Guillaume de Saint-Thierry (v. 1085-1148)
Abbé de Saint-Thierry [Reims].
J'aspire l'Esprit
Seigneur, mon âme misérable est
nue, gelée, transie.
Mon âme désire être réchauffée
par la chaleur de ton Amour.
Je me tiens dans ma demeure de
solitude.
Aspirant le souffle de mon
amour, j’ouvre vers Toi et j’aspire l’Esprit.
Et quelquefois, Seigneur,
tandis que je suis comme béant vers Toi, les yeux clos, Tu mets quelque chose
dans la bouche de mon coeur.
Je sens une saveur, tellement
douce et suave, tellement réconfortante, que, si elle devenait parfaite en moi,
je ne chercherai plus rien.
Quand je la reçois, je veux la
retenir et ruminer, mais aussitôt, elle passe.
Je l’avale sans doute, mais en
la ruminant longtemps, je souhaiterais perdre la saveur de toutes les autres
affections et ne plus savourer qu’elle seule à jamais. Mais elle se hâte de
passer.
Alors, par expérience, je suis
contraint d’apprendre ce que, dans l’Évangile, Tu dis de l’Esprit : - On ne sait
ni d’où il vient, ni où il va. L’Esprit souffle où il veut. Et j’éprouve
aussi en moi qu’il souffle non quand je le veux, mais quand l’Esprit le veut.
Vers Toi, Seigneur, vers Toi
sont tournés mes yeux.
Vers Toi va le désir de l’âme.
Que vers Toi, en Toi et par
Toi, s’orientent tous les élans de mon âme. Cache-moi, je T’en supplie, dans le
refuge de Ta face.
Protège-moi
dans Ta demeure.
Monique-Anne Giroux, Les chemins de la grâce, Collection Orantes de l'Assomption, p. 122.
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