a un autre loup, qui ne cesse chaque jour de déchirer, non les corps, mais les âmes : c’est l’esprit malin. Il rôde en tendant des pièges autour du bercail des fidèles, et il cherche la mort des âmes. C’est de ce loup qu’il est question tout de suite après : «Et le loup emporte les brebis et les disperse.» Le loup vient et le mercenaire fuit, quand l’esprit malin déchire les âmes des fidèles par la tentation et que celui qui occupe la place du pasteur n’en a pas un soin attentif. Les âmes périssent, et il ne pense, lui, qu’à jouir de ses avantages terrestres. Le loup emporte les brebis et les disperse : il entraîne tel homme à la luxure, enflamme tel autre d’avarice, exalte tel autre par l’orgueil, jette tel autre dans la division par la colère; il excite celui-ci par l’envie, renverse celui-là en le trompant. Comme le loup disperse le troupeau, le diable fait mourir le peuple fidèle par les tentations.

Mais le mercenaire n’est enflammé d’aucun zèle ni animé d’aucune ferveur d’amour pour s’y opposer : ne recherchant en tout que ses avantages extérieurs, il n’a que négligence pour les dommages intérieurs du troupeau. Aussi le texte ajoute-t-il aussitôt : «Le mercenaire s’enfuit parce qu’il est mercenaire et qu’il ne se soucie pas des brebis.» En effet, la seule raison pour laquelle le mercenaire s’enfuit, c’est qu’il est mercenaire. C’est comme si l’on disait clairement : «Demeurer au milieu des brebis en danger est impossible à celui qui conduit les brebis, non par amour des brebis, mais par recherche de profits terrestres.» Car du fait qu’il s’attache aux honneurs et se complaît dans les avantages terrestres, le mercenaire hésite à s’opposer au danger, pour ne pas perdre ce qu’il aime.

Après nous avoir montré les fautes du faux pasteur, notre Rédempteur revient sur le modèle auquel nous devons nous conformer, quand il affirme : «Je suis le Bon Pasteur.» Et il ajoute : «Je connais mes brebis — c’est-à-dire : je les aime — et mes brebis me connaissent», comme pour dire clairement : «Elles me servent en m’aimant.» Car il ne connaît pas encore la Vérité, celui qui ne l’aime pas.

4. Maintenant que vous avez entendu, frères très chers, quel est notre péril, considérez également, dans les paroles du Seigneur, quel est le vôtre. Voyez si vous êtes de ses brebis, voyez si vous le connaissez, voyez si vous percevez la lumière de la Vérité. Précisons : si vous la percevez, non par la seule foi, mais par l’amour. Oui, précisons : si vous la percevez, non en vous contentant de croire, mais en agissant. En effet, le même évangéliste Jean qui parle dans l’évangile de ce jour déclare ailleurs : «Celui qui dit connaître Dieu, mais ne garde pas ses commandements, est un menteur.»,     1 Jn 2, 4. C’est pourquoi ici le Seigneur ajoute aussitôt : «Comme le Père me connaît et que je connais le Père. Et je donne ma vie pour mes brebis.» C’est comme s’il disait clairement : «Ce qui prouve que je connais le Père et que je suis connu du Père, c’est que je donne ma vie pour mes brebis ; je montre combien j’aime le Père par cette charité qui me fait mourir pour mes brebis.»

Mais parce qu’il était venu racheter, non seulement les Juifs, mais aussi les païens, il ajoute : «J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie ; celles-là aussi, il faut que je les conduise; et elles écouteront ma voix, et il y aura une seule bergerie et un seul Pasteur.» C’est notre rédemption à nous, venus des peuples païens, que le Seigneur avait en vue lorsqu’il parlait de conduire aussi d’autres brebis. Et cela, mes frères, vous pouvez en constater chaque jour la réalisation. C’est ce que vous voyez aujourd’hui accompli dans la réconciliation des païens. Il a pour ainsi dire constitué une seule bergerie avec deux troupeaux, en réunissant les peuples juif et païen dans une même foi en sa personne, comme l’atteste Paul par ces paroles : «Il est notre paix, lui qui des deux peuples n’en a fait qu’un.», Ep 2, 14. Il conduit les brebis à sa propre bergerie quand il choisit pour la vie éternelle des âmes simples de l’un et l’autre peuple.

