vendredi 11 janvier 2019

Le baptême du Seigneur, abbaye de Bouake



Le Baptême du Seigneur C


Isaïe 40, 1-5. 9-11

Psaume 103

Tite 2, 11-14; 3, 4-7

Luc 3, 15-16. 21-22





Les quatre évangiles rapportent un récit du baptême de Jésus.  Mais chacun des évangélistes y apporte sa touche personnelle. Saint Luc, que nous lisons cette année, insiste sur trois points que ne signalent pas les autres :

Jésus reçoit le baptême « comme tout le peuple »;
C’est« en priant » qu’il reçoit l’Esprit Saint;
Enfin, la voix venue du ciel précise que Jésus est  « engendré du Père aujourd’hui ». 

« Tout le peuple ayant été baptisé et Jésus ayant été baptisé »…
Jésus a pris place dans la longue lignée des hommes et de femmes qui attendaient leur tour pour se laisser plonger dans les eaux du Jourdain. Rien ne le distinguait des autres. Il est venu rejoindre, dans l’anonymat, le peuple de pécheurs en attente que nous sommes. Il s’est enfoncé profondément et discrètement dans la pâte humaine. Il a même pris la dernière place comme pour prendre dans ses bras toute l’humanité avec ses grandeurs et ses crimes, avec ses générosités et ses folies. Jésus est là, incognito, il a écouté Jean-Baptiste dire « Convertissez-vous ». Il est mêlé aux hommes, il apparaît assimilé aux hommes.
« Jésus priait, alors le ciel s’ouvrit... L’Esprit Saint descendit... »
Saint Luc nous présente une situation où le baptême a déjà eu lieu, Jésus est baptisé. Nous entrons dans le texte avec la prière de Jésus.
Dans l’Évangile de Luc, Jésus prie beaucoup. Nous ne savons pas comment Jésus priait, mais nous pouvons essayer de balbutier quelques mots.
  • Tout d’abord, la prière de Jésus est celle de celui qui se met à l’école des Prophètes, ici, Jésus s’est mis à l’écoute de Jean Baptiste, le dernier des Prophètes.
  • Ensuite, Jésus prie au milieu du peuple, un peuple qui est dans l’attente nous dit saint Luc au verset 15. Jésus communie à l’attente du peuple, comme le peuple, il espère le règne de Dieu et il se tourne vers Dieu au milieu des hommes, au milieu de ses frères.
  • Lorsque Dieu lui répond, il dit : « tu es mon fils » ; Jésus s’est tourné vers lui en l’appelant « Père ».
Par son baptême, Jésus a voulu se lier à ces hommes venus au Jourdain pour être lavés de leurs péchés. Il est là au milieu du peuple, lui, qui n’a jamais péché.
Par sa prière, il est le Fils, l’Unique, le Saint : sa place serait au Temple de Jérusalem et pourtant il est là au milieu des hommes. Il se dessaisit de sa différence pour devenir notre prochain, pour se donner à nous.
Le ciel s’ouvre…
Lorsque le ciel est fermé c’est là le signe de la non communication entre ici-bas et Dieu. Lorsque le ciel s’ouvre, c’est que Dieu rend accessible le monde qui est le sien. Or, le ciel s’ouvre quand Jésus vient au milieu des hommes : le Père approuve donc l’attitude du Fils qui ne s’est pas trompé en venant chez les pécheurs.
« L’Esprit Saint descendit sur lui… C’est toi mon Fils. Aujourd’hui, je t’ai engendré... »
Pourquoi ce don, puisqu’il est le Fils du Père depuis l’éternité et qu’il ne peut jamais cesser de l’être. Jésus ne cesse pas d’être rempli de l’Esprit Saint puisqu’il est Dieu. Lorsque saint Luc parle de l’Esprit Saint, il parle de la promesse du Père, il parle du don (du cadeau) de l’Esprit. C’est le don par excellence, il ne cesse jamais d’être don ; il ne peut pas être possédé, il est toujours à recevoir.
Jésus lui-même ne cesse pas de se recevoir du Père dans l’Esprit Saint. Ce don ne peut jamais cesser d’être un don et Jésus lui-même n’a jamais vécu en autonomie spirituelle.
Comme nous, comme les pécheurs, comme la foule, Jésus est venu au milieu des hommes comme un mendiant de l’Esprit Saint.
Jésus nous apprend ce matin ce qu’il attend de nous, il nous apprend ce qu’est un fils de Dieu :
  • Un homme qui porte les espérances de ses frères, un homme proche des autres, un homme humble qui marche, qui espère humblement avec ses frères.
  • Un homme qui porte au Père dans la prière comme un mendiant les misères de ses frères et que Dieu vient exaucer en venant le rejoindre, l’éclairer, l’illuminer lorsqu’il le voit ainsi frère parmi les hommes ; il lui manifeste alors son amour non pas pour lui seulement mais surtout pour ses frères désespérés qu’il est venu rejoindre.
Jésus nous montre aussi ce que n’est pas un fils de Dieu :
  • Quelqu’un qui s’imaginerait qu’il est mieux que les autres et qui se tiendrait éloigné des pécheurs et des exclus.
  • Quelqu’un dont la prière aurait pour seule fonction de préserver sa pureté, de se protéger des autres.
  • Quelqu’un qui serait sûr de lui, qui n’attendrait rien des autres et qui oublierait que personne, même pas le Fils de Dieu ne possède Dieu car Dieu se donne à rencontrer dans l’impuissance, dans la pauvreté, dans la fraternité, dans la compassion, dans l’amour et c’est là que le ciel s’ouvre et que chacun de nous peut entendre : « tu es mon fils (ma fille) bien-aimé, en toi, je mets toute ma joie ».  
  •                 http://www.benedictinsbouake.com/meditations-et-formation/evangile-du-jour-

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