samedi 7 juin 2025

Saint Grégoire le Grand, Pentecôte

 


Ce jour-là, soit cinquante jours après Pâques, les apôtres et Marie sont réunis dans le Cénacle pour célébrer la fête de Chavouot. 

Soudain, « un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. 

Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. 

Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. » 








Quelles sont les origines de la fête de la Pentecôte ?

Origines juives

La Pentecôte trouve ses origines dans la fête juive de Chavouot qui est célébrée, elle aussi, cinquante jours après la Pâque juive (Pessah). Lors de cette fête, les juifs commémorent le don de la Torah à Moïse (Ex 19, 19), marquant ainsi l’Alliance entre Dieu et son peuple.


La descente de l’Esprit Saint 

L’événement de la Pentecôte survient dix jours après l’Ascension du Christ, après que Jésus a promis à ses disciples qu’ils vont « recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ».

La descente de l’Esprit Saint, promise par Jésus, est relaté dans les Actes des Apôtres (chapitre 2). Ce livre suit les Évangiles : il raconte la naissance de l’Église et la vie des premiers chrétiens. Par le don de l’Esprit, Dieu répand dans tous les hommes sa connaissance. Nos sens ne sont pas naturellement ouverts aux choses de Dieu. Il faut le vent violent de la Pentecôte, Ac 2,2, pour briser notre surdité et notre insensibilité aux choses de Dieu. Il y a la Pentecôte historique rapportée dans les Actes des Apôtres.

https://www.lejourduseigneur.com/fetes-chretiennes/la-pentecote

saint Grégoire le Grand

Il est une pentecôte intérieure et toute personnelle qui se passe sans témoin dans le cœur du croyant. Entendre la voix du Seigneur, c’est percevoir en soi l’inspiration de sa grâce, c’est-à-dire le Souffle de l’Esprit. Alors notre cœur est pénétré d’une force intérieure qui l’incite à l’amour de Dieu. En recevant l’Esprit Saint, les Apôtres ont été introduits dans la pensée de Dieu. Il peut arriver que l’Esprit se fasse pour l’âme petit ruisseau ou torrent.

Pour pouvoir parler du Christ avec autorité, l’apôtre doit avoir reçu l’intelligence du mystère que donne l’Esprit Saint. Ce n’est pas une sagesse humaine qui peut pénétrer les mystères de l’Incarnation. Il faut la puissance de l’Esprit. Quand un homme parle de Dieu à d’autres, l’Esprit est là en celui qui parle comme en celui qui écoute, à la mesure de la disponibilité intérieure de celui qui parle et de celui qui écoute. Pourquoi les auditeurs comprennent-ils différemment ce qu’exprime une voix unique ? C’est que, par le moyen de ce qui est adressé à tous, le Maître intérieur instruit certains d’une manière toute spéciale. Le bruit de la voix n’enseigne rien si l’esprit de l’auditeur n’est pas oint de l’Esprit Saint. Les prédicateurs sont les coopérateurs de Dieu, et tandis que le prédicateur agit à l’extérieur par son ministère d’exhortation, Dieu agit intérieurement par Son Esprit. - Celui qui plante n’est rien. C’est Dieu qui donne la croissance, c’est Dieu, par sa grâce intérieure, qui ouvre invisiblement l’accès du cœur.

Lire l’Écriture ou écouter les prédicateurs ne suffit pas pour changer de vie. Il ne faut pas compter sur ses propres forces, mais tout attendre du don de l’Esprit. Cette attente n’est pas une attitude paresseuse ou purement passive. L’enseignement des hommes est le plus souvent indispensable pour qu’agisse l’Esprit. À la Pentecôte, l’Esprit a rendu les apôtres ardents et éloquents, il les a embrasés et les a faits parler. Ceux qui sont remplis de l’Esprit aiment les réalités célestes dont ils parlent. Même ce que nous ne comprenons pas encore pleinement, nous pouvons déjà l’aimer du fond du cœur, parce que nous avons reçu la promesse de l’Esprit. L’amour précède en quelque sorte la connaissance. Quand le feu de l’amour se répand, le cœur est atteint comme l’intelligence, et alors plus rien n’a vraiment d’importance pour l’homme que Dieu.