5. C’est de ces brebis que le Seigneur dit ailleurs : «Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles me suivent, et je leur donne la vie éternelle.», Jn 10, 27-28. C’est d’elles qu’il déclare un peu plus haut : «Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé, et il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages.», Jn 10, 9. Il entrera en venant à la foi ; il sortira en passant de la foi à la vision face à face, de la croyance à la contemplation; et il trouvera pour s’y rassasier des pâturages d’éternité. Les brebis du Seigneur trouvent des pâturages, puisque tous ceux qui le suivent d’un cœur simple se rassasient en pâturant dans des prairies éternellement vertes. Et quels sont les pâturages de ces brebis, sinon les joies intérieures d’un paradis à jamais verdoyant ? Car les pâturages des élus sont la présence du visage de Dieu, dont une contemplation ininterrompue rassasie indéfiniment l’âme d’un aliment de vie. Ceux qui ont échappé aux pièges du plaisir fugitif goûtent, dans ces pâturages, la joie d’un éternel rassasiement.

Là les chœurs des anges chantent des hymnes ; là sont réunis les citoyens du Ciel. Là se célèbre une fête solennelle et douce pour ceux qui reviennent de ce triste et pénible exil terrestre. Là  se
rencontrent les chœurs des prophètes qui ont prévu l’avenir ; là siège pour juger le groupe des apôtres; là est couronnée l’armée victorieuse des innombrables martyrs, d’autant plus joyeuse là-haut qu’elle a été plus cruellement éprouvée ici-bas ; là, les confesseurs sont consolés de leur constance par la récompense qu’ils reçoivent; là se rencontrent les hommes fidèles dont les voluptés du monde n’ont pu amollir la robuste virilité, là les saintes femmes qui, outre le monde, ont vaincu la faiblesse de leur sexe, là les enfants qui ont devancé le nombre des années par la maturité de leurs mœurs, là enfin les vieillards que l’âge a rendus si faibles, sans pourtant leur faire perdre le cœur à l’ouvrage.


6. Recherchons donc, frères très chers, ces pâturages où nous partagerons la fête et la joie de tels concitoyens. Le bonheur même de ceux qui s’y réjouissent nous y invite. N’est-il pas vrai que si le peuple organisait quelque part une grande foire, ou qu’il accourait à l’annonce de la dédicace solennelle d’une église, nous nous empresserions de nous retrouver tous ensemble ? Chacun ferait tout pour y être présent, et croirait avoir beaucoup perdu s’il n’avait eu le spectacle de l’allégresse commune. Or voici que dans la cité céleste, les élus sont dans l’allégresse et se félicitent à l’envi au sein de leur réunion; et cependant, nous demeurons tièdes quand il s’agit d’aimer l’éternité, nous ne brûlons d’aucun désir, et nous ne cherchons pas à prendre part à une fête si magnifique. Et privés de ces joies, nous sommes contents ! Réveillons donc nos âmes, mes frères ! Que notre foi se réchauffe pour ce qu’elle a cru, et que nos désirs s’enflamment pour les biens d’en haut : les aimer, c’est déjà y aller.
Ne laissons aucune épreuve nous détourner de la joie de cette fête intérieure : lorsqu’on désire se rendre à un endroit donné, la difficulté de la route, quelle qu’elle soit, ne peut détourner de ce désir. Ne nous laissons pas non plus séduire par les caresses des réussites. Combien sot, en effet, est le voyageur qui, remarquant d’agréables prairies sur son chemin, oublie d’aller où il voulait. Que notre âme ne respire donc plus que du désir de la patrie céleste, qu’elle ne convoite plus rien en ce monde, puisqu’il lui faudra assurément l’abandonner bien vite. Ainsi, étant de vraies brebis du céleste Pasteur, et ne nous attardant pas aux plaisirs de la route, nous pourrons, une fois arrivés, nous rassasier dans les pâturages éternels.

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St Grégoire le Grand, pélerin Emmaüs

 

Comme forme de compassion, Grégoire loue l’hospitalité.
En écoutant Jésus leur parler des Écritures tout au long du chemin, les disciples d’Emmaüs n’ont pas été illuminés.


Ils n’ont été illuminés qu’en exerçant la charité.
La compassion est la vertu de celui qui se trouve dans une position privilégiée par rapport à un prochain souffrant, ou dans la gêne.

Patrick CATRY, o.s.b. Amour chez saint Grégoire le grand, Bellefontaine, vie monastique n°17.



Grégoire le Grand, homélie 23,


 

 Saint Jean 24,35-48., 3 ème dimanche de Pâques

Lecture de Saint Grégoire le grand (+604)

Ils l’avaient reconnu lors de la fraction du pain

Les deux disciples se sont accompagnés mutuellement. Ils étaient non croyants, et malgré cela, ils conversaient entre eux à propos du Seigneur. 

