samedi 2 septembre 2023

Saint Augustin, Prendre sa croix pour suivre le Christ

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 16,21-27

Pierre avait dit à Jésus: "Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant." A partir de ce moment, Jésus le Christ commença à montrer à ses disciples qu'il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des chefs des prêtres et des scribes, être tué, et le troisième jour ressusciter.



Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive, Mc 8,34.. Quand le Seigneur engage l'homme qui veut le suivre à renoncer à soi-même, nous trouvons son commandement difficile et dur à entendre. Mais si celui qui commande nous aide à l'accomplir, son commandement n'est ni difficile ni pénible. Et cette autre parole sortie de la bouche du Seigneur est également vraie: Mon joug est facile à porter, et mon fardeau léger, Mt 11,30.

L'amour, en effet, adoucit ce que les préceptes peuvent avoir de pénible. Nous connaissons toutes les merveilles que l'amour peut accomplir. Sans doute, cet amour est souvent immoral et malhonnête ! Quelles rigueurs les hommes n'ont-ils pas endurées, quelles conditions de vie indignes et intolérables n'ont-ils pas supportées pour arriver à posséder l'objet de leur amour !  Or, ce qu'ils aiment nous permet, le plus souvent, de savoir ce qu'ils sont eux-mêmes ; ils devraient, quand ils s'interrogent sur la direction à donner à leur vie, se soucier uniquement du choix de ce qu'ils aimeront. Pourquoi s'étonner que celui qui aime le Christ et veut le suivre, renonce à soi-même pour l'aimer ? Car, si l'homme se perd en s'aimant soi-même, il doit sans aucun doute se trouver en se renonçant.

Qui refuserait de suivre le Christ au séjour du bonheur parfait, de la paix suprême et de l'éternelle tranquillité ? Il est bon de le suivre jusque là; encore faut-il connaître la voie pour y parvenir. Aussi bien le Seigneur n'a pas fait cette recommandation après sa résurrection, mais avant sa passion. Il devait encore être crucifié, endurer l'ignominie, les outrages, les coups, les épines, les blessures, les insultes, l'opprobre et la mort !

Le chemin te semble couvert d'aspérités, il te rebute, tu ne veux pas suivre le Christ. Marche à sa suite ! Le chemin que les hommes se sont tracé est raboteux, mais il a été aplani quand le Christ l'a foulé en retournant au ciel. Qui donc refuserait d'avancer vers la gloire ? Tout le monde aime à s'élever en gloire, mais l'humilité est la marche à gravir pour y arriver. Pourquoi lèves-tu le pied plus haut que toi ? Tu veux donc tomber au lieu de monter ? Commence par cette marche : déjà elle te fait monter.

Les deux disciples qui disaient : Seigneur, accorde-nous de siéger, l'un à ta droite et l'autre à ta gauche, dans ton Royaume, Mc 10,37, ne prêtaient aucune attention à ce degré d'humilité. Ils visaient le sommet et ne voyaient pas la marche. Mais le Seigneur leur a montré la marche. Eh bien, qu'a-t-il répondu? "Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, Mc 10,38 ? Vous qui désirez parvenir au faîte des honneurs, pouvez-vous boire le calice de l'humilité?" Voilà pourquoi il ne s'est pas borné à dire d'une manière générale : Qu'il renonce à lui-même et qu'il me suive, mais il a ajouté: Qu'il prenne sa croix et qu'il me suive, Mc 8,34.

Que signifie: Qu'il prenne sa croix? Qu'il supporte tout ce qui lui est pénible; c'est ainsi qu'il me suivra. Dès qu'il aura commencé à me suivre en se conformant à ma vie et à mes commandements, il trouvera sur son chemin bien des gens qui le contrediront, qui chercheront à le détourner et à le dissuader, et cela même parmi ceux qui passent pour des compagnons du Christ. 

Quelles que soient les menaces, les séductions ou les interdictions dont tu seras l'objet, si tu veux le suivre, fais de tout cela ta croix. Accepte-la, porte-la, ne succombe pas sous le poids.

Ces paroles du Christ ont encouragé les martyrs. Ne faut-il pas, à l'heure de la persécution, que tu comptes pour rien toutes choses à cause du Christ ?

Sermon 96, 1 3-4, PL 38, 584-586, in Clerus, homéliaire

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