18e dimanche du temps ordinaire A
Jésus partit en barque pour un endroit désert, à l'écart. Les foules l'apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied.
Homélie
Le don des pains en prépare un
autre, plus grand
Commentaire de saint Éphrem (+ 373)
Au désert notre Seigneur multiplia le pain, et à Cana il
changea l'eau en vin. En attendant de donner aux hommes son corps et son sang
en nourriture, il habitua et exerça leur palais à son pain et à son vin. Il
leur fit goûter un pain et un vin éphémères pour les entraîner à savourer le
corps et le sang vivifiants. Il leur donna libéralement ces choses de peu de
valeur pour qu'ils sachent que ce qu'il leur donnerait serait encore plus
gratuit. Il leur donna gratuitement ce qu'ils auraient pu lui acheter, mieux,
ce qu'ils avaient l'intention d'acheter, afin qu'ils sachent qu'il n'exigerait
d'eux aucun paiement. Car s'ils pouvaient payer le prix du pain et du vin, ils
ne pourraient payer son corps et son sang.
Or, le Seigneur ne s'est pas contenté de nous en faire don
gracieusement, mais il s'est ingénié à nous entourer de prévenances. Ces
petites choses, il nous les a données gratuitement pour nous attirer, afin que
nous nous avancions et recevions gratuitement le bien qui surpasse tout.
<> Il nous a attirés par des aliments doux au palais pour nous entraîner
vers ce qui vivifie les âmes. Aussi a-t-il incorporé une agréable saveur au vin
qu'il a fait, pour montrer quels trésors immenses sont cachés dans son sang
vivifiant.
Mais vois aussi comment sa puissance créatrice atteint toutes choses. Ayant pris un peu de pain, notre Seigneur le multiplia en un clin d'oeil. Ce que les hommes font et transforment en dix mois de travail, ses dix doigts l'ont fait dans l'instant même. Ses mains étaient sous le pain comme une terre, sa parole au-dessus de lui comme le tonnerre; le murmure de ses lèvres se répandit sur le pain comme une pluie, et le souffle de sa bouche fut comme le soleil; en un très court instant il conduisit à son terme ce qui demande à tous un temps fort long. Alors le pain ne manqua plus; d'un peu de pain sortit une multitude de pains, comme lors de la première bénédiction: Soyez féconds, multipliez-vous, et remplissez la terre, Gn 1,28.
Une fois de plus, le Seigneur a manifesté la sainteté de sa
parole à ceux à qui il avait ordonné de la mettre en pratique et il a montré
avec quelle rapidité il octroyait ses dons à ceux qui les acceptaient.
Néanmoins, il n'a pas multiplié le pain autant qu'il l'aurait pu, mais en
quantité suffisante pour rassasier ceux qui mangeaient. Ce n'est pas sa
puissance qui a mesuré son miracle, mais la faim des affamés. Car s'il avait
mesuré son miracle à sa puissance, la victoire de celle-ci n'aurait pas pu être
évaluée.
Mais le miracle a été mesuré à la faim de milliers de gens,
et il s'est trouvé un surplus de douze corbeilles. Chez tous les artisans, la
capacité est inférieure aux besoins des clients, puisqu'ils ne peuvent
fabriquer tout ce que leur demandent leurs clients. Mais l'oeuvre réalisée par
le Seigneur a dépassé les désirs de
ceux qui avaient faim. Et il a dit: Rassemblez les morceaux pour
qu'absolument rien ne se perde (Jn 6,12), afin qu'eux ne
pensent pas que son action n'était qu'apparente. Mais, en conservant les restes
un jour ou deux, ils en viendraient à croire que l'action du Seigneur était
bien une réalité et non une vision trompeuse.
De fait, après qu'ils eurent été rassasiés, ils comprirent
que le Seigneur les avait nourris au désert, comme il l'avait fait pour
répondre aux prières de Moïse, et ils s'écrièrent: C'est vraiment
lui le prophète, celui dont il est dit qu'il viendra dans le monde, Jn 6,14.
Commentaire
de l'Évangile concordant, 12, 1.3-5; CSCO 145, Scriptores Armeniaci, 2, 115-117.
http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/jzc.htm
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