 

Et voilà qu’il est venu faire route avec eux ; ils ne l’ont pas reconnu. Le seigneur dévoilait pour eux ce qui se déroulait dans leurs cœurs. Les deux disciples avaient des sentiments divisés entre l’amour et le doute. Alors, le Seigneur s’approcha deux, mais il ne s’est pas fait reconnaître. Il a offert sa présence à ces deux hommes qui parlaient de lui, mais il a caché son vrai visage, eux-mêmes ayant douté de lui. Il leur a parlé, puis les a réprimandés à cause de la dureté de leurs cœurs. Il leur a dévoilé les mystères se trouvant dans la Bible qui parlent de lui. Puis, il fit semblant d’aller plus loin, car il était toujours étranger à leur foi. Si la vérité a admis cela, c’est en raison de sa simplicité, à double titre

 

 : elle apparaissait aux yeux des disciples tout comme elle était présente dans leurs esprits. Puis le Seigneur a voulu voir s’ils l’aimaient comme ami dans l’apparence d’un étranger, même sans le reconnaître comme Dieu. Mais la charité n’était pas étrangère à ceux qui marchaient avec la vérité. Ils l’ont invité à rester chez eux, comme tout étranger est invité. Est-ce que nous pouvons moins parler de cette invitation ? Le livre dit : « Ils le pressèrent ", Lc 24,29. La charité nous enseigne, par cette histoire, que notre invitation doit être pressante, pour que les étrangers entrent sous notre toit.

Ils ont préparé la table et la nourriture ; ainsi, ils ont découvert Dieu par la fraction du pain, mais ils ne l’ont pas reconnu lorsqu’il s’exprimait. Ils n’ont pas été illuminés par l’écoute des commandements divins, mais par leur pratique : car « Ce ne sont pas ceux qui écoutent la Loi qui sont justes devant Dieu, mais ceux qui la mettent en pratique seront justifiés », Rm 2,13.

Si quelqu’un veut comprendre ce qu’il a entendu, qu’il l’applique selon sa mémoire. Le Seigneur ne fut pas reconnu quand il a parlé, mais il s’est fait connaître quand on lui a servi la nourriture.

Chers frères et sœurs, aimons l’hôte. Aimons la charité. A ce propos, Saint Paul nous a dit : « Que l’amour fraternel demeure. N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir ont accueilli des anges », He 13,1-2. Et Saint Pierre dit : « Pratiquez hospitalité les uns envers les autres, sans murmurer », 1 P 4,9. Et la vérité même nous parle de la charité : « J’étais étranger et vous m’avez accueilli… Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait », Mt 25,40.

Malgré cela, mes frères et sœurs, nous sommes paresseux dans la pratique de la vertu de l’hospitalité. Il faudrait donner à cette vertu sa bonne place ; ainsi le Christ viendra à notre table, et nous serons accueillis dans le festin éternel.

Si nous accueillons le Christ présent chez l’étranger, il ne nous niera pas le jour du jugement, mais il nous acceptera comme frères dans son Royaume.

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dimanche 9 avril 2023

Basile de Séleucie, Jésus entre toutes portes closes

 Saint Jean 20,19-31 2ème dimanche de Pâques


Jésus entre toutes portes closes 

Ceux qui doutaient de sa Résurrection, sont alors frappés de stupeur. Mais Thomas, alors absent, demeure incrédule. Thomas désire voir Jésus de ses propres yeux. L’impatience le brûle quand il dit : - Si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son flanc, je ne croirai pas. Il veut être lui-même témoin du Seigneur. Et le Seigneur réapparaît, il dissipe la tristesse de son disciple et vient combler son attente : Jésus entre toutes portes closes.


Cet exploit inouï confirme sa résurrection inouïe. - Mets ton doigt dans la marque des clous, dit-il à son disciple Thomas. Je connais ton désir. Je sais ce que tu penses. Je connais tes doutes, et je t’ai fait attendre, pour mieux regarder ton impatience. - Mets ton doigt dans la marque des clous, mets ta main dans mon flanc, et ne sois plus incrédule, mais crois.

Alors Thomas le touche, toute sa défiance tombe, et comblé d’une foi sincère et de tout l’amour que l’on doit à son Dieu, il s’écrie : - Mon Seigneur et mon Dieu ! Et le Seigneur lui dit : - Parce que tu m’as vu, tu as cru ; heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru !

Thomas, porte la nouvelle de ma résurrection à ceux qui ne m’ont point vu. Dis-leur qu’ils sont appelés par grâce, et contemple leur foi. - Heureux en vérité ceux qui n’ont pas vu et ont cru !

Telles sont les oeuvres de la grâce et la moisson de l’Esprit.

Ils ont suivi le Christ sans l’avoir vu, ils l’ont cherché et ils ont cru.

Ils l’ont reconnu avec les yeux de la foi, non les yeux du corps.

