4ème dimanche de carême
Saint Luc 15-13.11-32.
Même ceux qui sont loin de lui, Dieu les comprend
De loin tu as compris mes pensées, tu as découvert mon sentier, tu as prévu
tous mes chemins Ps 138,3-4. Que signifie de loin? Pendant que je suis
encore voyageur, avant mon arrivée dans la patrie, tu as compris ma pensée.
Songez au plus jeune fils, Lc 15,11-32, passim, car lui aussi est devenu
le Corps du Christ, l'Église venue des nations païennes. Le plus jeune était parti
au loin. En effet, un père avait deux fils. L'aîné n'était pas parti
au loin, il travaillait aux champs et il symbolisait les saints qui, sous la
Loi, observaient les pratiques et les préceptes de la Loi.
Mais le genre humain, qui s'était égaré dans le culte des idoles, était
parti au loin. Rien, en effet, n'est aussi loin de celui qui t'a créé que
cette image modelée par toi-même, pour toi. Le fils cadet partit donc dans une
région lointaine, emportant avec lui sa part d'héritage et, comme nous
l'apprend l'Évangile, il la gaspilla en menant une vie de désordre.
Souffrant de la famine, il s'engagea au service d'un propriétaire du
pays qui le chargea de garder un troupeau de porcs, et le malheureux, mais en
vain, désirait se rassasier des gousses que mangeaient les porcs.
Après tant de malheurs et d'accablement, d'épreuves et de dénuement, il se
rappela son père et voulut revenir vers lui. Il se dit : Je me lèverai, et
j'irai vers mon père. Reconnaissez donc sa voix dans cette parole du
psaume : Tu sais quand je m'asseois et quand je me lève, Ps 138,2. Je me suis assis dans la misère, je me suis levé dans le désir de ton
pain. De loin tu as compris mes pensées. Aussi, dans l'Évangile, le
Seigneur nous dit-il que son père vint au-devant de lui. C'est vrai,
parce qu'il avait compris de loin ses pensées. Tu as prévu tous mes chemins.
Lesquels? Sinon les mauvais chemins qu'il avait suivis pour abandonner son
père, comme s'il pouvait se cacher à ses regards qui le réclament, ou comme si
l'écrasante misère qui le réduisait à garder les porcs n'était pas le châtiment
que le père lui infligeait, dans son éloignement, en vue de le recevoir à son
retour?
Il ressemblait à un fuyard qu'on arrête, poursuivi par la légitime
revendication de Dieu, qui sévit contre nos passions, où que nous allions, si
loin que nous puissions nous éloigner. Donc, comme un fuyard qu'on arrête, il
dit : Tu as découvert mon sentier, et tu as prévu tous mes chemins. Avant
même que j'y sois entré, avant même que j'y aie marché, tu les as vus d'avance.
Et tu as permis que je suive mes chemins dans la peine, pour que, si je ne
voulais plus peiner, je revienne dans tes chemins.
Parce qu'il n'y a pas de dissimulation dans mon langage, Ps 138,4. Pourquoi parle-t-il ainsi ? Parce que je confesse ma faute devant toi:
j'ai suivi mon propre sentier, je me suis éloigné de toi ; je t'ai quitté, toi
auprès de qui j'étais bien; et pour mon bien, il a été mauvais pour moi d'avoir
été sans toi. Car, si je m'étais trouvé bien sans toi, je n'aurais peut-être
pas voulu revenir à toi.
Donc le psalmiste qui confesse ainsi ses péchés déclare qu'il est le Corps du
Christ, maintenant qu'il est justifié, non par lui-même, mais par la grâce,
lorsqu'il dit: Il n'y a pas de dissimulation dans mon langage.
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