On ne comprend bien les choses de Dieu que si on va jusqu’à les aimer et tout cela vient de l’Esprit Saint. On ne peut aimer que ce que l’on connaît et, comme ici-bas on connaît les choses de Dieu par la foi, on ne peut aimer que ce qu’on croit. La foi précède la charité. L’esprit ne voit pas parfaitement ce qu’il aime, il ne fait que commencer à le voir. C’est pourquoi la vie présente dans la foi est une vie de désir. Quand on a commencé à connaître Dieu par la foi, on aspire à le voir face à face.

Soeur Monique-Anne GIROUX, Les chemins de la grâce, T 2, 250-251.


Syméon le Nouveau Théologien, prière à l'Esprit saint


Esprit Saint,

c'est toi qui m'environnes,
Toi qui m'enflammes,
Et qui allumes en mon cœur en peine,
L'amour infini de Dieu et de mes frères.
Car c'est toi le docteur des prophètes,
Le compagnon de tous les apôtres,
La force des martyrs,
L'inspiration des Pères et des docteurs,
Et la perfection de tous les saints.


dimanche 4 mai 2025

Saint Grégoire le Grand, le bon pasteur

4ème dimanche de Pâques, 2025


St Jean 10,11-18 
St Jean  10,27-38

En ce temps-là, Jésus dit aux pharisiens : « Je suis le Bon  Pasteur. Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis. Le mercenaire, celui qui n’est pas le pasteur, à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit. Et le loup les emporte et les disperse. Le mercenaire s’enfuit parce qu’il est mercenaire et qu’il ne se soucie pas des brebis. Je suis le Bon Pasteur; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père. Et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie; celles-là aussi, il faut que je les conduise; et elles écouteront ma voix, et il y aura une seule bergerie et un seul Pasteur ».

Vous avez entendu, frères très chers, l’instruction qui vous est adressée par la lecture d’Evangile ; vous avez entendu aussi le péril que nous courons. Voici en effet que celui qui est bon, non par une grâce accidentelle, mais par essence, déclare : « Je suis le Bon Pasteur ». Et nous donnant le modèle de la bonté que nous devons imiter, il ajoute : « Le Bon Pasteur donne sa vie pour ses brebis ». Il a fait ce qu’il nous a enseigné ; il a montré ce qu’il nous a ordonné. Le Bon Pasteur a donné sa vie pour ses brebis au point de changer son corps et son sang en sacrement pour nous, et de rassasier par l’aliment de sa chair les brebis qu’il avait rachetées. Il nous a tracé la voie du mépris de la mort, pour que nous la suivions ; il a placé devant nous le modèle auquel nous devons nous conformer : dépenser d’abord nos biens extérieurs en toute charité pour les brebis du Seigneur, et si nécessaire, donner même à la fin notre vie pour elles. La première forme de générosité, qui est moindre, conduit à cette dernière, qui est plus élevée. Mais puisque l’âme, par laquelle nous vivons, est incomparablement supérieure aux biens terrestres que nous possédons au-dehors, comment celui qui ne donne pas de ses biens à ses brebis serait-il disposé à donner sa vie pour elles ? Car il en est qui ont plus d’amour pour les biens terrestres que pour les brebis, et qui perdent ainsi à bon droit le nom de pasteur. C’est d’eux que le texte ajoute aussitôt après : « Le mercenaire, celui qui n’est pas le pasteur, à qui les brebis n’appartiennent pas, voit-il venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ».
 
Il n’est pas appelé pasteur, mais mercenaire, celui qui fait paître les brebis du Seigneur, non parce qu’il les aime du fond du cœur, mais en vue de récompenses temporelles. Il est mercenaire, celui qui occupe la place du pasteur, mais ne cherche pas le profit des âmes. Il convoite avidement les avantages terrestres, se réjouit de l’honneur de sa charge, se repaît de profits temporels et se complaît dans le respect que lui accordent les hommes. Telles sont les récompenses du mercenaire : il trouve ici-bas le salaire qu’il désire pour la peine qu’il se donne dans sa charge de pasteur, et se prive ainsi pour l’avenir de l’héritage du troupeau. Tant que n’arrive aucun malheur, on ne peut pas bien discerner s’il est pasteur ou mercenaire. En effet, au temps de la paix, le mercenaire garde ordinairement le troupeau tout comme un vrai pasteur. Mais l’arrivée du loup montre avec quelles dispositions chacun gardait le troupeau. Un loup se jette sur les brebis chaque fois qu’un homme injuste ou ravisseur opprime les fidèles et les humbles. Celui qui semblait être le pasteur, mais ne l’était pas, abandonne alors les brebis et s’enfuit, car craignant pour lui-même le danger qui vient du loup, il n’ose pas résister à son injuste entreprise. Il fuit, non en changeant de lieu, mais en refusant son assistance. Il fuit, du fait qu’il voit l’injustice et qu’il se tait. Il fuit, parce qu’il se cache dans le silence. C’est bien à propos que le prophète dit à de tels hommes : « Vous n’êtes pas montés contre l’ennemi, et vous n’avez pas construit de mur autour de la maison d’Israël pour tenir bon dans le combat au jour du Seigneur »Ez 13, 5. Monter contre l’ennemi, c’est s’opposer par la voix libre de la raison à tout homme puissant qui se conduit mal. Nous tenons bon au jour du Seigneur dans le combat pour la maison d’Israël, et nous construisons un mur, quand par l’autorité de la justice, nous défendons les fidèles innocents victimes de l’injustice des méchants. Et parce que le mercenaire n’agit pas ainsi, il s’enfuit lorsqu’il voit venir le loup.
 