Ils n’ont pas mis leurs doigts dans les marques des clous, mais, par la grâce, ils se sont attachés au Christ et ils ont fait leur cette parole du Seigneur :

- Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru !


in Monique-Anne Giroux, Les chemins de la grâce, Collection Orantes de l'Assomption

jeudi 6 avril 2023

Saint Éphrem « Jésus, notre Seigneur, le Christ, nous a illuminés de Sa joyeuse Lumière »

 

La Prière de :  

Saint Éphrem « Jésus, notre Seigneur, le Christ, nous a illuminés de Sa joyeuse Lumière »

« Jésus, notre Seigneur, le Christ, nous est apparu du sein de son Père.

 Il est venu et nous a tirés des ténèbres et nous a illuminés de Sa joyeuse Lumière.

Le jour s’est levé pour les hommes ; la puissance des ténèbres est chassée.

De sa Lumière s’est levée pour nous une Lumière qui a éclairé nos yeux obscurcis.

Il a fait lever Sa gloire sur le monde et a éclairé les plus profonds abîmes.

La mort est anéantie, les ténèbres ont pris fin, les portes de l’enfer sont en pièces.


Il a illuminé toutes les créatures, ténèbres depuis les temps anciens.

Il a réalisé le salut

et nous a donné la vie ;

ensuite il viendra dans la gloire et il éclairera les yeux de tous ceux qui l’auront attendu.

Notre Roi vient dans Sa grande gloire :

allumons nos lampes, sortons à Sa rencontre Mt 25,6 ;

réjouissons-nous en Lui comme Il s’est réjoui en nous et nous réjouit par sa glorieuse Lumière.

Mes frères, levez-vous, préparez-vous pour rendre grâce à notre Roi et Sauveur qui viendra dans Sa gloire et nous réjouira de Sa joyeuse lumière dans le Royaume. Amen. »

 

Voici une Prière extraite d’un Hymne sur la Résurrection « Jésus, notre Seigneur, le Christ, nous a illuminés de Sa joyeuse Lumière » de Saint Éphrem le Syrien de Nisibe (306-373), Diacre et Docteur de l'Eglise, Grand Théologien et chantre des Eglises de langue syriaque du IVe siècle.

https://site-catholique.fr/index.php?post/Hymne-de-Saint-Ephrem-sur-la-Resurrection

Saint Jean Chrysostome, Pâques et résurrection, jour de Paques

 


« Que tout homme pieux et ami de Dieu jouisse de cette belle et lumineuse solennité !

Que tout serviteur fidèle entre avec allégresse dans la joie de son Seigneur ! Mt 25,21.



Celui qui a porté le poids du jeûne, qu’il vienne maintenant toucher son denier.

Celui qui a travaillé depuis la première heure, qu’il reçoive aujourd’hui le juste salaire.

Celui qui est venu après la troisième heure, qu’il célèbre cette fête dans l’action de grâces. Celui qui est arrivé après la sixième heure, qu’il n’ait aucun doute, il ne sera pas lésé.

Si quelqu’un a tardé jusqu’à la neuvième heure, qu’il approche sans hésiter.

S’il en est un qui a traîné jusqu’à la onzième heure, qu’il n’ait pas honte de sa tiédeur, car le Maître est généreux, il reçoit le dernier comme le premier ; il accorde le repos à l’ouvrier de la onzième heure comme à celui de la première ; il fait miséricorde à celui-là, et comble celui-ci. Il donne à l’un, il fait grâce à l’autre. Mt 20,1-16. Il accueille les pauvres et reçoit avec tendresse la bonne volonté ; il honore l’action et loue le bon propos.


Ainsi donc, entrez tous dans la joie du Seigneur !

Premiers et derniers, recevez la récompense.

Riches et pauvres, chantez en cœur tous ensemble.

Les vigilants comme les nonchalants, honorez ce jour.

Vous qui avez jeûné, et vous qui n’avez pas jeûné, réjouissez-vous aujourd’hui. La table est préparée, mangez-en tous, Mt 22,4 ; le veau gras est servi, que nul ne s’en retourne à jeun, Lc 15,23 . Jouissez tous du banquet de la foi, au trésor de la bonté.

Que nul ne déplore sa pauvreté, car le Royaume est apparu pour tous.

Que nul se lamente de ses fautes, car le pardon a jailli du tombeau.

Que nul ne craigne la mort, car la mort du Sauveur nous en a libérés.

Il a détruit la mort, celui que la mort avait étreint ;

il a dépouillé l’enfer, celui qui est descendu aux enfers.

Il a rempli l’enfer d’amertume, pour avoir goûté de sa chair.

