vendredi 19 février 2021

Saint Ignace Briantchaninov (1807-1867), sur la lecture de l'Evangile

 Conseil pour le temps de carême



SUR LA LECTURE DE L'ÉVANGILE....

Lorsque tu lis l'évangile, 
ne recherche pas la satisfaction, 
ne recherche pas le ravissement, 
ne recherche pas les pensées merveilleuses :
cherche à découvrir de manière infaillible la sainte vérité. 



Ne te contente pas d'une lecture de l'évangile qui n'apporte pas de fruits ; 
efforce-toi d'accomplir ses préceptes, 
lis-le en actes.  
C'est le livre de vie et il faut le lire en le vivant. 
Ne pense pas que c'est sans raison que le plus sacré des livres, les quatre évangiles,
commence par l'évangile selon saint Matthieu et se termine par l'évangile selon saint Jean. 

Matthieu enseigne davantage la manière d'accomplir la Volonté divine, et ses préceptes conviennent à ceux qui commencent à suivre la voie de Dieu. 
Jean expose le mode d'union de Dieu avec l'homme renouvelé par les commandements, ce qui n'est accessible qu'à ceux qui progressent dans la voie de Dieu.  

Lorsque tu ouvres le saint évangile pour le lire, 
souviens-toi qu'il décide de ton destin éternel. 
C'est d'après lui que nous serons jugés et 
c'est selon notre attitude envers lui ici-bas, sur terre, 
que nous recevrons en partage soit la béatitude éternelle, soit le châtiment éternel (Mt 25,26). 

Dieu a révélé sa Volonté à un grain de poussière insignifiant - l'homme! 
Le livre dans lequel est exposée cette grande et très sainte Volonté, est entre tes mains! 
Tu peux accepter autant que rejeter la Volonté de ton Créateur et Sauveur, selon ce que tu désires. 
Ta vie éternelle et ta mort éternelle sont dans tes mains : 
discerne donc combien il te faut être sage et prudent. 
Ne joue pas avec ton destin éternel. 
Prie le Seigneur avec un esprit contrit, 
afin qu'Il t'ouvre les yeux pour voir les merveilles cachées dans sa loi (voir ps 118,18) qui est l'évangile. 
Les yeux s'ouvrent et l'on découvre la merveilleuse guérison de l'âme du péché, accomplie par le Verbe de Dieu. La guérison des maladies du corps n'était que la preuve de la guérison de l'âme, la preuve pour les hommes charnels, pour les esprits aveuglés par la sensualité. (Luc 5,24) 

Lis l'évangile avec une piété et une attention extrême. 
Ne considère rien de ce qui est en lui comme de peu d'importance, peu digne d'intérêt. 
Du mépris de la vie résulte la mort. Lorsque tu lis les passages relatifs aux lépreux, aux paralytiques, aux aveugles, aux boiteux, aux possédés, que le Seigneur a guéris, pense que ton âme, qui porte dans leur très grande diversité les plaies du péché et se trouve en captivité chez les démons, est semblable à ces malades. Tire de l'évangile la foi. Le Seigneur qui les a guéris te guérira également, si tu Le pries assidûment de te guérir. Acquiers une telle disposition de l'âme, afin d'être apte à recevoir la guérison. Sont aptes à la recevoir ceux qui sont conscients de leur état de pécheur et sont décidés à le quitter. (Jn 9,39-42) 

Le Seigneur est inutile à celui qui est orgueilleusement juste,
c'est-à-dire au pécheur qui ne voit pas son état (Mt 9,13).
La vue des péchés, la vue de cette chute, dans laquelle se trouve tout le genre humain, est un don particulier de Dieu. 
Implore le Seigneur pour obtenir ce don, et le livre du Médecin céleste
- l'évangile - te sera plus compréhensible.
Efforce-toi de faire en sorte que l'évangile s'assimile à ton esprit et à ton coeur,
afin que ton esprit nage en lui,
pour ainsi dire, vive en lui :
alors ton activité s'accordera aisément avec l'évangile. 
Cela peut être atteint par la lecture incessante et pieuse,
par l'étude de l'évangile.
Saint Pacôme le Grand, l'un des plus illustres pères anciens,
connaissait par coeur le saint évangile,
et imposait à ses disciples,
grâce à une révélation divine,
le devoir impératif de l'apprendre.
Ainsi l'évangile les accompagnait partout et les dirigeait constamment. 