Mais il y a un autre loup, qui ne cesse chaque jour de déchirer, non les corps, mais les âmes : c’est l’esprit malin. Il rôde en tendant des pièges autour du bercail des fidèles, et il cherche la mort des âmes. C’est de ce loup qu’il est question tout de suite après : « Et le loup emporte les brebis et les disperse ». Le loup vient et le mercenaire fuit, quand l’esprit malin déchire les âmes des fidèles par la tentation et que celui qui occupe la place du pasteur n’en a pas un soin attentif. Les âmes périssent, et il ne pense, lui, qu’à jouir de ses avantages terrestres. Le loup emporte les brebis et les disperse : il entraîne tel homme à la luxure, enflamme tel autre d’avarice, exalte tel autre par l’orgueil, jette tel autre dans la division par la colère; il excite celui-ci par l’envie, renverse celui-là en le trompant. Comme le loup disperse le troupeau, le diable fait mourir le peuple fidèle par les tentations. Mais le mercenaire n’est enflammé d’aucun zèle ni animé d’aucune ferveur d’amour pour s’y opposer : ne recherchant en tout que ses avantages extérieurs, il n’a que négligence pour les dommages intérieurs du troupeau. Aussi le texte ajoute-t-il aussitôt : « Le mercenaire s’enfuit parce qu’il est mercenaire et qu’il ne se soucie pas des brebis ». En effet, la seule raison pour laquelle le mercenaire s’enfuit, c’est qu’il est mercenaire. C’est comme si l’on disait clairement : « Demeurer au milieu des brebis en danger est impossible à celui qui conduit les brebis, non par amour des brebis, mais par recherche de profits terrestres ». Car du fait qu’il s’attache aux honneurs et se complaît dans les avantages terrestres, le mercenaire hésite à s’opposer au danger, pour ne pas perdre ce qu’il aime. Après nous avoir montré les fautes du faux pasteur, notre Rédempteur revient sur le modèle auquel nous devons nous conformer, quand il affirme : « Je suis le Bon Pasteur ». Et il ajoute : « Je connais mes brebis — c’est-à-dire :  je les aime — et mes brebis me connaissent », comme pour dire clairement : « Elles me servent en m’aimant ». Car il ne connaît pas encore la Vérité, celui qui ne l’aime pas.
 
