vendredi 29 octobre 2021

Tu aimeras le Seigneur ton Dieu, Saint Augustin d’Hippone


 Mc 12,28-37                      dimanche 31 octobre 2021                

Ce qui n’est pas douteux, Seigneur,

Ce dont ma conscience est certaine, c’est que je t’aime.

Tu as frappé mon cœur de ta parole et je t’ai aimé.

D’ailleurs, le ciel et la terre et tout ce qui est en eux,

Les voici de partout qui me disent de t’aimer ;

Et ils ne cessent de le dire à tous les hommes, afin qu’ils soient

sans excuse.

 

 

 

Mais, qu’est-ce que j’aime quand je t’aime ?

Ce n’est pas la beauté d’un corps, ni son charme qui passe,

Ni la clarté de la lumière qu’aiment mes pauvres yeux,

Ni les douces mélodies des cantilènes variées,

Ni la suave odeur des fleurs, des parfums, des aromates,

Ni la manne, ni le miel.

Ni les membres accueillants aux étreintes de la chair.

Non, ce n’est pas cela que j’aime quand j’aime mon Dieu !

Et pourtant, j’aime une clarté, une voix, un parfum,

Une nourriture, une étreinte, quand j’aime mon Dieu :

C’est la clarté, la voix, le parfum, l’étreinte de l’homme intérieur

qui est en moi.

Là où brille pour mon âme une clarté que l’espace ne saisit pas,

Où chante une mélodie que le temps n’emporte pas,

Où s’exhale un parfum que ne dissipe pas le vent,

Où se savoure un mets que n’émousse pas la voracité,

Où se noue une étreinte qu’aucune satiété ne desserre.

C’est cela que j’aime quand j’aime mon Dieu ?

 

Mais, qu’est-ce-donc que ce Dieu ?

J’ai interrogé la terre et elle m’a dit : « Ce n’est pas moi ! »

Et tout ce qui est en elle m’a fait le même aveu.

J’ai interrogé la mer et les abîmes, les êtres vivants qui s’y meuvent

Et elles m’on répondu : « Nous ne sommes pas ton Dieu ; cherche

au dessus de nous »

J’ai interrogé le ciel, le soleil, la lune et les étoiles, et tous m’ont

Dit : « Nous non plus, nous ne sommes pas le Dieu que tu cherches ! »

Et j’ai dit à tous les êtres qui assaillent les portes de mes sens :

« Entretenez-moi de Dieu, puisque vous ne l’êtes point !

Dites-moi quelque chose de lui ! »

Ils se sont écriés d’une voix puissante : « C’est lui qui nous a créés ».

Pour les interroger, je n’avais qu’à les contempler, et leur réponse

était leur beauté.

 

Ô mon âme, je te le dis :

Ton Dieu est pour toi la vie.

Les Confessions, Garnier Flammarion 1964, Livre 10, chap. 6, extraits.

Daniel Bourguet, L’Evangile médité par les Pères, Marc, Veillez et priez,


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