lundi 27 juillet 2020

Saint Ephrem Matthieu 14,13-21

18e dimanche du temps ordinaire A


Jésus partit en barque pour un endroit désert, à l'écart. Les foules l'apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied.


Homélie

Le don des pains en prépare un autre, plus grand

Commentaire de saint Éphrem (+ 373)


Au désert notre Seigneur multiplia le pain, et à Cana il changea l'eau en vin. En attendant de donner aux hommes son corps et son sang en nourriture, il habitua et exerça leur palais à son pain et à son vin. Il leur fit goûter un pain et un vin éphémères pour les entraîner à savourer le corps et le sang vivifiants. Il leur donna libéralement ces choses de peu de valeur pour qu'ils sachent que ce qu'il leur donnerait serait encore plus gratuit. Il leur donna gratuitement ce qu'ils auraient pu lui acheter, mieux, ce qu'ils avaient l'intention d'acheter, afin qu'ils sachent qu'il n'exigerait d'eux aucun paiement. Car s'ils pouvaient payer le prix du pain et du vin, ils ne pourraient payer son corps et son sang.

Or, le Seigneur ne s'est pas contenté de nous en faire don gracieusement, mais il s'est ingénié à nous entourer de prévenances. Ces petites choses, il nous les a données gratuitement pour nous attirer, afin que nous nous avancions et recevions gratuitement le bien qui surpasse tout. <> Il nous a attirés par des aliments doux au palais pour nous entraîner vers ce qui vivifie les âmes. Aussi a-t-il incorporé une agréable saveur au vin qu'il a fait, pour montrer quels trésors immenses sont cachés dans son sang vivifiant.

Mais vois aussi comment sa puissance créatrice atteint toutes choses. Ayant pris un peu de pain, notre Seigneur le multiplia en un clin d'oeil. Ce que les hommes font et transforment en dix mois de travail, ses dix doigts l'ont fait dans l'instant même. Ses mains étaient sous le pain comme une terre, sa parole au-dessus de lui comme le tonnerre; le murmure de ses lèvres se répandit sur le pain comme une pluie, et le souffle de sa bouche fut comme le soleil; en un très court instant il conduisit à son terme ce qui demande à tous un temps fort long. Alors le pain ne manqua plus; d'un peu de pain sortit une multitude de pains, comme lors de la première bénédiction: Soyez féconds, multipliez-vous, et remplissez la terre, Gn 1,28.

Une fois de plus, le Seigneur a manifesté la sainteté de sa parole à ceux à qui il avait ordonné de la mettre en pratique et il a montré avec quelle rapidité il octroyait ses dons à ceux qui les acceptaient. Néanmoins, il n'a pas multiplié le pain autant qu'il l'aurait pu, mais en quantité suffisante pour rassasier ceux qui mangeaient. Ce n'est pas sa puissance qui a mesuré son miracle, mais la faim des affamés. Car s'il avait mesuré son miracle à sa puissance, la victoire de celle-ci n'aurait pas pu être évaluée.

Mais le miracle a été mesuré à la faim de milliers de gens, et il s'est trouvé un surplus de douze corbeilles. Chez tous les artisans, la capacité est inférieure aux besoins des clients, puisqu'ils ne peuvent fabriquer tout ce que leur demandent leurs clients. Mais l'oeuvre réalisée par le Seigneur a dépassé les désirs de ceux qui avaient faim. Et il a dit: Rassemblez les morceaux pour qu'absolument rien ne se perde (Jn 6,12), afin qu'eux ne pensent pas que son action n'était qu'apparente. Mais, en conservant les restes un jour ou deux, ils en viendraient à croire que l'action du Seigneur était bien une réalité et non une vision trompeuse.

De fait, après qu'ils eurent été rassasiés, ils comprirent que le Seigneur les avait nourris au désert, comme il l'avait fait pour répondre aux prières de Moïse, et ils s'écrièrent: C'est vraiment lui le prophète, celui dont il est dit qu'il viendra dans le monde, Jn 6,14.

Commentaire de l'Évangile concordant, 12, 1.3-5; CSCO 145, Scriptores Armeniaci, 2, 115-117.
http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/jzc.htm

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