Maintenant que vous avez entendu, frères très chers, quel est notre péril, considérez également, dans les paroles du Seigneur, quel est le vôtre. Voyez si vous êtes de ses brebis, voyez si vous le connaissez, voyez si vous percevez la lumière de la Vérité. Précisons : si vous la percevez, non par la seule foi, mais par l’amour. Oui, précisons : si vous la percevez, non en vous contentant de croire, mais en agissant. En effet, le même évangéliste Jean qui parle dans l’évangile de ce jour déclare ailleurs « Celui qui dit connaître Dieu, mais ne garde pas ses commandements, est un menteur », 1 Jn 2, 4. C’est pourquoi ici le Seigneur ajoute aussitôt : « Comme le Père me connaît et que je connais le Père. Et je donne ma vie pour mes brebis ». C’est comme s’il disait clairement : « Ce qui prouve que je connais le Père et que je suis connu du Père, c’est que je donne ma vie pour mes brebis ; je montre combien j’aime le Père par cette charité qui me fait mourir pour mes brebis ». Mais parce qu’il était venu racheter, non seulement les Juifs, mais aussi les païens, il ajoute : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie; celles-là aussi, il faut que je les conduise; et elles écouteront ma voix, et il y aura une seule bergerie et un seul Pasteur ». C’est notre rédemption à nous, venus des peuples païens, que le Seigneur avait en vue lorsqu’il parlait de conduire aussi d’autres brebis. Et cela, mes frères, vous pouvez en constater chaque jour la réalisation. C’est ce que vous voyez aujourd’hui accompli dans la réconciliation des païens. Il a pour ainsi dire constitué une seule bergerie avec deux troupeaux, en réunissant les peuples juif et païen dans une même foi en sa personne, comme l’atteste Paul par ces paroles : « Il est notre paix, lui qui des deux peuples n’en a fait qu’un »Ep 2, 14. Il conduit les brebis à sa propre bergerie quand il choisit pour la vie éternelle des âmes simples de l’un et l’autre peuple. C’est de ces brebis que le Seigneur dit ailleurs : « Mes brebis écoutent ma voix, et je les connais, et elles me suivent, et je leur donne la vie éternelle »Jn 10, 27-28. C’est d’elles qu’il déclare un peu plus haut : « Si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé, et il entrera et il sortira, et il trouvera des pâturages »Jn 10, 9. Il entrera en venant à la foi ; il sortira en passant de la foi à la vision face à face, de la croyance à la contemplation; et il trouvera pour s’y rassasier des pâturages d’éternité (suite et fin du sermon de Saint Grégoire le Grand).

(Début du sermon de Saint Grégoire le Grand) « Les brebis du Seigneur trouvent des pâturages, puisque tous ceux qui le suivent d’un cœur simple se rassasient en pâturant dans des prairies éternellement vertes.
Et quels sont les pâturages de ces brebis, sinon les joies intérieures d’un paradis à jamais verdoyant ? Car les pâturages des élus sont la présence du visage de Dieu, dont une contemplation ininterrompue rassasie indéfiniment l’âme d’un aliment de vie. Ceux qui ont échappé aux pièges du plaisir fugitif goûtent, dans ces pâturages, la joie d’un éternel rassasiement. Là les chœurs des anges chantent des hymnes; là sont réunis les citoyens du Ciel. Là se célèbre une fête solennelle et douce pour ceux qui reviennent de ce triste et pénible exil terrestre. Là se rencontrent les chœurs des prophètes qui ont prévu l’avenir; là siège pour juger le groupe des apôtres ; là est couronnée l’armée victorieuse des innombrables martyrs, d’autant plus joyeuse là-haut qu’elle a été plus cruellement éprouvée ici-bas; là, les confesseurs sont consolés de leur constance par la récompense qu’ils reçoivent; là se rencontrent les hommes fidèles dont les voluptés du monde n’ont pu amollir la robuste virilité, là les saintes femmes qui, outre le monde, ont vaincu la faiblesse de leur sexe, là les enfants qui ont devancé le nombre des années par la maturité de leurs mœurs, là enfin les vieillards que l’âge a rendus si faibles, sans pourtant leur faire perdre le cœur à l’ouvrage.

Recherchons donc, frères très chers, ces pâturages où nous partagerons la fête et la joie de tels concitoyens. Le bonheur même de ceux qui s’y réjouissent nous y invite. N’est-il pas vrai que si le peuple organisait quelque part une grande foire, ou qu’il accourait à l’annonce de la dédicace solennelle d’une église, nous nous empresserions de nous retrouver tous ensemble ? Chacun ferait tout pour y être présent, et croirait avoir beaucoup perdu s’il n’avait eu le spectacle de l’allégresse commune. Or voici que dans la cité céleste, les élus sont dans l’allégresse et se félicitent à l’envi au sein de leur réunion; et cependant, nous demeurons tièdes quand il s’agit d’aimer l’éternité, nous ne brûlons d’aucun désir, et nous ne cherchons pas à prendre part à une fête si magnifique. Et privés de ces joies, nous sommes contents !

Réveillons donc nos âmes, mes frères ! Que notre foi se réchauffe pour ce qu’elle a cru, et que nos désirs s’enflamment pour les biens d’en haut : les aimer, c’est déjà y aller. Ne laissons aucune épreuve nous détourner de la joie de cette fête intérieure : lorsqu’on désire se rendre à un endroit donné, la difficulté de la route, quelle qu’elle soit, ne peut détourner de ce désir. Ne nous laissons pas non plus séduire par les caresses des réussites. Combien sot, en effet, est le voyageur qui, remarquant d’agréables prairies sur son chemin, oublie d’aller où il voulait. Que notre âme ne respire donc plus que du désir de la patrie céleste, qu’elle ne convoite plus rien en ce monde, puisqu’il lui faudra assurément l’abandonner bien vite. Ainsi, étant de vraies brebis du céleste Pasteur, et ne nous attardant pas aux plaisirs de la route, nous pourrons, une fois arrivés, nous rassasier dans les pâturages éternels ».

