Matthieu 4,12-23 3ème dimanche du temps ordinaire
Quand Jésus apprit l'arrestation de Jean Baptiste, il se retira en Galilée.
Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaum, ville située au bord du lac,
dans les territoires de Zabulon et de Nephtali.
Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière,
Is 9,1.
Mes frères, nul n'ignore que nous sommes tous nés dans les ténèbres et que nous
y avons vécu autrefois. Mais faisons en sorte de ne plus y rester, maintenant
que le soleil de justice s'est levé pour nous.
Le Christ est donc venu illuminer ceux qui demeurent dans les ténèbres et
l'ombre de la mort, pour guider leurs pas dans le chemin de la paix. De quelles
ténèbres parlons-nous ? Tout ce qui se trouve dans notre intelligence, dans
notre volonté ou dans notre mémoire, et qui n'est pas Dieu ou n'a pas sa source
en Dieu, autrement dit tout ce qui en nous n'est pas à la gloire de Dieu et
fait écran entre Dieu et l'âme, est ténèbres.
Aussi le Christ, ayant en lui la lumière, nous l'a-t-il apportée pour que nous
puissions voir nos péchés et haïr nos ténèbres. Vraiment, la pauvreté qu'il a
choisie quand il n'a pas trouvé de place à l'hôtellerie, est pour nous la
lumière à laquelle nous pouvons connaître dès maintenant le bonheur des pauvres
en esprit, à qui appartient le Royaume des cieux.
L'amour dont le Christ a témoigné en se consacrant à notre instruction et en
s'exposant à endurer pour nous les épreuves, l'exil, la persécution, les
blessures et la mort sur la croix, l'amour qui finalement l'a fait prier pour
ses bourreaux, est pour nous la lumière grâce à laquelle nous pouvons apprendre
à aimer aussi nos ennemis.
Elle est pour nous lumière, l'humilité avec laquelle il se dépouilla
lui-même en prenant la condition de serviteur,
Ph 2,7,
et, refusant la gloire du monde, voulut naître dans une étable plutôt que dans
un palais et subir une mort honteuse sur un gibet. Grâce à cette humilité nous
pouvons savoir combien détestable est le péché d'un être de limon, un pauvre
petit homme de rien, lorsqu'il s'enorgueillit, se glorifie et ne veut pas
obéir, tandis que nous voyons le Dieu infini, humilié, méprisé et livré aux
hommes.
Elle est aussi pour nous lumière, la douceur avec laquelle il a supporté la
faim, la soif, le froid, les insultes, les coups et les blessures,
lorsque comme un agneau il a été conduit à l'abattoir et comme une brebis
devant le tondeur il n'a pas ouvert la bouche,
Is 53,7.
Grâce à cette douceur, en effet, nous voyons combien inutile est la colère, de
même que la menace, nous consentons alors à souffrir et nous ne servons pas le
Christ par routine. Grâce à elle, nous apprenons à connaître tout ce qui nous
est demandé : pleurer nos péchés dans la soumission et le silence, et endurer
patiemment la souffrance quand elle se présente. Car le Christ a enduré ses
tourments avec tant de douceur et de patience, non pour des péchés qu'il n'a
pas commis, mais pour ceux d'autrui.
Dès lors, frères très chers, réfléchissez à toutes les vertus que le Christ
nous a enseignées par sa vie exemplaire, qu'il nous recommande par ses
exhortations et qu'il nous donne la force d'imiter avec l'aide de sa grâce.
Sermon 5,
Opera omnia, 3, 315-317
http://www.clerus.org/bibliaclerusonline/pt/jza.htm#b2
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