23ème dimanche du temps ordinaire 5 septembre 2022
(v. 1085-1148)
Moine cistercien et auteur mystique
Tu m'as enjôlé Seigneur et je me suis laissé prendre.
Tu as été le plus fort, tu l'as emporté !
J'ai distingué ta voix qui disait : "Venez à moi, vous tous qui peinez et êtes chargés, et je vous soulagerai!"
Je suis venu à toi ; j'ai cru à ta parole.
En quoi m'as-tu soulagé ?
Je ne peinais pas et maintenant je peine, et si fort que je succombe à la peine.
Je n'étais pas surchargé, et maintenant, je ploie sous le fardeau.
Tu as dit pourtant : "Mon joug est délicieux et mon fardeau léger."
Où donc se trouvent ces délices ?
Où donc est cette légèreté ?
Maintenant je n'en puis plus sous le joug, je tombe sous le fardeau.
J'ai jeté un regard tout à l'entour, mais personne pour me secourir !
J'ai cherché, mais personne pour m'aider !
Qu'est-ce donc, Seigneur ? Pitié ! Car je suis infirme.
Le Seigneur m'a répondu :
je ne t'ai pas enjôlé, mon fils, mais je t'ai doucement guidé jusqu'ici.
Tu murmures parce que je ne te soulage pas, mais si je ne t'avais pas soulagé, déjà tu aurais succombé !
Tu gémis sous mon joug et tu fatigues sous mon fardeau, mais c'est l'amour qui donne à mon joug la suavité, et à mon fardeau la légèreté.
Tu es incapable de porter seul mon fardeau et mon joug, mais si l'amour se joint à toi pour les porter, à ton grand étonnement, tu goûteras tout de suite leur suavité.
Seigneur, c'est bien ce que je t'ai dit :
j'ai fait ce que j'ai pu ! Ce qui semblait être en mon pouvoir, je l'ai mis à ton service.
Si j'avais pu avoir l'amour, déjà depuis longtemps je serais parfait.
Si tu ne me le donnes pas, je ne puis l'avoir, et si je ne l'ai, je ne puis tenir.
Combien je suis capable de peu de choses, tu le sais, tu le vois !
De cette misère enlève donc ce que tu voudras, mais donne-moi cet amour dans sa plénitude et sa perfection ! Tant que je n'ai pas l'amour, qui m'aidera à porter ma peine ?
Le Seigneur me dit :
- C'est moi qui jusqu'ici ai porté ta peine, et je la porterai encore.
- Seigneur, avec ta grâce je ne lâcherai pas.
Je ne te quitterai pas, et de deux choses l'une.
Ou bien tu m'achemineras au terme du voyage commencé, ou bien je tomberai sur la route derrière toi, si tant est qu'on puisse tomber sur la route derrière toi !
Pitié, Seigneur, regarde ma petitesse, ma pauvreté !
Aide-moi ! Porte le pauvre infirme, le misérable de corps et d'esprit que je suis !
Je t'appartiens, sauve-moi !
Entre tes mains je remets mon esprit !
La fin de la Loi, c'est l'amour, et c'est aussi la fin de ma prière.
Donne-moi l'amour, toi qui es Amour !
Que je t'aime plus que moi-même, et ne m'inquiète en rien de ce que tu pourras faire de moi, pourvu que je fasse ce qui est agréable à tes yeux.
Toi, ma force, aie pitié de ma faiblesse, et que ce soit ta grande gloire que ma faiblesse tienne bon à ton service !
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