Notredamedesneiges.over-blog.com

Extrait d’un Sermon sur le Bon Pasteur, par le Pape Saint Grégoire le Grand,

mardi 29 avril 2025

Saint Augustin, Aimer le Christ, aimer nos frères

 

3e dimanche de Pâques C


Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
21,1-19

Jésus se manifesta encore aux disciples sur le bord du lac de Tibériade, et voici comment. Il y avait là Simon-Pierre avec Thomas, dont le nom signifie "Jumeau", Nathanaël de Cana en Galilée, les fils de Zébédée, et deux autres disciples. Simon-Pierre leur dit : "Je m'en vais à la pêche."




Voici que le Seigneur, après sa résurrection, apparaît de nouveau à ses disciples. Il interroge l'apôtre Pierre, il oblige celui-ci à confesser son amour, alors qu'il l'avait renié trois fois par peur. Le Christ est ressuscité selon la chair, et Pierre selon l'esprit. Comme le Christ était mort en souffrant, Pierre est mort en reniant. Le Seigneur Christ était ressuscité d'entre les morts, et il a ressuscité Pierre grâce à l'amour que celui-ci lui portait. Il a interrogé l'amour de celui qui le confessait maintenant, et il lui a confié son troupeau.

Qu'est-ce donc que Pierre apportait au Christ du fait qu'il aimait le Christ ? Si le Christ t'aime, c'est profit pour toi, non pour le Christ. Si tu aimes le Christ, c'est encore profit pour toi, non pour lui. Cependant le Seigneur Christ, voulant nous montrer comment les hommes doivent prouver qu'ils l'aiment, nous le révèle clairement: en aimant ses brebis.

Simon, fils de Jean, m'aimes-tu ? - Je t'aime. - Sois le pasteur de mes brebis. Et cela une fois, deux fois, trois fois. Pierre ne dit rien que son amour. Le Seigneur ne lui demande rien d'autre que de l'aimer, il ne lui confie rien d'autre que ses brebis. Aimons-nous donc mutuellement, et nous aimerons le Christ. Le Christ, en effet, éternellement Dieu, est né homme dans le temps. Il est apparu aux hommes comme un homme et un fils d'homme. Étant Dieu dans l'homme, il a fait beaucoup de miracles. Il a beaucoup souffert, en tant qu'homme, de la part des hommes, mais il est ressuscité après la mort, parce que Dieu était dans l'homme. Il a encore passé quarante jours sur la terre, comme un homme avec les hommes. Puis, sous leurs yeux, il est monté au ciel comme étant Dieu dans l'homme, et il s'est assis à la droite du Père. Tout cela nous le croyons, nous ne le voyons pas. Nous avons reçu l'ordre d'aimer le Christ Seigneur que nous ne voyons pas, et nous crions tous : "J'aime le Christ".

Mais, si tu n'aimes pas ton frère que tu vois, comment peux-tu aimer Dieu que tu ne vois pas 1 Jn 4,20 ? En aimant les brebis, montre que tu aimes le Pasteur, car justement, les brebis sont les membres du Pasteur. Pour que les brebis soient ses membres, le Pasteur a consenti à devenir la brebis conduite à la boucherie Is 53,7. Pour que les brebis soient ses membres, il a été dit de lui : Voici l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde Jn 1,29. Mais cet agneau avait une grande force. Veux-tu savoir quelle force s'est manifestée chez cet agneau ? L'agneau a été crucifié, et le lion a été vaincu.

Voyez et considérez avec quelle puissance le Seigneur Christ gouverne le monde, lui qui a vaincu le démon par sa mort. Aimons-le donc, et que rien ne nous soit plus cher que lui.


Sermon Guelferbytanus 16, 1, PLS 2, 579
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samedi 26 avril 2025

Basile de Séleucie, Jésus entre toutes portes closes

2ème dimanche de Pâques

         Saint Jean 20,19-31                                   

                                                                                                     Jésus entre toutes portes closes 





Ceux qui doutaient de sa Résurrection, sont alors frappés de stupeur. Mais Thomas, alors absent, demeure incrédule. Thomas désire voir Jésus de ses propres yeux. L’impatience le brûle quand il dit : - Si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son flanc, je ne croirai pas. Il veut être lui-même témoin du Seigneur. Et le Seigneur réapparaît, il dissipe la tristesse de son disciple et vient combler son attente : Jésus entre toutes portes closes.

