Homélie de saint Grégoire de Nysse (+ 395), Prier
Évangile
de Jésus Christ selon saint Luc 18,1-8
Jésus
dit une parabole pour montrer à ses disciples qu'il faut toujours
prier sans se décourager : "Il y avait dans une ville un juge
qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes. Dans cette même
ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : 'Rends-moi
justice contre mon adversaire.'"
Le Verbe de Dieu nous
livre ses enseignements sur la prière lorsqu'il apprend aux
disciples qui en sont dignes et qui cherchent avec ferveur à s'en
instruire, avec quelles paroles il convient de prier pour se faire
entendre de Dieu. Au contraire, celui qui ne s'unit pas à Dieu par
la prière, se détachera de lui. Ce discours devra donc nous faire
comprendre en premier lieu qu'il
faut toujours prier sans se décourager, Lc
18,1.
Car la prière a pour effet d'unir l'homme à Dieu, et celui qui est
en communion avec Dieu est loin de l'Adversaire.
La prière
sauvegarde la tempérance, maîtrise la colère, abat l'orgueil,
extirpe la rancune. La prière est le sceau de la virginité et la
fidélité du mariage. Elle est le bouclier des voyageurs, la garde
de ceux qui dorment, la confiance de ceux qui veillent, la prospérité
des agriculteurs, la sécurité des navigateurs.
Vraiment,
quand bien même nous passerions toute notre vie à converser avec
Dieu dans la prière et l'action de grâce, nous resterions, je
crois, aussi indignes de cet échange avec notre bienfaiteur que si
nous n'avions même pas conçu le désir de lui manifester notre
reconnaissance.
Le temps se divise en trois moments : le
passé, le présent et l'avenir. En chacun d'eux nous saisissons la
bienveillance divine. Penses-tu au présent ? Tu es en vie grâce au
Seigneur. Si tu envisages l'avenir, l'espoir de réaliser tes désirs
repose sur le Seigneur. Quant au passé, tu n'aurais pas existé si
le Seigneur ne t'avait pas créé.
Il t'a accordé sa faveur
en te faisant naître, et depuis ta naissance il te l'accorde encore.
Comme l'Apôtre le dit : Tu
as en lui la vie et le mouvement,
Ac
17,28. Tu
fondes sur cette même faveur ton espoir des réalités à venir.
Toi, tu n'es maître que du présent.
Même si tu ne cesses de
rendre grâce à Dieu durant toute ta vie, cela égalera à peine la
grâce qu'il te fait au moment présent, et tu ne trouveras jamais le
moyen de payer ta dette de reconnaissance pour le passé et pour
l'avenir. Que nous sommes loin, d'ailleurs, de lui rendre grâce
selon la mesure de nos capacités ! C'est au point que nous
n'employons même pas les possibilités qui nous sont offertes de
manifester notre gratitude. Nous négligeons, en effet, de réserver,
je ne dis pas toute la journée, mais même une infime partie de
celle-ci, à la méditation des réalités divines.
Qui a
rétabli dans la grâce originelle l'image divine que le péché
avait ternie en moi ? Qui me fait monter vers le bonheur que je
possédais avant d'être exilé du paradis, privé de l'arbre de vie
et englouti dans l'abîme de cette existence charnelle ? Il
n'y a personne qui comprenne,
Rm
3,11, dit
l'Écriture. Car, en vérité, si nous y étions vraiment attentifs,
durant toute notre vie nous ne cesserions de rendre grâce à Dieu.
Homélies sur la prière
du Seigneur, 1, PG 44, 1120 1124-1125
Clerus,org
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