Isaïe l’avait prédit en disant :

« L’enfer fut rempli d’amertume lorsqu’il t’a rencontré », Is 14,9.

L’enfer est rempli d’amertume, car il a été joué ;

bouleversé, car il a été enchaîné ;

bouleversé, car il a été mis à mort ;

bouleversé, car il a été anéanti ; consterné, car il a saisi un corps et s’est trouvé devant Dieu. Il a pris la terre et a rencontré le ciel ;

il a saisi ce qu’il voyait, et il est tombé sur celui qu’il ne voyait pas.

Ô mort, où est ton aiguillon ?

Enfer, où est ta victoire, 1 Co 15,55 ?

 

Christ est ressuscité et tu as été terrassée ;

Christ est ressuscité et les démons sont tombés ;

Christ est ressuscité et les anges sont dans la joie ;

Christ est ressuscité et voici que règne la vie.

Christ est ressuscité et il n’est plus de morts dans les tombeaux ; car le Christ est ressuscité des morts, prémices de ceux qui se sont endormis, 1 Co 15,20. À lui gloire et puissance dans les siècles des siècles ! Amen. »

 DIMANCHE DE PÂQUESHOMELIE DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME POUR LE JOUR DE PÂQUESHOMELIESJEAN CHRYSOSTOME (SAINT ; 344/349-407)JEAN CHRYSOSTOME (SAINT ; ? - 407 AP. J.-C.)PÂQUESRESURRECTION

Monique-Anne Giroux, Or.A., du silence à la joie de prier à la lumière de Pâques

 


Une hymne de Carême nous invite à « veiller et prier dans l'attente du jour". La liturgie nous entraîne dans le cycle de la Vie, où tout recommence et se renouvelle d'âge en âge, dans une conscience qui se réveille peu à peu à la présence de l’Éternel, à la vie de celui qui est, qui était et qui vient. Joies et peines rythment nos vies. Dans l'attente, l’absence et le manque dans ces grands silences, nous recherchons ton souffle créateur. « Le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux » (Gn 1, 2). Monique-Anne Giroux 



 Seigneur, je contemple les silences qui ont communiqué ta vie.
Après le silence de la nuit à Bethléem et celui de ta jeunesse vécue à Nazareth, tu as pris la parole :
« Jésus se leva pour faire la lecture... “L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres”.
Sans tarder, tu as dû faire face aux esprits, aux tempêtes, aux incompréhensions de tes amis. « Un homme de la ville, possédé par des démons, vint à sa rencontre » (Lc 8, 27).
« Les vagues se jetaient sur la barque... Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : “Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien?” » (Mc 4, 37. 38). Poursuivi, finalement jugé, tu t’es tu.

Dans le silence et la prière
« Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche » (Is 53, 7). « Le grand prêtre lui dit : “Tu ne réponds rien?” » (Mt 26, 62-63).
Tu a prié dans la nuit et le silence de ta solitude à Gethsémani. « Jésus priait... Il rejoignit ses
disciples qu’il trouva endormis, accablés de tristesse » (Lc 22, 44. 46).

Sur la Croix, tu priais.
« Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34).
Et là, tu as trouvé un frère, crucifié avec toi.
« Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis » (Lc 23, 43).
« Il y avait un tombeau neuf... C’est là qu’ils déposèrent Jésus » (Jn 19, 41. 42).

Le tombeau s’est refermé.
Tout semble vide, perdu dans le silence de la séparation et le désarroi devant la perte d’un être cher. Nous manquons de paroles pour aider nos proches eux-mêmes.
Dans la prière, quand tout paraît inhabité, nous percevons ton silence comme une absence. Nous veillons dans la nuit, nous cherchons ta présence. Paroles et silences tissent nos prières, nos rencontres et nos partages. Le silence peut être pesant, il peut aussi créer un espace où tout peut être
dit, entendu, sans condamnation. Ouvert à l’espérance, il peut être promesse d’une nouvelle naissance.
« Amen, je te le dis : à moins de naître d’en haut, on ne
peut voir le royaume de Dieu » (Jn 3, 3).
L’homélie ancienne du Samedi saint exprime ce silence
qui ouvre à l’espérance :
« Que se passe-t-il ?  “Aujourd’hui grand silence sur la terre – et ensuite solitude – parce que Dieu s’est endormi
dans la chair. Il veut visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. C’est vers l’homme captif que Dieu se dirige pour le délivrer. Il le relève :
“C’est moi qui, pour toi, te parle maintenant... Éveille-toi, relève-toi, sois illuminé.” »
Tissé de paroles et de silences, ton langage m’invite à faire silence pour écouter le langage de la Révélation. C’est dansle silence, la solitude et la nuit, que se réalise le triomphe
de ta Résurrection, la victoire de Dieu sur le péché, expression de la totale union entre Jésus et son Père.