Cet exploit inouï confirme sa résurrection inouïe. - Mets ton doigt dans la marque des clous, dit-il à son disciple Thomas. Je connais ton désir. Je sais ce que tu penses. Je connais tes doutes, et je t’ai fait attendre, pour mieux regarder ton impatience. - Mets ton doigt dans la marque des clous, mets ta main dans mon flanc, et ne sois plus incrédule, mais crois.

Alors Thomas le touche, toute sa défiance tombe, et comblé d’une foi sincère et de tout l’amour que l’on doit à son Dieu, il s’écrie : - Mon Seigneur et mon Dieu ! Et le Seigneur lui dit : - Parce que tu m’as vu, tu as cru ; heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru !

Thomas, porte la nouvelle de ma résurrection à ceux qui ne m’ont point vu. Dis-leur qu’ils sont appelés par grâce, et contemple leur foi. - Heureux en vérité ceux qui n’ont pas vu et ont cru !

Telles sont les oeuvres de la grâce et la moisson de l’Esprit.

Ils ont suivi le Christ sans l’avoir vu, ils l’ont cherché et ils ont cru.

Ils l’ont reconnu avec les yeux de la foi, non les yeux du corps.

Ils n’ont pas mis leurs doigts dans les marques des clous, mais, par la grâce, ils se sont attachés au Christ et ils ont fait leur cette parole du Seigneur :

- Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru !


in Monique-Anne Giroux, Les chemins de la grâce, Collection Orantes de l'Assomption

samedi 19 avril 2025

ENVOI EN MISSION EN GALILEE

 

Lire l’Évangile de Matthieu 28, 8-15
 
En ce temps-là, quand les femmes eurent entendu les paroles de l’ange, 
vite, elles quittèrent le tombeau, remplies à la fois de crainte et d’une grande joie, 
et elles coururent porter la nouvelle à ses disciples. 
Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue. »
 
Elles s’approchèrent, lui saisirent les pieds et se prosternèrent devant lui. 
Alors Jésus leur dit : « Soyez sans crainte, allez annoncer à mes frères qu’ils doivent se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront. » 
 
Tandis qu’elles étaient en chemin, quelques-uns des gardes allèrent en ville annoncer aux grands prêtres tout ce qui s’était passé. 
Ceux-ci, après s’être réunis avec les anciens et avoir tenu conseil, donnèrent aux soldats une forte somme en disant : « Voici ce que vous direz : “Ses disciples sont venus voler le corps, la nuit pendant que nous dormions.” 
Et si tout cela vient aux oreilles du gouverneur, nous lui expliquerons la chose, et nous vous éviterons tout ennui. » 
Les soldats prirent l’argent et suivirent les instructions. 
Et cette explication s’est propagée chez les Juifs jusqu’à aujourd’hui. (AELF)
 

Saint Éphrem, 4ème siècle, Hymne sur la Résurrection.

Diacre, Docteur de l’Église, théologien et chantre des églises de langue syriaque. 



Le Christ nous a illuminés de sa joyeuse Lumière

 Jésus, notre Seigneur, nous est apparu du sein du Père.

 Il est venu, nous a tirés des ténèbres et illuminés de sa joyeuse Lumière.

 

 

 

 

 

Le jour s’est levé pour les hommes.

La puissance des ténèbres est chassée.

Sa Lumière a éclairé nos yeux obscurcis.

Il a fait lever sa gloire sur le monde et il a éclairé les plus profonds abîmes.

La mort est anéantie, les ténèbres ont pris fin.

 

Il a illuminé toutes les créatures, ténèbres depuis les temps anciens.

Il a réalisé le salut et nous a donné la vie.

Il reviendra dans la gloire,

il éclairera les yeux de tous ceux qui l’auront attendu.

 

Notre Roi vient dans Sa grande gloire.

Allumons nos lampes, sortons à sa rencontre, Mt 25,6.

Réjouissons-nous en Lui

comme Il s’est réjoui en nous et nous réjouit par sa glorieuse Lumière.

 

Levez-vous, préparez-vous pour rendre grâce

à Celui qui reviendra dans sa gloire et nous réjouira de sa joyeuse Lumière dans le Royaume.

