dimanche 4 décembre 2022

Père Daniel Stampers, Joie, Patience et vision

3ème dimanche de l'avent, Is 35,1-6a.10 Jc 5,7-10 Mt 11,2-11


Joie, Patience et Voir.


La semaine dernière Jean le Baptiste nous invitait à la conversion et à produire du fruit. Cette semaine, les textes de ce 3ème dimanche de l’Avent nous invitent à voir le fruit le plus beau que doit produire en nous le mystère de Noël, le mystère de Dieu avec nous : la joie.

 


I/ La joie ?

Se réjouir, exulter, crier de joie, être dans l’allégresse, le texte d’Is 35 ne manque pas d’insister lourdement sur l’appel à la joie que doit susciter en nous la venue du Sauveur, du rédempteur, de Dieu avec nous, l’Emmanuel. Mais, a-t-on tant de motifs de se réjouir ? Tout va mal, la guerre, les abus, la crise énergétique, l’inflation. C’est la crise et pas de sauveur à l’horizon ! Quand le prophète Isaïe écrit, la situation n’est guère meilleure : temps de guerre et d’incertitudes, interrogations sur ce qu’il faut faire pour éviter le chaos, injustice sociale et perte de repères. Le prophète ne s’adresse pas à des gens pour qui tout va bien, mais plutôt à des gens qui s’affolent. Pourtant il leur dit au nom de Dieu : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu… Il vient lui-même et vient vous sauver. » Il ne faut pas s’étonner que le message des prophètes ait été mal reçu, il va à l’encontre de tout bon sens et de toute logique, il est utopique et certains pensent qu’il trompe les gens par des promesses illusoires. La foi dans le sauveur n’est-elle pas qu’une illusion ? Tant de voix continuent de nous le dire aujourd’hui.

 

II/ La patience !

Saint Jacques donne une première réponse à ces critiques : « ayez de la patience. » Ce mot résonne étrangement dans un monde où l’on va vite et où l’on veut tout et tout de suite. Le moindre événement insignifiant se transforme en buzz et suscite indignation et critique. La moindre proposition est aussitôt rejetée et vilipendée. Nous ne sommes pas un monde où la patience est reine, nous sommes dans l’instantané et l’immédiat. Pourtant saint Jacques n’a pas tort de dire qu’il faut le temps des semailles, le temps de la pousse, le temps des récoltes. Pour que la terre produise son fruit, il faut du temps : Rome ne s’est pas bâtie en un jour, le royaume de Dieu non plus. Les prophètes, dit Jacques, ont parlé pendant 5 siècles à un peuple qui n’écoutait pas et qui ne voyait pas, pourtant ils ont eu la patience et l’endurance de continuer à prêcher la bonne nouvelle du salut envers et contre tout. Nous aussi, nous avons besoin d’être patient et dans la joie.

 

III/ La vision.

La joie vient de la vision de ce monde en devenir, de ce royaume en construction, de cette foi que Dieu est à l’œuvre en ce monde et que le salut est déjà là, même si il échappe à nos yeux. Comme le cultivateur qui voit dans les petites pousses de l’hiver la promesse d’une future récolte, nous aussi nous avons des signes qui nous sont donnés. Les signes, un homme mal habillé dans le désert, un enfant dans une crèche, des aveugles qui voient, des sourds qui entendent, des morts qui ressuscitent. Tout cela est autour de nous mais nous ne le voyons pas, nous ne le comprenons pas, nous préférons gémir et nous lamenter. Les signes sont là encore aujourd’hui et le monde va mieux aujourd’hui qu’hier, mais pour cela il faut ouvrir ses yeux et son cœur. Il faut sortir de soi-même et s’ouvrir à l’autre, non pas pour juger et condamner comme nous le rappelle saint Jacques, mais pour nous réjouir de ce qui est beau et magnifique autour de nous. Cela devrait être la démarche de chacun de nous en ce temps de l’Avent  pour accueillir la joie de Noël et réaliser pleinement ce qui se passe quand Dieu vient à nous en se faisant homme et en partageant avec nous notre condition humaine pour la changer et nous faire grandir. C’est une merveille qui devrait nous emplir de joie et d’exultation. Est-ce le cas ?

P. Damien Stampers. https://www.catholique-blois.net

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