Notre cœur n’est-il pas tout brûlant lorsque nous te reconnaissons dans ta Parole... Fais-toi reconnaître dans les situations que nous vivons (cf. Lc 24, 13-35). Ton peuple se souvient du passage de la mer Rouge, de sa longue marche au désert. En ce soir où le feu flamboie, Seigneur, embrase nos cœurs au feu de ton amour.

Et notre joie éclate en cette nuit de Pâques
« Nous te louons, splendeur du Père. Jésus, Fils de Dieu.
Qu’éclate dans le ciel la joie des anges, qu’éclate de partout la joie du monde, qu’éclate dans l’Église la joie des fils de Dieu, La lumière éclaire l’Église, la lumière éclaire la terre, peuples, chantez... Demain se lèvera l’aube nouvelle d’un monde rajeuni dans la Pâque de ton Fils! Et que règnent la
Paix, la Justice et l’Amour, et que passent tous les hommes de cette terre à ta grande maison, par Jésus Christ! »
Tout est allégresse en cette nuit de Pâques. La chasuble blanche ou dorée symbolise la joie de la lumière, le cierge pascal va rester allumé jusqu'à la Pentecôte pour rappeler la présence du Christ. Les flammes de nos cierges scintillent.

« Je suis la lumière du monde. Qui me suit aura la lumière de la Vie» (Jn 8, 12).
Seigneur je te rends grâce pour ton œuvre que tu poursuis.
Tu renouvelles ton alliance avec ton peuple.
Tu te fais proche de chacun de nous.
Tu te fais reconnaître à Marie de Magdala désemparée et
tu l’envoies auprès des disciples (cf. Jn 20, 11-18).
Tu te révèles à tes disciples et tu les envoies en leur communiquant ton Esprit Saint (cf. Jn 20, 19-23).
Tu confirmes Thomas dans sa foi, et tu l’invites à croire sans voir (cf. Jn 20, 24-29).
Tu te manifestes lors de la pêche miraculeuse et le partage du repas (cf. Jn 21, 1-14).
Tu apparais aux onze disciples (cf. Lc 24, 36-50).
Tu confies à Pierre sa mission (cf. Jn 21, 15-19).
Et ton œuvre se déploie sans fin : « Jésus a fait encore bien d’autres choses, et si on les écrivait une à une, le monde entier ne pourrait, je pense contenir le livre qu’on écrirait, Jn 21.25.


UNE PRIERE

La nuit a été longue, et nous avons péché
toute la nuit sans rien prendre.

Le matin, tu apparais incognito sur le rivage,
sur ton appel, nous jetons les filets.

Les poissons sont abondants,
et Pierre te reconnaît.

Donne-nous d’écouter ta parole,
de la mettre en pratique, de chercher
ta présence sans jamais nous lasser,

Et de savoir la manifester à tous,
dans une foi renouvelée.

L’aurore pointe. La nuit devient lumière.
La lumière brille sur le monde et le transfigure.
La vie jaillit en nos cœurs. Tout renaît
et chante la gloire de Dieu. Le Christ a vaincu
la mort, il a tiré les morts à la vie.

Ta parole nous rejoint et nous entraîne
dans ce passage de nos ombres vers
ta lumière de Ressuscité.

Que tous bénissent ton Nom, à jamais.

Saint Ephrem, La croix rend la lumière à l'univers entier

 



Désormais, par la croix, les ombres sont dissipées et la vérité se lève, comme nous le dit l'apôtre Jean :

« L'ancien monde est passé, toutes choses sont nouvelles » Ap 21,4-5.

 

La mort est dépouillée, l'enfer livre ses captifs, l'homme est libre, le Seigneur règne, la création est dans la joie.

La croix triomphe et toutes les nations, tribus, langues et peuples, Ap 7,9 viennent pour l'adorer. Avec le bienheureux Paul qui s'écrie : 

« Loin de moi la pensée de trouver ma gloire ailleurs que dans la croix de Jésus Christ notre Seigneur » Ga 6,14, nous trouvons en elle notre joie.

La croix rend la lumière à l'univers entier, elle chasse les ténèbres et rassemble les nations de l'Occident, de l'Orient, du Nord et de la mer en une seule Église, une seule foi, un seul baptême dans la charité. Elle se dresse au centre du monde, fixée sur le Calvaire.

Armés de la croix, les apôtres s'en vont prêcher et rassembler dans son adoration tout l'univers, foulant aux pieds toute puissance hostile. Par elle, les martyrs ont confessé la foi avec audace et n'ont pas craint les ruses des tyrans. S'en étant chargés, les moines, dans une immense joie, ont fait de la solitude leur séjour.