Amen.

Orantes de l'Assomption, textes pour l'office des lectures, présentés par soeur Monique-Anne Giroux, Or.A., T 2, 232.


mercredi 16 avril 2025

Saint Grégoire le Grand, Le mystère de Pâques Ne me retiens pas

 

Saint Grégoire le Grand, 7ème siècle. 64ème pape, docteur et Père de l'Église d'occident. Le mystère de Pâques, Centurion, p. 292. Pour Grégoire, Marie de Magdala, Marie, sœur de Marthe et la pécheresse sont un même personnage. Samedi Saint


Ne me retiens pas
, Jn 20,17.

Pourquoi Marie ne peut-elle pas toucher Jésus ? Il lui dit : - Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. En notre cœur, Jésus monte vers le Père si nous le tenons pour l’égal du Père. Sinon, il n’est pas encore monté en notre cœur vers le Père. Celui qui croit le Fils coéternel au Père, celui-là touche véritablement Jésus.

Saint Paul avait déjà, en son cœur, fait monter Jésus vers le Père, lorsqu’il disait : - Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu, Ph 2,6.

Jean lui aussi touchait le Sauveur des mains de la foi. - Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu, Jn 1, 1-2. Il touche le Seigneur, celui qui le croit égal au Père et de substance éternelle.


Mais comment le Fils peut-il être égal à son Père ? Voici le témoignage de Paul : - Le Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu, 1 Co 1, 24. Prétendre que le Christ lui est inférieur, n’est rien d’autre que diminuer le Père, en lui déniant la sagesse de son Fils. Or le Seigneur dit encore : - Le Père et moi, nous sommes UN, Jn 10, 30. - Le Père est plus grand que moi, Jn 14,28. Il est aussi écrit à son sujet : - Il était soumis à ses parents, Lc 2, 51. il s’estime plus petit que son Père qui est dans les cieux, quand sur la terre et dans la condition humaine, il obéit à ses parents. C’est parce qu’il est homme qu’il dit à Marie : - Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu, Jn 20,17. Au lieu de dire mon et votre, pourquoi ne dit-il pas notre Père ? La distinction qu’il opère ici marque que le Dieu Père n’est pas le même pour lui et pour nous. – Je monte vers mon Père, qui l’est par nature. - Votre Père, l’est par grâce. - Vers mon Père, parce que je suis descendu. – Vers votre Père, parce que vous monterez. Dieu est à moi, car je suis homme aussi. Dieu est à vous, parce que vous avez été délivrés de l’erreur. Dieu Père m’a engendré Dieu avant le temps. Dieu vous a créés hommes avec moi à la fin des temps.

Marie Madeleine s’en va donc annoncer aux disciples : - J’ai vu le Seigneur ! Et elle raconta ce qu’il lui avait dit, Jn 20,18.

Le péché des hommes quitte ici le cœur d’où il était issu. C’est une femme qui, au paradis, tend à l’homme le fruit de la mort. C’est une femme qui, au tombeau, annonce la vie aux hommes, et rapporte les paroles de Celui qui vivifie, après avoir répété les propos du funeste serpent. Comme si le Seigneur disait aux hommes, non par des mots, mais des actes : - la main qui vous a tendu le breuvage de mort, vous présente aujourd’hui la coupe de vie.

Marie s’érige en témoin de la compassion de Dieu. Mort, elle le cherchait. Et elle trouva vivant celui qu’elle cherchait mort. Elle trouva en Lui tant de grâce que c’est elle qui porta la nouvelle aux apôtres, aux messagers de Dieu.

Voilà l’infinie tendresse de notre Créateur, qui pour ranimer notre conscience, dispose partout des exemples de pécheurs repentis. En regardant Pierre, le larron, Zachée, Marie Madeleine, nous ne voyons que des appels à l’espérance et au repentir. Dieu Tout-Puissant nous offre partout des exemples, et dispose des signes de sa compassion. Dieu Tout-Puissant oublie volontiers que nous avons commis le mal, et il est prêt à regarder notre repentir comme l’innocence même. Déplorez vos péchés d’hier, prévenez ceux qui, aujourd’hui, vous menacent. Notre Rédempteur consolera vos larmes d’un jour, dans sa joie éternelle, car il vit et règne avec Dieu notre Père, dans l’unité du Saint-Esprit, et il est Dieu dans tous les siècles des siècles. Amen.