Pourquoi donc les éducateurs chrétiens de nos jours n'embelliraient-ils pas la mémoire
des enfants innocents avec l'évangile,
plutôt que de la surcharger par l'étude des fables d'Esope et autres nullités? 
Quel bonheur, quelle richesse que d'acquérir l'évangile par la mémoire ! 
Il est impossible de prévoir les bouleversements et les malheurs qui peuvent nous arriver au cours de notre vie terrestre. 
L'évangile, qui appartient à la mémoire,
est lu par l'aveugle,
accompagne le détenu en prison,
parle avec le cultivateur dans le champ,
dirige le juge au cours de l'audience même,
dirige le négociant dans le commerce,
réjouit le malade pendant l'insomnie accablante et la pénible solitude.
"Celui qui attire mes regards, c'est l'affligé, le coeur contrit qui craint ma parole" (Is 66,2), dit le Seigneur. 
Sois ainsi envers l'évangile et envers le Seigneur qui est présent en lui. 
Abandonne la vie de péché,
abandonne les passions et les jouissances terrestres,
renonce à ton âme, et l'évangile te sera alors accessible et compréhensible.
"Celui qui hait son âme dans ce monde," dit le Seigneur -
l'âme pour laquelle, à cause de la chute,
l'amour du péché est devenu pour ainsi dire naturel, pour ainsi dire la vie - la conservera pour la vie éternelle." (Jn 12,25) 

Pour celui qui aime son âme, pour celui qui ne se décide pas à l'abnégation, 
l'évangile est fermé : il lit les caractères, mais la parole de vie, comme l'Esprit, reste derrière un rideau impénétrable. Lorsque le Seigneur était sur terre dans sa très sainte chair, beaucoup Le virent tout en ne le voyant pas. Quel profit y a-t-il pour l'homme de regarder avec les yeux corporels, que les animaux ont eux aussi, alors qu'il ne voit rien avec les yeux de l'âme, de l'esprit et du coeur ?
De nos jours, nombreux sont ceux qui lisent l'évangile chaque jour, 
mais ne l'ont en fait jamais lu et ne le connaissent pas du tout.
L'évangile, dit un saint ermite, doit être lu avec un esprit pur :
il est compris dans la mesure de l'accomplissement en actes de ses préceptes. 

Mais il est impossible d'acquérir par ses propres efforts une découverte précise et parfaite de l'évangile : 
c'est un don du Christ (saint Marc l'ascète, Sur la foi spirituelle, chap. 32).
L'Esprit saint qui a élu demeure en son serviteur fidèle et véritable, 
fait de lui un lecteur parfait et un homme qui accomplit véritablement l'évangile. 
L'évangile est l'image des caractéristiques de l'homme nouveau, 
qui est le Seigneur venu du ciel (1 Co 15,48).
Cet homme nouveau est Dieu selon la nature. 

... Hissez-vous au-dessus de la terre; montez vers les cieux ; 
l'évangile vous y élèvera. 
Pendant que vous avez la lumière - l'évangile qui renferme le Christ - 
"croyez en la Lumière ; 
ainsi vous deviendrez enfants de la Lumière" du Christ (Jn 12 36).

Évêque Ignace Brianchaninov(1807-1867)
" La prière de Jésus"
 http://fratsaintmarcvendee.free.fr/docpage9/peres/pere7.htm
 
Père de l'Eglise orthodoxe, il est fêté le 30 avril.Né en 1807 dans la province de Vologda, il fut nommé Dimitris au Saint Baptême. D'origine noble, et d'éducation soignée, Ignace Briantchaninov entre dans l'armée et y devient officier du tsar. Il y fait des études d'ingénieur, puis obtient la permission de l'empereur Nicolas Ie de se retirer dans un monastère. Par la suite, il sera nommé Supérieur du Monastère de Lopov, dans ce diocèse de Vologda. Puis, nommé évêque du Caucase et de la Mer Noire, il reste moine, vivant la simplicité et la charité évangéliques. Il devient conseiller spirituel d'un grand nombre de fidèles. Il meurt le 30 avril 1867. Son culte a été officiellement reconnu par le Patriarcat de Moscou en 1988, à l'occasion du Millénaire du Baptême de la Russie.Il est l'auteur de plusieurs articles et livres de grande profondeur spirituelle. Il entretient une volumineuse correspondance (publiée en russe) avec des personnes de toute la Russie qui cherchent conseil auprès de lui. Publications traduites en français : La Prière de Jésus (Présence, 1976) ; Introduction à la tradition ascétique de l'Église d'Orient (Présence, 1979). Approches de la prière de Jésus (Bellefontaine, 1983). Les Miettes du Festin ou Contribution au Monachisme contemporain,( éd. Présence, 1978.)

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