Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 2,1-11
Il y avait un mariage à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi
avait été invité au repas de noces avec ses disciples.
Le Fils de Dieu est donc allé aux noces pour
sanctifier par sa présence bénie le mariage qu'il avait institué par une
décision souveraine. Il est allé à des noces célébrées selon l'ancienne
coutume, en vue de se choisir dans la société des païens une épouse qui
resterait toujours vierge. Lui qui n'est pas né d'un mariage humain est allé
aux noces. Il y est allé non point pour prendre part à un joyeux banquet, mais
pour se révéler par un exploit vraiment admirable. Il est allé aux noces non
pour boire des coupes de vin, mais pour en donner. Car, dès que les invités
manquèrent de vin, la bienheureuse Marie lui dit : Ils n'ont pas de vin. Jésus
apparemment contrarié lui répondit : Femme, que me veux-tu, Jn 2,3-4
?
De telles paroles sont, sans aucun doute, le signe d'un mécontentement. Elles
s'expliquent pourtant, à mon avis, par le fait que la mère lui avait signalé
d'une manière inattendue qu'on manquait d'une boisson matérielle, alors qu'il
était venu offrir aux peuples de la terre entière le calice nouveau de
l'éternel salut. En répondant : Mon heure n'est pas encore venue, Jn 2,4,
il prophétisait certainement l'heure très glorieuse de sa passion, ou bien le
vin de notre rédemption qui procurerait la vie à tous. Car Marie demandait une
faveur temporelle, tandis que le Christ préparait une joie éternelle.
Le Seigneur très bon n'a toutefois pas hésité à accorder cette grâce moindre,
alors que de grandes grâces étaient attendues. La bienheureuse Marie, parce
qu'elle était véritablement la mère du Seigneur, voyait par la pensée ce qui
allait arriver et connaissait d'avance la volonté du Seigneur. Aussi prit-elle
bien soin d'avertir les serviteurs par ces mots: Faites tout ce qu'il vous
dira, Jn 2,5.
Sa sainte mère savait assurément que la parole de reproche tombée de la bouche
de son fils, le Seigneur, ne cachait pas le ressentiment d'un homme en colère,
mais contenait une mystérieuse compassion.
Alors, pour rassurer sa mère déconcertée par cette réprimande, le Seigneur
révéla aussitôt son pouvoir souverain. Il dit aux serviteurs qui attendaient : Remplissez
d'eau les cuves, Jn 2,7.
Les serviteurs, dociles, s'empressèrent d'obéir. Et voici que d'une manière
soudaine et merveilleuse, ces eaux commencèrent à recevoir de la force, à
prendre de la couleur, à répandre une bonne odeur, à acquérir du goût, et en
même temps à changer entièrement de nature. Et cette transformation des eaux en
une autre substance a manifesté la présence de la puissance créatrice.
Personne, en vérité, hormis celui qui a créé l'eau de rien, ne peut la
transformer en une substance destinée à d'autres usages.
Il n'y a aucun doute, mes bien-aimés, que celui-là même qui a changé l'eau en
vin, lui a donné aussi, à l'origine, la consistance de la neige et la dureté
de la glace. Il l'a changée en sang pour les Égyptiens. Pour étancher la soif
des Hébreux, il lui a ordonné de couler d'un dur rocher, dont il a fait
jaillir, comme du sein d'une mère, une source nouvelle qui a fait vivre une
multitude innombrable de peuples.
Tel fut, dit l'Écriture, le commencement des signes que Jésus
accomplit. C'était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples
crurent en lui, Jn 2,11.
La foi des disciples ne s'appliquait pas du tout à ce qui s'accomplissait sous
leurs yeux, mais à ce que les yeux du corps ne peuvent voir. Ils ont cru, non
que Jésus Christ était le fils d'une vierge, car ils le savaient, mais qu'il
était aussi le Fils unique du Très-Haut, ce dont le miracle leur fournissait la
preuve.
Voilà pourquoi, mes frères, nous devons croire, nous aussi, de tout notre
coeur, que celui-là même que nous appelons le fils de l'homme, est également le
Fils de Dieu. Puisqu'il était présent aux noces en tant qu'homme, et qu'il a
changé l'eau en vin en tant que Dieu, croyons que non seulement il partage
notre nature, mais aussi qu'il est par nature égal au Père, afin que notre
Seigneur, dans sa bonté, veuille nous donner à boire, en raison de cette foi,
le vin très pur de sa grâce.
Homélie 23: PL 57. 274-276
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