Saint Grégoire le Grand, 7ème siècle. 64ème papedocteur ePère de l'Église d'occident. Le mystère de Pâques, Centurion, p. 292. Pour Grégoire, Marie de Magdala, Marie, sœur de Marthe et la pécheresse sont un même personnage. Samedi Saint



Saint Éphrem le Syrien, 4ème siècle. Deuxième Nocturne du Vendredi Saint

 


vendredi saint 18 avril 2025




Aujourd'hui s'avance la Croix, la création exulte ; la Croix, chemin des égarés, espoir des chrétiens, prédication des Apôtres, sécurité de l'univers, fondement de l'Église, fontaine pour ceux qui ont soif.

Aujourd'hui s'avance la Croix et les enfers sont ébranlés. Les Mains de Jésus sont fixées par les clous, et les liens qui attachaient les morts sont déliés. Aujourd'hui, le Sang qui ruisselle de la Croix parvient jusqu'aux tombeaux et fait germer la vie dans les enfers. Dans une grande douceur Jésus est conduit à la Passion, bénissant Ses douleurs à toute heure : Il est conduit au jugement de Pilate qui siège au prétoire ; à la sixième heure on Le raille ; jusqu'à la neuvième heure, Il supporte la douleur des clous, puis Sa mort met fin à sa Passion. A la douzième heure, Il est déposé de la Croix : on dirait un lion qui dort. Alors Il descend aux enfers, désirant voir les justes qui se reposent de leurs fatigues et Il les passe en revue comme un roi regardant son armée au repos à l'heure de midi, Il dit : - Me voici, je viens. Et toute l'armée se dresse aussitôt.

Mais revenons à la Passion. Pendant le jugement, la Sagesse se tait et la Parole ne dit rien.

Ses ennemis Le méprisent et Le mettent en Croix.

Aussitôt, l'univers est ébranlé, le jour disparaît et le ciel s'obscurcit.

On Le couvre d'un vêtement dérisoire, on Le crucifie entre deux brigands.

Ceux à qui, hier, Il avait donné son corps en nourriture le regardent mourir de loin. Pierre, le premier des Apôtres, a fui le premier. André aussi a pris la fuite, et Jean qui reposait sur son côté n'a pas empêché un soldat de percer ce Côté de sa lance. Le chœur des Douze s'est enfui. Ils n'ont pas dit un mot pour Lui, eux pour qui Il donne sa vie. Lazare n'est pas là qu'Il a rappelé à la vie, l'aveugle n'a pas pleuré Celui qui a ouvert ses yeux à la lumière, et le boiteux, qui grâce à Lui pouvait marcher, n'a pas couru auprès de Lui. Seul un bandit crucifié à Son côté Le confesse et L'appelle son roi, au scandale des juifs. Ô larron, fleur précoce de l'arbre de la Croix, premier fruit du bois du Golgotha.

Désormais, par la Croix, les ombres sont dissipées et la vérité se lève, comme nous le dit l'Apôtre (Paul) : - L'ancien monde est passé, toutes choses sont nouvelles.  La mort est dépouillée, l'enfer livre ses captifs, l'homme est libre, le Seigneur règne, la création est dans la joie. La croix triomphe et toutes les nations, tribus, langues et peuples viennent pour L'adorer. Nous trouvons en elle notre joie avec le bienheureux Paul qui s'écrie : - Loin de moi la pensée de trouver ma gloire ailleurs que dans la Croix de Jésus-Christ notre Seigneur.  La Croix rend la lumière à l'univers entier, elle chasse les ténèbres et rassemble les nations de l'Occident, du Nord, de la mer et de l'Orient en une seule Église, une seule foi, un seul baptême dans la charité.

Elle se dresse au centre du monde, fixée sur le calvaire. Armés de la Croix, les Apôtres s'en vont prêcher et rassembler dans son adoration tout l'univers, foulant aux pieds toute puissance hostile. Par elle, les martyrs ont confessé la foi avec audace et n'ont pas craint les ruses des tyrans. S'en étant chargés, les moines, dans une immense joie, ont fait de la solitude leur séjour. Cette Croix paraîtra lors du retour du Christ, la première dans le ciel, sceptre précieux, vivant, véritable et saint du grand Roi : - Alors, dit le Seigneur, apparaîtra dans le ciel le signe du Fils de l'homme.  Nous la verrons, escortée par les anges, illuminant la terre, d'un bout de l'univers à l'autre, plus claire que le soleil, annonçant le jour du Seigneur. Ainsi soit-il.