jeudi 14 janvier 2021

La lectio, expérience de dialogue avec Dieu, Isaac le Syrien, 7ème siècle

 Jean 1,35-42 - 2ème dimanche du Temps Ordinaire

En ce temps-là,
Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples.
Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit :
« Voici l’Agneau de Dieu. »
Les deux disciples entendirent ce qu’il disait,
et ils suivirent Jésus.
Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient,
et leur dit :


« Que cherchez-vous ? »
Ils lui répondirent :
« Rabbi – ce qui veut dire : Maître –,
où demeures-tu ? »
Il leur dit :
« Venez, et vous verrez. »
Ils allèrent donc,
ils virent où il demeurait,
et ils restèrent auprès de lui ce jour-là.
C’était vers la dixième heure, (environ quatre heures de l’après-midi).

André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples
qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus.
Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit :
« Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ.
André amena son frère à Jésus.
Jésus posa son regard sur lui et dit :
« Tu es Simon, fils de Jean ;
tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.

Isaac parle souvent de la lecture ou lectio et il nous en donne des descriptions. Ce terme vise d’abord la lecture de l’Ecriture, mais non pas exclusivement. Pour Isaac, comme pour toute la tradition monastique ancienne, cette lecture ne consiste pas tellement dans une étude du texte biblique dans un but intellectuel, mais plutôt dans un dialogue avec elle, une rencontre, une révélation reçue d’elle : le texte de la Bible est un moyen de faire l’expérience directe de dialogue avec Dieu, de le rencontrer mystiquement, de recueillir des intuitions sur la réalité profonde.

Isaac parle de la lecture de l’Ecriture comme du moyen le plus important de la transformation spirituelle.

Isaac donne quelques conseils sur la façon de lire l’Ecriture. La première «Persévère dans la lecture, pendant que tu demeures dans la quiétude, afin que ton intellect soit en tout temps attiré vers l’étonnement et la stupeur… » « Que ta lecture se fasse dans une quiétude que rien ne vient troubler ». La deuxième condition est le recueillement de l’esprit et l’absence de pensées venant de l’extérieur : « Sois libre de toute préoccupation concernant le corps et le tracas des affaires, afin que, par la douce compréhension du sens des Ecritures, qui surpasse tout sentiment, tu puisses en goûter la très douce saveur en ton âme… ». La troisième condition est de prier avant de commencer : « N’approche pas des paroles des mystères contenus dans les divines Ecritures, sans prier et sans supplier Dieu de t’aider, mais dis : « Seigneur, accorde-moi de ressentir la force qu’elles contiennent ! Tiens la prière pour la clé d’une vraie compréhension de la divine Ecriture ».

Lorsqu’un moine lit l’Ecriture, essayant de percevoir son contenu caché, sa compréhension s’accroît au fur à mesure de sa lecture, et le conduit par degrés à l’état de stupeur spirituelle.
Aux yeux d’Isaac, ce n’est pas le texte lu qui est tellement important, mais bien plutôt les intuitions spirituelles et mystiques que l’on peut recevoir à travers la lecture.

Lorsque la lecture est un moyen de fréquenter Dieu, elle conduit là où cesse l’activité humaine de l’esprit, quand celui-ci entre directement en contact avec Dieu.


Extrait, Hilarion Alfeyev, l’univers spirituel d’isaac le Syrien, spiritualité orientale, N° 76, abbaye de Bellefontaine. 207.

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