Lors du retour du Christ, cette croix paraîtra d'abord dans le ciel, sceptre précieux, vivant, véritable et saint du Grand Roi : 

« Alors, dit le Seigneur, apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l'homme » Mt 24,30

Nous la verrons, escortée par les anges, illuminant la terre, d'un bout de l'univers à l'autre, plus claire que le soleil, annonçant le Jour du Seigneur. »

Homélie attribuée à Saint Ephrem (v.306-373), Trad. Bouchet, Lectionnaire, p.181.

Saint Jean Chrysostome, IVème siècle, extrait homélie 50, jeudi saint,

 

La table sur laquelle Jésus-Christ fit la cène avec ses disciples n’était pas d’argent, et le calice dans lequel il leur donna son sang divin, n’était pas d’or. Cependant tout y était précieux et digne d’un profond respect, parce que tout y était plein du Saint-Esprit.


Tu veux honorer le Corps du Christ ? Ne le méprise pas quand il est nu.

Ne l’honore pas ici, dans l’église, par des tissus de soie alors que tu le laisses dehors souffrir du froid et sans vêtements. Car celui qui a dit : « ceci est mon Corps » et l’a réalisé en le disant est aussi celui qui a dit : « Vous m’avez vu avoir faim, mais sans me donner à manger », et : « Chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait ».

Ici le Corps du Christ n’a pas besoin de vêtements, mais d’âmes pures ; là-bas il a besoin de beaucoup de sollicitude. Apprenons donc, mes frères, à traiter sagement de si grands mystères, et honorons Jésus-Christ comme il veut être honoré de nous.

Le culte le plus agréable que nous puissions rendre à celui que nous voulons honorer, c’est le culte qu’il choisit lui-même et qu’il aime, et non celui que nous choisissons.

Saint Pierre prétendait autrefois honorer Jésus-Christ en l’empêchant de lui laver les pieds ; mais il le déshonorait plus qu’il ne l’honorait par sa résistance.

Honorez-le donc aussi de la manière qu’il désire, c’est-à-dire en lui donnant l’aumône dans la personne des pauvres.

Dieu, comme je vous l’ai déjà dit, ne cherche point des vases d’argent, mais des âmes d’or.

Ayez soin d’assister les pauvres. Croyez donc que c’est là le jugement que Jésus Christ porte de vous, lorsque vous parez son autel, et que vous négligez d’assister les pauvres. Il est pauvre et étranger. Il va de porte en porte demander de quoi vivre.

A quoi lui sert cette magnificence, lorsque vous le laissez gémir dans une prison, sans même aller le visiter ?

Lors donc que vous ornez vos temples, ne méprisez pas les pauvres, qui sont des temples bien plus excellents.

Que dit Jésus-Christ lui-même ?

Vous aurez « toujours des pauvres avec vous, mais vous ne m’aurez pas toujours », Mt 26, 12.

 C’est ce qui me porte à vous dire que nous devons avoir un soin particulier de faire ici l’aumône à Jésus-Christ, parce que nous ne l’aurons pas toujours en cette qualité de pauvre, mais seulement pendant cette vie.

Si vous voulez en passant savoir le sens de cette parole, le voici. Il n’adresse pas ces paroles à ses disciples, quoiqu’il semble le faire, mais il le dit à cause de la faiblesse de cette femme qui venait de répandre un parfum sur sa tête. Comme elle était encore imparfaite, et qu’elle voyait les disciples murmurer contre elle, Jésus-Christ dit cette parole pour l’empêcher de se troubler, et comme pour la consoler. C’est pourquoi il dit : « Pourquoi inquiétez-vous cette femme ? ». Considérons ceci, mes frères, et semons nos biens sur les pauvres avec abondance, afin de moissonner avec fruit les biens éternels qui nous sont promis, par la grâce et la miséricorde de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui est la gloire dans tous les siècles des siècles.

Saint Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople et Père de l’Eglise (IVe siècle) Extrait de l’homélie 50, 3-4 sur Mt 14, 23-36

Sévérien de Gabala (+ vers 400), Le Dieu qui s'abaisse

Le monde visible proclame la bonté de Dieu, mais rien ne la proclame aussi clairement que la venue de Dieu parmi les hommes. Ainsi, celui qui était dans la condition de Dieu a pris la condition de serviteur. Il n'a pas rabaissé sa dignité, mais magnifié son amour pour les hommes. Et le mystère redoutable qui s'accomplit aujourd'hui nous fait voir les conséquences de cet abaissement. Mais de quel événement faisons-nous mémoire aujourd'hui ? Le Sauveur a lavé les pieds de ses disciples.


