23ème dimanche du temps ordinaire Saint Luc 14,25-33
De grandes foules faisaient route avec Jésus; il se retourna et leur
dit: "Si quelqu'un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa
femme, ses enfants, ses frères et soeurs, et même à sa propre vie, il ne
peut être mon disciple."
Un triple renoncement
Selon la tradition des Pères et l'autorité des saintes Écritures, les
renoncements sont au nombre de trois, et chacun de nous doit mettre tout
son zèle à les pratiquer.
Le premier concerne ce qui est matériel: il
nous fait mépriser toutes les richesses et les biens du monde.
Par le
deuxième, nous répudions notre ancienne manière de vivre, avec les vices
et les passions de l'âme et de la chair.
Par le troisième, nous
détachons notre esprit de toutes les réalités présentes et visibles pour
ne contempler que les réalités futures et ne désirer que les
invisibles. Ces renoncements doivent être observés tous les trois, comme
le Seigneur l'a ordonné à Abraham, lorsqu'il lui a dit: Quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père, Gn 12,1.
Il a dit en premier lieu: Quitte ton pays, c'est-à-dire les biens de ce monde et les richesses de la terre. En second lieu: Quitte ta famille,
c'est-à-dire la façon de vivre, les habitudes et les vices passés qui,
en s'attachant à nous depuis notre naissance, nous sont étroitement unis
par une sorte d'affinité et de parenté. En troisième lieu: Quitte la maison de ton père, c'est-à-dire tout souvenir du monde actuel qui se présente à nos yeux.
Ce détachement devient réalité lorsque, morts avec le Christ aux
éléments de ce monde, nous contemplons, comme le dit l'Apôtre, non pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel, 2 Co 4,7-18. Il en va de même lorsque, abandonnant de coeur cette demeure temporelle
et visible, nous tournons les yeux de notre âme vers celle que nous
habiterons éternellement. Et nous y parviendrons, dès que, vivant dans la chair, mais non selon la chair, nous engagerons le combat, 2 Co 10,3 pour le Seigneur, et que nous proclamerons par nos actions vertueuses ces paroles de l'Apôtre: Nous, nous sommes citoyens des cieux, Ph 3,20.
Cela étant, il ne nous servirait pas à grand-chose d'exercer, fût-ce
avec la foi la plus ardente, le premier renoncement, si nous
n'accomplissions pas le deuxième avec le même zèle et la même ardeur. De
même, après avoir pratiqué celui-ci, nous serons en mesure de passer
également au troisième. Nous sortirons ainsi de la maison de notre
ancien père, celui qui était, nous le savons, notre père selon le vieil
homme, dès notre naissance, quand nous étions par nature voués à la colère comme tous les autres Ep 2,3 et nous porterons toute l'attention de notre esprit aux choses célestes.
Nous mériterons dès lors d'atteindre à la vraie perfection de ce
troisième renoncement lorsque notre âme aura été débarrassée, en effet,
de toute la pesanteur de la chair qui l'engourdissait, et purifiée de
toute attache et disposition terrestre, grâce à un polissage très
soigneux. Notre âme s'élèvera alors jusqu'au monde invisible par la
méditation constante des choses de Dieu et la contemplation spirituelle,
si bien qu'elle n'aura plus conscience d'être enfermée dans un corps
fragile et un lieu particulier, tant elle sera attentive aux réalités
célestes et incorporelles.
Saint Jean Cassien (+ 435), Conférences 3, 6-7, CSEL 13/2, 73-75, in http://www.catho.org/9.php?d=cq0.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire