Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 15,1-32)
Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l'écouter. Les pharisiens et les publicains récriminaient contre lui: "Cet homme fait bon accueil aux pécheurs et il mange avec eux! " Alors Jésus leur dit cette parabole: "Si l'un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu'à ce qu'il la retrouve?"
Le fait de retrouver un objet que nous avions perdu nous remplit
chaque fois d'une joie nouvelle. Et cette joie est plus grande que celle
que nous éprouvions, avant de le perdre, quand cet objet était bien
gardé. Mais la parabole de la brebis perdue parle davantage de la
tendresse de Dieu que de la façon dont les hommes se comportent
habituellement. Et elle exprime une vérité profonde. Délaisser ce qui a
de l'importance pour l'amour de ce qu'il y a de plus humble, est propre à
la puissance divine, non à la convoitise humaine. Car Dieu fait même
exister ce qui n'est pas; il part à la recherche de ce qui est perdu
tout en gardant ce qu'il a laissé sur place, et il retrouve ce qui était
égaré sans perdre ce qu'il tient sous sa garde.
Voilà pourquoi
ce berger n'est pas de la terre mais du ciel. La parabole n'est
nullement la représentation d'oeuvres humaines, mais elle cache des
mystères divins, comme les nombres qu'elle mentionne le démontrent
d'emblée: Si l'un de vous, dit le Seigneur, a cent brebis et en perd une... (Lc 15,3) <>
Vous le voyez, la perte d'une seule brebis a douloureusement éprouvé
ce berger, comme si le troupeau tout entier, privé de sa protection,
s'était engagé dans une mauvaise voie. Aussi, laissant là les
quatre-vingt-dix-neuf autres, il part à la recherche d'une seule, il ne
s'occupe que d'une seule, afin de les retrouver et de les sauver toutes
en elle.
Mais il est temps d'expliquer le sens caché de cette
parabole céleste. Cet homme qui possède cent brebis, le Christ, est le
bon pasteur, le pasteur miséricordieux qui a établi tout le troupeau de
la race humaine en une seule brebis, c'est-à-dire en Adam. Il avait
placé la brebis dans le paradis enchanteur et dans la région des
pâturages de vie. Mais elle, se fiant aux hurlements des loups, a oublié
la voix du berger, elle a perdu le chemin qui conduit au bercail du
salut et s'est trouvée toute couverte de blessures mortelles. Le Christ
est venu dans le monde chercher la brebis et l'a retrouvée dan s le sein
de la Vierge. Il est venu, il est né dans la chair, il a placé la
brebis sur la croix, et l'a prise sur les épaules de sa passion. Puis,
tout rempli de la joie de la résurrection, il l'a élevée, par son
ascension, jusqu'à la demeure du ciel.
Il réunit ses amis et ses voisins, c'est-à-dire les anges, et il leur dit: Réjouissez-vous avec moi, car j'ai retrouvé ma brebis, celle qui était perdue (Lc 15,6)!
Les anges jubilent et exultent avec le Christ pour le retour de la
brebis du Seigneur. Ils ne s'irritent pas de la voir siéger devant eux
sur le trône de majesté. Car l'envie n'existe plus au ciel dont elle a
été bannie avec le diable. Grâce à
l'Agneau qui a enlevé le péché du monde, le péché d'envie ne peut plus pénétrer dans les cieux.
Frères, le Christ est venu nous chercher sur la terre; cherchons-le
dans les cieux. Il nous a emportés dans la gloire de sa divinité; nous,
portons-le dans notre corps par la sainteté de toute notre vie. Rendez gloire à Dieu, dit l'Apôtre, et portez-le dans votre corps (1Co 6,20 latin). Celui qui vit dans la chair sans lui faire accomplir aucune oeuvre de péché, celui-là porte Dieu dans son corps.
Sermon 168, 4-6; CCL 24 B, 1032-1034, in Clerus.org, himéliaires
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