Vraiment, en assumant tous les traits de notre humanité, le Maître de l'univers a revêtu la condition de serviteur, et il l'a fait d'une manière très caractéristique de l'action de Dieu dans l'Incarnation, lorsqu'il se leva de table, Jn 13,4. Celui qui pourvoit à la subsistance de tous les êtres sous le ciel était assis à table parmi ses Apôtres, le Maître parmi les esclaves, la source de la sagesse parmi les ignorants, le Verbe parmi des hommes sans instruction, l'auteur de la sagesse parmi des illettrés. Celui qui donne à tous leur nourriture prenait sa nourriture à la même table que ses disciples, et celui qui procure la subsistance à l'univers recevait lui-même sa subsistance.

Et il ne se contenta pas de faire à ses serviteurs l'immense faveur de se mettre à table avec eux. Pierre, Matthieu et Philippe, hommes de cette terre, étaient à table avec lui : Michel, Gabriel et toute l'armée des anges se tenaient à ses côtés. Combien cela est admirable ! Les anges se tenaient près de lui avec crainte, les disciples étaient à table avec lui dans la plus grande familiarité.

Et cette merveille ne lui suffit pas, mais, dit l'évangile, il se leva de table. Celui qui est drapé du manteau de la lumière, Ps 103,2 était revêtu d'un manteau ; celui qui ceint le ciel de nuées se noua un linge à la ceinture ; celui qui fait couler l'eau des lacs et des fleuves versa de l'eau dans un bassin. Lui, devant qui tout s'agenouille aux cieux, sur terre et dans l'abîme, lava, à genoux, les pieds de ses disciples.


Le Seigneur de l'univers lava les pieds de ses disciples. Il n'offensa pas sa dignité, mais montra son immense amour pour les hommes. Pourtant, quelque immense que fût cet amour, Pierre n'oublia pas la majesté du Seigneur. Aussi bien, l'homme que son ardeur portait toujours à croire, fut également prompt à reconnaître l'exacte vérité. Les autres disciples, non par indifférence mais par crainte, laissèrent le Seigneur leur laver les pieds, et ne trouvèrent rien à redire. Mais le respect empêcha Pierre de le laisser faire, et il dit: Toi, Seigneur, tu veux me laver les pieds! Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! Jn 13,8.

Pierre parla avec beaucoup de rudesse. Il jugeait bien, mais, ignorant la façon dont Dieu agit, c'est par esprit de foi qu'il refusa ; puis il obéit de bon coeur. Vraiment, le fidèle chrétien doit se comporter ainsi ; il ne doit pas s'obstiner dans ses décisions, mais céder à la volonté de Dieu. Car, si Pierre a exprimé son opinion d'une manière tout humaine, il s'est repenti par amour de Dieu.

Quand le Sauveur constata la résistance tenace de son âme, résistance plus forte que n'importe quelle enclume, il lui dit : Amen, je te le dis : Si je ne te lave pas, tu n'auras point de part avec moi, Jn 13,8. Considère attentivement combien l'affaire était grave, et comment le Sauveur brisa la résistance de Pierre. Se montrant plus rude que lui, il le rabroua d'un ton cassant ; il exclut Pierre de sa compagnie pour faire triompher la volonté de Dieu sur l'obstination humaine.

Dès lors, Pierre, l'homme bon et admirable, prompt à exprimer son opinion, fut également prompt à se repentir. Ayant senti la dureté des paroles qui lui étaient adressées, il se montra absolu dans son repentir, et dit : Pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête, Jn 13,9. Purifie-moi tout entier, lave-moi complètement, afin que je puisse dire aussi avec David : Lave-moi, je serai blanc plus que neige, Ps 50,9. Mais le Sauveur lui répondit : Celui qui vient de se baigner n'a besoin que de se laver les pieds, Jn 13,10.

Et pourquoi leur a-t-il lavé uniquement les pieds ? C'est en raison des voyages que devaient faire les Apôtres. En lavant leurs pieds, non seulement il les a nettoyés, mais il a encore affermi les pas des saints. Cette belle ablution des pieds, Isaïe l'avait vue bien des siècles auparavant. Sachant qu'elle n'était pas une ablution humaine mais une divine purification, il avait proclamé d'une voix éclatante : Qu'ils sont beaux, les pieds des messagers de la bonne nouvelle, des messagers de paix, Is 52,7 ! Le Sauveur a touché leurs pieds, faits de limon, pour les rendre forts, car ils devaient parcourir toute la terre qui est sous le ciel.

Homélie sur le lavement des pieds, publiée par A. wenger, dans Revue des Études byzantines, 1967, pp. 227-229.

http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/jy4.htm#bf